Camping sur fracking 4

[pompé sur renversé]

Nous ne voulons pas de ce projet !
NI ici, ni ailleurs !

Le Camping-sur-Fracking se mettra en place pour la quatrième fois à Glovelier dans le Jura. L’infrastructure sera montée le samedi, toute aide est la bienvenue. Le programme est bientôt complet. Il va être difusé le plus vite possible. Discutions, films militants, témoignages, résumés de ce qui se passe sur le site et concerts seront au menu pendant le 9 jours. Nous nous installerons juste à coté du projet de géothermie profonde de l’entreprise Geo-Energie Suisse.

Contact : campingsurfracking@immerda.ch

Le projet : la géothermie profonde expérimentale. De telles tentatives ont déjà eut lieu à St. Gall, en Alsace, à Bâle et à Pohang (Corée du Sud). Ces deux dernières expériences, auxquelles Geo-Energie Suisse et ses actionnaires ont également pris part, se sont d’ailleurs soldées par de forts tremblements de terre. L’entreprise considère sa participation à ces précédents projets comme une chance, car cela leur aurait permis d’avoir accès à de précises informations. Mais une autre interprétation est possible : partout ou elle a participé, les projets ont pris une mauvaise tournure. Malgré cela, Geo-Energie Suisse présente le désastre à venir ici, comme un nouveau projet pilote.

Cela fait 12 ans que Geo-Energie Suisse planifie un projet dans la commune d’Haute-Sorne. 12 ans également qu’une lutte se manifeste contre ce projet. Hormis le risque de tremblement de terre, les aspects suivants peuvent s’ajouter à la liste des « effets secondaires » possibles : Pollution de l’eau, bruits, augmentation de la circulation routière, notamment de camions, pollution des terres agricoles aux alentours et une tour de 65 m de haut illuminée. Sans compter que les déchets pollués vont être déposés à la déchetterie de Boécourt et les 100’000 litres d’eau nécessaires chaque jour pour cette expérimentation seront prélevés dans le ruisseau avoisinant, le Tabeillon. Comme cela ne sera évidemment pas suffisant, la prochaine source d’eau pourra être l’eau potable de la région, alors que la situation de cette dernière est déjà critique en termes de quantité disponible. Elle risque de manquer pour la population et l’agriculture locale.

Geo-Energie Suisse ne fournit pas d’arguments valables au sujet de cette liste d’effets secondaires, mais formule quelques explications rhétoriques et tentatives marketing. En voici quelques exemples : dans sa description, l’entreprise ne cesse d’indiquer que ce projet de géothermie profonde est un projet « de sources nouvelles et durables d’énergie », « d’énergie renouvelable et locale », « une source d’énergie pour le futur », « une source d’énergie sure, durable, compétitive et à faible impacte climatique ». Ils thématisent légèrement les mots clefs de la politique climatique. Depuis quand quelque-chose est-il durable uniquement parce qu’on le nomme de la sorte ?
Pour que nous nous adaptions à ce genre de communication et vocabulaire et que nous oublions l’opposition au projet qui dure depuis 12 ans, Geo-Energie Suisse a engagé un responsable de la communication sensible, a réalisé une chouette bande dessinée et planifie de mettre en place un pavillon d’information dans la région. Par un raisonnement incompréhensible, l’entreprise examine même la possibilité d’utiliser le forage comme attraction touristique. Tout cela en nous faisant rêver de potentiels postes de travail ?

La lutte de la population contre ce forage, l’entreprise et ses auxiliaires existe depuis très longtemps et est bien ancrée régionalement. Différents groupes se sont réunis, ont mené de longues discussions, des soirées d’information, organisé des tables rondes, des pétitions et différentes initiatives accompagnées de manifestations de toutes tailles. Ici, nous ne luttons pas seulement contre l’appât du gain d’une entreprise et de ses actionnaires – alimenté par le gouvernement, avec un engagement d’autant plus grand qu’il est éloigné (9 millions de Zürich, 90 millions de la Confédération) ; nous ne luttons pas que contre l’exploitation de la terre et la destruction de l’environnement ; mais nous luttons aussi à cause de la farce démocratique qui se tient ici :
Geo-Energie Suisse a choisi l’endroit de son projet – Haute-Sorne, en prenant en compte « les aspects techniques, économiques, politiques et de peuplement ». Si l’on se focalise sur les aspects « politique et peuplement » de ce choix, que signifie ces arguments pour eux, alors que le projet ne plaît clairement pas aux habitants de la région ? Cela veut-il dire qu’il n’y aura ici que peu d’habitants potentiellement touchés par d’éventuels tremblements de terre et la pollution des eaux car c’est une zone peu peuplée ? Cela se refert-il au fait qu’il y ait ici un gouvernement qui soutien cette entreprise ? Ou cela veut-il dire qu’il n’y a ici pas assez de personnes qui protestent contre un tel projet ? Ce choix de lieu est-il un bon choix ? Il est possible que les responsables auraient préféré choisir un autre emplacement, si le choix était à refaire, au regard de la lutte bien déterminée qui se dresse aujourd’hui contre ce projet. Une analyse historique des précédentes luttes régionales jurassiennes les auraient sans doute fait douter de ce choix.

Mais cette bataille ne concerne pas seulement la commune de Haute-Sorne ou le Jura. Il s’agit du développement mondial du commerce de l’énergie et d’une société qui, malgré tous les bavardages sur la durabilité, a besoin de plus en plus d’énergie et doit devenir de plus en plus rapide. Une société qui ne fonctionnerait plus sans une croissance illimitée. Leur soif d’énergie ne sera jamais satisfaite de manière durable et respectueuse de l’environnement.

Geo-Energie Suisse explique que dans cette phase d’essai de géothermie profonde, les sites devraient être sélectionnés globalement afin de « procéder de manière coordonnée ». Ceci pour que « les risques soient répartis et les possibilités de réussite future croissent ». Voilà : Ce n’est pas (encore) nous qui décidons si, comment et pour quoi nous voulons supporter les risques. Ce sont les entreprises et les gouvernements. Les risques sont donc bien répartis, selon eux. Et qu’en est-il des chances de succès futur ? « Nous développons des opportunités d’investissement intéressantes pour nos actionnaires dans la géothermie profonde en Suisse et dans les pays voisins », dit Geo-Energie Suisse. Merci.

Nous ne voulons de tels projets mégalomaniaques nulle part, et nous ne nous battons pas seuls. Geo-Energie Suisse nous met devant les faits accomplis et a commencö les travaux. Alors que la population, quant à elle, ne peut avoir son mot à dire que sur les apéritifs et le vin servis dans le pavillon d’information (ou pour le choix de la couleur de l’engin de forage ?). Nous ne sommes pas d’accord avec cela et n’y prendrons pas part.

Alors nous allons nous amuser sur ce champ – telle sera notre action de riposte !

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Titres miniers et autorisations

Un petit lien pour voir la cartographie des projets miniers et/ou demande d’autorisation en fRance.

https://camino.beta.gouv.fr

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Y a-t-il de l’or dans l’ouest de la France? Un grand projet d’extraction inquiète habitants et agriculteurs

[pompé sur géo]

Une consultation du public est ouverte jusqu’au 18 juin sur un projet de prospection minière dans dix-huit communes du Maine-et-Loire et de la Loire-Atlantique. L’entreprise Breizh Ressources y recherche or, métaux rares et terres stratégiques, soulevant au passage les craintes des agriculteurs et associations locales.

Les Pays de la Loire cachent-ils des trésors insoupçonnés ? C’est ce que souhaite vérifier l’entreprise Breizh Ressources, basée à Lorient, qui a déposé une demande de permis exclusif de recherches minières sur dix communes du nord du Maine-et-Loire (Candé, Angrie, Val-d’Erdre-Auxence, Challain-la-Potherie, Chazé-sur-Argos, Erdre-en-Anjou, Loiré, Bécon-les-Granits, Saint-Clément-de-la-Place et Longuenée-en-Anjou), et huit communes de la Loire-Atlantique (Moisdon-la-Rivière, Erbray, Saint-Julien-de-Vouvantes, La Chapelle-Glain, Le Pin, Vallons-de-l’Erdre, Petit-Auverné et Grand-Auverné), soit un territoire de près de 441 km².

Le grand public est invité à donner son avis sur cette requête au cours d’une consultation ouverte du 19 mai au 18 juin, explique le journal Ouest-France.

L’objectif de cette start-up basée à Lorient est de prospecter une vaste palette de métaux stratégiques allant de l’antimoine, l’argent, le cobalt, l’étain, le lithium, le titane, le tungstène, les terres rares… à bien sûr, l’or. Selon Breizh Ressources, le potentiel aurifère du périmètre de recherches serait « similaire à celui démontré au Canada dans le permis Queensway de NewFound Gold », avec notamment « la présence d’indices d’étain à proximité du granite » déjà détectés dans le secteur de Bécon.

Une société d’exploration canadienne à la manœuvre

Le permis de recherche, nommé Bélénos, s’inscrit dans une logique de transition énergétique, mais aussi de stratégie industrielle. Breizh Ressources est une filiale de la société canadienne Aurania Resources Limited, active en Amérique du Sud dans l’exploration de métaux critiques. La demande actuelle fait suite à une première consultation publique organisée à l’été 2024, jugée insuffisante. « Cette seconde phase vise à compléter les éléments d’information initialement transmis au public et à garantir la pleine conformité de la procédure avec le Code de l’environnement », précise la préfecture du Maine-et-Loire.

Une volonté affichée de « transparence » et de respect du « droit à la participation du public », dans un contexte où la question des ressources naturelles devient de plus en plus politique. Mais sur le terrain, le projet est loin de faire l’unanimité.

Les associations incitent les habitants à bloquer les prospections

La Confédération paysanne s’élève contre ce qu’elle qualifie de « projets miniers spéculatifs ». Dans un communiqué sans ambiguïté, le syndicat agricole affirme que « le minerai extrait sera exporté et traité à l’étranger, sans retombées économiques sur notre territoire ». Il souligne que « plus de 49% de l’or extrait dans le monde est destiné à la joaillerie, 44% sert à l’investissement bancaire et 7% alimente l’industrie numérique, sans réelle participation à l’autonomie minière de la France ».

Pour ses représentants, le projet ne prend « absolument pas en compte ni les exploitations agricoles, malgré un contexte déjà très difficile pour les agriculteurs, ni les besoins et attentes du territoire et de ses habitants et habitantes ». Le manque d’études d’impact environnemental, notamment sur l’eau, l’air et les écosystèmes locaux, alimente aussi les craintes.

À ces critiques s’ajoute une mobilisation citoyenne. Des associations locales, comme Bien vivre en Anjou, fondée par Anne Danjou, élue segréenne d’opposition, ou Eau et Rivières de Bretagne, incitent les propriétaires à refuser l’accès à leurs terrains. « Le prospecteur ne peut pas accéder aux parcelles sans l’accord des propriétaires », rappelle Dominique Williams, militante écologiste.

Un formulaire est d’ailleurs mis à disposition pour aider les habitants à bloquer légalement toute opération de prospection. « Il s’agit d’exercer un droit légitime face à un projet imposé », martèle Anne Danjou, qui redoute l’impact à long terme de ces activités sur la vie locale.

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Hanovre (Allemagne) : Des trottinettes électriques en libre-service mises à l’arrêt

[pompé sur attaque]

de.indymedia.org / dimanche 18 mai 2025

La nuit dernière, nous avons mis à l’arrêt 120 trottinettes électriques en libre service, en recouvrant de peinture le code QR nécessaire à leur activation.

Les trottinettes électriques en location en libre service ne font pas partie de la transition vers une mobilité durable. Elle ne sont en aucun cas respectueuses de l’environnement, les matériaux arrivent de situations d’exploitation et elles ont créé un autre secteur économique avec des bas salaires.
Des gens tournent en camionnette la nuit, parfois ils/elles doivent seulement changer les batteries, mais souvent elles/ils doivent prendre les trottinettes et les recharger chez eux/elles, avec leur propre électricité. Les frais sont remboursées de manière standardisée et donc, souvent, pas complètement.
Le cobalt pour les batteries arrive généralement du Congo. Les entreprises qui organisent l’extraction sont européennes, les travailleur.euses congolais.es. Les bénéfices sont européens, la souffrance congolaise. Le colonialisme se poursuit.
Les trottinettes électriques en location en libre-service ne font pas partie de la transition vers une mobilité qui a du sens. Elles ne peuvent rien faire que les vélos ne peuvent pas faire mieux.

