[Livre] No mine in Gallok

[pompé sur sansom]

No mine in Gallok. Ecocide et colonialisme en terres samís occupées par la Suède //
126 pages – format 195x260mm – 5 euros (-30% pour libraires et distributions) //
(éditeur anonyme – Pour toute commande : nomineingallok@riseup.net


Il me semble aujourd’hui important de partager ce qui se passe en Sápmi, au nord de la dite Scandinavie pour lever le voile sur les zones d’ombre des ravages coloniaux au sein même de l’Europe, sur et sous le sol. No Mine in Gállok donne des informations sur l’ampleur du désastre, pour mieux comprendre l’industrialisation en cours là-bas : mines, gigantesques parcs éoliens, monocultures d’arbres et champs de panneaux solaires à perte de vue… On y trouve des témoignages de personnes sámis, ou non, qui ont étudié ou lutté contre des projets écocidaires comme la mine de Gállok. Ielles se battent aussi contre l’annihilation des modes de vie peu industrialisés et contre la marchandisation des savoirs sámis. La solidarité qui me touche n’est pas un soutien aveugle à une lutte ou à une population locale, elle s’incarne dans nos propres actes et nos propres mots. Elle relie les individus qui tentent de se frayer un chemin vers la liberté et vers la libération des territoires tant fatigués de devoir être utiles et productifs. Elle associe nos combats contre toutes les dominations.

SOMMAIRE

Introduction
La rébellion Gállok
Une terre culturelle ancestrale
Joïker le glacier pour le maintenir en vie
Qu’est-ce que Sámpi ? Qui sont les Sámis ?
Repères historiques
Infrastructure coloniale
« Historiquement, le gouvernement voulait détruire la culture sámi, mais aujourd’hui, il ne s’intéresse plus qu’à l’argent. »
« Ce n’est pas seulement un problème pour le Sápmi, mais pour la Suède toute entière. »
Les risques environnementaux d’une mine à Gállok
Métaux toxiques
« C’est comme si nous mangions une pomme et qu’il ne restait que la partie intérieure. »
« Nous devons nous attaquer au problème de fond : la consommation globale de matières et d’énergies. »
« Les technologies sont des moyens de redistribuer la charge du travail et la charge environnementale des segments les plus pauvres du système mondial vers les segments les plus riches »

Annexes
Un train qui ne va nulle part
Des actions en août et en septembre 2024
Sabotage d’une voie ferrée (Meuse)

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Dans l’Allier, inquiétudes autour de l’ouverture d’une mine de lithium et de ses matières radioactives

[pompé sur médiapart]

La production de matières radioactives d’un site d’Imerys dans l’Allier va considérablement augmenter si sa mine de lithium est autorisée. Mais personne, ou presque, n’est au courant. Car l’industriel s’est montré particulièrement discret sur ce sujet sensible qu’il a omis de déclarer pendant plusieurs années.

« Des produits radioactifs à Échassières ? Jamais entendu parler ! »

Maurice Deschamps est maire de Lalizolle (Allier), commune où pourrait voir le jour l’une des plus grandes mines de lithium d’Europe. La préfecture vient de donner le feu vert au groupe Imerys pour y construire un site pilote d’extraction et de transformation du minerai.

Contacté par Mediapart au téléphone, le maire, ancien responsable à la direction départementale de l’agriculture, assure avoir suivi la plupart des rencontres organisées par l’entreprise avec les élu·es depuis l’annonce du projet, en octobre 2022. « Jusqu’à une par mois, c’est beaucoup ! » Il a aussi assisté à plusieurs des vingt-quatre réunions publiques organisées par la Commission nationale du débat public (CNDP) entre mars et juillet 2024.

Pourtant, comme tous les édiles des communes voisines qu’a pu joindre Mediapart, Maurice Deschamps ignorait que le projet « Emili » (exploitation de mica lithinifère par Imerys) impliquerait de produire chaque année plus de 1 millier de tonnes de matières radioactives. Car dans cette même roche, Imerys compte extraire du lithium, mais aussi d’autres minéraux comme du tantale et de l’étain, particulièrement concentrés en uranium.

C’est sur la Bosse, une colline boisée qui domine le bocage bourbonnais, que le projet de mine s’apprête à démarrer. Pour atteindre le gisement de lithium, une galerie sera creusée sous une carrière de kaolin, matière première de la porcelaine, en exploitation depuis plus d’un siècle. Elle a été rachetée en 2005 par Imerys, propriété du groupe Bruxelles-Lambert (contrôlé par les familles de milliardaires Frère et Desmarais).

Activité nucléaire

À côté de la fosse d’extraction de kaolin se trouve une usine où le minerai est purifié et traité. Mais depuis les années 1980 au moins, on y traite aussi d’autres matériaux extraits dans cette fosse : de l’étain, du tantale et du niobium. Quand il sort de cette laverie, ce concentré de métaux bruts, semblable à une pâte noire, est stocké dans des fûts puis expédié à l’étranger. Les métaux, une fois purifiés dans une fonderie, pourront notamment être utilisés pour produire de l’électronique. Or, ce concentré métallique a une particularité sur laquelle l’industriel et les autorités se sont montrés très discrets : il est radioactif.

Illustration 1
Depuis les années 1980 au moins, on y traite aussi d’autres matériaux extraits dans cette fosse : de l’étain, du tantale et du niobium.  © Photo Celia Izoard pour Mediapart

Sa composition est donnée dans les petites lignes du dossier de l’enquête publique qui vient de s’achever en vue de la construction à Échassières des phases pilotes du projet Emili, une galerie de reconnaissance et une usine : « Le concentré [d’étain, tantale et niobium – ndlr] possède une certaine radioactivité du fait de la présence d’une faible concentration en uranium […] et thorium », a précisé l’industriel dans ce dossier d’enquête de 3 500 pages.

Pour les salariés du site et la population, il y a un risque d’exposition aux rayonnements et des sources de pollution importantes.

Julien Syren, géologue et codirecteur de la Criirad

« On peut estimer la radioactivité totale d’un tel concentré à environ 300 000 becquerels par kilogramme, explique Julien Syren, géologue et codirecteur de la Criirad, association d’expertise citoyenne (voir le détail du calcul en annexe)Ça n’a rien d’anecdotique ! » D’après le Code de la santé publique, la transformation, le stockage et le transport de ce minerai radioactif sont considérés comme une « activité nucléaire ». Le seuil fixé par l’administration est dépassé quand les produits émettent plus de 1 000 becquerels par kilogramme (Bq/kg) et que leur stockage excède 1 tonne. Imerys en produit environ 100 tonnes par an.

Si la mine d’Échassières voyait le jour, cette production radioactive changerait d’échelle. Imerys compte exploiter le lithium, mais aussi l’étain, le tantale et le niobium présents dans la même roche jusqu’à plus de 500 mètres de profondeur. « La production de lithium (quelle que soit sa forme) augmenterait automatiquement la production de concentré d’étain-tantale et niobium déjà commercialisé par Imerys », précise l’entreprise en 2020 dans sa demande de prolongation de permis d’exploration. Dans la mine de lithium, Imerys prévoit d’extraire quinze fois plus de roches que dans la carrière – et produirait donc au moins 1 500 tonnes de métaux radioactifs par an.

« Pour les salariés du site et la population, poursuit Julien Syren, il y a un risque d’exposition aux rayonnements et des sources de pollution importantes. Les poussières contenant de l’uranium et ses descendants radioactifs peuvent être ingérées, les radionucléides peuvent se retrouver dans les déchets miniers et dans les eaux. » Les faibles doses de radioactivité augmentent sensiblement le risque de cancer, comme l’a récemment mis en évidence une étude internationale parue dans le British Medical Journal. Julien Syren se dit très étonné que cet enjeu n’ait pas été traité « de façon centrale » pendant le débat public sur la mine de lithium.

La direction régionale de l’environnement Auvergne-Rhône-Alpes, responsable de la surveillance environnementale de la carrière, confirme à Mediapart que « l’usine de traitement du kaolin relève de la rubrique ICPE 1716-2 » qui encadre les usines « mettant en œuvre des substances radioactives d’origine naturelle ». L’Agence de sûreté nucléaire et de radioprotection (ASNR) est chargée de la surveillance radiologique du personnel de l’usine d’Imerys, qu’elle a inspectée plusieurs fois depuis 2009.

Les salariés de la laverie portent des dosimètres, et certains font l’objet d’un suivi médical spécifique. L’agence de sûreté nucléaire précise que « les transports des substances radioactives d’origine naturelle produites par le site d’Échassières sont soumis à la réglementation sur les marchandises dangereuses » et que « les colis sont contrôlés par sondage lors des inspections de l’ASNR ».

Non-conformité

Mais autour d’Échassières, personne n’était au courant. Pas même les associations de protection de l’environnement« Tous ces éléments auraient dû être donnés au public il y a bien longtemps, s’insurge Corinne Castanier, responsable en radioprotection à la Criirad. C’est étrange de ne pas prévenir les mairies qu’il pourrait y avoir une activité nucléaire sur leur commune. C’est encore plus étrange de ne pas les prévenir qu’il y en a déjà une ! », ajoute-t-elle à propos de la carrière de kaolin.

Même s’ils avaient épluché les documents administratifs concernant cette carrière, les élu·es concerné·es n’auraient pas trouvé trace de cette production radioactive : Imerys avait omis de la déclarer en préfecture, contrairement à ce que prévoit la loi depuis 2014. Les services de l’État ont confirmé à Mediapart que le groupe minier était en « non-conformité » jusqu’en novembre 2022, quand la déclaration d’activité nucléaire a finalement été faite, à la suite d’une inspection de l’usine. Mais une fois enregistrée, cette déclaration n’a pas été mise en ligne par la préfecture de l’Allier.

C’est pendant cette période de non-conformité, en 2021, qu’Imerys a obtenu l’autorisation de prolonger de trente ans l’activité de sa carrière – elle devait initialement s’arrêter en 2020 – et d’en doubler la surface. Sans que ni la rubrique administrative ICPE 1716-2 ni la production de substances radioactives aient été mentionnées dans l’enquête publique. L’étude d’impact ne la mentionne pas non plus.

« Le site dispose, de très longue date, de toutes les autorisations nécessaires pour stocker et transporter ces matières, nous répond Imerys. Lors du débat public de 2024, organisé par la commission nationale du débat public (CNDP)nous avons rappelé que le granite était bien porteur de ces éléments radioactifs », ajoute l’industriel (lire l’intégralité de sa réponse en annexe).

Un problème en réalité ancien

Imerys s’était engagé dans le cadre de ce débat à « partager toute l’information sur le projet Emili » et à s’aligner sur le « niveau de transparence très élevé » du standard minier Irma (Initiative for Responsible Mining Assurance), un label centré sur le partage d’information avec les populations.

En avril 2024, dans la salle des fêtes du bourg de Saint-Pourçain, dans l’Allier, s’est tenue la onzième soirée d’information sur la mine de lithium organisée par la CNDP. Ce soir-là, le public a un peu déserté. Micro en main, Grégoire Jean, directeur recherche et développement chez Imerys, présente, slide après slide, les enjeux environnementaux du projet. Apparaît sur l’écran une fiche intitulée « La radioactivité du granite de Beauvoir ».

La mine d’Échassières va générer environ 2 millions de tonnes de résidus par an, sous forme de boues.

Elle indique que pour éviter l’accumulation de radon, un gaz radioactif, il faudra ventiler les galeries de la mine, comme dans « les maisons et les caves » des régions granitiques. La production de matières radioactives n’est pas mentionnée lors de ce débat, pas plus qu’elle n’apparaît dans le « Dossier du maître d’ouvrage », le volume de 156 pages diffusé par Imerys pour décrire le projet minier. « On a un granite qui n’est pas spécialement radioactif, il est parfaitement classique », rassure Grégoire Jean au micro.

Un rapport critique

Pourtant, sa teneur en uranium semble poser problème depuis longtemps. Dans sa demande de permis d’exploration de 2020, Imerys mentionne qu’au début des années 1980, « une étude de faisabilité » pour une mine d’étain et de tantale à Échassières s’était révélée « négative » en raison notamment de « la présence d’uranium dans le concentré de tantale ». Elle avait été menée conjointement par le bureau des recherches géologiques et minières et l’entreprise Peñarroya… qui n’est autre que l’ancienne dénomination d’Imerys.

« Non seulement les données scientifiques accessibles montrent que le granite de Beauvoir contient plus d’uranium que la moyenne, analyse le géologue Julien Syren, mais de toute façon, le principal problème est la concentration de cette radioactivité dans les déchets et les sous-produits. »

La mine d’Échassières, si elle est construite, va générer environ 2 millions de tonnes de résidus par an, sous forme de boues rejetées par les deux usines de traitement du minerai, à Échassières et à Montluçon.

Quel serait le niveau de radioactivité de ces immenses volumes de déchets ? Quel serait le risque de contamination des sources et des eaux souterraines de la Bosse, réputée pour ses zones humides ?

Imerys déclare à Mediapart avoir « mis en avant avec l’exploitation actuelle de kaolin (dans un contexte quasi identique à celui du projet) [sa] capacité à maîtriser ces problématiques ». Dans l’enquête publique pour la création de la mine pilote, Imerys cite un seul rapport datant de 2010 à l’appui de l’absence de contamination radioactive. Un document que, malgré nos demandes, l’entreprise a refusé de communiquer.

En revanche, Mediapart s’est procuré un rapport rédigé en 2007 par l’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN, aujourd’hui fusionné avec l’ASNR), consacré à la carrière d’Échassières. Ce document exclusif que nous publions en annexe pointe plusieurs « incohérences » dans la surveillance radiologique des salariés. Il reproche à l’exploitant de ne pas surveiller la radioactivité dans les eaux rejetées « dans le ruisseau communal » et de n’avoir « procédé à aucune évaluation des doses auxquelles la population est susceptible d’être soumise ». Le directeur de l’IRSN concluait :

 « La radioprotection des populations est traitée sommairement. »

La situation a-t-elle changé ? La Criirad s’est saisie du dossier et a demandé des informations aux services de l’État. Pour les avocats de l’association Préservons la forêt des Colettes, opposée au projet minier, la découverte de cette production radioactive, trois ans après le lancement du projet Emili, est « sidérante », aussi bien« pour ce qu’elle révèle du projet que pour l’effort qui semble avoir été fait pour ne pas ébruiter ces informations déterminantes pour la population, ont réagi Théodore Catry et Benjamin Cottet-Emard. Imerys a eu bien des occasions de s’exprimer avec transparence, mais semble clairement avoir fait le choix de la rétention. » En haut de la colline d’Échassières, les engins s’activent pour construire la mine pilote autorisée fin septembre par la préfecture. L’autorisation environnementale qui vient d’être délivrée à Imerys ne prévoit aucune surveillance de la radioactivité.

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Sabotage de chemins de fer sur la côte ouest

[pompé sur bc counter info]

Suite à la validation du PRGT en juin, des douzaines de circuits de voie ont été court-circuités, déconnectés, ou sinon saboté à travers toute la Colombie Britannique.

La grande majorité des circuits de voie fonctionne en courant continu et sont relativement facile à mettre hors d’usage. La méthode qui s’est révélée être la plus rapide et la plus discrète consiste à sectionner le cable reliant les blocs de voie, nécessitant seulement un bon coupe-boulon.

Autrement, un fil de cuivre de  [4 AWG] (souvent utilisé pour connecter le tableau électrique dans les logements) peut être attaché de manière sécurisé à la tête des rails. Et, évidemment, il est toujours possible de désactiver l’alimentation électrique. Cela peut inclure endommager la mise à la terre, ce qui prend plus de temps mais est nettement plus dur à détecter et localiser.

Les détails techniques et les schémas des circuits de voie, et spécifiquement comment les saboter, sont facilement accessibles dans les manuels d’ingénierie de votre bibliothèque locale, dans d’anciens communiqués, et même présentés de manière claire dans certains fichiers PDF hébergés sur le site web du gouvernement du Canada.

Il n’y a pas grand chose de plus à dire. Cependant, il faut se rappeler que l’une des charactéristiques discursive de l’état Canadien est sa spatialité, qui est aussi, peut-être, sa vulnérabilité la plus exploitable. Réfléchissez aux luttes passées et aux revendications de souveraineté, et rappelez-vous comment des blocages ferroviaires positionnés de manière stratégique avaient de manière efficaces forcés les troupes de l’état à se diviser et à se disperser, permettant aux défenseureuses de la terre, à des moments critiques, le temps nécessaire pour se réorganiser et se regrouper.

Cela-dit, la pertubation de la logistique de l’extractivisme est souvent plus efficace quand réalisé de manière indépendante.

Il n’y a pas besoin d’aller chercher plus loin des preuves de l’efficacité de telles actions contre une infrastructure qui n’est pas défendue dans son entiéreté que dans les propres mots d’un agent de la contre-insurection :

Si jamais il y avait un affrontement militaire entre les peuples Indigènes et l’armée canadienne, la première cible serait les lignes de chemins de fer et des voitures en flammes serait sur chaque ligne du canada… Ce serait quasiment impossible to arrêter malgré la mise en alterte potentielle de toute l’armée Canadienne et de la police. Une voiture en feu sur une voie de chemin de fer n’est pas seulement une barricade, c’est aussi une arme très efficiente et économique. Une voiture avec un réservoir plein brûle à une température suffisament élevée pour déformer les voies et nécessiter des réparations importantes.

Jusqu’à ce que les chemins se croisent dans la nuit, sur le front de la seule bonne guerre : la guerre contre PRGT, contre l’Empire, et contre toutes les forces qui cherchent à aliéner et domestiquer.

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Newslettre N°5____________________septembre 2025

[pompé sur stopmines87]


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États-Unis : Trois incendies ferroviaires en trois mois, quelques faits et réflexions

[pompé sur sansnom]

Trois incendies ferroviaires en trois mois : quelques faits
et réflexions

Au cours des trois derniers mois, trois ponts ferroviaires ont été endommagés ou détruits par des incendies dans les régions de l’Oregon et de Washington. Chacun de ces incendies a été allumé intentionnellement. Aucune arrestation n’a été effectuée et, à notre connaissance, aucune de ces actions n’a été accompagnée d’une revendication ou d’une explication.

Mais le monde qui nous entoure est la seule explication dont nous avons besoin.

Alors que nous nous précipitons vers un avenir marqué par des catastrophes climatiques sans précédent et une détérioration écologique totale, les processus d’extraction ne montrent aucun signe d’arrêt… Ils n’ont fait que s’accélérer, les entreprises se précipitant pour exploiter de nouvelles régions de la planète à la recherche de minéraux rares, composants essentiels des puces et des semi-conducteurs, éléments constitutifs de nos nouvelles prisons numériques. Quant au pouvoir, il ne propose que de fausses « solutions vertes », qui ne font que renforcer notre dépendance à la technologie et à l’extraction, tout en redorant le blason du capitalisme industriel.

Les incendies

Mont Rainier (Washington), mai 2025

En mai, un incendie a complètement détruit un pont ferroviaire centenaire en bois, situé sur un tronçon isolé de la ligne panoramique du Mont Rainier, dans l’État de Washington. Lorsque les pompiers sont arrivés sur place, le pont ferroviaire n’était plus qu’un amas de métal calciné et fumant. L’incendie s’est déclaré quelques heures seulement après la vente de la ligne ferroviaire au Western Forest Industries Museum. Au moment de l’incendie, l’exploitation ferroviaire était limitée, mais la nouvelle société avait prévu de rétablir complètement le trafic ferroviaire sur la ligne, tant touristique que marchand. Même après plusieurs mois d’enquête, aucune arrestation n’a été effectuée.

Salem (Oregon), mai 2025

En juin, un tronçon crucial de voie ferrée à Salem, dans l’Oregon, appartenant à la Portland & Western Railroad (PNWR), a dû être fermé en raison d’un incendie qui a endommagé un pont, un poteau téléphonique et certaines lignes électriques de la PGE [Pacific Gas & Electric Company, plus grand producteur privé d’hydroélectricité nord-américain]. Avant l’incendie, la ligne était empruntée en moyenne par trois grands trains de marchandises quotidiens. Le pont était construit en béton et en bois traité à la créosote, ce qui a rendu son extinction difficile et nécessité l’utilisation de mousse anti-incendie. L’entreprise PNWR a estimé que la ligne serait hors service pendant au moins trois jours pour permettre les réparations. Les enquêteurs ont déterminé que l’incendie était d’origine criminelle, et la PNWR a évalué les dommages à un peu moins de deux cent mille dollars.

