Carrière de quartz de Razac : les opposants préparent une nouvelle mobilisation

Après l’abattage de quatre hectares de feuillus, l’association Sauvegardons Razac et le Bassin de la Côle prévoit plusieurs actions dont une manifestation le 1er novembre.

Ce sont quatre hectares de feuillus qui ont été abattus le 22 octobre, au lieu-dit Razac, sur la commune de Thiviers, sur le terrain du futur chantier d’extractions de quartz d’Imerys, société spécialisée dans la production et transformation de minéraux pour un usage industriel. Cette entreprise exploite depuis une quarantaine d’années plusieurs sites en France dont celui de Saint-Jean-de-Côle.

Depuis septembre 2024, l’association Sauvegardons Razac et le bassin de la Côle est mobilisée contre ce projet de carrière d’environ 45 hectares. Elle réunit une centaine d’adhérents et de nombreux sympathisants, et notamment les riverains de la départementale 77, opposés au projet.

Des aménagements depuis fin juillet

« Il y a eu, certes, une autorisation préfectorale en juillet 2025 après une enquête publique réalisée au cœur de l’été 2024. Celle-ci a donné lieu à un avis favorable, malgré des réserves concernant la RD 77. Nous contestons la légalité du projet car nous considérons qu’aucune étude d’impact contradictoire n’a été menée, ni par les services de l’État, ni par les élus locaux. Nous avons établi un rapport réalisé à partir d’études scientifiques, qui va être publié la semaine prochaine. Il met en lumière que cette carrière menace une dizaine d’espèces protégées, l’existence même de cours d’eau », explique François, un des porte-paroles de l’association. Les opposants dénoncent depuis le départ, le manque de dialogue avec la population et les riverains. « Imérys prévoit le passage d’une quarantaine de camions chargés de cailloux sur cette route étroite assez sinueuse lorsque le site sera exploité. »

Quatre hectares de feuillus ont été coupés sur le site.
Quatre hectares de feuillus ont été coupés sur le site.

Claude-Yves Yvard

Depuis cet été, les travaux d’aménagements ont été réalisés par le Département sur la RD 77, pour permettre le passage des camions et des engins de chantier. « Le site a commencé à être aménagé pour pouvoir débuter l’extraction. Par exemple, des chemins ont été créés avec pour incidence de détruire des habitats d’espèces protégées dont le sonneur à ventre jaune, un petit crapaud très protégé au niveau national. Une fosse a déjà été creusée et prête à l’extraction » poursuit le représentant de l’association.

Un recours au contentieux

Le 22 octobre, une cinquantaine d’opposants ont tenté de s’opposer aux travaux de déforestation sans succès. Depuis le 1er septembre, date d’autorisation de défricher les parcelles, les opposants avaient installé une vigie en face du site menacé, vigie qui a disparu depuis. « Nous agissons depuis un an, dans une forme de réaction permanente avec le sentiment d’être mis devant le fait accompli. Nous demandons l’arrêt pur et simple de ce site d’extraction au vu de la manière dont il a été présenté, » poursuit François qui précise qu’il s’agit d’une exploitation très gourmande en foncier. L’association demande également la tenue d’un débat à l’échelle de territoire du pays thibérien.

L’association compte déposer un recours au contentieux pour dénoncer l’absence de dérogation à la destruction d’espèces protégées, et l’absence de prise en compte des cours d’eau dans l’étude d’impact. Après le défrichage intervenu le 22 octobre les opposants redoutent le début de l’exploitation de la carrière, dans des délais rapides. Ils appellent à une manifestation à Thiviers le 1er novembre.

Contactée par « DL », la préfecture réitère la réponse qu’elle avait formulée hier dans ces mêmes colonnes en rappelant l’autorisation du projet par arrêté préfectoral en date du 3 juillet 2025 après une étude d’impact environnementale et le fait que « l’exploitation de cette carrière contribue à notre souveraineté nationale et européenne » dans la production de galets de quartz qui « permettront de produire du silicium, matière classée comme critique pour l’Europe ».

Une manifestation prévue le 1er novembre

L’association d’opposants « sauvegardons Razac et le Bassin de la Côle organise le 1er novembre, une manifestation dans les rues de Thiviers. Le rendez-vous est fixé à 14h30, place de la République. Cette déambulation dans le centre-ville sera suivie par l’organisation d’une table ronde intitulée « Extractivisme ni ici ni ailleurs », avec comme invités Juan Pablo Gutierrez (originaire de Colombie) et David Maenda Kithoko (Congo), deux militants autochtones qui dénoncent la destruction de leur territoire dans leur pays d’origine par l’industrie minière. « Nous présenterons à cette occasion les résultats de toute l’enquête que nous avons menée depuis l’an passé », explique François, le porte-parole de l’association. Contact : sauvegardons-razac@protonmail.com

Un panneau marque l’entrée de la carrière.

Un panneau marque l’entrée de la carrière.

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