Désactiver des trottinettes électriques en libre-service est très facile : sur le guidon vous trouverez un code QR, qu’il faut scanner avec l’application pour déverrouiller la trottinette. Si ce code QR est recouvert (autocollant, marqueur, pipette de peinture, aérosol, rayures…), la trottinette ne peut pas démarrer. On peut très bien aussi le faire en passants 😉

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[Podcast] Des minerais pour quoi faire ?

[pompé sur lagrappe.info]

Le projet d’implantation d’une usine EMME à Parempuyre, sous des allures écolos, s’inscrit dans une logique extractiviste. Souvent défendus au nom de la nécessaire « transition écologique », ces projets relatifs aux énergies renouvelables s’inscrivent pourtant dans une logique ultra-libérale et court-circuitent le débat démocratique sur nos choix de société. Témoignages à Thiviers en Dordogne avec des collectifs venus de toute la France.

Photo titre : déambulation de Pelletassou de Thiviers à Pierrefiche, lieu de son procès

EMME, une usine chimique en zone inondable

A l’appel du collectif du bois vert, les habitants de Parempuyre se sont rassemblés samedi 10 mai pour refuser le projet d’implantation d’une usine de traitement de sels de nickel et cobalt, en bord de Garonne. On écoute Mathieu Vanbergue, porte parole du collectif.

Interview de Florence Bougault (SEPANSO) qui a participé à la rédaction du cahier d’acteur de son association dans le cadre de la consultation publique sur ce projet. Voir le site de la CNDP ici

Thiviers, manifestation contre Imerys et son monde

Près de Thiviers un projet d’extension d’une carrière d’Imerys inquiète les habitants et ils ont invité de nombreux autres collectifs à les rejoindre le 29 mars dernier. Ici il s’agit d’extraire des galets de quartz pour les transformer en silicium métal pour faire des semi-conducteurs ou des panneaux solaires, à la Narse de Nouvialle dans le Cantal de la diatomite, à Luzenac en Ariège du talc, à Glomel en Bretagne de l’andalousite, à Echassières dans l’Allier du lithium pour les batteries.

Dans tous ces endroits les habitants sont mis devant le fait accompli et les exigences environnementales contournées. Ce qui pilote ces projets c’est d’abord une logique libérale or on est en droit de s’interroger sur leur utilité. Où est l’intérêt général ? Jusqu’à quand allons-nous extraire sans réfléchir aux conséquences ?

A lire : cette enquête de Splann sur la mine de Glomel

Prolongations

Le collectif Sauvegardons Razac (sauvegardons-razac (at) protonmail.com) invite tous ceux qui luttent contre l’extractivisme à une semaine d’échanges sur les techniques d’enquête, de cartographie, ou sur les questions juridiques.

Voir en ligne : Podcast à écouter sur La clé des ondes

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Communiqué du sabotage contre des installations électriques sur la Côte d’Azur

[pompé sur nantes.indymedia]

ET… COUPEZ !

Ici deux bandes d’anarchistes. Nous revendiquons la responsabilité de l’attaque contre des installations électriques sur la Côte d’Azur. À la veille de la cérémonie de remise des prix du Festival de Cannes et de la soirée de gala, nous avons saboté le principal poste électrique alimentant l’agglomération de Cannes, et scié la ligne de 225 kV venant de Nice.

Cette action visait non seulement à perturber le festival, mais aussi à priver de courant les centres de recherche et les usines de Thales Alenia Space, ses dizaines de sous-traitants, les start-up de la French Tech qui s’imaginent à l’abri, l’aéroport et tous les autres établissements industriels, militaires et technologiques de la zone.

Une coupure inopinée dans un mauvais film d’épouvante qui traîne en longueur. Le même scénario est joué et rejoué en boucle jusqu’à la nausée. Les scènes changent, les effets spéciaux aussi, mais la toile de fond est toujours la même : un monde qui n’arrêtera pas de bombarder, d’exploiter, d’extraire, d’accaparer, de violer, de ravager, d’affamer, de mitrailler, de polluer, et d’exterminer, tant que tout ne sera pas sous son contrôle.

On sait bien qu’on n’est pas sur un plateau de tournage, mais l’expression « COUPEZ ! » paraissait assez bien résumer notre envie : éteindre ce système mortifère.

ET… COUPEZ ! Votre spectacle qui sert de vitrine à une République française grandiloquente, défenseuse des valeurs du Progrès sur la scène internationale, mais surtout deuxième exportatrice d’armes dans le monde. L’excellence française en la matière arme l’OTAN et sème la mort, du Yémen à Gaza, de l’Ukraine au Sahel.

ET… COUPEZ ! Votre cérémonie obscène au bord d’une mer devenue cimetière de réfugié.es, et la poubelle industrielle d’une société qui adore porter la révolte à l’écran, mais qui réprime et emprisonne toute personne qui se soulève contre sa domination sur le monde.

ET… COUPEZ ! La promotion du monde de substitution que vous fabriquez, avec vos séries et vos films, qui veut nous faire oublier la planète réelle, pourrie d’usines, d’autoroutes, de béton et de mines.

ET… COUPEZ ! Les testi… Non ? (Tentant!) Bon, les mains ! … Non plus ?! La langue alors !

Bon bref, faire taire tout ceux qui disent que « Quand même elles exagèrent ces hystériques ! ». Mettre hors d’état de nuire ces oppresseurs aux milles masques qui transforment les corps en objets, et qui défendent la culture du viol plébiscitée dans l’industrie du cinéma, de l’écran aux sites de tournage, mais tout aussi répandue ailleurs…

ET… COUPEZ ! Le courant de vos industries militaires-technologiques. Thales-Alenia Aerospace, leader du secteur de la défense fabrique des systèmes de visée pour canons et de guidage de missiles, et de télécommunications spatiales. C’est de loin le principal fabricant de satellites en Europe, et plus particulièrement de ceux à usage militaire. Les labos et les ateliers sur son site de Cannes tournent 24h/24. Plusieurs milliers d’ingénieurs et de techniciens y travaillent quotidiennement à la mise au point de ces satellites militaires (observation, communication, guidage de missiles et de drones) et civils (télécommunications, surveillance).

ET… COUPEZ ! Vos discours gerbants qui veulent nous entraîner dans vos préparatifs de guerre. Vos annonces de réindustrialisation et de relance du nucléaire. Vos exposés sur la transition écologique et la continuation de la société industrielle. Vos discours contre celles et ceux qui luttent contre vos cimenteries, vos autoroutes, vos sites nucléaires, vos usines chimiques, vos TGV et vos antennes-relais. Vos injonctions à l’unité nationale, au « réarmement » de l’État nation, à la défense de vos valeurs et de votre vision du monde.

Alors oui… Couper le courant à ce qui nous détruit !

Le sabotage est possible !

Coupez les écrans

Coupez les autoroutes

Coupez les pylônes

Coupez la lumière artificielle

Coupez les lignes TGV

Coupez les télécommunications

Coupez les tuyaux des bulldozers

Coupez le courant à l’industrie militaire

Coupez le courant aux usines

Coupez les oléoducs et les gazoducs

Coupez les mâts de mesure des éoliennes

Coupez les lignes d’approvisionnement des armées

Coupez l’eau à l’agriculture industrielle et aux usines de l’électronique

Coupez les câbles des centrales photovoltaïques

Coupez les antennes

Coupez les barreaux des cellules de prison (et longue vie aux attaques contre la taule !)

Coupez court aux discours réformistes et autoritaires

Coupez court à la silenciation et à la minimisation des violences patriarcales

Coupez le piédestal des célébrités et autres hommes de pouvoir, qui agressent et violent dans les coulisses comme sur les champs de batailles

Coupez court à ceux qui disent d’attendre

Et… tenir le coup. Courage.

Et puisque que vous adorez porter la révolte à l’écran… Et qu’il faut bien garder de l’humour !

Voici, inspirée des derniers succès du cinéma international, une autoproduction sortie tout spécialement pour l’édition 2025 du festival de Cannes !

 

Sabotage 2 : Nocturne à Cannes

Une autoproduction anonyme

Production

Inconnue et bien décidée à le rester

Scenario

Inspiré de convictions bien réelles

Date de sortie

Mai 2025

Synopsis

Situé dans un monde au bord de l’apocalypse, le film relate les péripéties d’un commando libertaire qui se donne pour mission de saboter des usines technologiques d’une grande importance militaire.

Quand ils décident de frapper au moment d’un prestigieux rendez-vous culturel, une course contre la montre s’engage…

Si vous adorez les femmes qui court-circuitent la production d’aluminium, les collégiens qui brûlent des usines, les Fremen qui s’insurgent contre l’empire intergalactique, ou les commandos qui s’en prennent à l’industrie pétrolière, vous ne resterez pas sur votre faim avec cette dernière production.

Les Incorruptibles

Les effets spéciaux laissent parfois à désirer, ce qui n’étonne pas au vu des moyens limités dont dispose cette production, mais le scénario et la ruse stratégique compensent largement ce défaut.

Cannes Matin

Un irrésistible récit du bien contre le mal. Coup de cœur en cette époque de confusion et désarroi.

Allocinéma

Difficile d’excuser le manque de nuance, l’absence de dialogue constructif et le clair déficit démocratique du message radical véhiculé par les protagonistes, mais c’est dans l’air du temps.

Le Phigareau

Thriller idéaliste aux conséquences plus réelles que jamais.

Senshypercritique

Un appel vibrant au réarmement… de la contestation radicale.

L’univers diplomate

A mettre en pratique absolument.

Greta Thunberg

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Collectif Stop Taranis – La consultation publique est ouverte !

[reçu par mail]

La consultation publique nationale est ouverte

Depuis lundi 19 mai, la consultation publique nationale sur le projet Taranis a ouvert. Le fait qu’elle soit nationale implique que chaque citoyen français  peut s’exprimer même s’il n’habite pas dans la région. Il est donc important de faire porter notre voix afin qu’elle ne soit pas diluée parmi celles de tous les Français. Alors n’hésitez pas à diffuser ce mail et à aider chacun et chacune à participer, il suffit d’avoir une adresse mail.

Cependant, attention, le préfet Bolot a indiqué lors de sa réunion auprès des maires de nos communes, le 12 mai dernier, que l’État ne prendrait pas en compte les avis non argumentés, ni les copier-coller. Ainsi, il est primordial de rédiger votre réponse et de l’argumenter.

Pour participer : 

  1. Choisissez un ou plusieurs arguments (par exemple dans l’article suivant ou dans l’argumentaire sur notre site)
  2. Rédigez votre argument avec vos propres mots (vous pouvez vous aider de l’intelligence artificielle), en insistant sur le fait que le permis d’exploration facilite grandement l’obtention d’un permis d’exploitation.
  3. Insérez votre texte dans un mail avec comme objet : Consultation du public sur une demande d’octroi d’un permis exclusif de recherches de mines dit permis « Taranis » sollicitée par la SAS Breizh
  4. Envoyez ce mail à l’adresse : consultations.earm2.deb.dgaln@developpement-durable.gouv.fr
  5.  C’est terminé !

Pourquoi nous sommes contre ?

On vous rappelle en bref, pourquoi nous ne voulons pas de ce Permis de Recherche.