Newberg (Oregon), juin 2025

Plus tard en juin, un autre incendie a ravagé un immense pont ferroviaire à chevalets en bois à Newberg, dans l’Oregon. Il a subi d’importants dommages structurels. La Portland & Western Railroad (PNWR), propriétaire de la ligne, a déclaré qu’elle était « en grande partie inactive » au moment de l’incendie. Il a fallu plusieurs heures aux pompiers pour maîtriser l’incendie et l’empêcher de se propager aux structures voisines. Les institutions policières fédérales FBI et ATF [Bureau of Alcohol, Tobacco, Firearms and Explosives], aidées de l’OSP [police de l’Oregon] enquêtent actuellement sur cet incendie comme s’il s’agissait d’un incendie criminel, mais peu d’informations ont été divulguées dans les médias. Mise à jour malheureuse : deux jeunes suspects ont été arrêtés en lien avec cet incendie.

Aucun de ces incendies n’a été revendiqué par des anarchistes ou d’autres personnes, et nous ne souhaitons pas attribuer de motivations à ces actions, ni spéculer sur l’identité des pyromanes (nous sommes certains que l’État s’en charge déjà). Tout ce que nous savons sur ces incendies nous vient des médias et de la police. Nous pouvons considérer ces événements comme des faits concrets (trois incendies volontaires qui ont endommagé les infrastructures ferroviaires) et en tirer des conclusions et des questions pour notre propre lutte contre la domination et la destruction industrielle.

Les chemins de fer en Oregon

Salem (Oregon), mai 2025

Même si les parcs éoliens supplantent les centrales à charbon et que les data centers remplacent les usines vieillissantes, les anciennes voies ferrées construites il y a plusieurs siècles restent essentielles pour l’industrie d’aujourd’hui et de demain. Le réseau ferroviaire de la côte ouest reste l’épine dorsale de nombreuses industries extractives, principalement l’industrie du bois. Les richesses de la Terre sont transportées par train d’une usine à l’autre, laissant derrière elles une traînée de poisons et de destruction. Les trains transportent plus de dix millions de tonnes de marchandises chaque année dans l’Oregon, exportant principalement des grumes et des produits finis en bois vers d’autres États et ports pour la vente internationale. L’Oregon importe de nombreux produits chimiques par chemin de fer, notamment une grande quantité de soude caustique utilisée pour la production de papier et de pâte à papier. L’Oregon importe 100 % des produits pétroliers raffinés qu’il utilise, principalement par pipeline, mais aussi par chemin de fer et par bateau (1). Le réseau ferroviaire facilite également le transfert des déchets des grandes villes vers les immenses décharges situées dans l’est de l’Oregon et de l’État de Washington, le long du fleuve Columbia (2).

Le réseau ferroviaire de l’Oregon comprend près de 2 500 miles [environ 4000 kilomètres] de voies ferrées en service. Environ la moitié appartient et est exploitée par des chemins de fer de classe 1, dont la BNSF [Burlington Northern and Santa Fe Railway] et l’Union Pacific, qui transportent des marchandises à travers le pays et vers les principaux ports maritimes pour le commerce international. La plupart des autres lignes ferroviaires appartiennent à des compagnies ferroviaires de classe 2, qui gèrent le transport sur des distances beaucoup plus courtes. Ces chemins de fer sont exploités par des entreprises plus petites et changent plus fréquemment de propriétaire. Ils fournissent des services de transport « premier et dernier kilomètre » aux entreprises, souvent en chargeant et déchargeant directement dans les usines et les entrepôts. L’économie productive repose sur un flux prévisible et ininterrompu de matériaux par chemin de fer. Toute perturbation peut avoir des répercussions importantes sur la chaîne d’approvisionnement industrielle.Newberg (Oregon), juin 2025

Bien que certaines industries dépendantes du rail aient connu un déclin au cours des dernières décennies dans l’Oregon, les récentes modifications apportées à la réglementation fédérale et à l’économie mondiale suggèrent que le vent est en train de tourner. Ces changements ont donné un coup de pouce à l’industrie extractive dans l’Oregon, avec de nouveaux projets majeurs qui devraient voir le jour dans les prochaines années. L’industrie du bois est en déclin depuis les années 1990, mais le gouvernement fédéral s’apprête à abroger des mesures de protection forestière de longue date, ce qui ouvrirait des millions d’hectares de terres à l’exploitation forestière dans l’Oregon (3). Les projets miniers près de la frontière entre l’Oregon et le Nevada ont également été accélérés par le gouvernement fédéral et prévoient à terme d’intégrer des lignes ferroviaires directes pour le transport du lithium extrait de sites sacrés autochtones. En juin, la législature de l’Oregon a investi 100 millions de dollars dans la construction d’un nouveau terminal « vert » direct entre les navires et le rail près de Coos Bay, dans l’Oregon. Les marchandises seraient acheminées par la ligne ferroviaire de Coos Bay directement vers les lignes de l’Union Pacific à Eugene. Dans le même temps, une nouvelle société a relancé le projet de gazoduc Jordan Cove LNG, précédemment abandonné, près de Coos Bay. Il prévoit la construction d’un nouveau terminal maritime pour le gaz naturel liquéfié et d’un pipeline qui serait relié aux lignes ferroviaires existantes dans la région.

Le transport ferroviaire de passagers a également connu une croissance rapide et des investissements importants sur toute la côte ouest et dans l’Oregon. Amtrak [la compagnie ferroviaire publique] a enregistré un nombre record de passagers en 2024. La Coupe du monde 2026 comptera plusieurs sites de matchs sur la côte ouest, notamment à Seattle, Vancouver, Los Angeles et San Francisco. Amtrak se prépare à une augmentation du nombre de passagers pendant la Coupe du monde et a demandé des fonds supplémentaires pour améliorer son service avant le grand spectacle.

Les nouveaux projets extractivistes, capitalistes et de destruction de la Terre ont besoin d’un système ferroviaire fiable pour se connecter aux autres secteurs de la mégamachine. Alors que le moteur avance à toute vapeur, nous aurons de nombreuses occasions de le faire dérailler.

Milwaukie (Oregon), août 2024

Sabotage ferroviaire

Les incendies de ponts ferroviaires qui ont eu lieu ces derniers mois ne sont pas les premiers actes de sabotage visant les infrastructures ferroviaires dans le nord-ouest du Pacifique. L’année dernière [à Milwaukie en août 2024], un pont ferroviaire de la PNWR à la périphérie de Portland a été incendié, interrompant le trafic ferroviaire pendant cinq jours. Un communiqué publié en ligne après l’incendie a établi un lien entre cet acte et la campagne « Switch Off ». Le communiqué mentionnait le rôle de la PNWR dans le transport de bois et de produits pétroliers et précisait que cet acte était solidaire d’autres luttes en cours dans le monde.

Des dizaines de sabotages à petite échelle ont eu lieu en Oregon et dans l’État de Washington en 2020, dans le cadre d’une vague plus large d’attaques contre les chemins de fer et en solidarité avec la lutte des Wet’suwet’en. La plupart consistaient à placer des « shunts » [câble tendu entre les rails] ou à utiliser des méthodes similaires qui déclenchent le système de freinage automatique des trains, en créant un court-circuit. La voie doit alors être dégagée avant que le trafic ferroviaire puisse reprendre, ce qui perturbe les horaires des trains, mais ne cause pas de dommages durables. Des dizaines d’incidents de shuntage se sont produits dans l’Oregon et l’État de Washington, et certains ont été revendiqués sur internet par des anarchistes.

Il y a certainement eu d’autres attaques contre les infrastructures ferroviaires qui n’ont pas été mises en avant par les médias et la police. Il n’est pas dans l’intérêt du pouvoir d’amplifier les attaques contre lui, mais elles sont toujours là, juste sous la surface.

Infrastructure

Mont Rainier (Washington), mai 2025

Le rythme de l’expansion technologique et l’artificialisation de nos vies rendent les machines plus vulnérables. Une course est engagée pour moderniser les infrastructures électriques afin de répondre aux besoins énergétiques du monde numérique. Chaque nouvelle invention sollicite le réseau électrique, chaque nouveau gadget doit être connecté. Comme l’a théorisé Gunther Anders il y a de nombreuses années : « Plus la machine est grande, plus ses composants, qui fonctionnaient individuellement avant d’être intégrés dans la machine plus grande, sont gravement menacés. »

Les attaques qui visent les infrastructures clés de l’énergie sont capables de provoquer des perturbations tangibles et immédiates de l’existant. Des ponts ferroviaires incendiés peuvent paralyser les chaînes d’approvisionnement. Des attaques bien placées contre le réseau électrique peuvent mettre hors service des zones industrielles entières. Les coupures de courant peuvent créer des opportunités pour d’autres subversifs pendant la mise en sommeil de l’État-surveillant. Mais la destruction physique ne suffit pas à elle seule ; l’État n’est pas seulement un réseau d’éléments matériels, c’est aussi un ensemble de relations sociales et de normalités. Lorsque nous choisissons d’attaquer l’État, nous le faisons matériellement, mais aussi socialement, en sortant de notre rôle défini et en embrassant l’autonomie et la liberté. Les actes qui vont plus loin et perturbent la vie quotidienne peuvent permettre à d’autres de découvrir une autre façon d’exister, en suspendant la normalité et en créant des brèches où la liberté peut s’exprimer.

Médias

La police et les médias ont déployé des efforts concertés pour isoler les attaques qui visent directement les infrastructures « critiques » de l’énergie. En 2023, alors que les attaques contre les infrastructures électriques commençaient à se multiplier aux États-Unis (et en particulier dans le nord-ouest), le FBI a publié une note suggérant que les néonazis et les suprémacistes blancs en étaient responsables. Cette information a été largement diffusée par les médias, et la frénésie qui s’en est suivie a poussé plusieurs États à proposer de nouvelles lois visant à « protéger » les infrastructures critiques. Dans l’Oregon, une nouvelle loi a été discrètement adoptée avec le soutien des deux partis, qui classait de manière générale toute tentative d’endommager des infrastructures critiques comme du terrorisme intérieur (4), fournissant ainsi à la police et aux procureurs un nouvel outil puissant à utiliser contre les anarchistes et autres subversifs. Le libellé de la loi est intentionnellement vague et similaire aux lois sur le terrorisme intérieur utilisées pour cibler les opposants à Cop City à Atlanta.

Malgré les affirmations du FBI, la grande majorité des attaques visant le réseau électrique n’ont aucune motivation identifiée (5). La grande majorité d’entre elles restent généralement « non résolues ». Conscient qu’elles ne pouvaient être ignorées en raison de leur impact (et de leur simplicité), l’État semble avoir plutôt tenté d’isoler ces actions en essayant de les associer uniquement aux néonazis. Oui, certaines ont été perpétrées par des néonazis et d’autres ennemis de la liberté, mais c’est la réalité des conflits sociaux, et il n’est pas nécessaire de remonter très loin dans le temps pour montrer que d’autres ne l’étaient pas.

“En nous distanciant de tout attaque qui n’est pas revendiquée comme « anarchiste », en ne voyant que la main des nazis, des complotistes derrière elles… nous finirons par rejeter toute vision ou volonté qui souhaite et œuvre pour une multiplication incontrôlée des sabotages des infrastructures de télécommunication, d’énergie et de logistique, afin de n’accepter et de ne valoriser que leur multiplication sous contrôle idéologique. Est-ce cela, défendre la liberté, ou n’est-ce pas plutôt la craindre ?”
Fumbling, 2021.

À peine un an plus tôt [à Huron, dans le Sud-Dakota, en juillet 2022], une attaque réussie contre un transformateur avait provoqué une coupure d’électricité dans une station de pompage située le long de l’oléoduc Keystone, interrompant le flux de pétrole et causant des millions de dollars de pertes à la compagnie pétrolière. En réponse à ces actes de sabotage bien ciblés, il semble que les deux principales stratégies de l’État consistent à garder le silence (de peur que le sabotage ne soit soutenu par d’autres, ou pire, repris par d’autres) ou à isoler les actions en les attribuant à un groupe précis, à une idéologie répréhensible ou à un seul suspect (6). L’objectif est de dissuader d’autres personnes de se joindre au mouvement, en utilisant tous les moyens nécessaires. Alors pourquoi facilitons-nous la tâche de l’État en accompagnant nos actions de revendications et de communiqués?

“Dans le silence, les actions parlent d’elles-mêmes, et si elles étaient laissées dans leur silence, tout ce qu’on entendrait serait le crépitement du feu, aucune explication ne serait nécessaire. Mais le silence est dangereux et inquiétant pour l’ordre établi. Le meilleur remède contre le silence est bien sûr de faire du bruit, de parler et de distraire, de prendre en main le pouvoir de définition .”
Let the Fire Spread, 2016.

Italie, années 80, pylône à haute tension qui a testé malgré lui les lois de l’attraction terrestre.

Revendications

La question des revendications d’actions et de l’anonymat fait l’objet de débats dans les milieux anarchistes depuis des décennies, voire des siècles. Ce débat n’est pas nouveau, mais l’essor et l’importance croissante des projets anarchistes sur Internet, tels que les sites internet de contre-information, lui confèrent une nouvelle dimension. Une discussion à ce propos a eu lieu en Italie dans les années 1970 et 1980, au milieu de la vague explosive de sabotages qui a mis à terre plus d’un millier de pylônes à haute tension à travers tout le pays. Cette vague se propageait de manière anonyme, à une époque où des actions spectaculaires (attentats à la bombe, enlèvements et assassinats) étaient menées et revendiquées par des groupes militants de gauche formels. Les saboteurs de pylônes, qui frappaient avec des outils simples et utilisaient des méthodes simples, ont montré la force de l’action anonyme.

Ces actions directes que n’importe qui peut accomplir à tout moment et en tout lieu effraient peut-être davantage [l’État] que la formation même d’un groupe armé fermé. En effet, un groupe armé spécifique est contrôlable en raison du programme et de la logique auxquels il adhère, tandis que la propagation d’actes de sabotage met la structure du pouvoir en difficulté, car n’importe qui peut commettre de tels actes.”
Gruppo Anarchico di Palermo, 1987.

Des décennies plus tard, Alfredo Bonanno a donné son avis sur la vague de sabotages de pylônes, les revendications et la méthode :

Entre compagnons anarchistes, on ne récite pas de litanies, du moins pas encore, mais on dresse des listes, on les lit attentivement, on les recherche, on les sollicite, on les identifie, on en discute, on les admire, on les utilise comme des instruments d’autosatisfaction dans notre existence au monde en tant qu’anarchistes. Voilà, pas de litanies, mais des listes. Mais des listes de quoi ? Des listes d’attaques ayant été menées ou qui pourraient l’être à l’avenir… En Italie, entre fin 1977 et 1989, 1 200 pylônes à haute tension ont été abattus. Une petite partie de ces actions a fini dans ces fameuses listes. Mais pensez-vous vraiment que c’est ce qui a déclenché la prolifération de telles actions, que je partage personnellement et que je considère comme bénéfiques pour la santé, puisqu’il s’agit précisément de promenades nocturnes à la campagne ? À l’époque, le journal susmentionné [Provocazione] a publié un article dans lequel une méthode (parmi tant d’autres) était examinée, expliquant comment abattre un pylône sans faire de bruit et sans équipement technique spécialisé, en sciant joyeusement… ” 
Litanies, 2017.

Alors, si ces questions ont été posées, répondues et répondues à nouveau, pourquoi y revenir ? Nous ne considérons pas la question de la revendication comme une question à laquelle on peut répondre une fois pour toutes, puis la mettre de côté pour qu’elle prenne la poussière. Au contraire, comme toutes les questions qui traitent de la méthode, un moyen d’atteindre un objectif, elles doivent être posées encore et encore. Notre contexte et nos objectifs changent constamment, nous devons lutter contre la tentation de tomber dans des pratiques basées sur l’habitude, plutôt que sur une réflexion et une analyse constantes.

Aujourd’hui, il semble que la pratique courante parmi les anarchistes (en particulier aux États-Unis) consiste à accompagner chaque attaque d’une revendication, expliquant souvent la cible et la raison. Parfois, les revendications sont utilisées pour justifier une action, bien qu’il soit rarement clair à qui s’adresse cette justification (à l’État, à d’autres anarchistes, aux auteurs eux-mêmes ?). Ces revendications sont publiées sur des sites web d’information alternative, et parfois reprises par des médias plus grand public. Parfois, ces actions sont compilées dans des listes, où elles sont présentées hors du contexte dans lequel elles se sont produites.

“Ce flux international incessant d’informations ne nous détourne-t-il pas de ce qui se passe autour de nous, dans notre environnement immédiat et ses conflits sociaux, et qui n’est ni rendu visible ni relayé ? Ou est-il même important de savoir quelles piqûres de moustique à l’autre bout du monde blessent les veines de la domination, si on n’a aucune idée du contexte de la situation locale et des luttes anarchistes sur place ? ”

Si un de nos objectifs est de diffuser largement nos attaques, au-delà des seuls anarchistes, afin de constituer une véritable menace pour la domination, les revendications nous aident-elles à y parvenir ? Considérons d’abord la portée des revendications : les sites internet de contre-information touchent d’autres anarchistes (mais certainement pas tous), et nous pouvons être certains que la police les lit également. Bien sûr, nous pourrions imprimer et distribuer les revendications sous forme d’affiches (7), de zines ou de tracts afin qu’elles touchent un public plus large (répondant ainsi à la question de l’accès). Cependant, un public plus large reste un public : il observe passivement et, à la fin du spectacle, peut choisir de huer ou d’applaudir, pendant que les projecteurs restent braqués sur les acteurs sur scène. L’action appartient à la personne qui l’a revendiquée. Elle contient ses idées, ses motivations, son idéologie et tous les slogans qui y sont ajoutés à la fin (les hashtags anarchistes). Ce qui fait que tout le monde a sa petite idée de qui a fait cela, y compris les flics, et que l’action devient brouillée par le contenu de la revendication.

Lorsqu’un acte n’est revendiqué par personne, il n’y a pas de propriétaire : il appartient véritablement à tout le monde. N’importe qui aurait pu le commettre et n’importe qui pourrait être le prochain à le faire. Nous ne savons pas qui a incendié les trois ponts ferroviaires. Cela pourrait être un anarchiste, un enfant qui jouait avec des allumettes, un illuminé qui avait un compte à régler, un employé mécontent, cela pourrait même être toi. Nous ne savons pas non plus pourquoi ils l’ont fait, mais en même temps, nous avons tous nos propres idées et raisons diaboliques en nous.

Nous sommes au courant des incendies criminels des ponts ferroviaires parce qu’ils ont été rapportés dans les médias grand public. Mais que se serait-il passé si la police et les médias n’en avaient pas parlé ? Comment aurions-nous su que l’attaque avait eu lieu ? C’est l’une des raisons pour lesquelles certains anarchistes plaident en faveur de la revendication d’une attaque : précisément pour que nous sachions qu’elle a eu lieu et pourquoi, afin qu’elle ne soit pas simplement perdue avec le temps. Les revendications peuvent certainement servir cet objectif, en particulier lorsque l’État adopte une stratégie de silence pour maintenir l’illusion de paix sociale. Cependant, si la seule façon dont nous savons qu’une attaque a eu lieu est parce qu’un communiqué a été publié en ligne, il vaut peut-être la peine de se demander si l’attaque elle-même a été très réussie. Et si une action n’a pas de sens sans son communiqué, alors peut-être s’agit-il d’un mauvais choix de cible et d’une mauvaise lecture du contexte. Comme d’autres l’ont déjà dit, une action qui nécessite un communiqué est comme une mauvaise blague dont la chute nécessite une explication.

“Obscurs parmi les obscurs, nous sommes tous égaux. Personne n’est devant pour guider, personne n’est derrière pour suivre. Ce que nous faisons dans l’obscurité, nous seuls le savons. Cela suffit. L’obscurité nous protège de nos ennemis, mais nous protège aussi et surtout contre nous-mêmes. Pas de leaderships, pas de grégarismes, pas de vanité, pas d’admiration passive, pas de compétition, rien à démontrer à qui que ce soit. Les faits, crus et nus, sans médiations. Une banque a brûlé, une caserne a explosé, un pylône a été abattu. Qui l’a fait ? Peu importe, ça n’a aucune importance. Que ce soit Pierre ou Paul, quelle différence y a-t-il ? C’est arrivé, c’est possible de le faire, faisons-le !”
L’anonymat, 2014.

Mont Rainier (Washington), mai 2025

Chacun des ponts incendiés a eu un effet matériel immédiat, perturbant le trafic ferroviaire jusqu’à ce que les ponts puissent être entièrement réparés. Même si personne n’avait entendu parler de ces actions, leurs effets matériels auraient tout de même été là, car ils sont impossibles à ignorer. Comme pour toute attaque, il y a aussi une dimension symbolique : un pont ferroviaire incendié communique quelque chose d’unique à chaque individu.

