L’Indonésie prend le contrôle d’une partie de la plus grande mine de nickel au monde

[ pompé sur lefigaro.fr ]

Les autorités indonésiennes ont pris le contrôle d’une partie de la plus grande mine de nickel au monde, en partie détenue de façon indirecte par le groupe minier français Eramet, en raison de l’absence de permis forestier, a déclaré un responsable indonésien. La mine Weda Bay Nickel, critiquée pour ses effets sur la forêt environnante, s’étend sur 45.000 hectares sur l’île de Halmahera aux Moluques (est). Les autorités ont désormais saisi près de 150 hectares qui empiétaient sur des zones forestières sans permis, a déclaré Anang Supriatna, porte-parole du bureau du procureur général indonésien. Les autorités ont «pris le contrôle de la zone (…) et le terrain sera restitué au gouvernement», a-t-il ajouté.

Weda Bay Nickel (WBN) est une société commune entre le groupe indonésien Antam et la société singapourienne Strand Minerals, qui a elle-même pour actionnaires le groupe minier français Eramet et le géant chinois de la sidérurgie Tsingshan. Dans un communiqué, Eramet a indiqué que la zone saisie était «une carrière produisant des roches pour les matériaux de construction et d’entretien» et que les opérations minières n’étaient pas affectées. Le gouvernement indonésien examine actuellement d’éventuelles violations de la réglementation forestière dans plusieurs secteurs, notamment ceux de l’huile de palme et des mines. WBN indique représenter 17% de la production mondiale de nickel en 2023. L’exploitation du site fait l’objet de critiques récurrentes en raison du danger que son exploitation fait peser sur la forêt et sur la survie d’une tribu qui y vit sans contact avec la civilisation moderne.

Une enquête de l’AFP menée en juin a ainsi montré les effets sur les membres de l’une des dernières communautés de chasseurs-cueilleurs isolées du pays, la tribu indigène des Hongana Manyawa. Cette communauté affirme que la forêt dont elle dépend depuis toujours pour se nourrir et s’abriter est détruite par la déforestation et la dégradation de l’environnement liées à la mine. WBN rejette les allégations et affirme s’engager en faveur d’une «exploitation minière responsable et de la protection de l’environnement». Des militants pour la protection de l’environnement estiment que cette saisie n’est pas susceptible de modifier l’impact plus large de la concession sur les communautés locales. Ils exhortent le gouvernement à remettre les terres saisies aux résidents concernés.

«Si la saisie vise à bénéficier au peuple, alors c’est le peuple qui devrait gérer (le terrain)», a déclaré Melky Nahar, coordinateur du groupe environnemental Mining Advocacy Network. Le nickel est au cœur de la stratégie de croissance de l’Indonésie, qui a interdit les exportations de minerai en 2020 afin de mieux le valoriser. L’Indonésie est à la fois le plus grand producteur mondial de ce minerai et le pays qui en possède les plus grandes réserves connues. Selon des données officielles, l’exploitation minière, dominée par le charbon et le nickel, représentait près de 9% du PIB indonésien au premier trimestre 2025.

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En Mongolie, des niveaux anormaux de radioactivité mesurés près des mines d’Orano

[pompé sur médiapart.fr ]

Des taux plus de 10 fois supérieurs à la normale ont été mesurés à proximité des sites de l’industriel français en Mongolie par un chercheur indépendant. Ce dernier a été arrêté en août par la police locale, alors qu’il effectuait des mesures sur place.

Dans le sud-est de la Mongolie s’étend le désert de Gobi, l’un des plus vastes du monde et lieu de passage des routes de la soie pendant plusieurs siècles. C’est aussi là que sous le sable et les roches s’étend une prometteuse réserve d’uranium naturel, ce minerai qui sert à fabriquer le combustible des installations nucléaires. L’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) estime que l’État asiatique pourrait commencer à en produire – quelques centaines de tonnes par an d’ici à 2030.

Le géant français du nucléaire Orano y cherche la précieuse ressource depuis la fin des années 1990. En 2002 est découvert le gisement de Dulaan Uul et surtout en 2010 celui de Zuuvch Ovoo, le plus abondant. En janvier 2025, un contrat est signé avec le gouvernement mongol pour le développement du site, et une mise en exploitation est espérée pour 2029.

C’est à cet endroit qu’un physicien russe, spécialiste du nucléaire et engagé dans la critique de cette technologie, Andrey Ozharovsky, a mesuré des taux de radioactivité plus de dix fois supérieurs à la normale, lors d’un déplacement mi-août 2025.

Andrey Ozharovsky, a mesuré des taux de radioactivité plus de dix fois supérieurs à la normale dans le désert de Gobi. © Captures d’écran de la vidéo de Andrey Ozharovsky

Selon les relevés géolocalisés de ses dosimètres que Mediapart a pu voir, des niveaux supérieurs à 2 microsieverts par heure ont été mesurés en trois points, situés à une dizaine de kilomètres de la mine de Dulaan Uul. Le sievert est une unité servant à mesurer les effets de la radioactivité sur le corps. Ces points chauds se situent sur des routes empruntées par les travailleurs de la mine, selon l’expert, qui s’est filmé sur place, en compagnie de membres d’une association d’habitant·es.

Interrompu en pleine prise de mesures

Or, « quand on se trouve loin de ces sites, la dose de radioactivité mesurée tombe à 0,12 et 0,08 microsieverts », poursuit le chercheur. L’écart entre ces niveaux révèle la présence d’« une contamination radioactive » dans le sol en trois endroits, écrit-il dans un courrier de synthèse de ses découvertes, envoyé à la commission chargée du nucléaire en Mongolie, que Mediapart a pu lire.

Pour savoir où mesurer la radioactivité, le groupe a sillonné en voiture les abords des mines d’uranium, leurs appareils ouverts à bord de leur véhicule. Quand un taux supérieur à la normale était détecté, le chercheur descendait pour mesurer à pied, à environ 10 à 20 centimètres du sol, la présence de rayonnement.