 

  • Contre la prospection
    1. Breizh Ressources est une start-up appartenant à 100% à Aurania Ressources enregistrée aux Bermudes elle-même possédée à 40% par le canadien Keith Baron. Il n’y a donc aucune souveraineté nationale en jeu.
    2. Les recherches par forages tous les 100 à 300 m risqueraient d’impacter le réseau hydraulique souterrain, qu’on sait fragile dans notre région.
    3. Le nouveau code minier prévoit que le détenteur d’un PERM peut passer rapidement et de façon prioritaire à la phase d’exploitation.
  • Contre l’exploitation :
    1. La mine propre n’existe pas : les mines sont les activités industrielles les plus polluantes – pollution des sols, des eaux et de l’air par les métaux lourds (Arsenic, Plomb, Antimoine, etc.) et par le cyanure (utilisé dans le procédé d’extraction de l’or), dont les conséquences délétères sur la santé sont documentées depuis bien longtemps : ce sont tout simplement les poisons naturels.
    2. La pollution d’une mine ne disparaît pas après la mine : les métaux lourds restent présents dans les sols pendant des millénaires. L’ARS (agence régionale de santé) a publié des recommandations applicables aux territoires pollués par des mines qui ont fermé parfois il y a plus de 100 ans : ne pas faire de potager, toujours se laver les mains après avoir été en extérieur, ne pas passer l’aspirateur et le balai, etc.
    3. Une mine consomme des quantités titanesques d’eau – en moyenne, c’est équivalent à la consommation d’une ville 50 000 habitants. Or à cause de son sol argileux, le bassin de Vilaine présente de faibles réserves aquatiques.
    4. Une mine nécessite une très grande quantité d’énergie. Entre 20 à 50kWh par tonne de matière première extraite. Quand on sait que certaines mines peuvent atteindre les 2000 tonnes extraites par heure, on comprend que les exploitants miniers soient souvent contraints de construire une centrale électrique (généralement au fioul) à proximité des forages.
    5. Outre la pollution irréductible, une mine fait courir un fort risque d’accident industriel. Les effondrements des digues des bassins de rétention, ou encore les fuites vers les nappes phréatiques surviennent régulièrement dans le milieu minier. L’irresponsabilité des entreprises y est notoire : voir par exemple le scandale provoqué par Imerys au Brésil.
    6. Il existe des alternatives à la surexploitation minière : diminuer les besoins en métaux en les supprimant notamment quand ce n’est pas nécessaire, recycler et réparer davantage, lutter contre l’obsolescence programmée, etc.
    7. La documentation de Breizh Ressources parle avant tout de l’or. La souveraineté industrielle et la transition écologique ne sont, de surcroît, que des prétextes pour la spéculation la plus grossière.

Pour aller plus loin :

https://www.systext.org/ : Le site de SystExt association de recherche et de sensibilisation sur l’impact des mines par des ingénieurs issus du milieu.

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No Mine’s Land 2025

https://nominesland2025.wordpress.com/

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Suite Manifestation du 24 mai à Foix

[reçu par mail]

Copie des prises de paroles lors de la manifestation du 24 mai à Foix contre le projet de mine à Salau.

Une nouvelle « Montagne d’or », de Salau à Auzat

Prise de parole devant l’ARS à Foix par APRA « le chabot »

C’est ce que veut vendre aujourd’hui le nouveau permis exclusif de recherche minière
déposé par Neometal. Bonnemaison l’affirme : « Un examen des données historiques
d’exploration a démontré que le potentiel aurifère de la région historique de Salau avait été
largement sous-estimé. »
De l’or ET du tungstène ! Du tungstène pour l’armement, de l’or pour les spéculateurs et les
boursicoteurs. L’or n’est pas nécessaire à nos activités d’humains responsables. De l’or il y en
a plein les coffres-forts des banques, de l’or, plein de larmes et de sang, de catastrophes
écologiques et de nature détruite.
Sur toute la planète, il n’y a pas un seul exemple de mine d’or qui n’ait eu sa catastrophe
humaine et environnementale. Pas un seul site sans destructions. Ce n’est pas un avenir
pour nos cours d’eau. Ce n’est pas un avenir pour nos vallées.
Nous connaissons déjà le prix des résidus miniers, ces cadeaux monstrueux que nous laissent
les multinationales de l’extraction. Quelques années ou dizaines d’années d’exploitation,
pour des centaines, des milliers d’années de pollutions diverses. Ces vallées du Couserans,
Salat et Lez, qui sont déjà marquées par les pollutions de plomb, de zinc et d’arsenic, n’ont
pas besoin de remettre ça .
Dans la vallée du Lez, les sols sont contaminés au plomb, au zinc et à l’arsenic jusque dans la
cours des écoles et dans les jardins potagers. Sur le Salat, c’est l’arsenic, associé au minerai
de tungstène chargé d’amiante, qui pollue les terrils bordant les sources du Salat.
Et demain, on nous promet une « montagne d’or » sur les montagnes ariégeoises, de Salau à
Auzat, avec l’inévitable cortège de pollutions et de catastrophes. Quoiqu’en puissent dire les
tenants du concept de la « Mine Responsable », il n’y a pas de moyen sûr et propre d’extraire
et de traiter l’or. Hormis la battée, mais je doute fort que Bonnemaison et Neométal s’en
servent beaucoup, toutes les méthodes sont terriblement dangereuses : Iodure et bromure,
Chlorure, Thiocyanate, Thiourée ou Mercure. Mais de tous, c’est encore le Cyanure qui reste
le plus utilisé pour récupérer l’or d’un gisement primaire * (il permet de récupérer jusqu’à
99% de l’or).
Regardez Salsigne chez nos voisins Audois, 100 ans d’exploitation, de l’arsenic finement
broyé plein les terrils et des catastrophes à chaque crue exceptionnelle, qui sont d’ailleurs de
moins en moins exceptionnelles. En 2021, les pluies torrentielles ont ravagé les terrils et les
zones de rétention de déchets saturés en métaux lourds, en arsenic ou en cyanure. Le Maire
de la commune de Conques a du brûler ou jeter tout le matériel des écoles et garderies,
contaminé, et la vente de légumes cultivés en zones inondables, irrigués ou arrosés par les
eaux de l’Orbiel, est régulièrement interdite.
De l’or, plus que du tungstène, c’est ce que fait maintenant miroiter Néométal pour faire
accepter la re-sucette de son projet.
Pas plus que des mines propres, il n’y a de mine heureuse.
Et ce n’est pas parce que nous ouvrirons des mines dans nos montagnes que nous
rendrons justice aux mineurs indiens, congolais ou andins. Ce sont sociétés droguées au
mercantilisme et à un consumérisme suicidaire, qui exigent l’exploitation éhontée de la
nature et des hommes.
Foix le 24 mai 2025

MANIFESTATION DU 24 MAI À FOIX : PRISE DE PAROLE DEVANT L’ARS A FOI

par Stop Mine Salau et Comité Écologique Ariégeois

Est-ce que l’administration de la santé verra ce nouveau projet minier, comme la fois précédente, sans poser les questions de santé publique concernant les travailleurs et les populations, et cela dès le
stade de la recherche minière ?
Craignant que le déni des réalités sanitaires du gisement ne soit à nouveau la règle, nous ne pouvons que rafraîchir la mémoire des responsables sanitaires en rappelant les faits. Du temps de l’activité de l’ancienne mine, l’excavation, le concassage, le broyage et le transport du minerai, libéraient des fibres d’amiante d’une variété d’amphibole : l’actinolite, « disséminée dans la roche encaissante et
donc non repérable à l’œil » selon les travaux d’Henri Pézerat, maître de recherche au CNRS. Le directeur de la mine, M. Faure, avait admis les conclusions d’une étude intitulée « Étude de l’empoussièrement fibreux à la mine de Salau » effectuée en 1984 par M. JL Boulmié, ingénieur du BRGM, docteur en sciences physiques, qui a étudié les poussières en suspension dans l’air des galeries : 50 % des fibres analysées étaient de l’actinolite, une forme d’amphibole-amiante aux
conséquences potentiellement mortelles. Le degré d’exposition des travailleurs aux fibres asbestosiques dépassait de 5 à 7 fois la Valeur Limite d’Exposition Professionnelle aux fibres d’amiante alors admise selon les pourcentages retenus par le directeur de la mine, et même de 10 à 50 fois selon le compte -rendu d’une réunion du service des mines qui a eu lieu à l’Institut de Médecine du Travail et d’Hygiène Industriel, à l’université Paul Sabatier de Toulouse, le 5 novembre 1985 !
Depuis plus de 40 ans, les scientifiques alertent sur le fait que l’amiante est un toxique sans seuil, ce qui a d’ailleurs conduit à son interdiction en Europe et dans de nombreux autres pays.

En outre la présence d’arsénopyrites et de silice renforce la dangerosité de ce gisement, ce que confirment le témoignage d’une infirmière et ceux de quatre médecins.
L’ancienne exploitation a causé de nombreuses pathologiespulmonaires comme l’écrit Mme Annie Thébaud-Mony, directrice de recherche honoraire à l’INSERM, dans son « Rapport concernant les
risques sanitaires de l’ancienne mine de Tungstène à Salau » le 20 sept 2015 : « En mai 1986 nous avions recensé quatorze cas d’atteintes respiratoires » soit neuf cas d’asbestoses, trois cas de
silicoses et deux décès par cancers broncho-pulmonaires sur 150 travailleurs. Mais « aucun suivi n’a été organisé sur les ouvriers qui se sont dispersés au loin à la fermeture ».
Toutefois un recueil de témoignages parmi les familles encore joignables, a fait apparaître depuis cette époque plus de vingt décès dus à ces types d’affections pulmonaires. Même M. Misseri, l’expert
mandaté par l’État pour enquêter sur la présence de l’amiante, dans un rapport resté en préfecture, a reconnu que cette enquêtecitoyenne réalisée en 2015 auprès de 48 anciens salariés a montréque beaucoup présentaient une pathologie associée à l’expositionprofessionnelle à l’amiante ou/et à d’autres toxiques présents dans la mine (notamment la silice et l’arsenic), avec des cas d’asbestoses, de cancers du poumon, de la plèvre : environ 60% de pathologies pulmonaires et 16% de pathologies cardio-vasculaires, celles-ci pouvant également être consécutives à l’exposition professionnelle à
l’amiante et la silice.
Les opposants au projet ont quant à eux refusé avec constance, malgré les injures et les insinuations, d’envoyer quiconque exposer sa santé et sa vie dans une exploitation aux caractéristiques
hautement pathogènes, démontrées par l’expérience de la mine d’Anglade close Il y a plus de 38 ans… Ils ne tombent pas dans le piège grossier du déni, base de la stratégie des porteurs de projet et
de leurs soutiens ariégeois : « Ce mensonge avait déjà commencé à la fermeture de la mine, lorsqu’on nous disait que ce n’était pas l’amiante qui tuait les mineurs », dit Madeleine Audoir, l’ancienne
infirmière de la mine…
Autoriser l’exploration puis l’exploitation d’une mine contaminée par l’amiante et autres toxiques, reviendrait à transgresser l’interdiction de l’amiante en France et en Europe, tout en considérant qu’il serait redevenu possible d’envisager un « usage contrôlé de l’amiante », grâce à de nouvelles technologies entièrement automatisées. Cela fut le cœur de la stratégie des industriels de l’amiante dans les décennies avant l’interdiction, ayant conduit à l’hécatombe que l’on sait : plus de 3000 décès par cancers de l’amiante en France chaque année.
Le traitement du minerai par des acides a laissé des traces hautement toxiques avec des haldes, sur lesquelles, 40 ans plus tard, aucune végétation ne parvient à pousser. Dans les déchets miniers, l’amiante est et sera toujours présent.
Et quelles seront les conséquences sanitaires de l’utilisation probable du cyanure, le seul utilisable à l’échelle d’une mine, car cette fois la recherche de l’or en vue de son exploitation est ouvertement mise en avant ?
Pour terminer, nous rappelons que l’ARS n’a toujours pas pris de posiEon sur la contamination à l’arsenic et aux métaux lourds de l’eau du Salat et du Lez par les anciens dépôts miniers ni à Salau, ni
à Sentein où il a fallu changer la terre de la cour d’école. Et les travailleurs d’Auzat n’ont-ils pas suffisamment donné avec les dommages de l’aluminium des anciennes installations de Péchiney ?

Quel bilan peut-on dresser des seize années d’exploitation (1970-1986) de
la mine de tungstène à Salau ?

par Stop Mine Salau

– Les 14000 tonnes de tungstène extraites, du fait de leur teneur élevée en arsenic, ont été vendues jusqu’en 1983 seulement à la Russie qui s’en servait uniquement pour son industrie militaire, blindage et obus.

– Plus d’un million de tonnes de déchets miniers pollués demeurent entreposés à l’air libre soutenus par des digues en piteux état. Ces résidus sont contaminés par de l’arsenic, du cadmium, du bismuth, du titane, de l’antimoine, du molybdène, du fluor, des hydrocarbures…et de l’amiante !

– Dès la fin des années 80, plusieurs mineurs sont décédés des suites de l’exposition à l’amiante : nous en parlerons devant le bâtiment de l’Agence Régionale de Santé lors notre premier arrêt.