Les gens peuvent avoir des objectifs très différents lorsqu’ils choisissent d’attaquer, et il existe donc de nombreux critères différents pour définir le « succès ». Nous ne pouvons pas simplement réduire l’acte d’attaquer à un seul indicateur, ce qui reviendrait essentiellement à transformer la destruction en un travail, un quota à atteindre. Mais si l’un de nos objectifs concerne la multiplication des attaques, au-delà des seuls anarchistes, nous devons commencer par analyser notre contexte, c’est-à-dire les conditions sociales et le paysage physique dans lesquels nous nous trouvons actuellement. Au-delà des résultats matériels d’une attaque, nous ne pouvons pas être sûrs de son impact global, et même après, nous ne le serons probablement pas. Cependant, si nous recherchons les failles qui existent déjà, là où il pourrait être intéressant d’intervenir par des attaques, nous avons une chance de les approfondir et de propager la révolte.

Ces fissures sont toujours présentes, même lorsque le pouvoir s’efforce de brosser un tableau idyllique de la paix sociale. Des actes de refus et des attaques physiques contre la domination se produisent sans cesse, à petite ou grande échelle, que nous en entendions parler ou non. Il est réconfortant et inspirant de savoir que nous ne sommes pas seuls à lutter contre cette bête, mais cela soulève également une question cruciale : s’il existe d’autres personnes, animées par leurs propres motivations, qui ripostent contre la domination, comment pouvons-nous nous retrouver dans l’action ? Comment éviter que les attaques restent isolées, ponctuelles, et les intégrer dans la guerre sociale ? S’il y a des étincelles partout, comment attiser les flammes et faire exploser la situation ?

Attaque

“Les merveilles de la nuit ne s’ouvriront qu’à ceux qui sauront marcher sous la lune dans la solitude, avec les idées claires, quelques connaissances, quelques outils et beaucoup de fureur.”
Finimondo, 2022.

Tout commence par l’action, qui commence par renoncer une fois pour toutes à la sécurité de l’attente. Il n’y aura jamais de moment parfait, de lutte parfaite ou de tension sociale parfaite pour intervenir : n’importe quelle étincelle peut déclencher la prochaine émeute ou insurrection. Tout au long de l’histoire, les insurrections ont commencé pour des raisons relativement banales : une augmentation de 10 pesos du prix du transport au Chili [en 2019, voir par exemple ici], une augmentation du prix de l’essence en France [référence au mouvement des gilets-jaunes], des projets d’abattage d’arbres en Turquie [en 2013, référence au mouvement de la place Taksim, à Istanbul]. Bien sûr, les tensions sociales dans chacun de ces exemples s’étaient accumulées pendant des années, il suffisait d’une seule étincelle pour mettre le feu aux poudres. Il serait insensé d’attendre la lutte sociale idéale, motivée par des idées qui ressemblent exactement aux vôtres ou aux miennes, car elle n’arrivera jamais. Nous ne pouvons pas contrôler les désirs et les idées qui motivent les autres à agir, nous pouvons seulement affiner nos propres perspectives, les diffuser dans le monde et trouver des moyens d’agir en conséquence, avec continuité.

Pour choisir comment et où agir, il faut d’abord examiner notre contexte social et notre terrain local, puis identifier les zones de conflit où il pourrait être intéressant d’intervenir par la force. Développer une idée de la direction que nous voulons prendre et de la manière dont nous pourrions y parvenir, c’est-à-dire une projectualité, est une première étape essentielle. Il n’y a pas de recette à suivre, et le chemin qui nous attend sera certainement semé de contradictions et d’écueils. La lutte pour la liberté ne s’accompagne d’aucune promesse, mais nos désirs nous mènent néanmoins vers l’inconnu.

Il existe également un besoin urgent de communication au sein de nos réseaux de complices déjà existants : un besoin de propositions, d’analyse de notre environnement et, surtout, d’expérimentation. Si nous avons une idée de la direction que nous voulons donner à l’action, c’est à nous de la partager avec d’autres personnes en qui nous avons confiance. Nos projets se façonnent à travers des discussions et des débats constants, mais cela ne peut se produire que si nous avons la volonté d’ouvrir des espaces de contact où nous pouvons discuter, comploter et rêver ensemble.

Rangueil (Toulouse), novembre 2020. L’antenne 5G s’effondre après avoir été incendiée

Propagande

“C’est aux anarchistes eux-mêmes qu’il revient de faire vibrer leurs propres perspectives contre toute autorité en alimentant les vases communicants entre idée et action, pas à d’autres. Dans les moments de calme comme de tempête. Et alors, peut-être, que nos rêves ou nos rages rencontreront un écho chez d’autres cœurs insoumis.”
Saisir l’occasion, 2018.

Au-delà des attaques, nous pouvons être plus actifs dans la diffusion des idées anarchistes dans les rues, en dehors de nos prisons sous-culturelles et de nos enclos numériques. Nous sommes devenus trop à l’aise pour ne parler d’anarchie qu’avec d’autres anarchistes. Si nous voulons que les idées et les actions subversives se répandent, nous devons sortir du confort de nos cercles sociaux.

Nos messages et notre propagande peuvent contribuer à donner un sens aux attaques qui se produisent déjà autour de nous et à créer le contexte pour d’autres attaques. Si une urne électorale est incendiée dans notre ville, cela pourrait être l’occasion de diffuser de la propagande anarchiste contre les élections et la démocratie. À l’inverse, si une antenne-relais est incendiée dans une ville déjà couverte de graffitis et d’affiches contre le contrôle numérique et la domination technologique, cet acte aura plus de chances d’être compris dans ce sens que d’être considéré comme l’acte d’un complotiste anti-5G.

En France et dans d’autres pays européens, pendant les années de confinement [lié au covid-19], les actes de sabotage non revendiqués contre les infrastructures de télécommunications sont devenus quasi quotidiens. Alors que les médias (et la gauche) tentaient de regrouper tous ces actes de sabotage sous l’étiquette de « complotistes » et de « fascistes », les anarchistes imprimaient et distribuaient dans les rues des tracts qui amplifiaient et soutenaient ces actes de sabotage et en appelaient à d’autres. Des affiches étaient collées avec des recettes pour détruire les antennes-relais. Et le sabotage a continué à se propager.

Les journaux et les revues sont également des instruments permettant de partager les idées anarchistes et de promouvoir l’action. Bien sûr, les publications anarchistes ne manquent pas, mais la plupart sont écrites pour un public qui comprend déjà les idées anarchistes et connaît le jargon (qui est très riche). Ces projets ont généralement une portée géographique large et respectent un calendrier de publication (souvent approximatif, nous sommes anarchistes après tout). Mais les journaux peuvent également être créés pour répondre à une tension ou à une lutte sociale spécifique, dans le but d’atteindre les personnes qui y sont impliquées ou simplement conscientes de celle-ci.

En Allemagne, un pamphlet intitulé « Hetzblatt – Gegen den Windpark » (Journal incendiaire contre le parc éolien) a été distribué dans les boîtes aux lettres de la région où un parc éolien (destiné à alimenter l’industrie chimique) devait être construit. Il contenait des critiques accessibles sur l’énergie verte et des informations sur des actes de sabotage. Le journal a fait tellement de bruit que les autorités allemandes ont ouvert une enquête sur sa production, qui a finalement abouti à l’arrestation de plusieurs personnes soupçonnées d’être à l’origine du projet (8).

LAISSONS LE FEU SE PROPAGER !

Trois ponts ferroviaires incendiés en trois mois, cela peut sembler insignifiant comparé aux milliers qui sont encore debout. Mais chaque incendie a montré, même brièvement, que la mégamachine n’est pas invincible. Nous ne savons pas pourquoi ils ont été incendiés, ni qui l’a fait, et nous espérons que cela restera ainsi. Ce que nous savons, c’est que la domination est vulnérable et que nous pouvons frapper n’importe où, n’importe quand. Par où commencerez-vous ?

[Traduit de l’anglais de Rose City Counter-Info, 8 septembre 2025]

Notes

1. Il n’y a pas de raffineries dans l’État d’Oregon. Environ 90 % de tous les produits pétroliers qui y sont consommés (de l’essence et du diesel au kérosène, et aux lubrifiants industriels) sont transportés par pipeline (à l’exception de l’éthanol et du biodiesel, qui sont transportés par rail et par bateau). Cela inclut le pipeline Olympic, exploité par Kinder Morgan, qui part du port de Portland et achemine les produits vers le sud jusqu’à Eugene. Le pipeline Marathon dispose d’un seul terminal dans l’est de l’Oregon. L’Oregon, et plus généralement la région de la côte ouest, pourraient connaître une pénurie importante de pétrole si l’un ou l’autre de ces pipelines était endommagé ou perturbé. Cela a été au centre de nombreux programmes de préparation et de plans de sécurité au niveau de l’État et au niveau fédéral. Dans un rapport, les propriétaires et les exploitants de pipelines ont identifié la perte d’électricité, accidentelle ou intentionnelle, comme la menace la plus urgente pour l’exploitation des pipelines.
2. Tous les déchets de Portland sont transportés par semi-remorque, tandis que ceux de Seattle et des villes environnantes sont transportés par train. Certaines des plus grandes décharges du pays sont situées le long du fleuve Columbia, loin des regards et des esprits, et rejettent chaque année des dizaines de milliers de tonnes de méthane dans l’atmosphère.
3. La « Roadless Rule » est une réglementation du Service forestier qui interdit l’exploitation forestière dans les terres forestières nationales qui ne sont pas accessibles par la route. L’administration Trump a déclaré qu’elle prévoyait de supprimer cette règle, qui protège 60 millions d’acres de forêts non exploitées à travers le pays.
4. La loi de l’Oregon considère comme un acte de terrorisme intérieur le fait de perturber les infrastructures critiques, notamment les routes, les pipelines, les barrages, les centres de données (data centers) et les infrastructures électriques et de télécommunications. Cette infraction est passible d’une peine maximale de 10 ans d’emprisonnement.
5.  Il n’existe pas de base de données publique officielle répertoriant les attaques contre le réseau électrique, mais l’un des ensembles de données disponibles a enregistré un peu moins de 1 000 attaques entre 2000 et 2023. Seules deux douzaines d’entre elles ont permis d’identifier leurs auteurs, les autres restent non élucidées.
6. En 2020, alors que la révolte populaire balayait les États-Unis, la police a lancé une rumeur selon laquelle des suprémacistes blancs « infiltraient » les manifestations pacifiques et les rendaient violentes. À Minneapolis, la police a affirmé avoir identifié une personne, surnommée « l’homme au parapluie », qui aurait brisé les premières vitres le soir où le commissariat a été incendié. Elle a déclaré avoir reçu une information selon laquelle il s’agissait d’un membre d’un gang de motards suprémacistes blancs qui voulait « inciter à la violence ». Cette information a été relayée par tous les grands médias et les réseaux sociaux, alimentant les théories du complot sur la présence d’agitateurs extérieurs dans d’autres villes. Cinq ans plus tard, aucune preuve n’a été divulguée, aucune arrestation n’a été effectuée et Umbrella Man est toujours en liberté.
7. Des anarchistes de Montréal ont tenté l’expérience, transformant des communiqués anonymes en affiches faciles à imprimer et à distribuer dans les rues. Voir ici : https://mtlcounterinfo.org/for-the-streets/posters-2/communique-poster-series/
8. Des anarchistes allemands font face à une forte répression pour leur implication présumée dans des projets de journaux. Pour plus d’informations sur la situation, consultez le zine Hetzlumpen (en anglais) : https://actforfree.noblogs.org/2025/07/24/hetzlumpen/.

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Des nouvelles de la lutte contre les projets miniers de Néométal

[pompé sur stopminesalau]

Des assemblées de lutte se sont tenues à Foix les 1er et 29 mars, et 12 juillet ; à Saint-Girons le 19 avril, le 7 juin et le 6 septembre 2025. Celles-ci ont permis de réunir des organisations diverses et des individus qui ont le même objectif : s’opposer aux projets miniers et plus précisément au projet actuel de la société Néométal qui vise à faire des recherches minières, en Ariège, sur les communesde Couflens, d’Ustou, d’Aulus les Bains et d’Auzat et à terme installer une usine chimique de traitement des minerai à Lavelanet ou à Boussens !

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Prochaine assemblée de lutte : 18 octobre 2025 à 14h30

La Licorne 54 Chemin des Gaillards – 09000 La Bastide de Sérou

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Le retour en grâce d’Erik Prince, fondateur de Blackwater

[ pompé sur lemonde.fr ]

Le retour en grâce d’Erik Prince, fondateur de Blackwater

L’ancien PDG de « l’armée privée la plus puissante du monde » reprend son business de la guerre et de la sécurité à travers son entreprise Vectus Global, prônant sans ambages une nouvelle forme de colonialisme dans les Etats rongés par la corruption.

Le fondateur et ex-dirigeant de la société militaire privée Blackwater, Erik Prince, après une opération anticriminalité à Guayaquil (Equateur), le 5 avril 2025.
Le fondateur et ex-dirigeant de la société militaire privée Blackwater, Erik Prince, après une opération anticriminalité à Guayaquil (Equateur), le 5 avril 2025. GERARDO MENOSCAL / AFP

Erik Prince est de retour. A Haïti ou au Salvador, en passant par le Pérou, l’Equateur et jusqu’à la République démocratique du Congo (RDC) ; entre lutte contre le trafic de drogue, expulsion de migrants illégaux, guerre contre les groupes armés non étatiques et sécurisation de carrés miniers en Afrique, le fondateur et ancien PDG de la société de sécurité privée Blackwater multiplie les apparitions depuis la réélection, fin 2024, de son meilleur allié à la Maison Blanche, Donald Trump, dont il est un ardent supporteur.

Certes, ce n’est plus le flamboiement d’il y a une vingtaine d’années. L’ancien militaire du commando d’élite de la marine américaine, les Navy SEAL (acronyme de Sea, Air, Land : « mer, air et terre »), héritier d’une riche famille établie sur les rives du lac Michigan, dirigeait alors Blackwater – rebaptisé depuis « Academi » –, « l’armée privée la plus puissante du monde », pour reprendre le titre du livre-enquête de Jeremy Scahill (Actes Sud, 2008).

C’étaient les années de présidence de George W. Bush (2001-2009), celles de la privatisation de la défense américaine menée tambour battant par le secrétaire à la défense de l’époque, Donald Rumsfeld. En 2006, trois ans après l’invasion de l’Irak par les forces américaines, il y avait là presque autant de contractuels que de GI engagés dans la « guerre contre la terreur ». Blackwater comptait plus de 20 000 employés et autant de réservistes.

Puis Erik Prince fut contraint de revendre son fleuron après la tuerie de la place Nisour, en 2007, au cours de laquelle 17 civils innocents tombèrent à un carrefour sous les balles des mercenaires de Blackwater escortant un convoi de l’ambassade américaine à Bagdad. Les quatre contractuels impliqués dans la fusillade, jugés et condamnés à leur retour aux Etats-Unis, ont ensuite été graciés par Donald Trump à la fin de son premier mandat.

Dorénavant, Vectus Global, la tête de pont du système Erik Prince, ne compterait que quelques dizaines d’employés permanents. Mais l’entreprise chapeaute une myriade de sociétés de sécurité, dont certaines sont enregistrées aux Emirats arabes unis. Si l’architecture légale a changé, le secteur d’activité est le même : le business de la guerre et de la sécurité, source de profits financiers là où les Etats faibles vacillent. Et, à entendre Erik Prince, un certain nombre d’Etats africains entrent dans ce cadre.

Pallier la faillite sécuritaire

Le 15 février, dans son podcast « Off Leash », Erik Prince jugeait qu’« il est temps [pour les Etats-Unis] d’endosser de nouveau le costume impérialiste et de dire qu’[ils] v[ont] gouverner ces pays incapables de le faire eux-mêmes, (…) tous ces gouvernements africains qui ne pensent qu’à piller et à se remplir les poches ». Interrogé pour savoir s’il prônait une nouvelle forme de colonialisme, il répondait : « Oui, absolument oui. »

Pourquoi pas la RDC ? Etat faible rongé par la corruption, pays immense déstabilisé par des années de guerre civile mais aux richesses minérales considérables, la RDC a de quoi aiguiser les nouvelles ambitions du « civilian warrior » (« guerrier civil »), tel qu’il se définit lui-même. D’autant qu’il n’est pas là en terre inconnue. Il y a développé des affaires en 2015 dans le domaine de la logistique, au service d’entreprises minières chinoises qui dominent le secteur, ainsi que dans le domaine diamantifère dans la province du Kasaï, selon plusieurs sources.

C’est en 2023 que son nom commence vraiment à circuler dans le pays, dans le contexte guerrier de la résurgence, après dix ans de sommeil, du Mouvement du 23 mars (M23). Constituée autour de membres de la communauté tutsi de l’extrême est du Congo disant se battre pour la défense de leurs droits bafoués, cette rébellion congolaise ne serait probablement rien sans le soutien stratégique, technologique et financier du Rwanda voisin. Face à eux, les forces armées congolaises et leurs milices alliées n’ont fait que reculer.

D’où l’idée de Kinshasa de faire appel à des intervenants étrangers pour pallier sa faillite sécuritaire. Erik Prince se met alors sur les rangs. « Les autorités congolaises ont planifié l’envoi de 2 500 contractuels originaires de Colombie, du Mexique et d’Argentine au Nord-Kivu pour stopper l’avancée du M23 et sécuriser les zones minières dans l’Est [conformément à] un accord conclu entre la RDC et les Emirats arabes unis », écrit, en décembre 2023, le groupe d’expert des Nations unies sur la RDC.

Six mois plus tard, ils précisent leur propos, affirmant qu’Erik Prince dirige les négociations pour ce déploiement – le sous-continent américain constituant son principal vivier de contractuels, comme à l’époque de Blackwater. Le projet serait alors soutenu par Kahumbu Mandungu Bula, alias Kao, conseiller personnel à la sécurité du président Félix Tshisekedi, et « l’un des hommes-clés des relations avec les Etats-Unis », glisse un membre du sérail présidentiel congolais. Les Emirats arabes unis, pays dans lequel Erik Prince a rebondi après avoir précipitamment quitté les Etats-Unis en 2010, ont démenti leur implication.

« Police des mines »

A l’époque, le projet n’avait pas eu de suite. Les seuls contractuels alors déployés au Nord-Kivu étaient ceux d’Agemira, société fondée par le Français Olivier Bazin et recrutant essentiellement d’anciens militaires français, travaillant main dans la main avec les Roumains de l’entreprise Congo Protection. Mais l’effondrement de toute l’architecture sécuritaire congolaise dans l’est du pays, à partir de fin 2024, va libérer le terrain pour Erik Prince.

En décembre 2024, Kinshasa conclut un contrat de cinq ans avec lui par le biais d’un système complexe d’entreprises dont certaines sont implantées aux Emirats arabes unis. « Ce contrat comporte deux volets, l’un minier, l’autre sécuritaire, le premier permettant de financer le second », explique une source. Autrement dit, une déclinaison de la politique de Donald Trump, adepte des « deals » business contre sécurité sur la scène internationale.

Dans le cas précis de la RDC, Washington négocie depuis plusieurs mois avec Kinshasa la contrepartie économique – dans le domaine des minerais stratégiques essentiellement – de son engagement pour aboutir à un accord de paix durable dans l’est du pays et le garantir.

Erik Prince ne dit rien d’autre. Selon les experts de l’Organisation des Nations unies, il propose de « sécuriser le Nord-Kivu, le Sud-Kivu et l’Ituri [trois provinces de l’est de la RDC] grâce à la formation et au déploiement de troupes au sol et à l’exploitation de moyens aériens, y compris des drones armés ».

La partie financière repose sur la mise en place d’une « police des mines » chargée de percevoir des recettes fiscales auprès des entreprises minières. « Nous mettons sur pied une brigade financière en apportant l’expertise nécessaire, en améliorant les compétences des forces de l’ordre locales dans leur lutte contre le trafic [l’exportation illégale de minerais] et la fraude fiscale », confirme Erik Prince dans un entretien publié, le 11 septembre, par l’hebdomadaire Le Point.

« Une tour de Babel »

Selon un élu congolais originaire de l’Est, dont les propos sont recoupés par d’autres témoignages, « une centaine de contractuels armés sud-américains ont été vus, au mois de juillet, à bord de véhicules de l’armée congolaise dans les rues de Walikale, ainsi que sur le tarmac de l’aéroport de Kisangani ». « Ils étaient peut-être là pour sécuriser les installations d’Alphamin », avance-t-il. Cette société exploite l’important gisement d’étain de Bisie (6 % de l’offre mondiale en 2024, troisième mine au monde en matière de production), sur le territoire administratif de Walikale.