Mais il n’a pas pu aller au bout de ses recherches, car la police de l’immigration mongole l’a arrêté alors qu’il se trouvait près d’une ancienne mine soviétique, avant de l’expulser (voir l’encadré). Certaines photos et vidéos qu’il avait enregistrées ont été détruites par les officiers de renseignement venus l’interroger dans la ville de Choïbalsan, selon le chercheur.

Pourquoi Andrey Ozharovsky a-t-il été arrêté ?

C’est à proximité d’une ancienne mine soviétique, après avoir quitté les abords des sites d’Orano, qu’Andrey Ozharowky a été arrêté, le 19 août, par la police de l’immigration mongole. Il a ensuite été conduit dans la ville de Choïbalsan, puis à Oulan-Bator, la capitale, où il a été interrogé sur les raisons de sa présence en Mongolie, dit-il. Contactées par Mediapart, les autorités mongoles n’ont pas répondu à nos questions.

Quelques jours plus tard, il a été expulsé vers la Russie, et fait l’objet d’une interdiction de séjour de trois ans en Mongolie. Le grief retenu contre lui est de s’être rendu sur le territoire mongol avec un statut de touriste et sans avoir prévenu de ses activités de mesure.

Il est aussi sanctionné pour n’avoir pas déclaré ses dosimètres auprès des autorités. Selon l’article 10 de la loi sur le nucléaire mongole, tout appareil de mesure de radioactivité doit être déclaré aux autorités et validé par leurs soins avant d’être utilisé. L’expert chercheur russe reconnaît « une erreur » sur ce point et assure qu’il n’était pas au courant de cette règle. L’un des militants associatifs qui l’a accompagné dans le désert de Gobi fait lui-même l’objet de poursuites. Andrey Ozharowsky veut désormais saisir le rapporteur spécial de l’ONU sur les défenseurs et défenseuses de l’environnement, Michel Forst.

Joint par Mediapart, il explique ainsi : « Tout le désert n’est pas pollué, mais nous avons identifié trois zones de pollution. Or, pendant la saison sèche, rouler sur une route polluée est dangereux. Quand les véhicules passent, de la poussière radioactive s’élève, qui peut être respirée par les personnes se trouvant dans les autres véhicules. »

C’est aussi ce qu’il explique dans son courrier à la Commission nucléaire de Mongolie : « Des particules radioactives peuvent se déposer sur les vêtements et les cheveux, mais aussi dans les poumons. Et l’irradiation interne est beaucoup plus dangereuse qu’en externe. »

Contacté par Mediapart, Orano répond qu’autour de ses installations, une « surveillance environnementale régulière est effectuée selon les meilleurs standards internationaux » et conformément aux « plans annuels de surveillance et de gestion environnementales approuvés par le ministère de l’environnement et du tourisme » de Mongolie.

Sur le site de Zuuvch Ovoo, qui pourrait entrer en exploitation en 2029, explique le groupe, « la dose ajoutée moyenne de rayonnement reçue par les employés durant toute la durée du projet pilote (soit deux ans) s’élève à 0,7 millisievert par an, un niveau largement inférieur au seuil fixé par la réglementation mongole et internationale ». Mais c’est à proximité de l’autre site minier que l’expert russe a fait ses mesures.

Il est très important que la compagnie minière, filiale d’Orano, explique l’origine de ces anomalies et pourquoi ces zones n’ont pas été assainies.

Bruno Chareyron, conseiller scientifique de la Criirad

En off, un salarié du groupe ironise sur des chiffres « très, très faibles », et « bien en dessous du bruit de fond en France », qui mettent en cause le sérieux de la démarche de l’expert russe, selon lui. En France métropolitaine, une personne reçoit en moyenne 4,5 millisieverts par an, soit l’équivalent de 4 500 microsieverts, l’unité utilisée par Ozharovsky.

« Ces chiffres ne peuvent pas être comparés, car ils ne mesurent pas la même chose », explique Bruno Chareyron, conseiller scientifique de la Commission de recherche et d’information indépendantes sur la radioactivité (Criirad). « Pour évaluer l’exposition du public du fait de contaminations radioactives, il faut réaliser un autre calcul. À ce stade, pour la Mongolie, nous ne disposons pas d’assez d’éléments pour réaliser un calcul de dose reçue par la population », précise-t-il.

En revanche, et c’est là que ce spécialiste reconnu dans l’étude de la radioactivité, et qui a dirigé pendant trente ans le laboratoire de la Criirad, est catégorique, « détecter des débits de dose au contact du sol de plusieurs microsieverts par heure alors qu’autour le bruit de fond est très inférieur, montre clairement qu’il y a des anomalies radiologiques ». Selon lui, « on peut suspecter qu’il s’agit d’une contamination. Il est très important en tout cas que la compagnie minière, filiale d’Orano, explique l’origine de ces anomalies et pourquoi ces zones n’ont pas été assainies ».

Demande de vérification sans réponse

Enseignant à Moscou et engagé depuis de nombreuses années dans la dénonciation des dangers du nucléaire en Russie, Andrey Ozharovsky est bien connu des associations que Mediapart a sollicitées. « Je travaille avec lui depuis quinze ans, il a une solide formation scientifique en radioprotection et travaille depuis des années avec des ONG en Russie et il est très courageux », détaille Jan Haverkamp, membre de Nuclear Transparency Watch, un réseau associatif auquel appartient aussi l’expert russe.