Malgré l’état pollué de l’ancien site minier près des sources du Salat, et les graves dommages de santé causés par l’exploitation d’un gisement riche en amiante et arsenic :

– La société Variscan-Mines managée notamment par M.Bonnemaison, a obtenu en 2016 un permis pour la recherche du tungstène et métaux connexes dont l’or.
– Durant 10 ans, la commune de Couflens, des habitants de toute la vallée et au-delà, les associations Couflens-Salau Demain, Henri Pézerat, le CEA, le Chabot, Stop Mine Salau, ont informé sans relâche les populations et l’administration des risques non-dits et des mensonges proclamés. Ils ont contesté dans la rue et devant les tribunaux, le permis accordé, au nom de la protection de  l’environnement, de la santé des travailleurs et des populations.
– La justice administrative a infligé trois annulations du permis de recherches aux sociétés Variscan, Apollo Minerals et au Ministère des finances. D’abord pour cause d’insuffisance de moyens financiers, puis de défaut d’information du public sur ces moyens, et en février 2024, pour ne pas avoir tenu compte de la déclaration du secteur en zone Natura 2000 ! Cependant l’État persiste en contestant, de nouveau sur cette décision, au Conseil d’Etat, défendant un permis devenu caduque
depuis février 2022… Huit ans de procédure et l’affaire n’est pas close !

– Pendant ce temps-là Variscan Mines a occupé les lieux à Salau de 2017 à 2019. Il a effectué quelques travaux à l’extérieur de la mine mais n’a pas pu faire de recherche minière proprement dite car toutes les autorisations de travaux demandées, et accordées par les préfètes successives ont été contestées avec succès devant le TA de Toulouse.

– La société australienne Apollo Minerals, qui a acheté Variscan Mines en 2018, devenue de ce fait titulaire du PERM, n’a pas encore rempli toutes ses obligations légales envers ce PERM aujourd’hui échu. Par contre, cette société n’a pas hésité à demander des dommages et intérêts à l’État dès 2019…

C’est dans ce contexte que M. et Mme Bonnemaison ont récidivé en déposant une nouvelle demande de PERM, en juin 2024, au nom de la société Néométal, concernant le secteur de Salau mais aussi les communes d’Ustou, d’Aulus et d’Auzat (100km2), et ils ont osé appeler leur projet « Montagne Ariègeoise » :

– La société Néométal existe depuis 2015 et fait partie depuis de la nébuleuse « Bonnemaison », elle a son siège à Dun en Ariège ! Michelle Bonnemaison en était la présidente jusqu’en juin 2024, aujourd’hui c’est Emmanuel Henry, un ancien de Trafigura qui occupe ce poste.

– Le projet actuel semble sensiblement le même que celui d’il y a dix ans à ceci près : cette fois la recherche d’Or est totalement assumée.

Depuis 2016, le contexte géopolitique a changé :

– Mise en place en 2024 du Critical Raw Materials Act qui vise à diminuer les dépendances de l’Europe.
– Le réarmement est partout mis en avant, en France on veut développer les centrales nucléaires, de ce fait le tungstène, métal dur et résistant à la chaleur est d’autant plus convoité.
Mais l’État tient un discours contradictoire : d’un côté, on nous dit que Tungstène = métal stratégique et d’un autre côté, il confieraitgratuitement, son extraction et son commerce à une société privée
financée par des capitaux étrangers qui s’empresserait de le vendre au plus offrant ! C’est totalement incohérent !

Nous disons qu’il faut immédiatement arrêter ce nouveau projet de
recherche minière car :
– Il serait extrêmement nocif pour l’eau, l’environnement et engendrerait des pollutions supplémentaires sans que les anciennes n’aient pu être traitées.
– Il serait extrêmement nocif pour la santé des éventuels travailleurs et des populations : un emploi qui tue n’est pas un bon emploi !
– Le tungstène est surtout convoité actuellement par l’industrie de l’armement.
– L’or n’a que très peu d’intérêt industriel et les réserves sont importantes !
– Extraire des métaux demande beaucoup d’énergie et d’eau. C’est un leurre d’en faire un argument pour la transition énergétique.
– Laisser jouer des apprentis sorciers à faire des forages profonds dans les communes d’Aulus les Bains et d’Ustou dont toutes les activités économiques dépendent de l’eau, serait une absurdité.
– Vouloir ajouter à Auzat des pollutions minières aux pollutions industrielles encore présentes est aberrant !

L’Ariège n’est pas minable !
Ne les laissons pas faire !
Aucun nouveau minerai ne doit sortir de terre, ni en Ariège, ni ailleurs.

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Mobilisations contre les usines de puces et l’extractivisme

[pompé sur oclibertaire]

Pour lutter contre la numérisation de nos vies, les pollutions et destructions provoquées par l’extractivisme et les usines de puces, l’utilisations de nouvelles technologies dans les industries de la mort, il est important à la fois de débattre et de manifester.
Nous allons revenir sur des rassemblements et manifestations récentes qui ont eu lieu dans différentes régions. D’ampleur variable, elles se complètent bien et sont l’occasion de convergences de luttes.

De l'eau, pas des puces

Les rencontres
L’association Stop Micro organisait à Grenoble du 28 au 30 mars, avec les Soulèvements de la Terre, un colloque et des rencontres, suivis d’une manifestation. Le colloque a évidemment porté en partie sur les usines de puces électroniques, leur consommation pharamineuse d’eau, leur rejet de polluants, leur voracité territoriale. Il a aussi été question de l’usage de ces puces dans le domaine militaire, et en particulier leur utilisation par Israël contre les populations palestiniennes.
Le vendredi, une place importante a été consacrée à l’extractivisme, avec des intervenants internationaux (Québec, Argentine, Congo, Portugal). Le débat sur l’extractivisme en Amérique a bien montré le rapport entre le colonialisme, le mépris des peuples autochtones et l’exploitation minière. Il a montré les difficultés auxquelles les populations concernées font face pour se défendre. Le débat sur le Congo a permis d’éclairer le rapport entre l’extractivisme et la guerre civile.
Un autre intérêt de ces rencontres a été la richesse et la diversité des échanges lors de la journée du samedi. Le village des associations et des collectifs rassemblait des dizaines de groupes sous des barnums. Cela permettait aux uns et aux autres de transmettre des informations sur ses propres actions, de diffuser brochures et ouvrages. Y étant venus du Limousin pour le Comité 15 juin, nous n’avons pas regretté d’avoir fait le déplacement.
On peut seulement regretter deux points. Le premier, c’est le sous-dimensionnement des locaux qui n’a pas permis à l’ensemble des participant·es d’assister aux débats qu’ils auraient souhaité. Le second, c’est les divergences qui sont apparues au sein de Stop-Micro suite au choix (majoritaire) de coorganiser ces journées avec les Soulèvement de la Terre. Une partie des membres de Stop-Micro se sont senti dépossédé·es de leur lutte ; ils et elles ont pu l’exprimer, en particulier par une banderole spécifique lors de la manifestation du dimanche.

La manifestation
La manifestation été volontairement déclarée comme festive avec déguisements, fanfare et batucada, clowns, chansons, et présence de Bassines Non Merci avec leur loutre… Elle s’est déroulée dans la zone industrielle de Bernin et de Crolles, là ou les usines STmicro et Soitec veulent étendre leur emprise sur des terres agricoles pour produire toujours plus de puces. La négociation avec les autorités avait dû porter ses fruits pour que tout se passe dans le calme : un encadrement policier conséquent, avec fouilles d’une partie des véhicules à l’arrivée, mais pas de recherche de blocage ou d’affrontement.
Il faut préciser que l’enjeu n’était pas de boquer un projet imminent ; il s’agissait de rappeler notre opposition à des projets d’extension de ces deux usines qui sont déjà suspendus. Un moment fort de la fin de la manifestation a été l’érection d’une vigie en bois dans le champ de l’agriculteur menacé par le projet d’extension de Soitec.
La manifestation a rassemblé près de 3000 personnes et a été assez longue du fait des arrêts multiples. Pendant ce week-end, de nombreuses banderoles et collages spectaculaires ont été déployés à Grenoble et dans son agglomération. Evidemment, le maire de Grenoble n’a pas pointé le bout de son nez ; ce prétendu écologiste est favorable aux industries électroniques.

Une action parallèle.
Pendant que la manifestation focalisait l’attention de la police sur Crolles et Bernin, un autre groupe menait une action de désarmement d’une autre usine de puces électronique, Télédyne e2v, à Saint-Egrève, de l’autre côté de la métropole iséroise. Cette usine produit effectivement des puces utilisées par l’armée israélienne. Ce groupe d’intervention, baptisé pour l’occasion CEA (Comité Essentiellement Antipuces), a réussi à pénétrer sur le site, couper des câbles d’alimentation, et redécorer la partie accueil à la peinture rouge.

Manifestations contre l'extractivisme

Le quartz à Thiviers
La manifestation « Gardarem Razac », le 29 mars à Thiviers (Dordogne), contre l’extension de la carrière de quartz exploitée par Imerys à Razac, au lieu-dit Pierrefiche, a réuni 250 personnes. Le parcours partait du centre-ville de Thiviers, où était organisée une diffusion de tracts sur le marché avec spectacle, puis marche de 6 km jusqu’à Pierrefiche site de la carrière en cours d’extension. La manifestation s’est terminée par un simulacre de procès d’Imerys.
Des collectifs d’un peu partout en France étaient présents ; ils luttent également contre l’exploitation par Imerys de « minéraux de spécialité » (plutôt pas des métaux) sur leur territoire : stop mines 03, contre la mine de lithium, le collectif contre l’extractivisme 03-63, le collectif Nouvialle (Cantal) luttant contre un projet de carrière de diatomite et pour la défense de la narse de Nouvialle, zone humide menacée , stop mines 87-24 (voir ci-dessous), le collectif de Glomel (Côtes d’Armor) luttant contre l’ouverture de la fosse 4 de la carrière d’andalousite. S’en est suivi un intercollectif pour discuter de la stratégie à tenir dans la lutte contre Imerys.

Le tungstène en Ariège
Une assemblée contre les projets miniers en Ariège et ailleurs se réunit depuis le 15 décembre 2024, à peu près mensuellement, pour lancer la lutte contre la reprise de l’exploitation minière de tungstène en Ariège. S’y réunissent des individus ainsi que les membres de l’association Stop Mines Salau. Le 18 avril, une lettre du préfet de l’Ariège, a informé que la demande de permis exclusif de recherche déposée par la société Néométal était recevable, et donnera lieu à une consultation publique d’ici l’été. La demande concerne des joyeusetés telles le tungstène (utilisé comme durcisseur d’alliages métalliques dans les têtes d’obus, les blindages de véhicules militaires… les pointes de bâtons de marche), mais également l’or, le cuivre, l’étain, le bismuth, le molybdène, le zinc, le plomb, l’argent… le tungstène a déjà été exploité jusqu’en 1983 à Couflens au lieu-dit Salau, et ayant laissé 1 000 000 de m3 de déchets pollués dans la vallée du Salat, causé la mort de plusieurs personnes travaillant dans la mine par contact avec l’amiante présent naturellement dans la roche exploitée.
La surface concernée par ce nouveau permis s’étend sur 4 communes et s’étend sur près de 100 km².
Une grande manifestation contre les projets miniers en Ariège et ailleurs est appelée le 24 mai à 14h30 à Foix par l’assemblée de lutte.

L’or en Haute-Vienne
4 permis d’exploration sont en cours en Haute-Vienne et Dordogne : ceux de la CMA (Compagnie des mines arédiennes) et celui d’Aurélius Ressources. Derrière ces deux compagnies canadiennes (qui veulent se faire passer pour locales), les mêmes personnes. Les permis totalisent une surface de 400 km²… pour l’Or, mais aussi tout le cortège métallique l’accompagnant (argent, antimoine, tungstène, étain, molybdène, lithium, niobium, tantale, cuivre, zinc, plomb, nickel, bismuth, béryllium, cobalt, germanium, indium, platine, terres rares. Les forages géologiques d’exploration ont démarré en mars, et la Société d’industrie minérale est venue faire une réunion d’étude à l’ancienne mine d’or du Bourneix, au Chalard le même mois. Face à cette accélération, une manifestation a eu lieu le 25 mars au Chalard pour informer les participants à la réunion de la SIM que l’exploitation minière n’était pas la bienvenue. Le 19 avril à Saint Yrieix a eu lieu une nouvelle manifestation contre le lancement des forages d’exploration sur le site de Lauriéras. Elle a rassemblé malgré la pluie 350 personnes, habitants locaux, agriculteurs et soutiens venu du reste du département. Le collectif Stop Mines avait fait le choix de faire une manifestation « citoyenne » calme et sans trop de radicalisme pour rassembler largement. La grande majorité des manifestant·es étaient cependant des militant·es, et étant donné le temps, nous n’avons pas croisé beaucoup de « citoyens » de Saint-Yrieix.

