[pompé sur l’OCL]

Retour de No Mine’s Land 2025 dans l’Allier

mercredi 15 octobre 2025

Stop Mines 03 a organisé trois jours de rencontres avec conférences, débats, tables rondes, concerts et plein d’autres choses, en réponse à l’appel aux journées internationales contre l’extractivisme, dont l’origine est située au Mexique le 22 juillet 2009. L’idée est reprise dès 2013 dans la Sarthe suite aux déclarations d’Arnaud Montebourg sur la relance de l’industrie minière en France. Par la suite Stop Mines 23 (Creuse) poursuivra l’aventure pendant plusieurs années, en opposition aux projets de mines d’or sur son territoire et en Guyane.

Où était-on ?

Le camp s’est tenu dans une petite commune, La Celle, à mi-chemin entre Echassières (mine de lithium) et Montluçon (usine de raffinage). Pourquoi est-ce si important de l’écrire ? Pour remercier chaleureusement la Maire de cette commune et son époux qui ont mis à notre disposition plusieurs hectares de leurs terres agricoles ainsi qu’une alimentation en électricité et en eau, gracieusement. Leur soutien en zone hostile et malgré les pressions des autorités, est à saluer ! Pour preuve, nous apprenons que nos hôtes ont vu 70 m de leur clôture coupée du haut en bas, risquant ainsi une errance d’une partie de leurs animaux, sans compter les frais occasionnés.

Ni Ici, Ni Ailleurs !

Depuis la création de Stop Mines 03 en janvier 2023, le « Ni ici, ni ailleurs » fut défendu en réponse au « pas chez nous » des défenseurs du cadre de vie et au « prendre notre part du désastre écologique » des écologistes bon teint.
Suite à notre info-tour et aux diverses rencontres, nous avons créé des liens avec d’autres collectifs sur le territoire français, tels les Stop Mines, mais aussi ceux qui luttent contre la numérisation de la société, contre le militarisme et l’armement, contre le nucléaire, contre l’extraction des matières premières. Nous sommes en relation avec plusieurs collectifs européens, au Portugal, en Espagne, en Allemagne, en Serbie, en Belgique, mais aussi avec des collectifs des Amériques, en Argentine, au Québec et d’Afrique en RDC (République Démocratique du Congo), dont une bonne partie était en représentation lors des rencontres.
Le « Ni ici » doit mettre en exergue que plus l’extraction dans nos contrées se fera, plus l’extraction ne pourra qu’être exponentielle ailleurs, du fait de la multiplication de la demande en minerais, métaux et terres rares non disponibles sur nos territoires.

Le camp

Plusieurs conférences/débats se sont tenus, minerais et armement, état des lieux des luttes contre Imérys (multinationale à l’origine du projet de la mine d’Echassières), outils juridiques dans les luttes, conférence gesticulée sur la lutte, projet Emili à Echassières mythes et réalités de la transition écologique, militarisme et antimilitarisme en AURA (Auvergne Rhône-Alpes), victoires dans nos luttes, extractivisme et radioactivité. Des ateliers, déplacement collectif en manif, défense collective et anti-rep. savoirs et outils pratiques. Des tables rondes, organiser la lutte contre l’extractivisme en France, lutter contre l’extractivisme et renforcer les solidarités internationales. Et des balades naturalistes et Toxic Tour en forêt des Colettes.
Pour l’anecdote, la lecture faite par la préfecture de l’Allier qui valut de figurer dans un des arrêtés de restrictions de nos allées et venues porte sur l’anti-rep., retranscrit en un rassemblement prônant un discours anti-républicain, Hi ! Hi ! Hi !

Les discussions de la première table ronde (organiser la lutte contre l’extractivisme en France) ont donné lieu à un débat très intéressant entre les différents collectifs présents. Nous avons été confrontés (Stop Mines 03) à une assemblée générale non prévue. L’idée initiale de l’organisateur fut interprétée comme un centralisme de la lutte ce qui le chafouina. Alors qu’à la fin des débats, tout le monde était très satisfait de l’orientation de cette table ronde, qualifiée de riche et « démocratique ». Une autre problématique a été questionnée, celle de la manifestation du dimanche. La question posée étant le but de celle-ci ? Nous avions, dans nos communications, annoncé un défilé festif, coloré et familial. Ce qui pour certains posaient problème ! Nous ne pouvions pas répondre à leurs attentes dans l’immédiat, décision fut prise que nous ferions notre assemblée générale pour préciser le soir même notre position et nous leur ferions part de celle-ci le lendemain midi. Nous avons préparé un texte que nous leur avons lu le samedi midi. Les débats qui s’ensuivirent, montrèrent une vision différente entre militance de la ville et de la campagne. Et entre militant aguerri et militant novice. Mais le message est passé, nous restions sur un défilé festif, coloré et familial. Selon le décompte effectué par la cantine, 350 repas avaient été servis le samedi, les personnes de passage venant s’additionner.