Alphamin avait suspendu temporairement son activité en mars, jusqu’au retrait, « sous pression américaine », du M23 de Walikale, confiait alors au Monde un dirigeant du M23. Détenue jusqu’à récemment par un fonds d’investissement anglo-américain, Alphamin Resources Corp est en cours de rachat par un groupe émirati, International Resources Holding.

« Rien ne dit que ces Sud-Américains sont là dans le cadre du contrat d’Erik Prince. Une partie de l’Est non contrôlée par le M23, et Kisangani, est devenue une tour de Babel avec des contractuels slaves, sud-américains, turcs, est-européens, israéliens… Sans parler des forces armées congolaises. On ne sait pas qui fait quoi », explique un observateur étranger statutairement astreint à l’anonymat, de retour de cette ville-clé qui verrouille l’accès à Kinshasa, beaucoup plus loin à l’ouest. « Mais ce n’est pas exclu » qu’ils soient envoyés par le chef de Vectus Global, ajoute-t-il.

Drones armés contre les gangs

Un ministre congolais affirme, quant à lui, que « le contrat d’Erik Prince auprès des entreprises minières porte sur des activités au Katanga, pas les Kivus ». Situé dans le sud de la RDC, le Katanga est le coffre-fort minier du pays, là où se situent les principaux gisements de cuivre et de cobalt, exploités essentiellement par des entreprises chinoises. Erik Prince aurait promis aux autorités congolaises de faire rentrer dans les caisses du pays les recettes fiscales que les exploitants des mines rechigneraient à payer, tout en se servant au passage. D’où cette proposition de « police des mines ».

« Vous pensez qu’on les fera payer en frappant gentiment à leur porte ? », demandait Erik Prince dans une autre vidéo, postée sur X. Sous-entendu : la manière forte est le meilleur moyen pour collecter les taxes des récalcitrants. « Pour le moment, il n’y a rien de concret », relativise le ministre congolais précité. Les termes de l’accord conclu avec Kinshasa seraient très génériques. C. S., un Franco-Américain voulant garder l’anonymat, s’occupe pourtant à Kinshasa du volet sécuritaire du contrat, qu’une de nos sources évalue à 800 millions de dollars (680 millions d’euros).

Ce « modèle » économique est globalement celui qu’il met en place à Haïti. L’ancien patron de Blackwater dit avoir conclu, en mars, un accord de dix ans avec les autorités de cette île des Caraïbes, mise en coupe réglée par des gangs armés. Dans une interview donnée mi-août à l’agence de presse Reuters, il se fixait comme objectif de stabiliser la sécurité du pays, avant de participer à la conception et à la mise en place d’un système de collecte des taxes sur les produits importés en Haïti depuis la République dominicaine.

Il ponctionnera une partie des recettes douanières en échange de son « expertise » sécuritaire. Sa marque de fabrique ? L’utilisation de drones armés contre les gangs. Selon un rapport des Nations unies, 233 membres de gangs ont été éliminés en avril et en mai, ainsi que trois civils. « Le modèle Erik Prince se caractérise par sa participation aux combats, la congruence avec les activités minières, l’opacité de ses opérations », explique Djenabou Cissé, spécialiste des entreprises de services de sécurité et de défense en Afrique au sein de la Fondation pour la recherche stratégique.

« Sans oublier, ajoute-t-elle, les liens avec l’administration américaine. » Issu d’une famille historiquement républicaine et ultraconservatrice, Erik Prince s’est d’ailleurs souvent vanté de sa proximité avec l’entourage de Donald Trump. Parmi ses proches, tout particulièrement ceux du second mandat, figurent deux poids lourds de la sécurité américaine : le secrétaire à la défense, Pete Hegseth, et la directrice du renseignement national, Tulsi Gabbard.

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Guerres et extractivisme : regards croisés depuis le Congo et le Soudan

[ pompé sur ricochet.cc ]

Deux militants de Sudfa (média fondé par des exilé·es soudanais·es en France), et de Génération Lumière (association d’écologie décoloniale fondée par des jeunes Congolais·es à Lyon), échangent sur les guerres en cours au Congo et au Soudan, mettant en lumière les logiques globalisées du capitalisme colonial, ainsi que les voies de solidarités entre les peuples.

Le 23 mai 2025, Sudfa Media était invité par la Coordination Régionale Anti-Armements et Militarisme (région AURA) à venir discuter de la situation au Soudan et en République Démocratique du Congo avec l’association Génération Lumière, qui est une association d’écologie décoloniale et de solidarité internationale fondée par des jeunes Congolais·es à Lyon.

Nous avons particulièrement apprécié cette occasion de faire une présentation publique croisée avec Génération Lumière, qui fait un travail essentiel de mobilisation, d’éducation et de plaidoyer. C’était aussi important pour nous d’évoquer de manière conjointe les guerres au Congo et au Soudan, sont souvent délaissées des médias et des mobilisations en France. La discussion a permis de faire émerger autant les spécificités que les similitudes des deux conflits, et d’identifier ainsi la logique impérialiste transnationale commune à l’œuvre dans ces guerres. Voici par écrit des extraits des présentations. Bonne lecture !

Hamad (Sudfa) : Bonsoir tout le monde. Peut-être avez-vous entendu parler d’une guerre qui a commencé au Soudan il y a deux ans à peu près, qui témoigne de la fragilité de notre monde aujourd’hui. On est en train d’assister à une des catastrophes les plus graves au monde, dans un silence total. On parle de 80% des hôpitaux qui sont hors de service. On parle de 20 millions de Soudanais, soit la moitié de la population soudanaise, qui sont partis de leur foyer, soit à l’étranger, soit déplacées à l’intérieur du pays. On parle de 90% des Soudanais qui souffrent de la faim aujourd’hui dans les zones de guerre. On parle de 15 millions d’enfants qui n’ont pas pu être scolarisés depuis 2023. Donc voilà, on assiste à l’une des catastrophes les plus graves au monde : mais ce qui n’est pas normal dans tout ça, c’est le silence du monde entier.

Jordi (Génération Lumière)  : Contrairement au Soudan, ce qui est assez particulier avec le cas du Congo, c’est que c’est un conflit très documenté. Ça fait plus de 30 ans qu’un groupe d’experts des Nations Unies, qui a 1 milliard de dollars de financement annuel, documente, chaque année, l’évolution du conflit… C’est dire un peu le caractère ubuesque de cette situation. Ça fait plus de 30 ans qu’ils le font, alors qu’au fond, la question congolaise est assez simple à comprendre. C’est purement une question de ressources, en fait. Ce qui se passe au Congo, c’est lié à ce qu’on appelle l’extractivisme. Les penseurs, les militants d’Amérique latine ont proposé ce concept pour expliquer que la fin des empires coloniaux n’a jamais mis fin à la logique impériale qui existait. Qu’est-ce que ça a été, fondamentalement, la logique impériale ? C’est d’avoir des pays-ressources, des pays greniers, qu’on va puiser jusqu’à ce qu’il n’y ait plus rien, pour bénéficier à un marché qui est totalement extérieur. En fait, l’extractivisme, c’est aller récupérer une ressource sur un territoire colonisé et en tirer de la valeur pour viser un marché extérieur. On va avoir des pays que l’on va enchaîner d’une certaine manière dans un marché international et à qui on va assigner des rôles, tout simplement.

Mine de coltan de Luwowo, Nord Kivu.

Hamad (Sudfa) : Les guerres au Soudan comme au Congo témoignent de la manière dont les richesses naturelles d’un pays alimentent l’instabilité, au lieu que la population locale profite de cette richesse. Quand on parle de richesses au Soudan, on parle de l’or, on parle du pétrole, on parle des terres agricoles… C’est un pays stratégique, qui était frontalier avec 9 pays jusqu’en 2011, et qui a une ouverture vers la mer Rouge, qui est une zone très stratégique en termes militaires. Donc voilà, le conflit actuel n’est pas lié qu’aux raisons qu’on présente le plus souvent, quand on dit que c’est une guerre autour du pouvoir entre deux généraux. Cette guerre trouve ses racines dans l’époque coloniale, qui a largement participé à la division de la population soudanaise, à la stigmatisation de certaines parties de la population, et à la division raciale, ethnique et tribale du pays.

Les Anglais, qui ont colonisé le Soudan, ont adopté un système de ségrégation : ils ont divisé la population soudanaise, qui est multiculturelle, en deux catégories. La première, c’est ceux qui ont bien profité du système colonial et qui ont été considérés comme des alliés, qui ont profité de toutes les richesses du pays et des systèmes qui ont été mis en œuvre, et de l’autre côté il y a ceux qui ont été marginalisés. En accédant à l’indépendance du pays, on a constaté qu’il y avait deux sociétés qui étaient séparées l’une de l’autre. C’est pour ça que dès l’indépendance du Soudan en 1956, la guerre a éclaté dans le Sud, parce que des groupes ont pris les armes pour revendiquer la place des Soudanais du Sud au sein de l’Etat, pour dénoncer leur marginalisation et l’injustice. Et cette guerre-là, au fur et à mesure, a éclaté dans les quatre coins du pays, notamment le Darfour, la région du Nil-Bleu, des Montagnes Nouba et du Kordofan. Et ce type de guerre est toujours alimenté par d’autres raisons locales, et notamment écologiques. Dans le sens où il y a un groupe armé qui se forme quelque part au pays et qui essaie prendre le contrôle d’une terre et de ses ressources, mais toujours en lien avec un autre groupe ou un autre pays qui vient en aide de l’extérieur, cherchant à profiter de cette richesse-là.

Jordi (Génération Lumière) : Au Congo, la guerre s’est vraiment beaucoup centrée à l’est de la RDC, au moment où il y a eu ce qu’on appelle le « boom du coltan ». Le coltan, c’est l’un des minerais « clés » pour la production des matériels numériques. Sans coltan, on ne peut pas faire de cartes et de processeurs, on ne peut pas faire d’ordinateur, de téléphone, etc. Vers la fin des années 1990, c’est le boom d’Internet, le boom de toute une nouvelle génération de produits qui a besoin de cette ressource. Et le Congo possède près de 60 à 80% des réserves mondiales du coltan. Or, ce boom est arrivé au moment d’une transition politique en RDC. Pendant près de 32 ans, on avait Mobutu, celui qu’on appelait « l’ami des occidentaux », au pouvoir. A sa mort, on s’est posé la question de quel dirigeant politique allait récupérer ce marché énorme que représente le coltan et arbitrer les intérêts stratégiques du pays. Et c’est à ce moment-là que vont intervenir de nouveaux acteurs, essentiellement le Rwanda et l’Ouganda, qui sont les pays frontaliers à l’est du Congo. Dans cette région, les frontières sont poreuses, les populations ont l’habitude de circuler, et c’est assez simple de financer la possibilité pour des groupes d’entrer au Congo, et de récupérer les minerais qui y sont situés. Or le conflit permet de maintenir les prix de la ressource au plus bas, pour financer un marché qui est en train d’exploser.

C’est à ce moment-là que va éclater ce qu’on a appelé la seconde guerre du Congo. La première, c’est la « guerre de libération », comme on l’appelle, c’est-à-dire la guerre qui va chasser Mobutu au pouvoir et qui va mettre Kabila à sa place. Puis la seconde guerre, ce qu’on appelle aussi la « première guerre mondiale africaine », c’est-à-dire une guerre entre des États frontaliers sur le territoire congolais pour des ressources congolaises, avec un bloc proche du gouvernement congolais, et un bloc proche des pays frontaliers. Ce qui va plus ou moins marcher, parce que Kabila va quand même résister. Puis à son assassinat, va se poser la question du maintien de cette partie-là de la RDC dans le giron de ces États frontaliers. Il faut donc trouver des explications qui vont paraître les plus légitimes, qui vont brouiller le conflit, c’est-à-dire mettre en avant la question ethnique pour expliquer qu’il existe des ethnies au Congo, au Rwanda et en Ouganda qui sont systématiquement discriminées, systématiquement écartées de l’appareil de l’État, qui sont même tuées, voire cannibalisées… on va pousser ce discours jusqu’à très loin, pour justifier le fait que ces États-là s’intéressent à ce qui se passe chez les voisins et peuvent ainsi intervenir pour protéger les intérêts de ces ethnies. Il faut se rappeler le contexte des années 1990, c’est une décennie qui a vu un très grand génocide, le génocide des Tutsis au Rwanda, et donc forcément sur la scène internationale, l’État rwandais qui proclame défendre l’intérêt de ceux qui ont été victimes, forcément, est légitime dans son intervention dans un pays voisin.

Et entre temps, ce qui s’est passé, c’est qu’on a eu une extrême militarisation du conflit, avec des bandes armées qui massacrent partout. Jusqu’à maintenant, on a eu plus ou moins 6 millions de morts en 30 ans sur cette région. A l’époque des années 1990, il y avait 5 ou 6 bandes armées ; aujourd’hui, on en a plus de 200. Pourquoi ? Dans cette région frontalière, il y a énormément de mines d’or, de coltan, d’étain, etc. Et une partie de ces milices, de ces chefs seigneurs de guerre, vont au Congo parce que c’est plus facile de récupérer les minerais. Ça ne demande pas d’efforts industriels, il ne faut pas forer, il ne faut pas passer par des grandes entreprises, pour pouvoir s’enrichir. Le coltan est récolté de manière artisanale, à la pelle. Donc l’essentiel de l’activité du coltan n’est pas du tout dans les mains de l’État, c’est fait de manière clandestine.

En 2020, on a découvert que le Congo n’était plus le premier producteur du coltan mondial, il venait d’être dépassé de quelques milliers de tonnes de plus. Le Rwanda est devenu, du jour au lendemain, le premier producteur de coltan mondial, en produisant près de 4 000 à 5 000 tonnes par an. Et donc la question est apparue : est-ce que ce n’est pas la contrebande des minerais congolais qui explique cette exploitation-là ? On s’est alors rendu compte que parmi les États internationaux, c’était un secret de polichinelle. Tout le monde savait, en réalité, que le Rwanda était devenu une plaque tournante de minerais récupérés au Congo. Ça va même plus loin. C’est-à-dire qu’en fait, jusqu’à aujourd’hui, il n’y a aucune entreprise du numérique qui peut certifier, vraiment preuve à l’appui, que ces minerais de coltan qu’il y a dans les produits ne proviennent pas de ces zones de guerre. C’est dramatique.

Hamad (Sudfa) : Au Soudan, les divisions créées à l’époque coloniale, ça a créé un État qui est très faible depuis l’indépendance et qui a ouvert grand la porte pour que les puissances impérialistes puissent intervenir dans les affaires soudanaises. Souvent, ça se fait à travers des alliances qui ont pour objectif de soutenir le gouvernement en place afin qu’il puisse faire profiter à d’autres des richesses naturelles du pays. Ou alors, les pays extérieurs poussent des groupes locaux à prendre les armes et créer un conflit armé en leur promettant de contrôler cette région-là un jour, pour pourvoir profiter richesses de cette région-là.

Quand on parle des puissances impérialistes qui interviennent au Soudan et qui créent l’instabilité, on parle des puissances classiques, l’Allemagne, la France et tous les pays occidentaux, qui fabriquent des composants militaires retrouvés dans les armes utilisées par les miliciens des Forces de Soutien Rapides (FSR). Mais dans le cas du Soudan, il y a d’autres puissances impérialistes qui sont beaucoup plus discrètes et silencieuses, mais qui interviennent de manière très brutale. Et notamment les pays du Golfe, qui ont tout un tas d’intérêts au Soudan, que ce soit pour des raisons géopolitiques, économiques ou sécuritaires. Les Emirats Arabes Unis, qui sont le premier soutien financier et fournisseur d’armes des FSR, cherchent à s’accaparer les terres agricoles et le bétail du Soudan car ils manquent de terres arables et veulent garantir leur autonomie alimentaire dans le contexte du réchauffement climatique. Ils profitent également, avec l’Egypte et la Russie, de la contrebande de l’or en provenance des mines d’or contrôlés par les FSR au Darfour. Il y a tous ceux qui vendent des armes à l’armée soudanaise ou aux milices (du matériel russe, chinois, turc, ukrainien), ou encore des mercenaires colombiens qui ont été recrutés par les Emirats Arabes Unis pour combattre parmi les FSR. Toutes ces puissances-là cherchent depuis toujours à imposer leur agenda, contrôler le pays, profiter de ces richesses naturelles et en même temps intervenir dans les affaires soudanaises.

La guerre qui a éclaté en avril 2023 n’est pas une guerre des Soudanais entre eux. C’est une guerre par procuration entre ces différentes puissances. Par exemple, entre l’Egypte et l’Ethiopie, qui sont en conflit autour du barrage de la Renaissance sur le Nil : au lieu de s’affronter directement, chacun soutient l’une des deux armées qui s’affrontent au Soudan.

Jordi (Génération Lumière)  : Un autre ressort de la logique impériale de l’extractivisme, c’est, au niveau politique, de bloquer l’appareil de l’État. L’objectif de l’économie extractiviste, c’est que l’essentiel de la richesse dépende d’un seul secteur d’activité. On va donc avoir une forme de militarisation de l’économie. Au Congo, par exemple, les zones où les ressources sont exploitées sont des zones auxquelles même les populations locales ne peuvent pas avoir accès. C’est barricadé, c’est militarisé, ou alors en proie aux conflits armés. Et malheureusement, le danger de l’extractivisme et la logique impériale, c’est qu’elle est très rarement démocratique. Elle finit par se limiter à des logiques d’alliance et de pouvoir. Donc, ce qui se passe avec le Soudan, c’est exactement ce qui se passe au Congo. Plus on a besoin d’un État pour ses ressources uniquement, moins il y aura de démocratie. On le voit notamment avec les pays pétroliers. Et même ici en France, on le voit : plus il y a des projets qui sont liés avec une industrie d’extractivisme, moins il y a de consultations publiques. Plus il y a des manigances, moins il y a de démocratie. Et ces logiques-là sont simplement plus opaques ailleurs, parce qu’il y a une question de racialisation. On explique qu’au fond, ces populations-là, si elles meurent, si elles souffrent, ce n’est pas si grave que ça. C’est cette racialisation qui va permettre de faire beaucoup plus de choses de manière beaucoup plus libérée, et presque sauvage. C’est-à-dire du travail forcé, faire travailler des mineurs, des viols de masse, financer des groupes armés, etc.

Hamad (Sudfa) : Ce qui ne veut pas dire qu’il n’y a pas de demande de démocratie par les populations locales. En 2018, il y a une mobilisation révolutionnaire qui a éclaté au Soudan. Cette mobilisation a apporté un grand espoir pour les Soudanais, pour mettre fin au régime qui est resté au pouvoir pendant 30 ans. Cette mobilisation a été extraordinaire en termes de revendications et d’organisation. Mais elle a fait face à beaucoup de défis : on a hérité d’un système où l’appareil d’État ne fonctionne plus, d’un système économique très fragile et d’une société divisée et en guerre dans les quatre coins du pays. Même si elle a pu mettre fin au régime d’Omar El-Béchir, la mobilisation n’a pas pu atteindre son objectif de départ, qui était : « Paix, Justice et Liberté ».

Parce que l’ancien dictateur a créé un système militaire qui avait pour objectif de servir les intérêts du régime. Ainsi, l’armée n’est pas indépendante de l’Etat : elle intervient de manière très brutale dans le système politique, dans le système économique, et l’armée contrôle l’ensemble du pays, avec tous ses aspects politiques, économiques etc. Ensuite, c’est une armée qui est composée de plusieurs unités, dont des groupes paramilitaires comme Forces de Soutien Rapide (les FSR). La milice des FSR a été créée à l’époque de la guerre au Darfour en 2003 pour faire le travail que l’armée soudanaise n’a pas envie de faire : le massacre, nettoyage ethnique et le déplacement massif de la population du Darfour. Les FSR ont pu faire ce travail-là avec le soutien de certains pays étrangers, et notamment de l’Union Européenne, à travers le processus de Khartoum. Il s’agit d’un accord qui a été signé en 2014 entre le gouvernement soudanais et l’Union Européenne pour contrôler l’immigration vers l’Europe, à la frontière entre le Soudan et le Libye. Le contrôle de la frontière a été délégué par l’armée soudanaise aux FSR, qui ont pu profiter du soutien technologique et financier de l’Union Européenne. Et c’est une des raisons pour laquelle les FSR ont pu devenir une force ou une puissance militaire bien plus forte que l’armée soudanaise, si bien qu’en 2023 ils se sont retournés contre l’armée pour prendre le pouvoir à sa place. Donc voilà, ça c’est ça c’est une des raisons actuelles de la guerre, qui est une guerre autour du pouvoir, entre deux généraux, qui se battent pour leurs intérêts personnels, mais aussi les intérêts des différents pays qui les soutiennent.