ADMC

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Allemagne : deux ans de « Switch Off » – un bilan d’étape

[pompé sur Sansnom]

[Pour qui n’aurait pas suivi leurs activités, on pourra aussi relire avant la traduction de leur bilan ci-dessous, celle de leur brochure parue il y a un ans : Switch-Off, interventions radicales contre la destruction de la planète. Documentation, analyses et discussion, (traduit de l’allemand), septembre 2024, 80 pages A4]


Deux ans de Switch-Off – un bilan d’étape
(Traduit de l’allemand de Switch off, 16 avril 2025]

Cela fait deux ans que nous avons pris la parole pour la première fois. Cet appel a été écrit en plein milieu du débat stratégique en cours dans le mouvement pour le climat. A l’époque, après les occupations de forêts de Hambi, Danni, et dans la suite directe de Lützerath, le potentiel des actions de masse semblait pour beaucoup épuisé. Dans le contexte de ces actions de protestations et autres actions de masse, nous avons voulu proposer un projet mettant l’accent sur des actions directes décentralisées.

A ce moment-là, le regard porté sur l’effondrement climatique et la peur face à cette menace, nous ont fait considérer l’urgence d’apporter des méthodes radicales et d’intensifier des pratiques révolutionnaires au sein du mouvement pour le climat.

Nous avons formulé des perspectives anti-étatiques, autonomes et anarchistes de sabotage, et nous voulions les mettre en œuvre plus fortement dans ce contexte.

Quant aux contenus, nous nous sommes concentrés sur une analyse anti-coloniale et critique de la technologie. Nous avons été inspiré.e.s par les luttes autochtones et leurs pratiques de résistance contre l’exploitation (néo) coloniale et la destruction de leurs territoires. L’exploitation coloniale fait non seulement partie de l’histoire idéologiquement raciste de l’Occident, mais elle continue à être partie prenante des velléités d’expansion économiques et impérialistes de grandes entreprises comme la Deutsche Bahn avec le méga-projet Tren Maya. Avec notre analyse et avec notre appel, nous nous sommes placés solidairement du côté de luttes aux quatre coins du monde. La destruction constante de la terre nous a montré la nécessité d’attaquer les infrastructures industrielles, et les possibilités que cela offrait de renforcer une prise en compte internationale de ces luttes.

A ce moment-là dominaient alors du côté de l’État les propositions pour un Green New Deal, tandis que la propagande des entreprises tentait de nous vendre la mobilité électrique et la numérisation comme solutions et comme perspectives utopiques ; les dominants promettaient hypocritement au mouvement pour le climat de faire les pas nécessaires pour atteindre l’objectif des 1,5 degrés.

Dans cette situation imbriquant effondrement du climat, autoritarisme croissant dans le monde, et changement de stratégie du mouvement pour le climat, nous avons appelé sous le slogan « Switch-Off the system of destruction » à nous mettre en lien, et à placer nos luttes et nos actions dans un contexte commun.

Retour sur deux années de pratique

Il s’est passé beaucoup de choses au cours de ces deux années. L’appel a été largement reçu, et beaucoup y ont fait référence avec leurs actions. Leur éventail a été varié, s’étendant d’attaques concrètes contre l’industrie automobile (-électrique) et le sabotage d’infrastructures importantes telles que le rail et les réseaux électriques, à des actions contre des projets de construction des grands profiteurs de la dévastation de la nature comme l’industrie du ciment, les travaux routiers et l’exploitation du lignite. En outre, des acteurs et des voies d’approvisionnement de l’industrie de l’armement ont été pris pour cibles.

De nombreuses actions ont été menées en solidarité avec des luttes hors d’Europe. Des attaques contre des véhicules, des bureaux et des infrastructures de la Deutsche Bahn, contre Siemens ou contre le consulat du Mexique à Hambourg ont en particulier fait référence au projet de Tren Maya. Des mots et des actes ont apporté proximité et joie, rencontrant un écho dans différents endroits du monde et se mettant concrètement en lien par l’initiative Switch-Off. Une telle inspiration et des relations internationales de solidarité se retrouvent par exemple dans :

Les luttes contre l’industrie du ciment et du béton qui pillent la terre et empoisonnent les eaux sur le territoire d’Abya Yala. Les attaques contre des géants du béton en France et en Allemagne ont montré que des actions bien ciblées peuvent aussi bien enflammer des luttes locales qu’avoir un impact international.

Les actions contre le grand projet de ligne [ferroviaire] de Botnie Septentrionale dans le Nord de la Suède, sur le territoire des autochtones Sami, qui voient leurs terres morcelées et les matières premières expédiées à échelle industrielle vers les usines de transformation verte.

Les mouvements de protestation persistants contre l’exploitation du charbon, que ce soit dans le bois de Sünden jouxtant la mine à ciel ouvert de Hambach, ou sur les territoires des Yukpa en Abya Yala.

Ou dans les attaques contre le pipeline Coastal Gaslink sur les territoires des Wet’suwet’en, et celles qui s’opposent à ce même projet en Allemagne.

Dans le texte « Le conflit à Abya Yala et sa proximité avec Switch-Off », il est dit à ce propos :

« Vus nos points communs et nos particularités, et étant données les urgences et les besoins qui nous appellent à agir, il nous semble approprié de mettre en lien les actions contre la machinerie du pillage du continent et de la terre avec la campagne „Switch Off!“, afin de renforcer nos luttes et d’approfondir le combat contre l’existant et son caractère historiquement internationaliste, pour rendre visible dans le monde entier la nécessité urgente de refuser en pratique cette réalité, avec tous les moyens à notre disposition et de montrer par des actions qu’il est possible de la combattre, de renvoyer la destruction à la gueule des principaux responsables et auteurs de ces conditions, et aussi pour montrer qu’il est possible d’embrasser une vie digne, rompant avec la misère dans laquelle ils veulent nous étouffer et nous ensevelir. »

Le fait que des actions en provenance de l’espace germanophone aient été perçues, que l’appel ait aussi été discuté internationalement, avec parfois une participation au travers d’actions, nous a donné une joie et un courage incroyables. Les deux dernières années nous ont montré une fois de plus que la lutte internationaliste contre cette misère n’est pas une chose abstraite, mais qu’elle s’exprime dans des luttes et des attaques concrètes.

Pourtant, quelle que soit la joie procurée par ces nombreuses actions aux multiples facettes, nous pouvons observer que les grandes protestations et mobilisations pour le climat ont diminué au cours des dernières années dans l’espace germanophone. Dans le même temps, la répression contre les actions de blocages et de désobéissance civile s’est extrêmement durcie, ce qui a certainement joué dans ce recul.

La question écologique semble avoir disparu de la conscience à différents niveaux. Sans vouloir occulter les rapports d’exploitation au sein des sociétés occidentales, il est clair que nous ne pouvons pas nous attendre à ce que les « masses » se mettent en mouvement dans un avenir proche, car une grande partie de la population des centres capitalistes ne veut pas perdre ses privilèges.

Cependant, il est apparu que des actions directes continuelles ne provoquent pas que des dégâts matériels, mais peuvent aussi alimenter une force et une dynamique par-delà les frontières (étatiques).

L’objectif était d’ouvrir un débat – est-ce que ça a marché ?

Switch-Off a appelé à remettre en question, à saboter et à attaquer durablement l’infrastructure du capitalisme. Durablement, dans le sens de la destruction sur la durée et à long terme d’infrastructures industrielles, et de manière diverses, dans le sens de l’emploi de plusieurs sortes de moyens. Nous constatons qu’une partie des attaques reprenant ce slogan ont été empreintes d’une dimension spectaculaire, d’une grande finesse et d’une forte conviction, mais n’ont guère témoigné d’une diversité de moyens et d’une reproductibilité assez simple. Le problème de l’appel et des pratiques qui ont suivi a été, et reste donc, l’isolement partiel dans le cadre des luttes radicales. On a besoin de techniques subversives reproductibles. Les formes d’actions ne doivent pas être réservées à un groupe exclusif possédant déjà les connaissances et les instruments pour réaliser ces sabotages. C’est pourquoi nous pensons que des espaces sûrs doivent se multiplier pour parler de formes d’actions offensives, partager des compétences et se soutenir. Les connaissances sur les infrastructures critiques et les manières de les détruire doivent être rendues plus accessibles. C’est plus facile à dire qu’à faire. Les moments d’actions offensives spectaculaires menées en commun, lors de mouvements de masse et de rencontres comme à Lützerath sont importants, marquants et créent souvent un point de jonction vers la politisation, la mise en réseau et une pratique politique diversifiée. Mais nous ne pouvons pas attendre ce genre de grands événements. Nos discussions doivent aussi avoir lieu en dehors de ces moments.

Ces dernières années, le mouvement pour le climat a perdu beaucoup de son importance. Alors que les occupations de forêts, de villages et de routes étaient autrefois « le point focal numéro un » et attiraient les calomnies des politiciens, des grandes entreprises et de la presse, le changement climatique a désormais été évincé de l’actualité et de la conscience collective par les dernières guerres en date, les crises économiques et le débat raciste sur la migration.

Pourtant, il y a des développements actuels qui, dans le champ de tension entre les luttes écologiques et la fascisation croissante, montrent des perspectives de résistance. C’est par exemple le cas avec les protestations à Grünheide contre la Gigafactory de Tesla et l’attaque incendiaire du groupe Volcan, qui a certainement fait irruption dans beaucoup de discussions autour de la table de la cuisine, démontrant une fois de plus à quel point l’action directe peut être efficiente. Les attaques contre Tesla, qui ont déjà probablement retiré de la circulation des centaines de ces bagnoles dans différents endroits du monde, montrent actuellement l’énorme force qui peut émaner d’actions directes, d’attaques, de sabotages, de textes et de gestes de rébellion de toutes sortes, quand tout cela est mis en lien.

Jusqu’à un certain point, nous avons certainement réussi à mettre sur la table l’action directe et le sabotage dans le débat stratégique du mouvement pour le climat, en tant que méthodes de lutte contre la destruction de la planète. Mais il est difficile d’en déterminer les effets. Certaines actions et communiqués ont aussi connu un certaine diffusion au-delà du mouvement, mais ils se heurtent aussi socialement à un backlash général.

Switch-Off dans le contexte de la fascisation,
de la militarisation et de la politique des frontières

Les prévisions d’aggravation des crises globales les plus diverses se sont presque bousculées au portillon.

Depuis le 17 février 2022, la deuxième invasion de l’Ukraine par la Russie s’est intensifiée. Après le massacre du 7 octobre 2023, Israël a lancé sa guerre destructrice contre la bande de Gaza, le Liban et la Syrie. Avec encore d’autres guerres de haute intensité au Congo, au Kurdistan, au Yémen, au Myanmar, au Soudan, se dessinent une militarisation générale et une augmentation des conflits militaires.

Les politiques reconnaissent, utilisent et alimentent cette dynamique. En reprenant le refrain bien connu de l’absence d’alternative, ils nous offrent une perspective bien émoussée : en un temps où la guerre mondiale menace, il serait plus important de se replier sur soi-même, d’être capable de se défendre, et d’assurer sa propre suprématie. Ce faisant, ils utilisent une rhétorique qui présente des parallèles éloquents avec la guerre froide et tentent de diviser le monde entre bons et mauvais dirigeants. Cette logique militaire se retrouve aussi en ce qui concerne la manière de surmonter d’autres crises. Elle consiste expressément à garantir des ressources par des moyens guerriers. La « question de la défense » est efficacement et manifestement utilisée pour faire passer à la trappe tous les autres conflits sociaux.

Le deuxième gouvernement Trump montre actuellement à quelle vitesse des acquis (réformistes) obtenus par une lutte qui a duré des décennies peuvent être simplement jetés par-dessus bord. On assiste à un retour de bâton patriarcal massif, qui aimerait détruire ce pour quoi les mouvements antiracistes, les féministes et les queers se sont battu.e.s depuis des dizaines d’années. Quelques maîtres dans ce monde ont le pouvoir d’abolir « des droits humains » comme le droit à l’avortement, à l’auto-détermination de son genre, à l’objection de conscience, le droit d’asile, etc. Cette fragilité montre la dépendance massive vis-à-vis de l’État, et met en évidence qu’il n’y a pas, et qu’il ne peut y avoir, de dignité humaine universelle dans le cadre des rapports existants. Les « droits humains » ne sont que de simples concessions de la part de l’État. La situation actuelle montre clairement que, même lorsqu’ils ont été obtenus au prix de durs efforts et du sang, les droits civiques sont au mieux un pari sur le temps, et ne peuvent donc pas être l’objectif de nos luttes.