« Andrey est ingénieur physicien diplômé de l’institut Kourtchatov, qui est certainement l’institution russe la plus réputée en matière de recherche nucléaire, ajoute Jean-Luc Thierry, de l’association Global Chance. Il a travaillé de nombreuses années comme expert pour l’association Bellona qui s’intéresse notamment aux déchets nucléaires russes en mer de Barents et est membre de l’Union socio-écologique, une organisation russe indépendante très sérieuse, affiliée aux Amis de la Terre. »

À la suite de ses mesures, Ozharovsky a saisi la commission chargée de la sûreté nucléaire en Mongolie – le pays n’a pas de centrale nucléaire – et lui a demandé de réaliser des mesures de vérification aux mêmes endroits. Sollicitée par Mediapart pour savoir quelles suites elle entendait donner à cette affaire, elle ne nous a pas répondu.

Grandes difficultés pour l’expertise indépendante

Au-delà des niveaux mesurés, c’est la nature des radioéléments enregistrés qui est révélatrice. Car les spectromètres d’Ozharovsky ont enregistré la présence d’uranium et de ses produits de décomposition : radium 226, bismuth 214 et plomb 214. « Ces substances sont caractéristiques de fuites de mines d’uranium utilisant la méthode de récupération in situ », ajoute l’expert.

C’est précisément cette technique, appelée ISR, qu’Orano expérimente en Mongolie : elle est réputée plus écologique, car elle consiste à extraire l’uranium de la roche en sous-sol, par l’injection de produits chimiques. Cela évite de répandre des poussières de pollution radioactives dans l’atmosphère, et laisse les résidus de traitement en sous-sol – la gestion de ces déchets est particulièrement complexe dans l’exploitation minière traditionnelle.

Or, dans la même région du désert de Gobi, mais loin des mines, les spectromètres n’ont pas mesuré le même type de radiations : a été enregistré « un pic de K 40 », qui n’est autre que l’isotope radioactif du potassium, un signe de radioactivité naturelle.

Orano répond : « Toutes les inspections organisées par le gouvernement ou par des organisations professionnelles indépendantes ont abouti à la conclusion qu’il n’y avait pas d’impact négatif sur l’environnement et la santé des personnes et du bétail lié à l’uranium provenant de l’activité du projet qui est entré en phase de construction. »

Des éleveurs traditionnels du désert de Gobi alertent depuis plusieurs années sur une mortalité inhabituelle de leur cheptel, ainsi que sur des malformations d’animaux.

Selon Bruno Chareyron, qui a aussi eu accès aux mesures réalisées par Ozharovsky en Mongolie, l’analyse par spectrométrie gamma – qui sert à identifier la nature des rayonnements – « montre que la radioactivité qu’il a mesurée est liée à l’uranium et à ses descendants », c’est-à-dire ses différentes formes d’évolution.

« Or, elles ont été réalisées dans une zone d’exploration d’uranium. Pour aller plus loin, il faudrait pouvoir faire des analyses complémentaires du sol. Quelle qu’en soit l’origine, tant que cette radioactivité persiste, il y a un danger », pour les animaux et les habitant·es.

S’il s’avérait que cette radioactivité mesurée par Ozharovsky à proximité des sites d’Orano était d’origine naturelle, ce serait tout de même un sujet sérieux à traiter. D’autant que « l’exploitation de mine d’uranium fait toujours remonter de la radioactivité vers la surface », explique Bruno Chareyron.

Des éleveurs traditionnels du désert de Gobi alertent depuis plusieurs années sur une mortalité inhabituelle de leur cheptel, ainsi que sur des malformations d’animaux. Des photos et des vidéos circulent sur des réseaux sociaux mongoles, accusant les mines d’uranium d’être à l’origine de ces problèmes. La Criirad tente depuis 2021 de monter une mission de contrôle sur le terrain dans le cadre d’une action en justice des associations locales, sans succès jusqu’à présent.

De manière générale, Bruno Chareyron constate souvent autour des mines d’uranium, au Niger, au Kazakhstan ou en Mongolie, « une grande difficulté à effectuer un contrôle indépendant ». À ses yeux, « c’est profondément choquant ».

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L’Europe relance sa stratégie d’indépendance minière… À quel prix ?

[pompé sur courrierinternational.com ]

La Commission européenne a approuvé, en mars, 47 projets miniers sur son territoire. Le but : garantir un approvisionnement local en minerais essentiels aux batteries électriques notamment. Mais les habitants des zones concernées s’interrogent sur les avantages réels et les impacts de ces exploitations sur l’environnement. Le reportage de “Climate Home News”.

L’Europe a engagé une course à l’extraction et à la production de minerais tels que le lithium sur son sol.
L’Europe a engagé une course à l’extraction et à la production de minerais tels que le lithium sur son sol. Dessin de Vlahovic, Serbie.

L’accompagnateur en montagne, Eduardo Mostazo, est né et a grandi à Cáceres, une petite ville du sud-ouest de l’Espagne proche du Portugal. Après avoir souffert de l’exode rural, sa commune fait aujourd’hui face à une nouvelle menace : un projet de mine de lithium, qui pourrait souiller les sources d’eau et polluer la montagne voisine, compromettant la survie d’oiseaux comme l’aigle impérial espagnol, une espèce en voie de disparition. C’est en tout cas ce que redoutent Eduardo et d’autres militants locaux.

Leur lutte pour protéger leur bel environnement est révélatrice d’un dilemme auquel l’Europe est de plus en plus confrontée, à l’heure où elle a engagé une course à l’extraction et à la production sur son sol de minerais tels que le lithium, essentiel pour réaliser sa transition vers des énergies propres sans dépendre des importations en provenance de Chine et d’autres pays émergents.

D’un côté, les bureaucrates des capitales européennes sont sous pression pour garantir un approvisionnement local ; de l’autre, les habitants des lieux où se trouvent les ressources s’interrogent sur les avantages réels que leur apportera leur exploitation.

Ces derniers nous ont confié souhaiter avoir davantage d’informations avant de donner leur accord à des projets miniers pour lesquels ils estiment ne pas avoir été suffisamment consultés. Ils veulent obtenir la garantie que les milieux naturels, qui font vivre la population locale, ne seront pas endommagés par cette ruée vers les minerais.