Jordi (Génération Lumière) : Les Etats européens sont aussi impliqués dans le conflit à l’Est du Congo, par le soutien militaire dispensés à l’armée rwandaise. L’État français a des accords de coopération avec l’Etat rwandais, ce qui fait qu’une partie des militaires font leur formation en France.

Aujourd’hui, par rapport à ce qui se passe au Congo, la difficulté de ce conflit, c’est que même la « transition verte » a été repensée pour nous expliquer que cette transition écologique ne doit se penser qu’à travers un progrès numérique. On nous dit que l’extrême numérisation est la seule condition pour connaître une vraie sortie des énergies fossiles. C’est une justification directe d’un élargissement du conflit à l’Est du Congo. Pourquoi je dis ça ? Parce qu’au final, vu que cette demande en minerais est importante, l’argent qui est en jeu est énorme. Donc il faut faire une forme de solution finale, c’est-à-dire trouver une manière de s’installer définitivement sur le territoire qui en possède près de 60 à 80% des réserves. Ça semble logique. Et depuis février 2024, on a des groupes armés, deux essentiellement, qui sont directement financés par l’État rwandais, qui se sont mis à prendre des territoires avec pour objectif de s’installer définitivement et de chasser l’État congolais de toute la région du Kivu.

C’est un conflit qui doit nous interpeller, car en réalité, ce n’est pas possible d’imaginer, au niveau international, un monde qui prônerait la fin des énergies fossiles et une transition écologique, sans que ce qui se passe au Congo soit résolu. C’est pour ça que la situation congolaise est particulière, parce qu’elle démontre vraiment les dégâts de l’extractivisme comme modèle économique et comme modèle géostratégique, mais aussi parce qu’elle nous engage tous. C’est au profit d’un certain marché, d’un certain confort qu’on va essayer de maintenir cette situation. Mais c’est aussi en raison du maintien de cette situation qu’ici aussi, en Europe, on aura du mal à sortir d’un monde, d’un modèle que l’on dénonce de plus en plus. (…)


Ces extraits que nous avons choisi de publier de la discussion croisée sur les conflits actuels au Congo et au Soudan mettent en lumière l’interdépendance de l’économie mondiale avec celle de l’extractivisme, une activité qui repose sur l’exploitation des ressources et des populations. C’est l’héritage d’un ordre colonial et racial qui justifie l’intervention étrangères dans ces zones, ainsi que l’opacité et la violence des actions perpétrées pour maintenir cette économie. Pour nous à Sudfa, il est important de penser les enjeux locaux tout en gardant un regard international qui permet de mettre en lumière les logiques globalisées du capitalisme colonial, ainsi que les voies de solidarités entre les peuples.

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La préfecture de l’Allier donne son feu vert pour le lancement des processus de production de la mine de lithium

[pompé sur lamontagne.fr ]

Le groupe Imerys va pouvoir tester ses processus de production du gisement de lithium de la carrière de Beauvoir à Echassières (Allier). La préfecture de l’Allier a donné son accord.

Le projet Emili qui vise à exploiter à partir de 2030 une mine de lithium sur le site Imerys d’Échassières a franchi, ce vendredi 26 septembre, une nouvelle étape. La préfecture de l’Allier a officialisé deux autorisations environnementales.

La première concerne la création sur le site de la carrière de Beauvoir à Échassières d’une galerie minière de reconnaissance. Implantée au cœur du gisement de lithium, elle permettra l’extraction du minerai qui sera ensuite exploité dans une usine pilote de concentration. Cette structure pourra traiter, selon la préfecture, 40 tonnes de minerai par jour.

Phase de tests

L’autre autorisation délivrée par l’État concerne le site de La Loue à Saint-Victor (à proximité de Montluçon). Le groupe Imerys envisage d’y implanter une usine pilote de conversion du mica lithinifère en hydroxyde de lithium. Il a désormais le droit de l’exploiter. Sa capacité de production a été fixée à 1,2 tonne par jour.

À lire aussi: En visite dans l’Allier, le ministre de l’Industrie dit vouloir redynamiser la filière minière

Dans son communiqué, la préfecture rappelle que « ces autorisations environnementales concernent exclusivement des activités temporaires de recherche et de développement ». L’objectif d’Imerys étant de tester les processus de production avant de lancer officiellement l’exploitation commerciale de la mine d’Échassières.

Les services de l’État indiquent que les projets d’autorisation ont été présentés le 11 septembre devant le Comité départemental de l’environnement et des risques sanitaires et technologiques. « Lequel a émis un avis favorable unanime moins une abstention. »

Taille et qualité

Enfin, la préfecture précise que le groupe Imerys doit verser, au profit de l’État, une somme de 548.000 euros au titre de garanties financières afin d’assurer « la mise en sécurité de la galerie de reconnaissance lors d’une éventuelle cessation d’activité ».

Rappelons qu’au mois de juillet, Imerys avait annoncé qu’il reculait la date de mise en exploitation du gisement minier de l’Allier à 2030 en raison notamment de la faiblesse des cours du lithium. Dans la foulée, Sébastien Rouge, directeur financier du groupe, avait déclaré à l’AFP : « La taille et la qualité du gisement nous permettent d’envisager cinquante ans d’exploitation. » Soit vingt-cinq ans de plus que ce qui était envisagé au départ.

Pas de quoi rassurer les opposants au projet qui dénoncent des risques de pollution et s’interrogent sur la destination des résidus qu’engendrera l’exploitation de la mine de lithium d’Échassières.

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L’Indonésie prend le contrôle d’une partie de la plus grande mine de nickel au monde

[ pompé sur lefigaro.fr ]

Les autorités indonésiennes ont pris le contrôle d’une partie de la plus grande mine de nickel au monde, en partie détenue de façon indirecte par le groupe minier français Eramet, en raison de l’absence de permis forestier, a déclaré un responsable indonésien. La mine Weda Bay Nickel, critiquée pour ses effets sur la forêt environnante, s’étend sur 45.000 hectares sur l’île de Halmahera aux Moluques (est). Les autorités ont désormais saisi près de 150 hectares qui empiétaient sur des zones forestières sans permis, a déclaré Anang Supriatna, porte-parole du bureau du procureur général indonésien. Les autorités ont «pris le contrôle de la zone (…) et le terrain sera restitué au gouvernement», a-t-il ajouté.

Weda Bay Nickel (WBN) est une société commune entre le groupe indonésien Antam et la société singapourienne Strand Minerals, qui a elle-même pour actionnaires le groupe minier français Eramet et le géant chinois de la sidérurgie Tsingshan. Dans un communiqué, Eramet a indiqué que la zone saisie était «une carrière produisant des roches pour les matériaux de construction et d’entretien» et que les opérations minières n’étaient pas affectées. Le gouvernement indonésien examine actuellement d’éventuelles violations de la réglementation forestière dans plusieurs secteurs, notamment ceux de l’huile de palme et des mines. WBN indique représenter 17% de la production mondiale de nickel en 2023. L’exploitation du site fait l’objet de critiques récurrentes en raison du danger que son exploitation fait peser sur la forêt et sur la survie d’une tribu qui y vit sans contact avec la civilisation moderne.

Une enquête de l’AFP menée en juin a ainsi montré les effets sur les membres de l’une des dernières communautés de chasseurs-cueilleurs isolées du pays, la tribu indigène des Hongana Manyawa. Cette communauté affirme que la forêt dont elle dépend depuis toujours pour se nourrir et s’abriter est détruite par la déforestation et la dégradation de l’environnement liées à la mine. WBN rejette les allégations et affirme s’engager en faveur d’une «exploitation minière responsable et de la protection de l’environnement». Des militants pour la protection de l’environnement estiment que cette saisie n’est pas susceptible de modifier l’impact plus large de la concession sur les communautés locales. Ils exhortent le gouvernement à remettre les terres saisies aux résidents concernés.

«Si la saisie vise à bénéficier au peuple, alors c’est le peuple qui devrait gérer (le terrain)», a déclaré Melky Nahar, coordinateur du groupe environnemental Mining Advocacy Network. Le nickel est au cœur de la stratégie de croissance de l’Indonésie, qui a interdit les exportations de minerai en 2020 afin de mieux le valoriser. L’Indonésie est à la fois le plus grand producteur mondial de ce minerai et le pays qui en possède les plus grandes réserves connues. Selon des données officielles, l’exploitation minière, dominée par le charbon et le nickel, représentait près de 9% du PIB indonésien au premier trimestre 2025.

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En Mongolie, des niveaux anormaux de radioactivité mesurés près des mines d’Orano

[pompé sur médiapart.fr ]

Des taux plus de 10 fois supérieurs à la normale ont été mesurés à proximité des sites de l’industriel français en Mongolie par un chercheur indépendant. Ce dernier a été arrêté en août par la police locale, alors qu’il effectuait des mesures sur place.

Dans le sud-est de la Mongolie s’étend le désert de Gobi, l’un des plus vastes du monde et lieu de passage des routes de la soie pendant plusieurs siècles. C’est aussi là que sous le sable et les roches s’étend une prometteuse réserve d’uranium naturel, ce minerai qui sert à fabriquer le combustible des installations nucléaires. L’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) estime que l’État asiatique pourrait commencer à en produire – quelques centaines de tonnes par an d’ici à 2030.

Le géant français du nucléaire Orano y cherche la précieuse ressource depuis la fin des années 1990. En 2002 est découvert le gisement de Dulaan Uul et surtout en 2010 celui de Zuuvch Ovoo, le plus abondant. En janvier 2025, un contrat est signé avec le gouvernement mongol pour le développement du site, et une mise en exploitation est espérée pour 2029.

C’est à cet endroit qu’un physicien russe, spécialiste du nucléaire et engagé dans la critique de cette technologie, Andrey Ozharovsky, a mesuré des taux de radioactivité plus de dix fois supérieurs à la normale, lors d’un déplacement mi-août 2025.

Andrey Ozharovsky, a mesuré des taux de radioactivité plus de dix fois supérieurs à la normale dans le désert de Gobi. © Captures d’écran de la vidéo de Andrey Ozharovsky

Selon les relevés géolocalisés de ses dosimètres que Mediapart a pu voir, des niveaux supérieurs à 2 microsieverts par heure ont été mesurés en trois points, situés à une dizaine de kilomètres de la mine de Dulaan Uul. Le sievert est une unité servant à mesurer les effets de la radioactivité sur le corps. Ces points chauds se situent sur des routes empruntées par les travailleurs de la mine, selon l’expert, qui s’est filmé sur place, en compagnie de membres d’une association d’habitant·es.

Interrompu en pleine prise de mesures

Or, « quand on se trouve loin de ces sites, la dose de radioactivité mesurée tombe à 0,12 et 0,08 microsieverts », poursuit le chercheur. L’écart entre ces niveaux révèle la présence d’« une contamination radioactive » dans le sol en trois endroits, écrit-il dans un courrier de synthèse de ses découvertes, envoyé à la commission chargée du nucléaire en Mongolie, que Mediapart a pu lire.

Pour savoir où mesurer la radioactivité, le groupe a sillonné en voiture les abords des mines d’uranium, leurs appareils ouverts à bord de leur véhicule. Quand un taux supérieur à la normale était détecté, le chercheur descendait pour mesurer à pied, à environ 10 à 20 centimètres du sol, la présence de rayonnement.

Mais il n’a pas pu aller au bout de ses recherches, car la police de l’immigration mongole l’a arrêté alors qu’il se trouvait près d’une ancienne mine soviétique, avant de l’expulser (voir l’encadré). Certaines photos et vidéos qu’il avait enregistrées ont été détruites par les officiers de renseignement venus l’interroger dans la ville de Choïbalsan, selon le chercheur.

Pourquoi Andrey Ozharovsky a-t-il été arrêté ?

C’est à proximité d’une ancienne mine soviétique, après avoir quitté les abords des sites d’Orano, qu’Andrey Ozharowky a été arrêté, le 19 août, par la police de l’immigration mongole. Il a ensuite été conduit dans la ville de Choïbalsan, puis à Oulan-Bator, la capitale, où il a été interrogé sur les raisons de sa présence en Mongolie, dit-il. Contactées par Mediapart, les autorités mongoles n’ont pas répondu à nos questions.

Quelques jours plus tard, il a été expulsé vers la Russie, et fait l’objet d’une interdiction de séjour de trois ans en Mongolie. Le grief retenu contre lui est de s’être rendu sur le territoire mongol avec un statut de touriste et sans avoir prévenu de ses activités de mesure.

Il est aussi sanctionné pour n’avoir pas déclaré ses dosimètres auprès des autorités. Selon l’article 10 de la loi sur le nucléaire mongole, tout appareil de mesure de radioactivité doit être déclaré aux autorités et validé par leurs soins avant d’être utilisé. L’expert chercheur russe reconnaît « une erreur » sur ce point et assure qu’il n’était pas au courant de cette règle. L’un des militants associatifs qui l’a accompagné dans le désert de Gobi fait lui-même l’objet de poursuites. Andrey Ozharowsky veut désormais saisir le rapporteur spécial de l’ONU sur les défenseurs et défenseuses de l’environnement, Michel Forst.

Joint par Mediapart, il explique ainsi : « Tout le désert n’est pas pollué, mais nous avons identifié trois zones de pollution. Or, pendant la saison sèche, rouler sur une route polluée est dangereux. Quand les véhicules passent, de la poussière radioactive s’élève, qui peut être respirée par les personnes se trouvant dans les autres véhicules. »

C’est aussi ce qu’il explique dans son courrier à la Commission nucléaire de Mongolie : « Des particules radioactives peuvent se déposer sur les vêtements et les cheveux, mais aussi dans les poumons. Et l’irradiation interne est beaucoup plus dangereuse qu’en externe. »

Contacté par Mediapart, Orano répond qu’autour de ses installations, une « surveillance environnementale régulière est effectuée selon les meilleurs standards internationaux » et conformément aux « plans annuels de surveillance et de gestion environnementales approuvés par le ministère de l’environnement et du tourisme » de Mongolie.

Sur le site de Zuuvch Ovoo, qui pourrait entrer en exploitation en 2029, explique le groupe, « la dose ajoutée moyenne de rayonnement reçue par les employés durant toute la durée du projet pilote (soit deux ans) s’élève à 0,7 millisievert par an, un niveau largement inférieur au seuil fixé par la réglementation mongole et internationale ». Mais c’est à proximité de l’autre site minier que l’expert russe a fait ses mesures.

Il est très important que la compagnie minière, filiale d’Orano, explique l’origine de ces anomalies et pourquoi ces zones n’ont pas été assainies.

Bruno Chareyron, conseiller scientifique de la Criirad

En off, un salarié du groupe ironise sur des chiffres « très, très faibles », et « bien en dessous du bruit de fond en France », qui mettent en cause le sérieux de la démarche de l’expert russe, selon lui. En France métropolitaine, une personne reçoit en moyenne 4,5 millisieverts par an, soit l’équivalent de 4 500 microsieverts, l’unité utilisée par Ozharovsky.

« Ces chiffres ne peuvent pas être comparés, car ils ne mesurent pas la même chose », explique Bruno Chareyron, conseiller scientifique de la Commission de recherche et d’information indépendantes sur la radioactivité (Criirad). « Pour évaluer l’exposition du public du fait de contaminations radioactives, il faut réaliser un autre calcul. À ce stade, pour la Mongolie, nous ne disposons pas d’assez d’éléments pour réaliser un calcul de dose reçue par la population », précise-t-il.

En revanche, et c’est là que ce spécialiste reconnu dans l’étude de la radioactivité, et qui a dirigé pendant trente ans le laboratoire de la Criirad, est catégorique, « détecter des débits de dose au contact du sol de plusieurs microsieverts par heure alors qu’autour le bruit de fond est très inférieur, montre clairement qu’il y a des anomalies radiologiques ». Selon lui, « on peut suspecter qu’il s’agit d’une contamination. Il est très important en tout cas que la compagnie minière, filiale d’Orano, explique l’origine de ces anomalies et pourquoi ces zones n’ont pas été assainies ».

Demande de vérification sans réponse

Enseignant à Moscou et engagé depuis de nombreuses années dans la dénonciation des dangers du nucléaire en Russie, Andrey Ozharovsky est bien connu des associations que Mediapart a sollicitées. « Je travaille avec lui depuis quinze ans, il a une solide formation scientifique en radioprotection et travaille depuis des années avec des ONG en Russie et il est très courageux », détaille Jan Haverkamp, membre de Nuclear Transparency Watch, un réseau associatif auquel appartient aussi l’expert russe.

« Andrey est ingénieur physicien diplômé de l’institut Kourtchatov, qui est certainement l’institution russe la plus réputée en matière de recherche nucléaire, ajoute Jean-Luc Thierry, de l’association Global Chance. Il a travaillé de nombreuses années comme expert pour l’association Bellona qui s’intéresse notamment aux déchets nucléaires russes en mer de Barents et est membre de l’Union socio-écologique, une organisation russe indépendante très sérieuse, affiliée aux Amis de la Terre. »

À la suite de ses mesures, Ozharovsky a saisi la commission chargée de la sûreté nucléaire en Mongolie – le pays n’a pas de centrale nucléaire – et lui a demandé de réaliser des mesures de vérification aux mêmes endroits. Sollicitée par Mediapart pour savoir quelles suites elle entendait donner à cette affaire, elle ne nous a pas répondu.

Grandes difficultés pour l’expertise indépendante

Au-delà des niveaux mesurés, c’est la nature des radioéléments enregistrés qui est révélatrice. Car les spectromètres d’Ozharovsky ont enregistré la présence d’uranium et de ses produits de décomposition : radium 226, bismuth 214 et plomb 214. « Ces substances sont caractéristiques de fuites de mines d’uranium utilisant la méthode de récupération in situ », ajoute l’expert.

C’est précisément cette technique, appelée ISR, qu’Orano expérimente en Mongolie : elle est réputée plus écologique, car elle consiste à extraire l’uranium de la roche en sous-sol, par l’injection de produits chimiques. Cela évite de répandre des poussières de pollution radioactives dans l’atmosphère, et laisse les résidus de traitement en sous-sol – la gestion de ces déchets est particulièrement complexe dans l’exploitation minière traditionnelle.

Or, dans la même région du désert de Gobi, mais loin des mines, les spectromètres n’ont pas mesuré le même type de radiations : a été enregistré « un pic de K 40 », qui n’est autre que l’isotope radioactif du potassium, un signe de radioactivité naturelle.

Orano répond : « Toutes les inspections organisées par le gouvernement ou par des organisations professionnelles indépendantes ont abouti à la conclusion qu’il n’y avait pas d’impact négatif sur l’environnement et la santé des personnes et du bétail lié à l’uranium provenant de l’activité du projet qui est entré en phase de construction. »

Des éleveurs traditionnels du désert de Gobi alertent depuis plusieurs années sur une mortalité inhabituelle de leur cheptel, ainsi que sur des malformations d’animaux.

Selon Bruno Chareyron, qui a aussi eu accès aux mesures réalisées par Ozharovsky en Mongolie, l’analyse par spectrométrie gamma – qui sert à identifier la nature des rayonnements – « montre que la radioactivité qu’il a mesurée est liée à l’uranium et à ses descendants », c’est-à-dire ses différentes formes d’évolution.

« Or, elles ont été réalisées dans une zone d’exploration d’uranium. Pour aller plus loin, il faudrait pouvoir faire des analyses complémentaires du sol. Quelle qu’en soit l’origine, tant que cette radioactivité persiste, il y a un danger », pour les animaux et les habitant·es.

S’il s’avérait que cette radioactivité mesurée par Ozharovsky à proximité des sites d’Orano était d’origine naturelle, ce serait tout de même un sujet sérieux à traiter. D’autant que « l’exploitation de mine d’uranium fait toujours remonter de la radioactivité vers la surface », explique Bruno Chareyron.

Des éleveurs traditionnels du désert de Gobi alertent depuis plusieurs années sur une mortalité inhabituelle de leur cheptel, ainsi que sur des malformations d’animaux. Des photos et des vidéos circulent sur des réseaux sociaux mongoles, accusant les mines d’uranium d’être à l’origine de ces problèmes. La Criirad tente depuis 2021 de monter une mission de contrôle sur le terrain dans le cadre d’une action en justice des associations locales, sans succès jusqu’à présent.

De manière générale, Bruno Chareyron constate souvent autour des mines d’uranium, au Niger, au Kazakhstan ou en Mongolie, « une grande difficulté à effectuer un contrôle indépendant ». À ses yeux, « c’est profondément choquant ».

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L’Europe relance sa stratégie d’indépendance minière… À quel prix ?