Cette fascisation s’observe dans le monde entier. Partout, des forces fascistes et autoritaires se renforcent et arrivent au pouvoir. Les partis bourgeois rivalisent dans leur politique raciste aux frontières, et la répression sociale contre les personnes pauvres, stigmatisées et handicapées par le système ne cesse d’augmenter. Les gouvernements qui agissent de manière toujours plus autoritaire sont issus de l’« ancien centre bourgeois » qui a tenté de dépasser sur leur droite les populistes d’extrême-droite.

Parallèlement, la militarisation et le réarmement de l’armée et des frontières évoqués plus haut sont présentés comme inévitables. Partout, une guerre croissante est menée contre les personnes déplacées par les catastrophes. Elles sont toujours plus la cible de la propagande fasciste et de la politique migratoire raciste.

Conflits pour les ressources.
Secteur clef de l’industrie des puces électroniques

Les États et les entreprises exigent toujours plus ouvertement que les ressources soient sécurisées militairement. Il ne s’agit pas seulement de lithium et de terres rares, mais aussi des emplacements pour des industries-clé à forte valeur. L’intelligence artificielle est noatmment considérée comme un de ces éléments : une technologie qui serait inconcevable sans la puissance de calcul des microprocesseurs les plus modernes. Ces derniers sont conçus par Nvidia dans la Silicon Valley et fabriqués par TSMC et d’autres exclusivement à Taïwan (avec des machines d’exposition uniques au monde fabriquées par ASML à Eindhoven). Les Etats-Unis et l’UE investissent actuellement beaucoup d’argent pour développer une industrie « nationale » de puces électroniques – l’objectif étant de s’assurer la suprématie technologique face à une Chine proclamée « rival systémique ». La fabrication de puces électroniques nécessite des terres rares et beaucoup d’énergie.

Afin de réduire la dépendance aux importations, la nature est exploitée encore plus intensément à la périphérie européenne. L’opposition locale à la mine de Jadar du groupe anglo-australien Rio Tinto en Serbie a mis en évidence le déséquilibre des pouvoirs au sein de l’Europe. Alors que la résistance contre la mine avait été couronnée de succès et que le projet avait été annulé, Olaf Scholz s’est personnellement rendu à Belgrade pour impulser la reprise du projet. En effet, les constructeurs automobiles allemands ont besoin de lithium pour leurs voitures électriques. Cette dynamique est la même que dans d’autres projets liés au lithium au Portugal, et dans différentes mines chez les Sapmí. Mais la hausse de l’exploitation minière ne se limite aucunement aux marges de l’Europe, au contraire, des gisements sont également recherchés en son centre, et les possibilités de résistance sont donc infinies.

Un exemple évident de toute la brutalité de l’exploitation occidentale des ressources a été notamment fourni par les conditions posées par les États-Unis pour continuer à soutenir militairement l’Ukraine :

„[Ainsi] le sénateur républicain [Lindsey Graham] de Caroline du Sud a déclaré pourquoi l’Occident devrait absolument gagner la guerre en Ukraine : le pays serait une « mine d’or ». Rien que dans les territoires occupés par la Russie se trouveraient des matières premières critiques d’une valeur de douze billions de dollars américains. « Je ne voudrais pas laisser cette manne à Poutine pour qu’il se la partage avec la Chine […] Si nous aidons l’Ukraine maintenant, elle pourra devenir le partenaire économique dont nous avons toujours rêvé ».“

Depuis leurs débuts, les microprocesseurs constituent une technologie militaire importante. Il faut donc voir les usines de puces électroniques prévues comme faisant partie du nécessaire décloisonnement économique en vue des préparatifs de guerre. Mais les technologies-clef ne jouent pas uniquement un rôle déterminant dans l’entrelacs géopolitique du climat et de la guerre. De plus en plus de technologies clés à usage « civil » et « militaire » sont produites par de petites start-ups. Celles-ci se donnent souvent une image de modernité et de progrès. Elles se vantent de contribuer à un avenir écologique respectueux de l’environnement. Elles omettent volontiers que ces mêmes technologies contribuent aussi excellemment à l’industrie de l’armement, et sont utilisées pour tuer.

Ou alors, les entreprises d’armement deviennent tout de suite des « woke » et, avec un cynisme à peine croyable, se voient attribuer un vernis vert. Ainsi, il existe déjà des munitions biodégradables, une production « durable » de missiles et il semble que ce ne soit plus qu’une question de temps avant que le premier char électrique ne sorte des chaînes de production. Là où le gaz et le charbon étaient autrefois les industries décisives, l’IA et la haute technologie sont désormais les ressources déterminantes. En interconnexion fine, différentes entreprises et start-ups travaillent de concert, constituant une industrie de l’armement technologiquement évoluée, et composée de chaînes complexes d’approvisionnement.

D’une certaine manière, prenons aussi cela comme une chance dans la lutte contre cette industrie technologique de l’armement. Car des technologies clés de plus en plus spécialisées dépendent aussi davantage de chaînes d’approvisionnement de plus en plus diversifiées. Et c’est précisément là que nous voyons le potentiel de provoquer des interruptions et d’attaquer la production de petites start-ups.

L’IA comme technologie-clé et arme de guerre

La plus grande et la plus relevante de ces technologies clés est sans doute l’IA, dans laquelle les technocrates voient aujourd’hui la solution à tous les problèmes.

Comment traiter autrement les quantités inimaginables de données nécessaires pour piloter des drones-taxis autonomes dans le trafic urbain – ainsi que sur un champ de bataille ? Comment la gestion du flux d’électricité dans un réseau avec encore plus de consommateurs et de fournisseurs non linéaires peut-elle fonctionner sans IA ? Ou comment analyser les images prises partout et tout le temps ? Évidemment, on n’accorde guère d’attention critique au fait que cette technologie engloutit une énorme quantité de ressources. La production de puces électroniques absorbe beaucoup d’eau et les centres de calculs de l’IA tellement d’énergie, que Microsoft a été la première entreprise à activer une centrale nucléaire pour les alimenter en énergie.

Les programmes « Lavender » et « Where’s Daddy » utilisés par Israël dans la guerre de Gaza prennent en charge pour l’armée la quasi-totalité du choix des cibles pour les frappes aériennes. Sur une échelle de 1 à 100, la machine évalue l’appartenance à des groupes militants pour tou.tes les habitant.es de la bande de Gaza. Le tout sur la base des données des services de renseignement. Le logiciel propose ainsi des cibles et informe dès que la victime se trouve chez elle, dans son cercle familial. Un quota concernant l’importance militaire d’une cible et le nombre de victimes civiles acceptées joue également un rôle. Plusieurs dizaines de milliers de Palestinien.ne.s ont ainsi été exécuté.e.s sur proposition d’un ordinateur, avec l’aval d’officiers israéliens.

Cet exemple montre une fois de plus que l’IA ne peut jamais être un instrument d’émancipation, car là où elle vient de contrôler la destruction et l’anéantissement de la vie, elle produit juste après une vidéo publicitaire montrant comment une station balnéaire pourrait être planifiée sur les ruines de Gaza. Il est difficile de saisir toute l’horreur de ces procédés.

La peur doit changer de camp

Nous avons peur, peur du fascisme, de la répression croissante, de la guerre, du fucking Trump, et des fanatiques qui gouvernent ce monde. Nous nous nous sentons incapables de bouger, parce que tout semble se précipiter, paralysé.e.s, avec la catastrophe climatique qui dégénère. Nous savons que les dominants veulent nous voir incapables d’agir, neutralisé.e.s et impuissant.e.s, mais nous ne leur feront pas ce plaisir.

Nous voulons en finir avec l’État et sa société. Cependant, nos réalités de vie sont tellement imbriquées avec les structures étatiques et l’industrie, qu’il est difficile de penser en dehors de cette logique. Pourtant, nous savons aussi que nous ne devrions pas nous laisser guider par cette peur. Parce qu’elle nous pousse à revenir vers de vieilles certitudes, parce que c’est la peur de perdre nos privilèges.

Nous savons aussi que la meilleure défense, c’est l’attaque.

Nous avons du mal à trouver un chemin clair pour nos projets, à élaborer une perspective qui nous amène à un meilleur endroit. Nous nous sentons faibles et démuni.e.s face aux rapports établis, mais nous avons appris qu’il n’y a aucun sens à faire appel à l’État, car il reproduit les conditions de notre perte de prises.

Et malgré toute cette misère, nous savons que nous sommes là les un.e.s pour les autres, que nous pouvons nous donner de la force et de la vigueur, que nous pouvons les trouver dans nos luttes, notre solidarité, notre diversité. Nous n’avons pas besoin de ligne unique, mais d’idées claires et d’un sens de l’entraide. Nous cherchons la réciprocité, la rencontre, la critique, l’inspiration, et les liens entre nos luttes. Non pas parce nous voulons devenir un parti, mais parce nous avons besoin les un.e.s des autres, et parce que nous nous reconnaissons dans la rage qui s’embrase partout dans le monde, à chaque fois renouvelée.

Amour à celleux qui sont là, dehors, dans le chaos des luttes, des actions, des projets ; là dehors dans la nuit, dans les taules, en clandestinité, dans les forêts, dans les rues, sur les mers et aux frontières.

Nous avons emprunté ce chemin, qui sait où il nous mènera ? Nous avons appris des combattant.e.s autochtones que le monde a déjà souvent sombré.

Quoi qu’il advienne, nous nous reverrons, là, dehors.

« Oublions l’avant-garde, elle ne nous est d’aucune utilité : une révolte généralisée, sans leader ni centre de gravité, voilà précisément ce qu’aucune armée ou police ne pourra jamais espérer dompter » – Total Liberation

Switch-Off le système de destruction

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L’Europe sacrifie l’Asie centrale pour trouver son énergie « verte »

[pompé sur Reporterre]

La mine d’Almalyk, en Ouzbékistan, le 1er novembre 2022.

L’Union européenne multiplie les investissements visant des minerais et la production d’énergie en Asie centrale. Malgré son discours sur une stratégie « gagnant-gagnant », l’environnement et les populations locales sont menacés.

À l’ouest du Kazakhstan, des bancs de sable remplacent la mer Caspienne, tandis qu’à Karaganda, dans le centre du pays, la neige vire au noir chaque hiver. En Ouzbékistan, le désert de Kyzylkoum grignote les terres autrefois fertiles de la région de Navoï. L’Asie centrale porte les stigmates de décennies d’exploitation pétrolière, gazière et minière. Pour la population, les ressources ne sont pas non plus une bénédiction : depuis les années 1990, leur exploitation est contrôlée par les majors étrangères et les élites locales, qui se partagent les rentes.

Aujourd’hui, ce sont les ressources dites « vertes » qui attirent l’attention sur la région. Lithium, nickel, uranium, terres rares : l’Asie centrale regorge de matières premières critiques, utilisées pour fabriquer des technologies bas carbone. Et ce n’est pas tout : avec son potentiel solaire, éolien et hydraulique, l’Asie centrale est un terrain idéal pour produire de l’hydrogène vert, qualifié ainsi car obtenu par électrolyse de l’eau, un procédé réalisé à partir d’énergies renouvelables et peu émetteur de CO2.

Ces ressources subiront-elles le même sort que les hydrocarbures ? Aujourd’hui, les États de la région les mettent aux enchères, en quête d’investisseurs qui ne se contentent pas de les extraire, mais participent aussi à la montée en gamme de l’industrie locale. Et ça, l’Union européenne (UE) l’a bien compris. À Samarcande (Ouzbékistan), lors du sommet UE-Asie centrale du 4 avril, Ursula von der Leyen, présidente de la Commission européenne, a promis des « partenariats mutuellement bénéfiques », fondés sur la création d’industries locales et d’emplois, ainsi que la production et l’exportation d’énergie verte.