Limiter la dépendance à la Chine

À Cáceres, la société minière Extremadura New Energies (ENE, filiale de la société australienne Infinity Lithium) a promis de créer 1 500 emplois pendant la construction de la mine et 700 emplois pendant les vingt-six années de son exploitation.

Néanmoins, la population craint que la mine ne sape les deux grands piliers de l’économie locale que sont le tourisme et l’agriculture. “Évoquer d’autres solutions est impossible, déplore Eduardo Mostazo. On a l’impression que les dirigeants politiques n’étudient pas vraiment le dossier dès lors qu’il provient d’une grande entreprise prête à mettre des millions sur la table ; ils se laissent aveugler par les promesses.”

Dans le cadre de son plan de développement des énergies propres et de l’électricité, la Commission européenne veut réduire sa dépendance vis-à-vis des minéraux produits en Chine. Il s’agit de faire en sorte qu’au moins 10 % des matières premières essentielles comme le lithium, le cuivre et le nickel soient extraites en Europe d’ici à 2030.

Selon l’Agence internationale de l’énergie, la demande mondiale de lithium – un composant majeur des batteries des voitures électriques – pourrait être multipliée par 42 d’ici à 2040 par rapport à son niveau de 2020. Actuellement, l’UE compte sur les importations pour les quatre cinquièmes du lithium extrait et la totalité du lithium transformé.

En Europe, quarante-sept projets miniers approuvés

Pour Santos Barrios, spécialiste en cristallographie et minéralogie à l’université de Salamanque, la dépendance de l’Europe en ce qui concernr ces minéraux “est un très gros problème”, car ces matériaux proviennent de pays peu regardants en matière de protection sociale et environnementale. Il explique :

“On les importe d’endroits où il est bien moins cher de les extraire qu’ici, mais au détriment de beaucoup de choses.”

L’idéal, à ses yeux, serait de ne plus dépendre de “pays qui ne sont pas totalement transparents, comme la Chine”.

Afin d’accélérer la transition avant l’échéance de 2030, la Commission européenne a approuvé en mars quarante-sept projets miniers stratégiques, qui bénéficieront de procédures d’autorisation accélérées et d’un accès plus facile aux financements proposés par l’UE.

Matières premières : 47 projets stratégiques dans l’Union européenne
Matières premières : 47 projets stratégiques dans l’Union européenne SOURCE : COMMISSION EUROPÉENNE.

Avec respectivement six et cinq projets, l’Espagne et la Finlande sont les pays de l’UE qui ont le plus grand nombre de programmes stratégiques impliquant l’extraction de matières premières essentielles, accompagnée ou non d’un raffinage.

ENE a postulé à ces projets, mais sa candidature n’a pas encore été retenue à cause de retards dans la procédure d’autorisation. Sa demande de permis d’exploitation est toujours en cours de traitement par le gouvernement régional, qui lui a demandé de fournir davantage de renseignements sur ce qu’elle veut faire.

Demandes d’accès au dossier rejetées

À seulement 40 kilomètres plus au nord, à Cañaveral, de nombreux habitants ont été consternés d’apprendre qu’un projet minier voisin, mené par la société Lithium Iberia, figurait sur la liste. Un collectif de citoyens opposés à la mine, car inquiets de ses éventuels effets sur les sources d’eau et les milieux naturels, prépare une lettre qu’il veut adresser à la présidente du Parlement européen pour demander l’accès au dossier, en particulier à l’étude d’impact environnemental et à la méthodologie utilisée pour évaluer les demandes.

Mais la Commission européenne a déjà refusé plusieurs demandes en ce sens, sous prétexte qu’il s’agit d’informations professionnelles sensibles, explique Julio César Pintos Cubo, de l’association écologiste Ecologistas en Acción.

D’autres associations, comme Les Amis de la Terre Europe, dénoncent par ailleurs le manque de transparence et l’absence d’implication de la société civile dans les projets stratégiques menés dans le cadre de la loi européenne sur les matières premières essentielles. Ni la Commission ni les États membres de l’UE n’ont autorisé l’accès aux documents soumis par les candidats.

À lire aussi : Reportage. Bénédiction ou malédiction ? Dans l’Allier, un gisement riche en lithium divise l’opinion

“Il ne faut pas assouplir le droit européen pour arranger des entreprises mal réglementées (un phénomène malheureusement courant dans le secteur minier), avec une administration qui renoncerait à toute transparence et à appliquer les réglementations en matière d’eau et d’environnement pour s’aligner sur les pratiques du lobby minier”, souligne Julio César Pintos Cubo.

Un porte-parole de la Commission nous a indiqué que les projets concernant les minéraux stratégiques avaient été soumis à des experts indépendants, qui avaient été priés d’évaluer, entre autres, leur capacité à être “mis en œuvre de manière durable”.

De l’avis des spécialistes, le manque de transparence et de participation locale dans la sélection des projets stratégiques de l’UE pourrait nuire à leur bonne mise en œuvre.

Grosse pression

“Cela va générer de l’opposition parce que l’Union européenne prend ces décisions à Bruxelles, en suivant une procédure accélérée pour les nouveaux projets. Il n’y a pas eu de véritable consultation, et il y a beaucoup de pression pour atteindre les objectifs”, explique Marco Siddi, chercheur à l’Institut finlandais des affaires internationales. Comme ces projets miniers à fort enjeu ne cherchent pas à obtenir une “légitimité démocratique”, ils pourraient provoquer une réaction sociale semblable à celle des “gilets jaunes”, met-il en garde.

Le porte-parole de la Commission souligne que ce sont les pouvoirs publics des différents pays qui sont surtout responsables de la mise en œuvre de ces projets stratégiques, et notamment de la consultation des populations locales, “conformément aux règlements nationaux”.