[pompé sur courrierinternational.com ]

La Commission européenne a approuvé, en mars, 47 projets miniers sur son territoire. Le but : garantir un approvisionnement local en minerais essentiels aux batteries électriques notamment. Mais les habitants des zones concernées s’interrogent sur les avantages réels et les impacts de ces exploitations sur l’environnement. Le reportage de “Climate Home News”.

L’Europe a engagé une course à l’extraction et à la production de minerais tels que le lithium sur son sol.
L’Europe a engagé une course à l’extraction et à la production de minerais tels que le lithium sur son sol. Dessin de Vlahovic, Serbie.

L’accompagnateur en montagne, Eduardo Mostazo, est né et a grandi à Cáceres, une petite ville du sud-ouest de l’Espagne proche du Portugal. Après avoir souffert de l’exode rural, sa commune fait aujourd’hui face à une nouvelle menace : un projet de mine de lithium, qui pourrait souiller les sources d’eau et polluer la montagne voisine, compromettant la survie d’oiseaux comme l’aigle impérial espagnol, une espèce en voie de disparition. C’est en tout cas ce que redoutent Eduardo et d’autres militants locaux.

Leur lutte pour protéger leur bel environnement est révélatrice d’un dilemme auquel l’Europe est de plus en plus confrontée, à l’heure où elle a engagé une course à l’extraction et à la production sur son sol de minerais tels que le lithium, essentiel pour réaliser sa transition vers des énergies propres sans dépendre des importations en provenance de Chine et d’autres pays émergents.

D’un côté, les bureaucrates des capitales européennes sont sous pression pour garantir un approvisionnement local ; de l’autre, les habitants des lieux où se trouvent les ressources s’interrogent sur les avantages réels que leur apportera leur exploitation.

Ces derniers nous ont confié souhaiter avoir davantage d’informations avant de donner leur accord à des projets miniers pour lesquels ils estiment ne pas avoir été suffisamment consultés. Ils veulent obtenir la garantie que les milieux naturels, qui font vivre la population locale, ne seront pas endommagés par cette ruée vers les minerais.

Limiter la dépendance à la Chine

À Cáceres, la société minière Extremadura New Energies (ENE, filiale de la société australienne Infinity Lithium) a promis de créer 1 500 emplois pendant la construction de la mine et 700 emplois pendant les vingt-six années de son exploitation.

Néanmoins, la population craint que la mine ne sape les deux grands piliers de l’économie locale que sont le tourisme et l’agriculture. “Évoquer d’autres solutions est impossible, déplore Eduardo Mostazo. On a l’impression que les dirigeants politiques n’étudient pas vraiment le dossier dès lors qu’il provient d’une grande entreprise prête à mettre des millions sur la table ; ils se laissent aveugler par les promesses.”

Dans le cadre de son plan de développement des énergies propres et de l’électricité, la Commission européenne veut réduire sa dépendance vis-à-vis des minéraux produits en Chine. Il s’agit de faire en sorte qu’au moins 10 % des matières premières essentielles comme le lithium, le cuivre et le nickel soient extraites en Europe d’ici à 2030.

Selon l’Agence internationale de l’énergie, la demande mondiale de lithium – un composant majeur des batteries des voitures électriques – pourrait être multipliée par 42 d’ici à 2040 par rapport à son niveau de 2020. Actuellement, l’UE compte sur les importations pour les quatre cinquièmes du lithium extrait et la totalité du lithium transformé.

En Europe, quarante-sept projets miniers approuvés

Pour Santos Barrios, spécialiste en cristallographie et minéralogie à l’université de Salamanque, la dépendance de l’Europe en ce qui concernr ces minéraux “est un très gros problème”, car ces matériaux proviennent de pays peu regardants en matière de protection sociale et environnementale. Il explique :

“On les importe d’endroits où il est bien moins cher de les extraire qu’ici, mais au détriment de beaucoup de choses.”

L’idéal, à ses yeux, serait de ne plus dépendre de “pays qui ne sont pas totalement transparents, comme la Chine”.

Afin d’accélérer la transition avant l’échéance de 2030, la Commission européenne a approuvé en mars quarante-sept projets miniers stratégiques, qui bénéficieront de procédures d’autorisation accélérées et d’un accès plus facile aux financements proposés par l’UE.

Matières premières : 47 projets stratégiques dans l’Union européenne
Matières premières : 47 projets stratégiques dans l’Union européenne SOURCE : COMMISSION EUROPÉENNE.

Avec respectivement six et cinq projets, l’Espagne et la Finlande sont les pays de l’UE qui ont le plus grand nombre de programmes stratégiques impliquant l’extraction de matières premières essentielles, accompagnée ou non d’un raffinage.

ENE a postulé à ces projets, mais sa candidature n’a pas encore été retenue à cause de retards dans la procédure d’autorisation. Sa demande de permis d’exploitation est toujours en cours de traitement par le gouvernement régional, qui lui a demandé de fournir davantage de renseignements sur ce qu’elle veut faire.

Demandes d’accès au dossier rejetées

À seulement 40 kilomètres plus au nord, à Cañaveral, de nombreux habitants ont été consternés d’apprendre qu’un projet minier voisin, mené par la société Lithium Iberia, figurait sur la liste. Un collectif de citoyens opposés à la mine, car inquiets de ses éventuels effets sur les sources d’eau et les milieux naturels, prépare une lettre qu’il veut adresser à la présidente du Parlement européen pour demander l’accès au dossier, en particulier à l’étude d’impact environnemental et à la méthodologie utilisée pour évaluer les demandes.

Mais la Commission européenne a déjà refusé plusieurs demandes en ce sens, sous prétexte qu’il s’agit d’informations professionnelles sensibles, explique Julio César Pintos Cubo, de l’association écologiste Ecologistas en Acción.

D’autres associations, comme Les Amis de la Terre Europe, dénoncent par ailleurs le manque de transparence et l’absence d’implication de la société civile dans les projets stratégiques menés dans le cadre de la loi européenne sur les matières premières essentielles. Ni la Commission ni les États membres de l’UE n’ont autorisé l’accès aux documents soumis par les candidats.

À lire aussi : Reportage. Bénédiction ou malédiction ? Dans l’Allier, un gisement riche en lithium divise l’opinion

“Il ne faut pas assouplir le droit européen pour arranger des entreprises mal réglementées (un phénomène malheureusement courant dans le secteur minier), avec une administration qui renoncerait à toute transparence et à appliquer les réglementations en matière d’eau et d’environnement pour s’aligner sur les pratiques du lobby minier”, souligne Julio César Pintos Cubo.

Un porte-parole de la Commission nous a indiqué que les projets concernant les minéraux stratégiques avaient été soumis à des experts indépendants, qui avaient été priés d’évaluer, entre autres, leur capacité à être “mis en œuvre de manière durable”.

De l’avis des spécialistes, le manque de transparence et de participation locale dans la sélection des projets stratégiques de l’UE pourrait nuire à leur bonne mise en œuvre.

Grosse pression

“Cela va générer de l’opposition parce que l’Union européenne prend ces décisions à Bruxelles, en suivant une procédure accélérée pour les nouveaux projets. Il n’y a pas eu de véritable consultation, et il y a beaucoup de pression pour atteindre les objectifs”, explique Marco Siddi, chercheur à l’Institut finlandais des affaires internationales. Comme ces projets miniers à fort enjeu ne cherchent pas à obtenir une “légitimité démocratique”, ils pourraient provoquer une réaction sociale semblable à celle des “gilets jaunes”, met-il en garde.

Le porte-parole de la Commission souligne que ce sont les pouvoirs publics des différents pays qui sont surtout responsables de la mise en œuvre de ces projets stratégiques, et notamment de la consultation des populations locales, “conformément aux règlements nationaux”.

Santos Barrios estime qu’il faut veiller à prendre en compte toutes les opinions et à minimiser les dégâts environnementaux, mais que c’est au personnel qualifié que doit revenir le dernier mot.

Interrogé sur une éventuelle consultation de la population sur le projet stratégique de Cañaveral, ainsi que sur ses modalités, le gouvernement de la région d’Estrémadure, en Espagne, n’a pas donné suite à notre demande.

Quelque temps auparavant, la directrice générale de l’industrie, de l’énergie et des mines de la région, Raquel Pastor, nous avait dit :

“Les projets qui génèrent de l’emploi, de la richesse et du développement dans la région sont les bienvenus, quelle que soit leur nature, dès lors qu’ils respectent les règlements, en particulier en matière d’environnement bien sûr, et la loi.”

Quant aux compagnies minières, elles ont promis dans la plupart des cas de minimiser l’impact de leurs opérations sur les milieux naturels et d’œuvrer en faveur du développement rural.

Les entreprises étrangères dans les starting-blocks

Ainsi, Ramón Jiménez Serrano, le PDG d’ENE, nous a assuré que la mine de Cáceres – qui prévoit également d’accueillir une usine de raffinage à proximité – n’utiliserait que des eaux usées traitées et n’aurait donc pas d’incidence sur les réserves d’eau locales. Malgré cela, la demande de permis déposée par l’entreprise auprès du service des eaux a été rejetée.

Selon Steve Emerman, un expert indépendant spécialisé en géophysique et en exploitation minière qui a été appelé à témoigner devant le Parlement européen sur cette question :

“On ne connaît aucun cas de mine industrielle moderne dont l’exploitation et la fermeture n’ont pas entraîné de pollution de l’environnement.”

Par un après-midi froid et venteux de janvier, à 150 kilomètres au nord de Cáceres, une centaine de personnes venues des villages voisins, dont le prêtre local, se pressent dans le centre culturel de Ciudad Rodrigo, une ville de la région de Salamanque ; elles sont venues assister à une réunion de présentation des conséquences d’un autre projet d’exploitation minière de lithium dans la région.

Le projet en question, mené par une autre société minière australienne, Energy Transition Minerals, en est encore à ses tout débuts et ne figure pas sur la liste des projets stratégiques de l’UE, mais il fait naître de plus en plus d’inquiétudes quant aux effets qu’il pourrait avoir sur le paysage de la région et sur les emplois traditionnels. Selon l’entreprise, Salamanque est la région d’Europe qui possède la plus forte concentration de matières premières d’importance majeure (lithium, cuivre, tantale).

Dans ce domaine, les entreprises étrangères sont de plus en plus nombreuses à vouloir prendre le train en marche en Europe. Beaucoup sont des “petites” sociétés minières qui ne disposent pas de la capacité financière et technique d’extraire les matériaux du sol, explique Steve Emerman : “Elles veulent simplement obtenir le permis pour pouvoir le revendre ensuite à quelqu’un en mesure de mener à bien le projet.”

“Bon filon” en Bosnie

En Bosnie-Herzégovine, un pays candidat à l’adhésion à l’UE, où la ruée vers le lithium a atteint la petite ville de Lopare, dans le nord-est du pays, la population locale craint d’être dans ce cas de figure. En 2023, la petite société minière suisse Arcore AG a annoncé avoir trouvé un “bon filon” dans cette région vallonnée et densément boisée, aux riches gisements de lithium. Elle attend actuellement que sa demande d’octroi de concession soit approuvée par l’administration de la République serbe de Bosnie, l’une des deux entités gouvernementales du pays.

Azra Berbic, avocate engagée dans la défense de l’environnement, pense que, selon toute probabilité, une autre entreprise, disposant de plus de ressources et de fonds, va racheter la concession pour procéder à l’extraction du lithium : “On a déjà connu ça par le passé. C’est pourquoi la population locale est si inquiète ; elle craint que l’accord ne soit vendu à une entreprise comme Rio Tinto.”

À lire aussi : Reportage. Le Pacte vert va enrichir la Bosnie, mais aussi la polluer

Pour l’instant, ce conglomérat australo-britannique, l’une des plus grandes sociétés minières du monde, ne s’est pas montré officiellement intéressé par Lopare. Rio Tinto souffre d’une image très négative à cause de ses pratiques en matière d’environnement et de travail dans le monde entier, notamment dans la Serbie voisine, où son investissement de 2,4 milliards de dollars [environ 2 milliards d’euros] dans un projet de mine de lithium à Jadar [dans l’ouest de la Serbie] a soulevé une vague de protestations.

Lorsqu’elle avait annoncé le lancement du projet en 2021, l’entreprise avait pourtant affiché sa volonté de limiter au maximum son impact sur la population locale. Elle comptait construire la mine de Jadar “dans le respect des normes environnementales les plus sévères”, en ayant en particulier recours à un empilage à sec des résidus pour éviter leur stockage dans une digue de retenue, et en traitant l’eau pour qu’elle soit à 70 % de source recyclée.

Première mine de lithium souterraine

Dans le cas de la mine espagnole de Cáceres, ENE a déclaré qu’elle fonctionnerait avec 100 % d’énergie renouvelable, même si son PDG, Ramón Jiménez Serrano, a admis qu’il n’était pas encore possible de faire tourner à l’électricité toutes les machines de surface nécessaires.

À Salamanque, le porte-parole d’Energy Transition Minerals, Jorge Gil Mediavilla, explique que “[son] entreprise a accepté de renoncer à exploiter la mine à ciel ouvert, en choisissant plutôt de procéder à de petites opérations minières souterraines très concentrées, quitte à gagner moins d’argent”.

Il n’en reste pas moins que certains spécialistes se montrent sceptiques quant à la viabilité du projet. “Je doute qu’il soit rentable”, dit Antonio Areas, un acteur de longue date du secteur minier dans la région, tandis que le géologue Antonio Aretxabala fait remarquer qu’il s’agira de la première mine de lithium souterraine au monde.

Selon Ángel Sánchez Corral, le porte-parole du collectif antimine El Rebollar Vivo à Salamanque, beaucoup d’habitants des communes concernées ne sont pas convaincus par la pression que met l’UE pour promouvoir la production locale de minerais essentiels, ni par les promesses de croissance économique et d’emploi que leur font miroiter leurs dirigeants politiques.

“Le lancement de ces projets stratégiques par l’UE constitue un pas en arrière en termes de protection de l’environnement et de droits sociaux et territoriaux, au profit de l’industrie extractive et des entreprises spéculatives. Cela nous fait perdre confiance dans les institutions de l’UE”, regrette le militant.

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No mine in Gàllok

Ce livre parle d’une lutte contre un projet de mine de fer à ciel ouvert, au cœur de l’élevage de rennes des Samis à Gàllok. En mars 2022, le gouvernement suédois a accordé à l’entreprise britannique Beowulf Mining une autorisation d’exploitation. La future mine se situe au cœur du territoire Sapmi occupée par les Suédois, l’accaparement colonial de ces terres fait l’objet de fortes contestations. En 2013, un forage d’essai à Gallok a suscité une résistance croissante sous la forme d’un barrage routier et d’un camp de protestation. À l’occasion du dixième anniversaire de cet événement et dans le contexte d’une acuité croissante de l’affaire Gallok, ce livre offre un aperçu du contexte plus large de l’exploitation coloniale et de la dévastation environnementale au sein de ce territoire sous domination suédoise.

en papier [en anglais]
en PDF [en anglais]
site autours de la lutte [pas d’activités depuis 2022]

 

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Incendie de véhicules dans une carrière à Thin-le-Moutier

[pompé sur le parisien]

Des incendies dans les Ardennes et en Charente (le 10 septembre)

Plusieurs nouveaux incidents ont été relevés depuis 11 heures dans les zones de compétence de la gendarmerie. Ont été recensés des dégradations dans une carrière de Thin Le Moutier (Ardennes) où deux véhicules ont été incendiés et la destruction, par le feu, d’un pylône de télécommunications à Barbezieu Saint Hilaire (Charente).

 

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Collectif Stop Taranis – Un RDV à ne pas manquer

[reçu par mail]

[annulé]

Collectif Stop Taranis

Bonjour à toutes et à tous,

La rencontre devant la mairie des Fougerêts mercredi 17 septembre est pour le moment suspendue.
Un entretien va avoir lieu entre des membres du collectif et le maire de Les Fougerêts lundi soir, une décision sera ensuite prise pour le maintient ou non du RDV.

Nous vous tiendrons informé-es.
Merci de votre compréhension

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RENDEZ-VOUS devant la mairie des Fougerêts mercredi 17 septembre à 16h30 pour rencontrer Jean-Pierre Kucheida.
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Mais c’est qui Jean-Pierre Kucheida ?

Mr KUCHEIDA est président de l’ACOM FRANCE (Association des COmmunes Minières de FRANCE) qui viendra rencontrer plusieurs élu-es du territoire concerné par le PERM Taranis à la mairie de Les Fougerêts.
Autant vous dire que Mr KUCHEIDA n’est pas un allié pour la lutte contre ce sinistre projet, voyez plutôt en lui un lobbyiste au service de Breizh Ressources.

Site de l’ACOM France : https://www.acomfrance.org/l-association/

Condamné une fois, mis en examen une autre !
Mr Kucheida a été condamné pour abus de bien sociaux en 2013 dans l’affaire de la Soginorpa (bailleur social du Nord Pas de Calais qu’il présidait), l’ex député maire avait utilisé la carte bleue du bailleur social à des fins personnelles (hôtels et restaurants de luxe, bijoux etc.).
Il a été également mis en examen pour corruption passive en 2014
Affaire de 2013
Affaire de 2014

Vous êtes donc les bienvenu-es pour faire sonner les casseroles pour rappeler à Mr Kucheida qu’il en traine plusieurs derrière lui et qu’il n’est pas le bienvenu par ici.

Diffusez-moi !

Plus nous serons informés, plus nous serons forts. Alors si vous aimez recevoir les Taranews, diffusez-les ! Pour inscrire un proche, rien de plus simple, [cliquez ici]

S’informer sur le projet Taranis

Le site internet du collectif Stop Taranis est aussi régulièrement mis à jour et propose de nombreuses rubriques : boîte à outils, liste d’articles de presse, livres, podcasts, vidéos etc. N’hésitez pas à le visiter et à le partager autour de vous : https://www.stop-taranis.org/
Un Framagroupe existe également (peu actif pour le moment mais peut par exemple servir à communiquer les actus sur une commune et donc garder le lien entre communes).
Pour vous inscrire, il faut envoyer un mail à partir de la boîte mail sur laquelle vous voulez recevoir les messages du groupe à l’adresse : sympa@framagroupes.org
Dans le corps du mail : subscribe stoptaranis Prénom Nom (et rien d’autre).

Rejoindre le collectif

Si vous souhaitez rejoindre le collectif, vous pouvez nous envoyer un e-mail en cliquant sur le bouton « nous contacter« , en précisant sur quelle commune vous vous trouvez, nous vous mettrons en lien avec le collectif de votre commune.

Septembre 2025 – Le collectif des habitant.e.s

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Rencontres autour de l’extractivisme – Focus sur le projet de mine de lithium dans l’Allier

[pompé sur ricochets]

La mine ? Pfffff. Sujet ringard pour les féru.es d’histoires, de traditions ou pour les nostalgiques du syndicalisme ouvrier. Faut tourner la page. Fini les gueules noires depuis la google gloire.
Si tu penses comme nous que la société occidentale (quoi y en a d’autres ?!) est devenue immatérielle et post-industrielle, qu’elle s’est affranchie de la matière, qu’on ne creuse plus sous la terre grâce aux datacenters et que l’électricité viens du ciel avec les éclairs, peut-être qu’on pourrait aller faire un tour aux rencontres du 18,19 et 20 septembre.
Ces jeudi, vendredi et samedi, on aura trois occasions d’interagir sur l’extractivisme en compagnie des membres du collectif STOPMINE 03 en lutte contre le projet de mine de lithium en plein centre du pays.

- Rendez-vous le jeudi 18 septembre à 17h30 à « La colo des aubanneaux » au 50 chemin des aubanneaux à la Chapelle en Vercors pour une présentation de STOPMINE suivi d’une discussion sur les liens entre colonialisme et extractivisme. Cantine, puis à 21h, projection du film « Neptune Frost », fiction afro-futuriste.

- Puis rendez-vous le vendredi 19 septembre à 17h30 au café associatif l’Hydre au 1 rue de la république à Crest pour une présentation de STOPMINE, prolongée d’un échange sur le mythe de la transition. Cantine, puis à 21h, conférence gesticulée « La transition énergétique : Mais si, je peux être contre tout ».

- Enfin rendez-vous le samedi 20 sept (sans ton chien s’il te plaît) dès 14h au Moulinage de la Roche au 745 route du Cheylard, quelques kilomètres après Saint-sauveur de Montagut. À 14h30, lectures et débats en petits groupes à propos d’expériences internationales autour des luttes contre l’extractivisme. Là, une pause crêpe. Puis à 17h30, présentation de STOPMINE et discussion sur l’opposition au projet l’exploitation de lithium dans l’Allier.
Cantine, et à 21h, début des concerts. Ça commence avec « Trois petits chats », rap des gouttière et ensuite viendra « Pu$$y tunning », boom reggaeton.