La manifestation

Le dimanche, en début de matinée, une réunion en 2 parties était prévue pour organiser la manifestation. Premièrement, la partie stratégique, repréciser les buts du défilé et convenir d’un départ en convoi dont l’objectif était de refuser les contrôles d’identités en bloquant si nécessaire la circulation et faire bloc en sortant des véhicules. Deuxièmement, la partie legal team, avec distribution des coordonnées de l’avocat et du contact anti-rep.

Le convoi se passa bien jusqu’à Lapeyrouse, bourgade non loin d’Echassières, où là, un barrage de la gendarmerie était positionné. L’application de notre stratégie nous a permis de forcer le barrage. Arrivés à Echassières, une délégation gendarmesque beaucoup plus conséquente nous attendait et aussi un peu plus vénère, mais nous laissait aller nous garer à l’endroit prévu. C’est au retour, alors que nous revenions vers la salle des fêtes, lieu où nous devions nous sustenter, qu’ils nous bloquèrent, alors que la manifestation avait été déclarée. L’autorité supérieure de la gendarmerie locale nous fit part que vu le nombre de personnes masquées, il était hors de question de les laisser manifester. Après discussion pendant le repas, nous décidions d’appliquer la même stratégie que pour le barrage, forcer le passage ce qui ne fut pas nécessaire car la consigne de l’autorité suprême ne fut pas exécutée. La manifestation se passa comme prévu, défilé festif, coloré et familial. Notons toutefois, quelques tags et une détérioration de drapeaux au passage devant la Mairie. Le déploiement des forces républicaines visibles seulement à l’intérieur de l’enclos de la mine, propriété privée d’Imérys, cela nous rassure sur les fondements de l’état de droit de nos sociétés capitalistes. Quatre des renseignements intérieurs firent un bout de chemin avec nous, jusqu’au moment où la décision fut prise de les virer.

manif-allier

manifestation Echassiè res le 27 juillet 2025

Tout cela peut sembler anecdotique pour certains, mais dans nos campagnes où le respect de l’autorité, les conversations avec les agents des renseignements intérieurs et de la gendarmerie sous prétexte qu’ils sont gentils et/ou de la famille sont monnaie courante, il était nécessaire de le souligner.
Un décompte de notre connaissance JPE, donna le chiffre de 400 personnes, ce qui pour une commune de moins de 400 habitants est très satisfaisant (surtout que la moitié des participants étaient des locaux). Pour comparaison cela correspondrait à Paris à 2 millions de personnes, mais non, je rigole ! Par contre, beaucoup de locaux n’ont pu être présents car les routes menant à Echassières étaient interdites. Survol par drone autorisé par arrêté préfectoral.

Le retour au camp de base se fit presque sans problème, sauf qu’une voiture recherchée pour refus de contrôle lors des jours passés et noyée dans le convoi fut repérée et une tentative des gendarmes de l’intercepter fut déjouée avec la même stratégie que pour l’aller, à savoir action collective.

Où en est le projet ?

Suite à l’enquête publique concernant la phase pilote, ont été accordés les permis de construire pour l’usine de concassage à Echassières et l’usine de conversion à Saint-Victor (près de Montluçon) à une échelle de 1/80è et 1/160è de la phase industrielle. Une dérogation pour débuter les travaux avant acceptation de l’autorité environnementale n’a pas été accordée. Ce qui repousse le début des travaux à la fin de l’année 2025.
Nous apprenons par voie de presse que la multinationale Imérys reporte le début de la phase industrielle à 2030 au lieu de 2028. Mais pour une durée double, soit 50 ans au lieu de 25 ans, du fait d’un gisement beaucoup plus important qu’initialement estimé.

D’autre part, l’action boursière d’Imérys a chuté suite à l’effondrement du cours du lithium qui est actuellement aux environs de 10 euros le kg, pour un prix d’extraction entre 7 et 9 euros le kg, montant mentionné dans le dossier Imérys.

Par ailleurs l’estimation des investissements à l’origine de 1 milliard d’euros passe à 1.8 milliard d’euros.
Comme nous pouvons le voir ci-dessus, l’intérêt n’est plus seulement écologique, mais financier, mais qui en doutait ?

Nos victoires !

La première victoire est tout d’abord, notre travail d’informations, de contacts, de rencontres depuis bientôt trois ans, cela nous a permis avec une aide extérieure précieuse d’organiser 3 jours de rencontres collectives contre l’extractivisme mettant en cause l’organisation capitaliste des territoires.
Pour beaucoup d’entre nous, la non interdiction de la manifestation à Echassières est à elle seule déjà une victoire.

Malgré les dernières informations que nous avons du projet, qui sont plus dues à la géopolitique du moment, qu’à un réel abandon du projet, nous restons attentifs et en lutte !

DAGE août 2025

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