Santos Barrios estime qu’il faut veiller à prendre en compte toutes les opinions et à minimiser les dégâts environnementaux, mais que c’est au personnel qualifié que doit revenir le dernier mot.

Interrogé sur une éventuelle consultation de la population sur le projet stratégique de Cañaveral, ainsi que sur ses modalités, le gouvernement de la région d’Estrémadure, en Espagne, n’a pas donné suite à notre demande.

Quelque temps auparavant, la directrice générale de l’industrie, de l’énergie et des mines de la région, Raquel Pastor, nous avait dit :

“Les projets qui génèrent de l’emploi, de la richesse et du développement dans la région sont les bienvenus, quelle que soit leur nature, dès lors qu’ils respectent les règlements, en particulier en matière d’environnement bien sûr, et la loi.”

Quant aux compagnies minières, elles ont promis dans la plupart des cas de minimiser l’impact de leurs opérations sur les milieux naturels et d’œuvrer en faveur du développement rural.

Les entreprises étrangères dans les starting-blocks

Ainsi, Ramón Jiménez Serrano, le PDG d’ENE, nous a assuré que la mine de Cáceres – qui prévoit également d’accueillir une usine de raffinage à proximité – n’utiliserait que des eaux usées traitées et n’aurait donc pas d’incidence sur les réserves d’eau locales. Malgré cela, la demande de permis déposée par l’entreprise auprès du service des eaux a été rejetée.

Selon Steve Emerman, un expert indépendant spécialisé en géophysique et en exploitation minière qui a été appelé à témoigner devant le Parlement européen sur cette question :

“On ne connaît aucun cas de mine industrielle moderne dont l’exploitation et la fermeture n’ont pas entraîné de pollution de l’environnement.”

Par un après-midi froid et venteux de janvier, à 150 kilomètres au nord de Cáceres, une centaine de personnes venues des villages voisins, dont le prêtre local, se pressent dans le centre culturel de Ciudad Rodrigo, une ville de la région de Salamanque ; elles sont venues assister à une réunion de présentation des conséquences d’un autre projet d’exploitation minière de lithium dans la région.

Le projet en question, mené par une autre société minière australienne, Energy Transition Minerals, en est encore à ses tout débuts et ne figure pas sur la liste des projets stratégiques de l’UE, mais il fait naître de plus en plus d’inquiétudes quant aux effets qu’il pourrait avoir sur le paysage de la région et sur les emplois traditionnels. Selon l’entreprise, Salamanque est la région d’Europe qui possède la plus forte concentration de matières premières d’importance majeure (lithium, cuivre, tantale).

Dans ce domaine, les entreprises étrangères sont de plus en plus nombreuses à vouloir prendre le train en marche en Europe. Beaucoup sont des “petites” sociétés minières qui ne disposent pas de la capacité financière et technique d’extraire les matériaux du sol, explique Steve Emerman : “Elles veulent simplement obtenir le permis pour pouvoir le revendre ensuite à quelqu’un en mesure de mener à bien le projet.”

“Bon filon” en Bosnie

En Bosnie-Herzégovine, un pays candidat à l’adhésion à l’UE, où la ruée vers le lithium a atteint la petite ville de Lopare, dans le nord-est du pays, la population locale craint d’être dans ce cas de figure. En 2023, la petite société minière suisse Arcore AG a annoncé avoir trouvé un “bon filon” dans cette région vallonnée et densément boisée, aux riches gisements de lithium. Elle attend actuellement que sa demande d’octroi de concession soit approuvée par l’administration de la République serbe de Bosnie, l’une des deux entités gouvernementales du pays.

Azra Berbic, avocate engagée dans la défense de l’environnement, pense que, selon toute probabilité, une autre entreprise, disposant de plus de ressources et de fonds, va racheter la concession pour procéder à l’extraction du lithium : “On a déjà connu ça par le passé. C’est pourquoi la population locale est si inquiète ; elle craint que l’accord ne soit vendu à une entreprise comme Rio Tinto.”

À lire aussi : Reportage. Le Pacte vert va enrichir la Bosnie, mais aussi la polluer

Pour l’instant, ce conglomérat australo-britannique, l’une des plus grandes sociétés minières du monde, ne s’est pas montré officiellement intéressé par Lopare. Rio Tinto souffre d’une image très négative à cause de ses pratiques en matière d’environnement et de travail dans le monde entier, notamment dans la Serbie voisine, où son investissement de 2,4 milliards de dollars [environ 2 milliards d’euros] dans un projet de mine de lithium à Jadar [dans l’ouest de la Serbie] a soulevé une vague de protestations.

Lorsqu’elle avait annoncé le lancement du projet en 2021, l’entreprise avait pourtant affiché sa volonté de limiter au maximum son impact sur la population locale. Elle comptait construire la mine de Jadar “dans le respect des normes environnementales les plus sévères”, en ayant en particulier recours à un empilage à sec des résidus pour éviter leur stockage dans une digue de retenue, et en traitant l’eau pour qu’elle soit à 70 % de source recyclée.

Première mine de lithium souterraine

Dans le cas de la mine espagnole de Cáceres, ENE a déclaré qu’elle fonctionnerait avec 100 % d’énergie renouvelable, même si son PDG, Ramón Jiménez Serrano, a admis qu’il n’était pas encore possible de faire tourner à l’électricité toutes les machines de surface nécessaires.

À Salamanque, le porte-parole d’Energy Transition Minerals, Jorge Gil Mediavilla, explique que “[son] entreprise a accepté de renoncer à exploiter la mine à ciel ouvert, en choisissant plutôt de procéder à de petites opérations minières souterraines très concentrées, quitte à gagner moins d’argent”.