Lithium kazakh et uranium ouzbek

Bénéfiques, ces projets le seront à coup sûr pour l’Europe, dont la demande en matériaux critiques ne fera qu’augmenter, prévient la Commission, alors que l’offre, elle, reste très restreinte. Échanger avec l’Asie centrale réduirait sa dépendance à la Chine, son principal fournisseur. Depuis les accords signés avec le Kazakhstan en 2022 et l’Ouzbékistan en 2024, elle a déjà investi dans le graphite et le cuivre via ses bras financiers, la Banque européenne d’investissement et la Banque européenne pour la reconstruction et le développement. Elle ne cache pas son intérêt pour les terres rares. En parallèle, l’Allemagne lorgne le lithium kazakh pour ses batteries. La France, qui importe déjà de l’uranium du Kazakhstan, accélère la production en Ouzbékistan.

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Pour alimenter ses industries avec de l’énergie « propre », l’UE compte importer 10 millions de tonnes d’hydrogène vert par an dès 2030, dont 2 millions du Kazakhstan. En 2023, l’entreprise germano-suédoise Svevind a investi dans un gigantesque site de production à Mangystau, près de la mer Caspienne.

Le plateau d’Ustyurt, où les projets de production d’hydrogène pourraient entraver les routes utilisées par la faune sauvage. Wikimedia Commons / CC BYSA 4.0 / Максат79

Doté de parcs éoliens et solaires, le site produirait, dès 2030, 40 gigawattheure d’électricité, sans compter celle issue de l’électrolyse. « C’est plus que la capacité actuelle de tout le pays, dit Vadim Ni, fondateur de l’ONG Save the Caspian Sea. Mais la totalité servira à produire l’hydrogène exporté vers l’Allemagne. »

« Les partenariats n’auront aucun effet sur la transition énergétique d’Asie centrale »

De cette énergie verte produite sur son sol, le Kazakhstan ne verra pas la couleur. Pour en bénéficier, il faudrait moderniser un réseau électrique hérité de l’époque soviétique, conçu pour des centrales à charbon et inadapté aux renouvelables. Des investissements considérables qui ne sont pas, pour l’instant, à l’agenda européen.

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Le pays, à l’instar de l’Ouzbékistan, aurait pourtant besoin d’accélérer sa transition. L’électricité y est toujours produite au charbon pour l’un, au gaz pour l’autre. En 2024, alors qu’il a les objectifs de réduction des émissions de CO2 les plus ambitieux de la région, le Kazakhstan a investi davantage dans de nouvelles capacités charbon que dans les renouvelables, rapporte le Global Energy Monitor.

Une dépendance aggravée par l’exploitation des matières critiques. Car les usines de transformation des minerais tournent au charbon, explique Dimitry Kalmykov, directeur du musée écologique de Karaganda. « Les partenariats n’auront aucun effet sur la transition énergétique d’Asie centrale », affirme Vadim Ni.

« Préjudice irréversible à la biodiversité »

Pire encore, « les projets extractifs menacent d’accroître une pollution de l’air déjà critique », s’inquiète Dimitry Kalmykov. Cendres, métaux lourds, ammoniac : plusieurs études, dont une communication scientifique présentée en 2020, établissent un lien direct entre industrie minière et dépassement des seuils toxiques.

Quant au projet hydrogène, Kirill Ossin, fondateur de l’ONG EcoMangystau, prévient qu’il risque de porter un « préjudice irréversible à la biodiversité ». Construit dans la réserve naturelle d’Ustyurt, dans le sud-ouest du Kazakhstan, le parc détruirait l’habitat des gazelles et couperait les corridors empruntés par l’aigle des steppes, le koulan — un âne sauvage — et le léopard de Perse.

 
Il ne subsiste à l’état sauvage que 1 000 léopards de Perse, dont le milieu naturel est menacé par un projet d’extraction d’hydrogène vert au Kazakhstan. Wikimedia Commons / CC BYSA 2.0 DE / Marcel Burkhard

S’y ajoute la saumure issue du dessalement de l’eau de mer, nécessaire à l’électrolyse. Plus chaude et plus salée que l’eau d’origine, elle pourrait perturber les écosystèmes marins si elle était rejetée dans la Caspienne. Une étude de faisabilité commandée par le gouvernement allemand, coécrite par Svevind, évoque un traitement « durable » des rejets, sans en préciser les modalités.

Vieux réflexes extractivistes

Les habitants aussi pourraient en faire les frais, car neuf litres d’eau seront pompés pour produire chaque kilo d’hydrogène, dans une région aride où l’accès à l’eau est déjà conflictuel. Les scientifiques tirent la sonnette d’alarme : la mer Caspienne a baissé de deux mètres en vingt ans, et pourrait en perdre jusqu’à 14 de plus d’ici à la fin du siècle. C’est la pêche, l’agriculture et la consommation domestique qui sont menacées.

L’étude allemande admet une « situation critique » et reconnaît que l’hydrogène « accentuera la pression sur les ressources en eau ». Anticipant les critiques, l’UE a lancé le plan d’investissement Team Europe pour améliorer la gestion de l’eau. Cependant, signalent certains chercheurs : les financements sont insuffisants et sa mise en œuvre repose sur la bonne volonté des élites locales.

« La transparence se réduit, l’information ne circule pas et les citoyens ne sont pas consultés »

Malgré leurs zones d’ombre, les projets ne sont pas rejetés en bloc par les activistes. Sous conditions, ils admettent qu’ils pourraient profiter à la transition comme aux habitants. « C’est un projet prometteur, attractif, avec des retombées économiques importantes », reconnaît Kirill Ossin à propos de l’hydrogène. Mais tous dénoncent l’approche européenne qui perpétue les vieux réflexes extractivistes, par « peur de passer à côté de ressources dont elle a besoin », dit Mariya Lobacheva, directrice d’Echo, une ONG kazakhe pour la transparence et la participation citoyenne.

Craintes d’une répétition du scénario des années 1990

Vadim Ni regrette que l’UE « s’en remette aux autorités locales, alors même qu’elles ne sont pas toujours compétentes ». En 2021, le Kazakhstan s’est doté d’un Code de l’environnement censé contraindre les entreprises à limiter leur empreinte écologique. Mais, faute de moyens, « le système d’évaluation environnementale stratégique n’est pas appliqué », explique-t-il.

Derrière la vitrine démocratique, Mariya Lobacheva fait un constat amer : « La transparence se réduit, l’information ne circule pas et les citoyens ne sont pas consultés. » La société civile peine donc à jouer un rôle de garde-fou. « Personne ne fait pression sur les investisseurs ou le gouvernement. Les gens ne croient pas à leur capacité à changer les choses », dit Dimitry Kalmykov.

Mariya Lobacheva redoute une répétition du scénario des années 1990, lorsque les contrats signés avec les majors pétrolières ont été conclus sans consultation publique. Même les emplois promis par l’UE ne réveillent pas son enthousiasme : « Il n’y a aucune transparence sur les conditions et les niveaux de qualification des postes réservés aux Kazakhs. »

Pour convaincre l’Asie centrale de ses bonnes intentions, l’UE doit passer à l’acte. En commençant par ouvrir le dialogue avec les habitants, scientifiques et écologistes, « seule façon de garantir des partenariats gagnant-gagnant », affirme Kirill Ossin.

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En Serbie, la lutte contre le lithium alimente une révolte historique

[pompé sur Reporterre]

Les manifestants qui contestent depuis six mois le pouvoir en place en Serbie se sont joints à la lutte contre la plus grande mine de lithium d’Europe. Ce projet, soutenu par l’UE, menace les réserves d’eau potable du pays.

Dans une ambiance de fête, ils arrivent par petits groupes, avec leurs gilets jaunes recouverts de badges, leurs pancartes et leurs sifflets autour du cou. Le 9 mai, nombre d’étudiants serbes ont décidé d’envahir le centre de Loznica, une petite ville de l’ouest de la Serbie près de laquelle pourrait s’ouvrir la plus grande mine de lithium d’Europe, portée par la multinationale anglo-australienne Rio Tinto.

« Je suis venu manifester pour défendre la vallée du Jadar et à cause des actions inquiétantes qu’entreprend notre gouvernement », explique Nikola Boca sur son vélo. Cet étudiant en comptabilité de 21 ans a fait partie des 80 jeunes cyclistes qui ont pédalé en avril 1 400 km jusqu’à Strasbourg, afin d’alerter les institutions européennes sur la corruption dans leur pays, candidat à l’Union européenne (UE). « On s’oppose au projet parce qu’il faut défendre la nature près de laquelle on a grandi, défend Nikola. Certains projets pourraient avoir des conséquences négatives pour nous tous. »

Convergence des luttes

Cette manifestation s’inscrit dans un mouvement de contestation plus large, qui secoue la Serbie depuis six mois. Le 1er novembre 2024, le toit en béton de la gare de Novi Sad, tout juste rénovée à grand frais, s’effondrait, faisant seize morts dans le nord du pays. La tragédie est rapidement devenue un symbole de la corruption qui ronge la Serbie du président Aleksandar Vučić, au pouvoir depuis 2012.

Déterminés et organisés dans leurs facultés au sein de plenums où s’expriment horizontalité et démocratie directe, les étudiants animent depuis un mouvement de contestation inédit qui fait trembler le régime. Des foules immenses ont régulièrement répondu à leur appel pour la justice et un État de droit. Jusqu’à 300 000 personnes se sont ainsi massées sur les boulevards de Belgrade le 15 mars : la plus grande manifestation de l’histoire de la Serbie. Mais le président, un proche du dirigeant hongrois Viktor Orban et allié de Moscou, s’accroche au pouvoir.

Sit-in, grèves, marches, marathons… afin d’éviter l’essoufflement de la contestation, les étudiants ont multiplié les actions dans tout le pays, obtenant le soutien d’une partie importante des 6,6 millions de Serbes, largement favorables à leur mouvement. Les agriculteurs de Loznica, opposés depuis des années au projet de mine de lithium de Rio Tinto sont par exemple régulièrement venus les aider à bloquer les routes avec leurs tracteurs. La convergence des luttes semble se dessiner dans une société malmenée par une douzaine d’années d’autoritarisme et de régression démocratique depuis l’arrivée au pouvoir d’Aleksandar Vučić.

« Les institutions fonctionnent uniquement au service du pouvoir et de certaines corporations »

« Nos revendications sont les mêmes que celles des étudiants : nous avons un problème avec les institutions, dit l’agriculteur Zlatko Kokanovic, chef de file de l’initiative Ne donnons pas le Jadar, qui se bat contre le projet d’extraction minière. Les institutions fonctionnent uniquement au service du pouvoir et de certaines corporations. Tout se résume à la corruption et à la capture de l’ensemble des institutions par les dirigeants actuels : le système judiciaire, mais aussi l’armée, l’Église, la police… Ils ont plongé ce pays dans un état d’immoralité, de corruption et de crime. »

Avec leur dénonciation du système clientéliste mis en place par le parti au pouvoir, les étudiants comme les opposants à la mine sont devenus les bêtes noires du régime. Les tabloïds et les chaînes de télévision pro-Vučić les accusent quotidiennement d’être des « agents de l’étranger » et de fomenter « une révolution de couleur », reprenant le lexique de Vladimir Poutine.

Symbole de la dilapidation des ressources naturelles

À 10 kilomètres du centre de Loznica, la vallée du Jadar, où la mine pourrait voir le jour, offre un cadre enchanteur, avec des petits champs fertiles entourés de collines verdoyantes. Mais, dans le village avoisinant de Gornje Nedeljice, plusieurs maisons n’ont plus de toit, ni de fenêtres : soumis à la pression des autorités et de la multinationale, beaucoup d’habitants ont cédé et vendu leur terrain. Au milieu de ce paysage de désolation, un groupe de joggeuses venues de Belgrade participe à une bruyante course en relais. C’est le vingtième week-end de suite que ces mères de famille courent en soutien aux étudiants.