Sur ces trois événements à prix libre, tu trouveras infokiosque, bar et cantine. Si nous devions récolter de l’argent, il irait renflouer les caisses de STOPMINE 03 et du journal contre l’extractivisme « Sans Dessous Dessus ».

Sur ce, peut-être à bientôt.

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Le centre historique de la ville suédoise de Kiruna « déménagé » pour continuer à exploiter la mine voisine

[pompé sur lemonde]

Longtemps, la population de cette ville du nord de la Suède a accepté que la mine de fer, qui fragilise les sols, dicte son sort. Mais la frustration grandit et l’aide de l’Etat est exigée alors qu’un nouveau tiers des habitants va devoir être délocalisé.

Les images ont fait le tour du monde. Un peu après 8 heures, le 19 août, l’église en bois de Kiruna, construite en 1912, à 150 km du cercle polaire, s’est lentement ébranlée, sous le regard de centaines de spectateurs. Haute de 35 mètres et pesant 672,4 tonnes, portée par une remorque équipée de 224 roues, elle a parcouru 5 km en deux jours, avant d’atteindre son nouvel emplacement. Filmée par trente caméras, cette prouesse a été retransmise en direct sur le site de la télévision publique suédoise SVT.

Préparé depuis des années, l’événement devait être le point d’orgue d’un projet pharaonique, décidé en 2004, consistant à déménager le centre historique de la ville minière et au moins un tiers de ses 23 000 habitants, pour continuer à exploiter le minerai de fer de ses sous-sols. Pour célébrer cet instant, la compagnie publique Luossavaara-Kiirunavaara AB (LKAB), qui finance l’opération, a offert aux habitants de Kiruna un grand concert, avec la star de la variété, Carola Häggkvist, en présence du roi Carl XVI Gustaf.

Mais le 28 août, l’ambiance festive a laissé place à la consternation. Lors d’une conférence de presse, le PDG de LKAB, Jan Moström, a annoncé que le chantier continuait : 2 700 logements supplémentaires, concernant 6 000 personnes, allaient devoir être déplacés dans les dix prochaines années. Une délocalisation indispensable, selon Jan Moström, pour permettre à la compagnie de poursuivre l’exploitation de la mine, qui provoque une déformation des sols, plaçant désormais la ville de Kiruna au bord d’un gouffre. Pour le patron de LKAB, la nouvelle est « fondamentalement positive », car elle signifie que « nous avons tant de minerais que nous pouvons poursuivre nos activités et investir dans notre avenir commun », a-t-il expliqué.

« Ma chère ville natale est à genoux »

Joint par téléphone, le maire social-démocrate, Mats Taaveniku, est loin d’être aussi enthousiaste. « Nous savions que d’autres habitants allaient devoir déménager et nous nous préparions. Mais le scénario qui nous a été présenté est pire que ce que nous avions imaginé », commente-t-il. L’édile avoue qu’il ne sait pas comment sa petite commune va pouvoir mener de concert la transformation urbaine en cours – dont « 30 % à 40 % reste à réaliser » – et préparer la phase suivante. A Kiruna, la majorité de la population semble se résoudre à la décision de transférer la ville à quelques kilomètres de son emplacement actuel.

Inenvisageable, une solution aurait été de fermer la mine, joyau de la compagnie LKAB, elle-même fleuron de l’industrie suédoise, qui fournit 80 % du minerai de fer extrait en Europe et contrôle un des plus grands dépôts de terres rares du Vieux Continent. Dans la commune, 4 000 personnes travaillent pour LKAB et 4 000 autres emplois dépendent de la mine, selon le maire. Le déménagement s’est donc rapidement imposé, malgré le prix exorbitant de l’opération. LKAB a déjà déboursé 23 milliards de couronnes (2,09 milliards d’euros) – dont un demi-milliard pour le transfert de l’église – et a provisionné 9,5 milliards supplémentaires. Mais si le pragmatisme dominait jusque-là, la colère gronde depuis l’annonce du PDG.

« Ma chère ville natale est pillée et à genoux », écrit l’écrivaine Ann-Helén Laestadius, dans une tribune très commentée, publiée dans le quotidien Dagens Nyheter, où elle rappelle que « les milliards générés par la mine sont investis dans le Sud [de la Suède], tandis que Kiruna souffre ». Sur les réseaux sociaux, des habitants réclament des compensations et s’inquiètent pour l’avenir de leur ville endettée, en perte de repères, à mesure qu’ils disparaissent ou sont déplacés.

Déménager les vivants… comme les morts

En avril 2024, LKAB et Kiruna ont signé un accord, prévoyant le versement de 227 millions de couronnes (plus de 20 millions d’euros) à la municipalité pour des frais imprévus liés au déménagement. Insuffisant selon le maire. Car en plus de souffrir d’un manque chronique de main-d’œuvre, en raison des salaires élevés offerts par la mine, Kiruna fait face à la flambée des coûts et voit ses dépenses s’alourdir, tandis que les habitants, qui ont dû déménager, subissent des hausses de loyer. Une injustice, dénonce Mats Taaveniku, qui rappelle qu’en vertu de la loi suédoise, LKAB ne verse pas une couronne de taxe à la municipalité. Si l’Etat ne met pas la main à la poche, avertit-il, « la relocalisation ne pourra être menée à temps et la production de la mine va devoir baisser ».

Par ailleurs, certaines questions sensibles restent à résoudre. Parmi elles, celle du sort des 5 000 défunts, dont les cendres ont été dispersées depuis un siècle dans un jardin du souvenir, ou entreposées dans le columbarium, qui jouxtaient l’église, avant d’être transportés à 5 km de là. « Déménager les vivants est bien plus aisé que les morts », constate Roger Marjavaara, professeur associé de géographie du tourisme à l’université d’Umea et coauteur d’une étude sur la relocalisation des cimetières suédois. « Le principe du repos éternel des défunts est universel, mais il est en contradiction avec la mobilité qui caractérise le monde des vivants », observe-t-il.

Les habitants de la cité minière ont finalement accepté le transfert de leurs morts. Mais ils y ont mis une condition : aucun d’entre eux ne saurait être abandonné sur un terrain qui, à terme, pourrait être englouti sous terre sous l’effet de la fragilisation continue du sol liée à l’exploitation de la mine.

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Zines – Le réseau de pouvoir derrière la mine de CopperWood

[pompé sur unsalted]

Highland Copper, une compagnie canadienne sans expérience, s’est vu proposé une surface de 323 acre [environ 1,3 km2] pour une mine de sulfure dans les montagnes du Porc-Épic dans le Michigan, parfois à seulement 100 pied [environ 30 m] du lac Supérieur.

Utilise ces ressources pour cibler les personnes qui vont tirer profit de la destruction de nos biens-aimés forêts et cours d’eau.

[Format brochure]

[format page par page]

Ressources additionnels :
• Highland’s Youtube video about Copperwood Project Update is very revealing:
https://www.youtube.com/watch?v=Qprq0AzHO58
• Instagram: @gichigami_guardians
• Additional zines about Copperwood Mine: https://linktr.ee/gichigami.guardians
• Protect the Porkies website: https://protecttheporkies.com/home

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Publication des décrets d’application de la réforme du code minier

[pompé sur mineralinfo.fr]

Quatre décrets, pris en application de la partie législative du code minier, ont été adoptés en conseil des ministres du 27 août 2025, rénovant les modalités de gestion et de valorisation des ressources et des usages du sous-sol.

Ces décrets portent sur les substances de mines, les gîtes géothermiques, les granulats marins et les stockages souterrains pour lesquels l’État peut attribuer, par un titre minier ou une autorisation spécifique, l’exclusivité à une entreprise, charge à cette dernière d’obtenir les diverses autorisations lui permettant de mettre en œuvre ses projets.

Très attendue, la réforme du code minier engagée par la loi Climat et résilience et complétée par les ordonnances du 13 avril et du 10 novembre 2022 a visé, en particulier, à mieux prendre en compte la nécessaire protection des intérêts environnementaux, à renforcer la participation du public et la consultation des collectivités territoriales dans les décisions concernant les activités minières, ainsi qu’à accentuer la lutte contre l’orpaillage illégal en Guyane.

Les principales évolutions des procédures réglementaires présentées permettent :
• d’intégrer, en plus des enjeux économiques, les enjeux environnementaux et sociaux pour l’octroi d’un titre régi par le code minier ; une demande de titre pourra être refusée si le ministre chargé des mines émet un doute sérieux sur la possibilité de procéder à l’exploitation du gisement sans porter une atteinte grave aux intérêts environnementaux ;
• de compléter les textes d’application déjà pris visant à soumettre à autorisation environnementale les travaux miniers et instaurant l’obligation de constituer des garanties financières avant l’ouverture de travaux d’exploitation de mines et de gîtes géothermiques ;
• de renforcer la procédure de mise en concurrence ;
• de renforcer l’information et la participation du public et des collectivités territoriales pendant la phase d’instruction des demandes de titres avec la possibilité d’instaurer une commission de suivi de sites ;
• d’assurer des conditions justes, équitables et adaptées aux enjeux de développement durable des territoires des collectivités de Guadeloupe, Guyane, la Martinique, la Réunion, Mayotte, Saint Barthélemy, Saint-Martin, Saint-Pierre-et-Miquelon ;
• En particulier en Guyane, la constitution de garanties financières rendues obligatoires avant l’ouverture de travaux d’exploitation de mines a ainsi été adaptée à la situation des artisans guyanais. L’avis du Grand Conseil Coutumier sera systématiquement recueilli sur toute demande d’exploitation au sein des secteurs où les populations amérindiennes et bushinengues exercent des droits d’usage collectif comme la chasse, la pêche ou toute autre activité de subsistance. Les mesures de prévention et de lutte contre l’orpaillage illégal ont été également renforcées ;
• d’apporter des clarifications et des simplifications. Les textes prévoient la faculté de déposer en ligne les demandes de titres et d’autorisations, une procédure unique d’instruction en cas de demandes conjointes de géothermie et de substances de mines contenues dans les fluides caloporteurs du gîte de géothermie telles que le lithium. Par ailleurs, les procédures concernant les granulats marins sont désormais autoportantes et maritimisées.

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Fête de la narse de Nouvialle : où en est la lutte contre le projet d’Imerys ?

[pompé sur lamontagne.fr]

La 5e édition de la fête de la narse de Nouvialle (Cantal) a rassemblé du monde dans un but d’interroger les besoins essentiels pour vivre et les alternatives à la diatomée.

la narse de Nouvialle a eu lieu ce week-end des 30 et 21 août à Valuéjols avec une affluence avoisinant les 2.500 personnes et une augmentation d’adhésions où la barre des 4.000 a été atteinte pendant le rassemblement. Une parenthèse enchantée en termes de solidarité et d’espace pour réfléchir collectivement. Mais la lutte pour la préservation de la narse et contre le projet d’extraction de diatomite par Imerys, « c’en est où ? »

Cette année, le collectif pour la narse de Nouvialle a voulu prendre les devants et ne pas attendre le calendrier du projet de la multinationale. Pour ce faire, une tribune publiée dans Mediapart a été signée par 41 scientifiques et responsables associatifs. Ainsi qu’une pétition publiée l’an dernier et signée par plus de 31.800 personnes. « Notre objectif est que la narse devienne le symbole des zones humides à défendre au niveau national », indique Manon, représentante du collectif. Ceci a pu faire écho dans les ministères qui ont reçu le collectif. « Ils prennent le sujet au sérieux grâce à la pertinence de notre argumentaire au fil des années, explique à son tour Christophe. L’Etat est censé être garant de l’intérêt général ».

L’association est sur tous les fronts. Puisqu’en plus du front institutionnel, le collectif rencontrera prochainement des représentants d’Imerys faisant suite à un courrier envoyé à l’industriel pour demander l’abandon du projet. « On veut discuter des solutions pour ne plus utiliser de diatomite, ou recentrer ces usages, souligne Anthony Marques. On ne veut pas de carrière. »

La volonté est de questionner les usages. « Il faut s’interroger collectivement sur nos besoins essentiels pour vivre », interpelle-t-il.

« La narse n’est pas sauvée. Le combat n’est pas gagné », alerte-t-il. Cet instant collectif, une belle dose d’espoir et de solidarité pour réussir à réfléchir sur la société de demain respectueuse de l’environnement.

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Mine de lithium à Echassières : le ministre Marc Ferracci annonce environ 200 M€ pour le projet Emili et une réforme du code minier

[pompé sur lasemainedelallier.fr ]

En visite à Echassières sur le site de la future mine de lithium, Marc Ferracci, ministre de l’Industrie et de l’Energie, annonce 200M€, une réforme du code minier et le rail pour Emili.

Ce lundi 1er septembre, Marc Ferracci, ministre de l’Industrie et de l’Énergie, était à Beauvoir (Allier) pour soutenir le projet Emili. Cette mine souterraine de lithium, appelée à devenir la quatrième plus grande du monde et la première en Europe, doit sécuriser l’approvisionnement de la filière française des batteries électriques.

Le lithium: une ressource stratégique pour la France et l’Europe

Sous le granite de Beauvoir, Imerys développe depuis cinq ans le projet Emili. Le gisement est déjà connu pour son kaolin, exploité depuis des décennies. Mais c’est dans cette roche granitique profonde, riche en spodumène, que se trouvent les réserves de lithium.
L’objectif est clair : produire 34 000 tonnes d’hydroxyde de lithium par an, de quoi équiper 700 000 véhicules électriques et couvrir la moitié des besoins français.Projet Emili : « Un projet de territoire et de souveraineté »Devant les élus et les salariés réunis sur le site, Marc Ferracci a insisté sur la portée nationale de ce chantier : « Il n’y a pas d’Europe industrielle sans matières premières. Ce projet est à la fois un projet de territoire et un projet de souveraineté ».
Le ministre a rappelé les trois piliers de la stratégie française : extraire sur notre sol, diversifier les approvisionnements et développer le recyclage.

Trois annonces fortes

Un calendrier serré

L’étude de préfaisabilité est terminée. La prochaine étape sera la construction d’une usine pilote et une décision finale d’investissement attendue en 2027, avant une mise en production en 2030.
Le coût global du projet a été réévalué à 1,8 milliard d’euros, notamment pour intégrer des garanties environnementales supplémentaires. À terme, il doit générer 1 500 emplois directs et indirects dans le territoire.

La venue de Marc Ferracci à Beauvoir confirme la dimension
nationale du projet Emili. Mais les défis restent nombreux : obtention
des permis, financement et acceptabilité locale.

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« Pour la souveraineté du pays » : en visite dans l’Allier, le ministre de l’Industrie dit vouloir redynamiser la filière minière

[pompé sur lamontagne.fr]

Ministre de l’Industrie et de l’Énergie, Marc Ferracci était en déplacement, ce lundi matin, sur le site de la future mine de lithium d’Échassieres (Allier). Une mine érigée en symbole d’une nouvelle stratégie en matière de souveraineté énergétique.

Un symbole, car de cette carrière située aux confins de l’Allier et du Puy-de-Dôme sortiront dès 2030 près de 34.000 tonnes d’hydroxyde de lithium par an, de quoi fournir en batteries 700.000 véhicules électriques. De quoi, aussi, assurer une indépendance accrue dans l’accès à ce matériau ayant vocation à être toujours plus utilisé, notamment dans les véhicules et téléphones.

Echassières en symbole

« Nous avons clairement besoin de limiter nos dépendances à l’égard d’autres pays quant à l’approvisionnement en minérais critiques », a ainsi souligné le ministre, songeant notamment aux États-Unis et à la Chine. « Pour ça, nous avons besoin d’une stratégie. Et la capacité à extraire des minéraux sur notre sol, comme ici à Echassières, en fait partie. Tout comme le fait de développer une véritable filière industrielle, allant de l’extraction de lithium à la production de batteries. »
Cette stratégie d’autonomie « se traduit par un soutien financier de l’État, via notamment les plans France Relance et France 2030 », la société Imerys, porteuse du projet d’Echassières, ayant aussi vocation à bénéficier d’un crédit d’impôt de près de 200 millions d’euros.

Un inventaire des sous-sols 

Une somme tout sauf anodine pour un projet global estimé à 1,8 milliard d’euros, qui doit faire d’Echassières la première mine de lithium d’Europe, et l’une des quatre plus importantes au monde. L’exploitation sera en outre facilitée par une récente refonde du Code minier, laquelle vise à « simplifier les procédures d’instruction de titres miniers », mais aussi à « mieux prendre en compte la nécessaire protection des intérêts environnementaux ainsi que la participation du public dans les projets miniers ».

« En tout cas, nous avons à cœur que ces projets miniers soient compris et acceptés par la voie du dialogue », a conclu le ministre, rappelant qu’il avait aussi lancé, à l’échelle du territoire national, un vaste inventaire des potentielles ressources minières à exploiter.

Echassières en symbole

« Nous avons clairement besoin de limiter nos dépendances à l’égard d’autres pays quant à l’approvisionnement en minérais critiques », a ainsi souligné le ministre, songeant notamment aux États-Unis et à la Chine. « Pour ça, nous avons besoin d’une stratégie. Et la capacité à extraire des minéraux sur notre sol, comme ici à Echassières, en fait partie. Tout comme le fait de développer une véritable filière industrielle, allant de l’extraction de lithium à la production de batteries. »
Cette stratégie d’autonomie « se traduit par un soutien financier de l’État, via notamment les plans France Relance et France 2030 », la société Imerys, porteuse du projet d’Echassières, ayant aussi vocation à bénéficier d’un crédit d’impôt de près de 200 millions d’euros.

Un inventaire des sous-sols 

Une somme tout sauf anodine pour un projet global estimé à 1,8 milliard d’euros, qui doit faire d’Echassières la première mine de lithium d’Europe, et l’une des quatre plus importantes au monde. L’exploitation sera en outre facilitée par une récente refonde du Code minier, laquelle vise à « simplifier les procédures d’instruction de titres miniers », mais aussi à « mieux prendre en compte la nécessaire protection des intérêts environnementaux ainsi que la participation du public dans les projets miniers ».

« En tout cas, nous avons à cœur que ces projets miniers soient compris et acceptés par la voie du dialogue », a conclu le ministre, rappelant qu’il avait aussi lancé, à l’échelle du territoire national, un vaste inventaire des potentielles ressources minières à exploiter.

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En Guyane, la fausse solution de la mine légale contre l’orpaillage clandestin

[pompé sur reporterre]

Développer une réelle filière minière en Guyane est perçu comme la solution pour lutter contre l’orpaillage illégal. La stratégie est pourtant dans l’impasse.

25 mars 2024. Camp de la Légion étrangère de Camopi. Après les poignées de main protocolaires et un petit tour dans la forêt tropicale couvrant cette commune de l’est guyanais, Emmanuel Macron entame la grande annonce de son voyage en Amazonie française : le lancement d’un nouvel acte dans l’interminable drame qu’est devenue la lutte contre l’orpaillage illégal (LCOI).

En quelques phrases, le président de la République dévoile la philosophie de ce Harpie 3, dont la véritable nouveauté est un soutien appuyé à la « filière mine durable guyanaise ». À l’en croire, l’installation d’artisans miniers légaux permettra d’« occuper » le terrain convoité par les 7 000 à 8 000 travailleurs informels qui sillonnent impunément le territoire.

Malgré des baisses épisodiques notamment entre 2018 et 2023, où le nombre de sites clandestins a diminué de 1 080 à 793, l’extraction illégale d’or continue de sévir, dans les zones protégées de l’intérieur guyanais comme aux abords des villes du littoral.

Pire, des relevés récents auxquels Reporterre a eu accès montrent une tendance à la hausse, l’activité étant stimulée par un prix de l’or inédit, à 90 euros le gramme au prix de conséquences dramatiques. Depuis 2009, 65 km de cours d’eau ont été détruits en moyenne par an et les populations locales, en plus de voir leur environnement contaminé, sont régulièrement victimes de braquages et d’agressions. [1]

La mine, auxiliaire de l’armée

Sur le papier, le pari du gouvernement qui reprend les arguments de la Fédération des opérateurs miniers de Guyane (FedomG) est donc simple. Encourager la présence du secteur légal dans les zones ouvertes à l’exploitation minière facilitera le contrôle de ce vaste territoire amazonien tout en permettant à cette filière moribonde, qui n’extrait que 1 tonne d’or par an contre 5 pour l’informel, de se relancer.

L’environnement aura lui aussi tout à y gagner, assurent-ils, les miniers légaux étant astreints à des normes strictes comme l’interdiction du mercure, l’obligation de travailler en circuit fermé et de réhabiliter les sites.

En 2022, un premier assouplissement du Code minier a vu le jour. Trois ans plus tard, la loi de Simplification économique, adoptée par l’Assemblée nationale en juin, a offert un discret cadeau à la filière extractive, en écartant l’Office national des forêts (ONF) du processus d’autorisations de recherche minière.