Il n’en reste pas moins que certains spécialistes se montrent sceptiques quant à la viabilité du projet. “Je doute qu’il soit rentable”, dit Antonio Areas, un acteur de longue date du secteur minier dans la région, tandis que le géologue Antonio Aretxabala fait remarquer qu’il s’agira de la première mine de lithium souterraine au monde.

Selon Ángel Sánchez Corral, le porte-parole du collectif antimine El Rebollar Vivo à Salamanque, beaucoup d’habitants des communes concernées ne sont pas convaincus par la pression que met l’UE pour promouvoir la production locale de minerais essentiels, ni par les promesses de croissance économique et d’emploi que leur font miroiter leurs dirigeants politiques.

“Le lancement de ces projets stratégiques par l’UE constitue un pas en arrière en termes de protection de l’environnement et de droits sociaux et territoriaux, au profit de l’industrie extractive et des entreprises spéculatives. Cela nous fait perdre confiance dans les institutions de l’UE”, regrette le militant.

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No mine in Gàllok

Ce livre parle d’une lutte contre un projet de mine de fer à ciel ouvert, au cœur de l’élevage de rennes des Samis à Gàllok. En mars 2022, le gouvernement suédois a accordé à l’entreprise britannique Beowulf Mining une autorisation d’exploitation. La future mine se situe au cœur du territoire Sapmi occupée par les Suédois, l’accaparement colonial de ces terres fait l’objet de fortes contestations. En 2013, un forage d’essai à Gallok a suscité une résistance croissante sous la forme d’un barrage routier et d’un camp de protestation. À l’occasion du dixième anniversaire de cet événement et dans le contexte d’une acuité croissante de l’affaire Gallok, ce livre offre un aperçu du contexte plus large de l’exploitation coloniale et de la dévastation environnementale au sein de ce territoire sous domination suédoise.

en papier [en anglais]
en PDF [en anglais]
site autours de la lutte [pas d’activités depuis 2022]

 

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Incendie de véhicules dans une carrière à Thin-le-Moutier

[pompé sur le parisien]

Des incendies dans les Ardennes et en Charente (le 10 septembre)

Plusieurs nouveaux incidents ont été relevés depuis 11 heures dans les zones de compétence de la gendarmerie. Ont été recensés des dégradations dans une carrière de Thin Le Moutier (Ardennes) où deux véhicules ont été incendiés et la destruction, par le feu, d’un pylône de télécommunications à Barbezieu Saint Hilaire (Charente).

 

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Collectif Stop Taranis – Un RDV à ne pas manquer

[reçu par mail]

[annulé]

Collectif Stop Taranis

Bonjour à toutes et à tous,

La rencontre devant la mairie des Fougerêts mercredi 17 septembre est pour le moment suspendue.
Un entretien va avoir lieu entre des membres du collectif et le maire de Les Fougerêts lundi soir, une décision sera ensuite prise pour le maintient ou non du RDV.

Nous vous tiendrons informé-es.
Merci de votre compréhension

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RENDEZ-VOUS devant la mairie des Fougerêts mercredi 17 septembre à 16h30 pour rencontrer Jean-Pierre Kucheida.
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Mais c’est qui Jean-Pierre Kucheida ?

Mr KUCHEIDA est président de l’ACOM FRANCE (Association des COmmunes Minières de FRANCE) qui viendra rencontrer plusieurs élu-es du territoire concerné par le PERM Taranis à la mairie de Les Fougerêts.
Autant vous dire que Mr KUCHEIDA n’est pas un allié pour la lutte contre ce sinistre projet, voyez plutôt en lui un lobbyiste au service de Breizh Ressources.

Site de l’ACOM France : https://www.acomfrance.org/l-association/

Condamné une fois, mis en examen une autre !
Mr Kucheida a été condamné pour abus de bien sociaux en 2013 dans l’affaire de la Soginorpa (bailleur social du Nord Pas de Calais qu’il présidait), l’ex député maire avait utilisé la carte bleue du bailleur social à des fins personnelles (hôtels et restaurants de luxe, bijoux etc.).
Il a été également mis en examen pour corruption passive en 2014
Affaire de 2013
Affaire de 2014

Vous êtes donc les bienvenu-es pour faire sonner les casseroles pour rappeler à Mr Kucheida qu’il en traine plusieurs derrière lui et qu’il n’est pas le bienvenu par ici.

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Le site internet du collectif Stop Taranis est aussi régulièrement mis à jour et propose de nombreuses rubriques : boîte à outils, liste d’articles de presse, livres, podcasts, vidéos etc. N’hésitez pas à le visiter et à le partager autour de vous : https://www.stop-taranis.org/
Un Framagroupe existe également (peu actif pour le moment mais peut par exemple servir à communiquer les actus sur une commune et donc garder le lien entre communes).
Pour vous inscrire, il faut envoyer un mail à partir de la boîte mail sur laquelle vous voulez recevoir les messages du groupe à l’adresse : sympa@framagroupes.org
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Septembre 2025 – Le collectif des habitant.e.s

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Rencontres autour de l’extractivisme – Focus sur le projet de mine de lithium dans l’Allier

[pompé sur ricochets]

La mine ? Pfffff. Sujet ringard pour les féru.es d’histoires, de traditions ou pour les nostalgiques du syndicalisme ouvrier. Faut tourner la page. Fini les gueules noires depuis la google gloire.
Si tu penses comme nous que la société occidentale (quoi y en a d’autres ?!) est devenue immatérielle et post-industrielle, qu’elle s’est affranchie de la matière, qu’on ne creuse plus sous la terre grâce aux datacenters et que l’électricité viens du ciel avec les éclairs, peut-être qu’on pourrait aller faire un tour aux rencontres du 18,19 et 20 septembre.
Ces jeudi, vendredi et samedi, on aura trois occasions d’interagir sur l’extractivisme en compagnie des membres du collectif STOPMINE 03 en lutte contre le projet de mine de lithium en plein centre du pays.

- Rendez-vous le jeudi 18 septembre à 17h30 à « La colo des aubanneaux » au 50 chemin des aubanneaux à la Chapelle en Vercors pour une présentation de STOPMINE suivi d’une discussion sur les liens entre colonialisme et extractivisme. Cantine, puis à 21h, projection du film « Neptune Frost », fiction afro-futuriste.

- Puis rendez-vous le vendredi 19 septembre à 17h30 au café associatif l’Hydre au 1 rue de la république à Crest pour une présentation de STOPMINE, prolongée d’un échange sur le mythe de la transition. Cantine, puis à 21h, conférence gesticulée « La transition énergétique : Mais si, je peux être contre tout ».

- Enfin rendez-vous le samedi 20 sept (sans ton chien s’il te plaît) dès 14h au Moulinage de la Roche au 745 route du Cheylard, quelques kilomètres après Saint-sauveur de Montagut. À 14h30, lectures et débats en petits groupes à propos d’expériences internationales autour des luttes contre l’extractivisme. Là, une pause crêpe. Puis à 17h30, présentation de STOPMINE et discussion sur l’opposition au projet l’exploitation de lithium dans l’Allier.
Cantine, et à 21h, début des concerts. Ça commence avec « Trois petits chats », rap des gouttière et ensuite viendra « Pu$$y tunning », boom reggaeton.

Sur ces trois événements à prix libre, tu trouveras infokiosque, bar et cantine. Si nous devions récolter de l’argent, il irait renflouer les caisses de STOPMINE 03 et du journal contre l’extractivisme « Sans Dessous Dessus ».

Sur ce, peut-être à bientôt.

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Le centre historique de la ville suédoise de Kiruna « déménagé » pour continuer à exploiter la mine voisine

[pompé sur lemonde]

Longtemps, la population de cette ville du nord de la Suède a accepté que la mine de fer, qui fragilise les sols, dicte son sort. Mais la frustration grandit et l’aide de l’Etat est exigée alors qu’un nouveau tiers des habitants va devoir être délocalisé.

Les images ont fait le tour du monde. Un peu après 8 heures, le 19 août, l’église en bois de Kiruna, construite en 1912, à 150 km du cercle polaire, s’est lentement ébranlée, sous le regard de centaines de spectateurs. Haute de 35 mètres et pesant 672,4 tonnes, portée par une remorque équipée de 224 roues, elle a parcouru 5 km en deux jours, avant d’atteindre son nouvel emplacement. Filmée par trente caméras, cette prouesse a été retransmise en direct sur le site de la télévision publique suédoise SVT.

Préparé depuis des années, l’événement devait être le point d’orgue d’un projet pharaonique, décidé en 2004, consistant à déménager le centre historique de la ville minière et au moins un tiers de ses 23 000 habitants, pour continuer à exploiter le minerai de fer de ses sous-sols. Pour célébrer cet instant, la compagnie publique Luossavaara-Kiirunavaara AB (LKAB), qui finance l’opération, a offert aux habitants de Kiruna un grand concert, avec la star de la variété, Carola Häggkvist, en présence du roi Carl XVI Gustaf.

Mais le 28 août, l’ambiance festive a laissé place à la consternation. Lors d’une conférence de presse, le PDG de LKAB, Jan Moström, a annoncé que le chantier continuait : 2 700 logements supplémentaires, concernant 6 000 personnes, allaient devoir être déplacés dans les dix prochaines années. Une délocalisation indispensable, selon Jan Moström, pour permettre à la compagnie de poursuivre l’exploitation de la mine, qui provoque une déformation des sols, plaçant désormais la ville de Kiruna au bord d’un gouffre. Pour le patron de LKAB, la nouvelle est « fondamentalement positive », car elle signifie que « nous avons tant de minerais que nous pouvons poursuivre nos activités et investir dans notre avenir commun », a-t-il expliqué.

« Ma chère ville natale est à genoux »

Joint par téléphone, le maire social-démocrate, Mats Taaveniku, est loin d’être aussi enthousiaste. « Nous savions que d’autres habitants allaient devoir déménager et nous nous préparions. Mais le scénario qui nous a été présenté est pire que ce que nous avions imaginé », commente-t-il. L’édile avoue qu’il ne sait pas comment sa petite commune va pouvoir mener de concert la transformation urbaine en cours – dont « 30 % à 40 % reste à réaliser » – et préparer la phase suivante. A Kiruna, la majorité de la population semble se résoudre à la décision de transférer la ville à quelques kilomètres de son emplacement actuel.

Inenvisageable, une solution aurait été de fermer la mine, joyau de la compagnie LKAB, elle-même fleuron de l’industrie suédoise, qui fournit 80 % du minerai de fer extrait en Europe et contrôle un des plus grands dépôts de terres rares du Vieux Continent. Dans la commune, 4 000 personnes travaillent pour LKAB et 4 000 autres emplois dépendent de la mine, selon le maire. Le déménagement s’est donc rapidement imposé, malgré le prix exorbitant de l’opération. LKAB a déjà déboursé 23 milliards de couronnes (2,09 milliards d’euros) – dont un demi-milliard pour le transfert de l’église – et a provisionné 9,5 milliards supplémentaires. Mais si le pragmatisme dominait jusque-là, la colère gronde depuis l’annonce du PDG.

« Ma chère ville natale est pillée et à genoux », écrit l’écrivaine Ann-Helén Laestadius, dans une tribune très commentée, publiée dans le quotidien Dagens Nyheter, où elle rappelle que « les milliards générés par la mine sont investis dans le Sud [de la Suède], tandis que Kiruna souffre ». Sur les réseaux sociaux, des habitants réclament des compensations et s’inquiètent pour l’avenir de leur ville endettée, en perte de repères, à mesure qu’ils disparaissent ou sont déplacés.