Pourtant, une fois le vernis du « bon sens minier » effrité, la stratégie Harpie 3 ne résiste pas longtemps à l’épreuve des faits. « Ces discours ne s’appuient sur aucune étude. Les deux activités cohabitent partout sur le territoire et au contraire, les illégaux vont plutôt bénéficier des pistes ouvertes dans la forêt par les légaux », balaie un vétéran de la LCOI sous couvert d’anonymat.

Selon le WWF Guyane, 80 % des sites exploités légalement se situeraient effectivement à moins de 5 km d’un site illégal. L’ONG met régulièrement en avant le cas de la crique Nelson, près de Kourou, où les premiers clandestins sont apparus en 2018, juste après l’installation d’une mine légale venue confirmer la présence d’un gisement.

Impasse stratégique

Les artisans miniers guyanais sont d’ailleurs les premiers à reconnaître que cette installation ne suffira pas à relever les 300 à 400 militaires des Forces armées de Guyane (FAG) et les 50 à 60 gendarmes quotidiennement sur le terrain. « Si le site est très convoité, il peut y avoir une rancœur des illégaux. Il faudra donc un suivi et de l’accompagnement pour des raisons de sécurité », confirme l’un d’eux.

Même au sein du gouvernement, le mot d’ordre ne fait pas l’unanimité. Fin juin, l’Inspection générale de l’environnement et du développement durable (Igedd), rattachée au ministère de la Transition écologique, a estimé dans un avis sur l’octroi d’un permis exclusif de recherches (PER) que la stratégie de « prévention passive » de l’entreprise (la simple occupation de terrain) n’était « pas de nature à dissuader l’installation à proximité d’orpailleurs clandestins ».

Tous ces constats ont d’ailleurs déjà été dressés à l’issue d’une expérimentation entre 2013 et 2015, où dix sites illégaux ont été choisis pour y installer des entreprises avec une procédure accélérée. Le bilan a été « plus que mitigé », selon une commission d’enquête parlementaire qui pointait le maintien des clandestins à proximité des mines ou la faible rentabilité des sites, déjà en partie exploités et difficiles d’accès.

Des contaminations légales

En plus d’être un repoussoir illusoire, l’activité minière légale est loin d’être aussi verte qu’elle ne le prétend. Certes, il n’y a pas (encore) en Guyane de « mégamines industrielles » de type Montagne d’or, le secteur comptant surtout des entreprises artisanales exploitant l’or alluvionnaire sur des surfaces restreintes.

Pour autant, plusieurs études scientifiques récentes [2] dévoilent que la mine légale, si elle n’utilise pas directement du mercure, remobilise systématiquement ce métal potentiellement neurotoxique présent à l’état naturel dans les sols et massivement utilisé par le passé, jusque dans les cours d’eau.

Lire aussi : « Ils ont dit que ça irait dans mon bébé » : la Guyane empoisonnée par des métaux lourds

Quant à la réhabilitation des sites, si les pratiques « s’améliorent d’année en année », selon l’ONF et les entreprises spécialisées, la route est encore longue. Dans un rapport alarmant sur la forêt guyanaise, la Cour des comptes indique qu’une petite minorité seulement des exploitations échues obtiennent un quitus délivré par l’ONF et la préfecture, attestant de la bonne remise en état du site. [3]

Plusieurs agents de terrain avec qui Reporterre s’est entretenu déplorent aujourd’hui que cette « fausse piste » de la mine légale ne vienne éclipser les véritables solutions. Pour eux, comme pour les associations écologistes, la priorité est plutôt de renforcer la coopération transfrontalière (efficace avec le Brésil, mais amorphe avec le Suriname, base arrière de tous les trafics) et d’augmenter les moyens dédiés à la lutte contre l’orpaillage illégal, qui stagnent depuis des années à 70 millions d’euros.

La Cour des comptes ne dit pas autre chose en regrettant que les actions de la lutte soient « dimensionnées en fonction des moyens disponibles plutôt que d’objectifs définis », citant, par exemple le manque d’hélicoptères. Petite réjouissance, après des années de réclame, les FAG ont enfin reçu le 11 août deux aéronefs neufs qui remplaceront les antiques Puma SA330 conçus dans les années 1960…

Un trésor à 450 millions

Malgré ses limites, la « solution » de la mine légale infuse de plus en plus au sein de la société guyanaise, soucieuse de voir enfin le décollage économique du « péyi », où 1 personne sur 2 vit sous le seuil de pauvreté.

Le succès du séminaire sur les ressources naturelles de la Guyane, organisé fin mars à l’initiative du député indépendantiste de gauche Jean-Victor Castor illustre cette tendance. Sur deux jours, figures patronales et lobbyistes ont pu y disserter sur les vertus de la « mine artisanale durable et locale », dont la principale serait de pouvoir ramener au bercail le butin du pillage, estimé à près de 450 millions d’euros par an.

En face, il n’y a guère que les associations écologistes et quelques voix autochtones pour dénoncer publiquement un miroir aux alouettes. Au risque d’être accusés de vouloir « mettre la Guyane sous cloche » et de se voir arroger l’infamante étiquette du « colonialisme vert ».

Lutte décoloniale et anti-extractivisme sont pourtant loin d’être antinomiques. Il y a presque un siècle, à l’époque déjà des tamis et des bâtées, Léon Gontran-Damas, grande plume guyanaise de la Négritude, avait essayé d’alerter l’opinion publique sur « ces crises d’enthousiasme qui marquent périodiquement le destin négatif de la Guyane et barrent plus surement son développement par des espoirs inconsidérés que toutes les difficultés rencontrées sur place dans l’extraction de l’or ». [4]

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Sabotage chez Enbridge : Interruption du service sur la ligne 9B

[pompé sur Montréal Contre-Information]

Soumission anonyme à MTL Contre-info

La forêt boréale brûle, l’eau est empoisonnée, les arbres sont abattus jusqu’au dernier et les traités sont trahis. Le mirage que nous appelons « démocratie libérale » plie devant les lobbys du pétrole. On parle de nouveaux pipelines qui traverserons le pays comme autant de cicatrices, de nouveaux projets gaziers qui défigurerons le territoire.

De tout temps, notre histoire aura été celle d’une colonie d’extraction fondée sur le pillage et la dépossession. C’est à nous qu’il revient de mettre un terme au désastre.

Cette nuit, nous avons attaqué la ligne 9B. Ce tuyau de la mort serpente sur les terres volées aux peuples autochtones transportant le bitume le plus sale au monde au travers des cours d’eau, des villes et de nos vies. Nous avons frappé deux valves de contrôle, détruisant le matériel électronique avant de nous évanouir dans la nuit.

Ce sont désormais plus d’une dizaine de kilomètres qui échappent au contrôle d’Enbridge. Tant que les installations n’auront pas été réparées, y faire couler du pétrole est aussi dangereux qu’illégal.

Nous choisissons de désarmer Enbridge parce que le système actuel protège le profit et laisse mourir les écosystèmes. Nous agissons parce que chaque baril nous empoisonne, nous tue, coule à contre-sens de l’histoire. Nous sommes de celles et ceux qui regardent la vérité en face, qui prennent acte de l’urgence. Nous choisissons d’obéir à l’amour de la vie et de l’avenir.

La ligne 9B transporte la fin du monde baril après baril. Il est l’heure de s’en prendre directement aux infrastructures qui la provoquent.

Les installations concernées se trouvent à Saint-André d’Argenteuil (45°33’25.1″N 74°20’53.7″W) et Mirabel (45°36’42.3″N 74°04’46.6″W).

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Viviers (Ardèche) : voisins vigilants vs Lafarge

[pompé sur sansnom]

Ardèche. Engins incendiés, tag inscrit… Ce que l’on sait après l’attaque de l’usine Lafarge
Le Dauphiné, 21 août 2025 (extrait)

La cimenterie Lafarge du Teil, située sur la commune voisine de Viviers, a été la cible d’une attaque inédite dans la nuit du mercredi 20 au jeudi 21 août. Deux individus ont, entre 23 heures et minuit, incendié les cabines de deux chargeuses se trouvant dans la carrière. Une chargeuse est un imposant engin de chantier, une sorte de bulldozer.

Afin de pénétrer dans la « zone interdite » du cimentier dont l’entrée principale est gardée, et dont les autres accès sont barrés par des panneaux et du grillage, les deux complices ont vraisemblablement dû s’enfoncer dans les bois en empruntant un sentier escarpé et caillouteux.

Avant de quitter le site, les deux incendiaires ont inscrit un tag sur le mur d’un local technique se trouvant à proximité des engins : « voisins vigilants #10Septembre ». Une inscription qui fait référence aux appels à « tout bloquer » en France à cette date qui se multiplient sur les réseaux sociaux et qui sont relayés par certains syndicats et partis politiques.

Les gendarmes de la brigade de recherches du Teil et de la section de recherches de Grenoble sont en charge de cette affaire sensible qui impacte cette entreprise mondialement connue. Les investigations sont pilotées par le parquet de Privas qui a ouvert une enquête pour dégradations par moyen dangereux.

Les enquêteurs pourront, notamment s’appuyer sur les différents relevés effectués par les techniciens en identification criminelle de Privas, et par les enregistrements des caméras de vidéoprotection de la carrière. Au fil de la journée, des vérifications ont également été effectuées aux abords de la carrière lors de patrouilles pédestres.

Ce jeudi soir, les incendies n’avaient pas été revendiqués, mais les faits ont été relayés sur plusieurs plateformes contributives proches des milieux anticapitalistes et anarchistes.

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4 véhicules de Gitxsan Development Corporation incendiés à New Hazelton

[pompé et traduit de Montréal Contre-information]

Lundi, à New Hazelton, 4 véhicules appartenant à Gitxsan Development Corporation ont été incendiés.

Gitxsan Development Corporation travaille avec McElhaney Geomatics Engineering dont des véhicules ont été incendiés à Smithers et Terrace.

McElhaney Geomatics Engineering a été engagée pour construire les routes pour le projet de pipeline Prince Rupert Gas Transmission Line (PRGT). Plus d’informations sont disponible à propos de leur implication dans « Against Extractivism: PRGT and its Actor« .

Cet article est issue d’informations trouvées dans des médias locaux.

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Au Portugal, le combat acharné de villages contre une mine de lithium

[pompé sur reporterre]

Très mobilisée contre l’ouverture d’une mine de lithium, une communauté rurale du nord du Portugal fait preuve de créativité pour attirer l’attention sur sa lutte. L’Europe et le gouvernement portugais, eux, soutiennent le projet.

« Les personnes, l’agriculture, l’eau et l’air pur valent-ils plus que 1 tonne de lithium ? » Les huées montent dans la foule, massée en arc de cercle face à la petite église devant laquelle se tient une avocate en robe noire. À sa gauche, neuf témoins venus exposer leurs griefs. À sa droite, un juge les écoute, marteau à la main.

Un peu plus loin, le mis en cause est ligoté à un poteau. Dans le fond, la verdeur impassible des montagnes du Barroso, tout au nord du Portugal, contemple les débats de ce tribunal populaire. Celui que tous appellent « le salopard » (« sacana ») sera bientôt lynché à coup de bêches, devant une foule ravie de voir ce pantin de carton et de papier servir d’exutoire.

Nous sommes le 9 août, sur la place de la communauté rurale de Covas do Barroso. À l’initiative de membres de l’association Unis en défense de Covas do Barroso (UDCB), ce procès est une mise en scène satirique dénonçant un projet appuyé par le gouvernement portugais et par Bruxelles. Sur cette zone reconnue pour sa valeur agroécologique et ses paysages, l’entreprise britannique Savannah Resources tente d’ouvrir le plus gros site d’extraction de lithium à ciel ouvert de l’Union européenne.

Lire aussi : Adieu pâturages : au Portugal, une dévastatrice mine de lithium à ciel ouvert

D’ici 2027, quatre mines pourraient être installées sur les terrains de cette petite communauté rurale. Depuis plusieurs années, une forte mobilisation en fait l’un des cas emblématiques de la lutte contre l’extraction de matières premières critiques (MPC). Celles-ci sont considérées comme essentielles à la transition énergétique, la numérisation et l’industrie de la défense.

Une zone classée Patrimoine agricole mondial

Du 8 au 10 août, l’UDCB a organisé un nouveau campement pour appuyer cette lutte. À la table des témoins, Maria, agricultrice de 59 ans, laisse éclater son indignation. « Savannah est entrée sur nos terrains sans autorisation. Quand nous nous en sommes rendus compte, ils en avaient déjà détruit une partie. On les a foutus dehors. Mais ils sont revenus avec pleins de gendarmes. Ils nous ont donné un quart d’heure pour partir. Sinon, ils nous arrêtaient tous. On a eu peur », raconte-t-elle à Reporterre.

Des forages non autorisés ont été réalisés sur un de ses terrains. « J’ai grandi ici, comme mes parents. L’un de mes fils a émigré, l’autre est resté par amour pour ce lieu. C’est un petit coin de paradis. Je ne m’en rendais pas compte avant de risquer de le perdre », témoigne Maria.

Dans le hameau de Romainho (rattaché à Covas do Barroso), Daniel, lui aussi agriculteur, cueille un brin de verveine pour indiquer d’où vient l’odeur qui embaume sa petite parcelle. « C’est ce pâturage qui rend notre viande si bonne. Ici, nous ne mettons pas de produits chimiques dans la terre. Nous cultivons de manière ancestrale. On ne fait pas dans la quantité. Tu ne trouves pas cette qualité en Espagne, ni en France ! » assure le robuste sexagénaire. Cette parcelle n’est plus utilisable, car elle est incluse dans la « zone de sécurité » des terrains miniers. Quelques centaines de mètres plus bas, des sillons de terre nue ont été creusés dans le sous-bois, d’où Savannah extrait des échantillons à analyser.

Le Barroso abrite un système agricole rare, qui préserve la biodiversité et façonne ses paysages. Des allées étroites serpentent entre les maisons de pierre sèche des hameaux. Un berger munit d’un bâton court guide ses bêtes avec de petites tapes dans la croupe. Des murets séparent des terrassements irréguliers, dans le vert de cette région aux nuages généreux. La zone est classée Patrimoine agricole mondial par l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation (FAO) : un label rare, le seul décerné au Portugal.

Une lutte qui mobilise de plus en plus

Près de 200 personnes ont participé au campement cette année. La plupart venaient d’autres régions du pays, certaines d’Espagne ou de plus loin encore. Depuis la première édition, il y a cinq ans, le nombre de participants a doublé. « C’est la première fois que je viens. Il faut rencontrer l’endroit, sa beauté pour en tomber amoureux et avoir envie de le défendre » , estime Marta Conde, qui vit à Barcelone. Chercheuse universitaire, elle milite contre la multiplication des projets miniers en Espagne.

« Nous sommes peu nombreux à Covas do Barroso : autour de 150 habitants permanents. Plus il y a de monde disposé à venir et aider, mieux c’est. C’est un campement de lutte, mais aussi de chaleur humaine et de bons moments », souligne Aida Fernandes, figure de proue d’UDCB, assise à l’ombre des arbres qui bordent la rivière Covas, laquelle coule en contrebas des hameaux. Un peu plus loin, des participants se baignent, se prélassent sur l’herbe ou jouent quelques accords de guitare.

Les participants au procès fictif ont pu lyncher le pantin représentant le mis en cause, à l’issu du procès.

« Le peuple du Barroso est juste. […] Ici, ce sont les gens qui décident », proclamait le juge en introduction des débats. Ces mots traduisent une idée bien enracinée ici. Les « baldios », un système de terres communautaires, sont officiellement gérés par une assemblée délibérative qui réunit tous les habitants, dotés d’une voix chacun. « Jusqu’à aujourd’hui, l’assemblée s’est toujours prononcée contre le projet », insiste Aida Fernandes, également présidente du conseil exécutif de l’assemblée locale.

La Covas serait aussi menacée. Selon l’ONG ClientEarth, les plans présentés par Savannah ne sont pas clairs quant à la provenance des très grandes quantités d’eau nécessaires à l’exploitation des quatre mines. L’entreprise prévoyait de pomper celle de la rivière, avant d’être contrainte de revoir sa copie. Mais des habitants craignent encore qu’elle en utilise, si elle parvient à s’installer. Quant au barrage qui doit contenir les résidus d’exploitation toxiques, il présenterait plusieurs faiblesses. D’après un rapport d’expert, une rupture entraînerait une catastrophe écologique majeure et pourrait polluer le fleuve Douro, en aval.

La Commission européenne interpellée par des ONG

Le gouvernement portugais, lui, ne s’est jamais opposé au projet. En décembre, il a même concédé une « servitude » administrative à Savannah Resources, afin de lui permettre d’opérer sur des terrains privés. En mars, le Barroso Lithium Project a été déclaré « projet stratégique » par la Commission européenne. C’est l’outil clé du règlement européen pour développer une industrie minière des matières premières critiques (CRMA). Le projet devrait donc bénéficier d’un appui politique et institutionnel renforcé, de financements européens et de délais de traitement des autorisations réduits à vingt-sept mois maximum (contre dix ans en moyenne). Contactés par Reporterre, les ministères de l’Environnement et de l’Énergie n’ont pas donné suite. Savannah Ressources n’a pas non plus répondu à nos questions.

Lire aussi : « Le lithium est une impasse » : dans l’Allier, des centaines de manifestants contre le projet de mine

Le Barroso Lithium Project a fait l’objet d’un recours contre la déclaration de projet stratégique, porté par UDCB, l’ONG ClientEarth et le réseau Miningwatch Portugal. « Pour déclarer un projet stratégique, la Commission européenne doit s’assurer du respect des critères garantissant une mise en œuvre de manière durable. D’après les informations dont nous disposons, il y a des lacunes très importantes sur la consommation d’eau, l’évaluation de l’impact sur la biodiversité, le risque d’accident majeur et les effets sociaux adverses », souligne Ilze Tralmaka, avocat à l’ONG ClientEarth. Quatorze recours similaires ont été déposés, mais tous n’ont pas eu autant de visibilité.

Après être apparue dans un documentaire diffusé sur Arte, la collectivité de Covas do Barroso a fait l’objet d’un film en 2024. « Il y a eu un récit à la David contre Goliath, puis un engouement médiatique. Il y aussi une bataille narrative avec la Commission et le gouvernement portugais, analyse Nik Völker, de Miningwatch Portugal. Actuellement, l’attractivité de l’Europe pour les investisseurs est très limitée. Mais si la mine du Barroso est une « success story », ça pourrait avoir un effet d’appel », estime-t-il.

À Bruxelles, la Commission dispose de vingt-deux semaines pour répondre à la requête des trois organisations. Si elle rejette leur demande, l’affaire pourrait être portée devant la Cour de justice de l’Union européenne (CJUE), où une longue bataille judiciaire serait probablement engagée. À Covas do Barroso, le verdict est déjà tombé : la « sacana » est coupable.

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La BKW brûle – Quelques nouvelles du projet de fracking à Glovelier

[pompé sur Renversé]

Le sujet du projet de fracking à Glovelier était quelque peu retombé dans l’oubli. Mais le chantier n’est pas encore terminé, rien n’est encore perdu, nous pouvons encore l’arrêter.

Apparemment, la BKW a pensé que ce serait une bonne idée de participer au projet et de poser son logo sur le chantier de fracking.
Presque pile à temps pour le 1er août, célébration du prétendu fédéralisme et de la soi-disant démocratie en Suisse, BKW a été punie pour ce geste ! Un feu d’artifice de résistance a illuminé le ciel nocturne de Delémont, plusieurs véhicules et un abri ont pris feu. Car ignorer la population ne restera pas impuni !

À la BKW : retirez-vous de cette saloperie. Immédiatement !

P.S : Pour en savoir plus sur la lutte contre le projet de fracking à Glovelier, voir l’article “Ni ici, ni ailleurs ! De la luttte locale contre la géothermie profonde à la solidarité globale”.

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UN DIMANCHE POUR SALAU

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Des camions McElhanney incendiés à Smithers

[pompé et traduit de BC COUNTER INFO]

voitures-McElhanney

Le 10 août 2025 vers 4h du matin, deux camions appartenant à McElhanney on été incendiés à Smithers, dans la provience de la Colombie-Britannique, au Canada.

McElhanney est une entreprise qui fournit des services de conseils au projet PRGT. Le Prince Rupert Gas Transmission (PRGT) est un projet de gazoduc allant de Hudson’s Hope jusqu’à un futur terminal flottant sur la côte Nisga’a.

Vous pouvez en savoir plus sur leur implication par ici [en Anglais] : Against Extractivism: PRGT and its Actor et Arson attack in Terrace BC

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