Déménager les vivants… comme les morts

En avril 2024, LKAB et Kiruna ont signé un accord, prévoyant le versement de 227 millions de couronnes (plus de 20 millions d’euros) à la municipalité pour des frais imprévus liés au déménagement. Insuffisant selon le maire. Car en plus de souffrir d’un manque chronique de main-d’œuvre, en raison des salaires élevés offerts par la mine, Kiruna fait face à la flambée des coûts et voit ses dépenses s’alourdir, tandis que les habitants, qui ont dû déménager, subissent des hausses de loyer. Une injustice, dénonce Mats Taaveniku, qui rappelle qu’en vertu de la loi suédoise, LKAB ne verse pas une couronne de taxe à la municipalité. Si l’Etat ne met pas la main à la poche, avertit-il, « la relocalisation ne pourra être menée à temps et la production de la mine va devoir baisser ».

Par ailleurs, certaines questions sensibles restent à résoudre. Parmi elles, celle du sort des 5 000 défunts, dont les cendres ont été dispersées depuis un siècle dans un jardin du souvenir, ou entreposées dans le columbarium, qui jouxtaient l’église, avant d’être transportés à 5 km de là. « Déménager les vivants est bien plus aisé que les morts », constate Roger Marjavaara, professeur associé de géographie du tourisme à l’université d’Umea et coauteur d’une étude sur la relocalisation des cimetières suédois. « Le principe du repos éternel des défunts est universel, mais il est en contradiction avec la mobilité qui caractérise le monde des vivants », observe-t-il.

Les habitants de la cité minière ont finalement accepté le transfert de leurs morts. Mais ils y ont mis une condition : aucun d’entre eux ne saurait être abandonné sur un terrain qui, à terme, pourrait être englouti sous terre sous l’effet de la fragilisation continue du sol liée à l’exploitation de la mine.

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Zines – Le réseau de pouvoir derrière la mine de CopperWood

[pompé sur unsalted]

Highland Copper, une compagnie canadienne sans expérience, s’est vu proposé une surface de 323 acre [environ 1,3 km2] pour une mine de sulfure dans les montagnes du Porc-Épic dans le Michigan, parfois à seulement 100 pied [environ 30 m] du lac Supérieur.

Utilise ces ressources pour cibler les personnes qui vont tirer profit de la destruction de nos biens-aimés forêts et cours d’eau.

[Format brochure]

[format page par page]

Ressources additionnels :
• Highland’s Youtube video about Copperwood Project Update is very revealing:
https://www.youtube.com/watch?v=Qprq0AzHO58
• Instagram: @gichigami_guardians
• Additional zines about Copperwood Mine: https://linktr.ee/gichigami.guardians
• Protect the Porkies website: https://protecttheporkies.com/home

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Publication des décrets d’application de la réforme du code minier

[pompé sur mineralinfo.fr]

Quatre décrets, pris en application de la partie législative du code minier, ont été adoptés en conseil des ministres du 27 août 2025, rénovant les modalités de gestion et de valorisation des ressources et des usages du sous-sol.

Ces décrets portent sur les substances de mines, les gîtes géothermiques, les granulats marins et les stockages souterrains pour lesquels l’État peut attribuer, par un titre minier ou une autorisation spécifique, l’exclusivité à une entreprise, charge à cette dernière d’obtenir les diverses autorisations lui permettant de mettre en œuvre ses projets.

Très attendue, la réforme du code minier engagée par la loi Climat et résilience et complétée par les ordonnances du 13 avril et du 10 novembre 2022 a visé, en particulier, à mieux prendre en compte la nécessaire protection des intérêts environnementaux, à renforcer la participation du public et la consultation des collectivités territoriales dans les décisions concernant les activités minières, ainsi qu’à accentuer la lutte contre l’orpaillage illégal en Guyane.

Les principales évolutions des procédures réglementaires présentées permettent :
• d’intégrer, en plus des enjeux économiques, les enjeux environnementaux et sociaux pour l’octroi d’un titre régi par le code minier ; une demande de titre pourra être refusée si le ministre chargé des mines émet un doute sérieux sur la possibilité de procéder à l’exploitation du gisement sans porter une atteinte grave aux intérêts environnementaux ;
• de compléter les textes d’application déjà pris visant à soumettre à autorisation environnementale les travaux miniers et instaurant l’obligation de constituer des garanties financières avant l’ouverture de travaux d’exploitation de mines et de gîtes géothermiques ;
• de renforcer la procédure de mise en concurrence ;
• de renforcer l’information et la participation du public et des collectivités territoriales pendant la phase d’instruction des demandes de titres avec la possibilité d’instaurer une commission de suivi de sites ;
• d’assurer des conditions justes, équitables et adaptées aux enjeux de développement durable des territoires des collectivités de Guadeloupe, Guyane, la Martinique, la Réunion, Mayotte, Saint Barthélemy, Saint-Martin, Saint-Pierre-et-Miquelon ;
• En particulier en Guyane, la constitution de garanties financières rendues obligatoires avant l’ouverture de travaux d’exploitation de mines a ainsi été adaptée à la situation des artisans guyanais. L’avis du Grand Conseil Coutumier sera systématiquement recueilli sur toute demande d’exploitation au sein des secteurs où les populations amérindiennes et bushinengues exercent des droits d’usage collectif comme la chasse, la pêche ou toute autre activité de subsistance. Les mesures de prévention et de lutte contre l’orpaillage illégal ont été également renforcées ;
• d’apporter des clarifications et des simplifications. Les textes prévoient la faculté de déposer en ligne les demandes de titres et d’autorisations, une procédure unique d’instruction en cas de demandes conjointes de géothermie et de substances de mines contenues dans les fluides caloporteurs du gîte de géothermie telles que le lithium. Par ailleurs, les procédures concernant les granulats marins sont désormais autoportantes et maritimisées.

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