« Toutes ces dernières années, nous nous sommes cachés dans des trous de souris face à ce pouvoir, en nous persuadant que nous étions une minorité, mais en fait, nous sommes la majorité. C’est juste que nous nous taisions et les étudiants nous ont convaincus de ne plus nous taire, s’enthousiasme ainsi Marijana Agic-Molnar. Tout le monde est maintenant informé des conséquences qu’aura le projet de Rio Tinto, notamment sur l’approvisionnement en eau. Mais l’élite politique ne prête pas attention aux avis des acteurs compétents, ni de l’opinion publique. C’est pour ça que nous sommes ici : pour leur dire que ça suffit ! »

« La façon dont ils prévoient de stocker les déchets est effrayante »

Grâce à l’immense gisement du Jadar, la multinationale anglo-australienne Rio Tinto prévoit l’extraction dès 2028 de plus de 58 000 tonnes de lithium par an, de quoi fournir la production de plus de 1 million de véhicules électriques. En Serbie, le projet est devenu le symbole de la dilapidation des ressources naturelles par un régime corrompu, qui a mis au pas les contre-pouvoirs. Alors que certains projets passés de Rio Tinto en Australie, à Madagascar, ou encore en Papouasie-Nouvelle-Guinée ont eu des conséquences sanitaires et environnementales désastreuses, les opposants serbes s’inquiètent notamment pour leur futur accès à l’eau et ils ne croient pas au discours rassurants de la multinationale.

« Leur étude d’impact environnemental recense six espèces impactées, alors que nous en avons compté 250 ! s’alarme ainsi Krizmanic Imre, professeur à la faculté de biologie de Belgrade. La façon dont ils prévoient de stocker les déchets est effrayante : pendant soixante ans, des caisses de quelques millimètres d’épaisseur vont être remplies de dizaines de millions de tonnes de déchets les plus toxiques : de l’arsenic, du bore, des métaux lourds… Ils seront déposés ici et resteront pour toujours en pénétrant le sol et en infiltrant nos cours d’eau. Et on est dans une région où se trouve la plus grande réserve d’eau potable de l’ouest de la Serbie. »

Complaisance d’Emmanuel Macron

Il y a trois ans déjà, le projet de Rio Tinto avait suscité des manifestations gigantesques partout en Serbie, contraignant le président Vučić à annoncer sa suspension. Mais, à l’été 2024, il a été relancé par la signature d’un partenariat stratégique avec l’Union européenne en présence du chancelier allemand Olaf Scholz, accompagné des dirigeants de Mercedes et Stellantis. Un choc pour la jeunesse de Loznica, qui ne veut pas être sacrifiée au profit de la « transition verte » de l’UE et de l’électrification de l’industrie automobile allemande.

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« Savoir comment nous allons vivre et préserver notre nature est bien plus important que de savoir si nous aurons des voitures électriques ou des batteries pour ces voitures, se désole ainsi Nena Popovic, 18 ans, membre d’une chaîne humaine dans le centre de sa ville de Loznica. On peut vivre sans ces batteries, mais pas sans eau ni un air sain. »

Dans des Balkans occidentaux toujours tenus à la porte de l’UE et de ses standards environnementaux, les citoyens s’inquiètent de voir leurs pays transformés en colonies minières. Les permis de prospection se multiplient en Bosnie-Herzégovine comme en Serbie et la course à « l’or blanc » agite les investisseurs extractivistes. « Loznica n’est pas le seul endroit où Rio Tinto veut implanter des mines, s’inquiète Nena Popovic en montrant son badge, qui clame « ils ne mineront pas ». C’est une lutte qui nous réunit et qui concerne tout le monde dans la région. »

Depuis plusieurs semaines, les étudiants serbes tentent d’obtenir le soutien des dirigeants européens dans leur lutte pour l’État de droit. Sans succès pour l’instant, puisque Aleksandar Vučić a même été reçu par Emmanuel Macron en le 9 avril. Le président français n’a pas eu un mot pour ce mouvement inédit en faveur de la démocratie. Il faut dire que les entreprises françaises présentes à Belgrade — Vinci, Michelin, Veolia, Dassault — semblent elles aussi fort peu s’émouvoir de la dérive autocratique du pouvoir serbe.

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Le plus grand parc de stockage d’électricité s’installe à Cheviré

[pompé sur nantes.port.fr]

La filiale française de la société britannique Harmony Energy a choisi la zone portuaire de Cheviré pour implanter son futur parc de batteries bénéficiant de la technologie TeslaMegapack d’une puissance de 100 MW, stockant une énergie de 200 MWh. Il s’agira du plus grand parc de stockage d’électricité par batteries en France.

« Le parc sera en mesure de soutirer et restituer l’équivalent de 2 heures d’électricité pour alimenter 170 000 foyers. Ce seront les premières batteries d’une telle capacité jamais installées en France” précise Harmony Energy.
Les travaux ont débuté cet été. La mise en service est attendue à l’hiver 2025.

«La transition énergétique est une réalité pour Nantes Saint-Nazaire Port. Elle s’illustre à travers l’accueil des filières comme celles des énergies marines renouvelables ou encore de l’hydrogène. Accélérer cette transition pour faire face aux défis climatiques et énergétiques passe également par l’expérimentation de solutions énergétiques innovantes sur le domaine portuaire. Nous sommes heureux d’ajouter une nouvelle pierre à cet édifice avec l’accueil, sur le site portuaire de Cheviré, de l’un des leaders en Europe dans le stockage d’énergie, Harmony Energy, et l’implantation du plus grand parc de stockage d’électricité par batteries en France», se félicite Jean-Rémy Villageois, Président du Directoire de Nantes Saint-Nazaire Port.

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Bordeaux : Surcoût, calendrier, environnement… Où en est le projet de méga usine pour batteries EMME ?

Une nouvelle phase de concertation, qui durera jusqu’au 15 mai, démarre pour le projet « EMME », qui prévoit d’installer près de Bordeaux une usine de traitement du nickel et du cobalt en bord de Garonne, pour un investissement total de 540 millions.

Une nouvelle phase de concertation avec le public, placée cette fois-ci sous l’égide de la CNDP (Commission nationale du débat public), vient de démarrer concernant le projet contesté d’implantation de l’usine EMME près de Bordeaux, en bord de Garonne.

Les porteurs du projet EMME, pour « Electro Mobility Materials Europe », souhaitent installer d’ici à 2028 sur le site portuaire de Grattequina, à cheval sur les communes de Blanquefort et Parempuyre, une usine de transformation de nickel et de cobalt pour les batteries des voitures électriques et hybrides. Le président de EMME, Antonin Beurrier, était cette semaine à Bordeaux pour défendre l’implantation de cette usine sur ce site, alors que des habitants de communes voisines s’y opposent, craignant des risques environnementaux.

pole-industriel-en-bord-de-garonneCe pôle industriel en bord de Garonne prévoit d’accueillir un procédé de transformation du nickel et du cobalt, pour les batteries des véhicules électriques. - JDS Architectes

C’est quoi au juste une usine de transformation de nickel et de cobalt ?

Le nickel et le cobalt sont des matériaux utilisés dans les cathodes des batteries lithium-ion des véhicules électriques et hybrides. La masse de nickel contenu dans ces véhicules varie de 40 à 120 kg. Mais pour être utilisés dans les batteries, ces matériaux doivent être transformés d’un état métallique à un état chimique. C’est ce à quoi doit servir l’usine EMME, qui sera capable de traiter 20.000 tonnes de nickel et 3.000 tonnes de cobalt par an, pour en sortir 89.000 tonnes de sulfate de nickel et 9.000 tonnes de sulfate de cobalt par an. « Nous convertissons sous forme de sels les produits qui arrivent chez nous déjà raffinés », résume Antonin Beurrier.

D’où viennent le nickel et le cobalt, et comment seront-ils acheminés ?

Les principales mines de nickel dans le monde se trouvent en Nouvelle-Calédonie, Amérique du Sud et Indonésie. Pour le cobalt, elles se situent au Congo, Australie et Indonésie.

« D’ordinaire le transport routier [en bout de chaine] est plus économique, avance Antonin Beurrier, mais dans notre cas l’acheminement terrestre ne serait pas compétitif, même s’il y a un nœud : la matière arrive de loin, par bateau, et Bordeaux n’est pas situé sur les lignes directes de transport maritime international. Cela aura donc un coût de faire transiter la marchandise par Rotterdam ou Le Havre, avant de la faire venir ici. Mais ce ne sera pas un surcoût important, et surtout c’est l’empreinte carbone la plus réduite. L’économie est donc largement positive. »

Même le transport des matériaux pour la construction du site devrait se faire majoritairement par voie maritime. Quelque 145 modules préconstruits doivent notamment être acheminés par bateau, sur une durée de huit mois.

Lorsque l’usine tournera à plein régime, « nous aurons des volumes importants à transporter, donc le choix d’être en bord de Garonne est essentiel et inhérent au site lui-même », insiste de son côté Sylvie Dubois-Decool, directrice générale. « En revanche, en bord de fleuve, il faut se protéger du risque inondation, sans créer de problèmes à nos voisins », ajoute Antonin Beurrier.

Est-ce dangereux ?

L’usine, si elle se réalisait, serait classée Seveso seuil haut en raison « de risques environnementaux pour le milieu aquatique en cas d’accident ». Un collectif, Alerte Seveso Bordeaux Métropole, estime que « le risque de contamination des sols et des eaux par l’usine est extrêmement élevé avec des conséquences potentiellement graves et persistantes pour la santé humaine et la biodiversité ». Un des représentants du collectif, Jean-Marc Farthouat, indique avoir « peur, notamment en raison de la quantité de produits dangereux, et inflammables, stockés sur ce site ». Le stockage des produits en containers atteindrait par ailleurs « une hauteur de dix mètres » s’indigne cet habitant de Parempuyre. « Cela, on ne vous le montre pas sur les belles images de synthèse du dossier… »

Quel serait le risque de fuite dans la Garonne ? Dans les éléments communiqués dans le dossier de concertation, l’industriel explique que « les produits sont conditionnés dans des big bags étanches, eux-mêmes conditionnés dans des containers scellés, et la matière première est très peu soluble dans l’eau ». Et durant le processus de fabrication du sulfate de cobalt et de nickel, « il n’y a aucune possibilité de fuites car ils sont produits en circuit fermé ».

Le risque inondation est également pointé du doigt. L’association martèle qu’il est « aberrant » de prévoir une usine Seveso en zone inondable. « Comment est-il possible d’imaginer rendre cette zone compatible pour autoriser l’implantation d’une usine Seveso à haut risque en zone agricole, non seulement inondable mais aussi soumise aux risques de submersion par la Garonne ? »

Les éléments du dossier assurent que ce risque est aussi pris en compte. « L’événement retenu pour les modélisations du projet est celui de la tempête de 1999 avec une rehausse du niveau de la mer d’1,20 mètre au niveau du Verdon [correspondant aussi au scénario le plus pessimiste du Giec, avec un réchauffement mondial de + 4,4 °C à horizon 2100]. » Le remblai de l’usine a ainsi « été dimensionné pour une hauteur minimale de 5,50 mètres afin de protéger le site ». « Le risque est surtout que cette quantité énorme de remblai vienne écraser le sol et freiner l’arrivée des eaux souterraines, avec des répercussions sur la montée des nappes phréatiques à Parempuyre », s’inquiète de son côté Jean-Marc Farthouat.

Quel est le coût du projet ?

Le programme est désormais chiffré à 540 millions d’euros, puisqu’il intègre 40 millions d’euros de surcoût : « 20 millions d’euros en raison du décalage du projet de six à huit mois après les nouvelles phases de concertation, et 20 millions d’euros en raison du redimensionnement du projet » pour réduire son imperméabilisation. « Les investissements de base – pour les bâtiments, les machines… – atteignent désormais 340 millions d’euros avec ces surcoûts, détaille Antonin Beurrier. Les études d’ingénierie, les simulations, les tests, avoisinent les 100 millions d’euros. Puis il y a les frais de mise en service (constitution de stocks, recrutement…) qui atteignent là aussi les 100 millions d’euros. »

Quelles retombées pour la région ?

Les porteurs du projet indiquent qu’ils veulent s’inscrire dans un « écosystème » regroupant 85 acteurs de la filière batterie en Nouvelle-Aquitaine. « Nous ferons travailler des sous-traitants, et nous espérons vendre nos produits à des clients comme SAFT. » Le site devrait par ailleurs employer environ 200 personnes, et générerait 300 emplois indirects.

Antonin Beurrier souligne également que cette usine répondrait à des enjeux de décarbonation, sachant que « la production de véhicules électriques dépend fortement de matières premières raffinées en Chine, où les processus sont associés à de fortes émissions de CO2 ». Le projet EMME permettrait ainsi d’économiser « 1,6 million de tonnes de CO2 par an ». « C’est tout simplement le plus grand projet de décarbonation de toute la région », selon le PDG.

Publié dans Capitalisme vert, Rebut de presse, Usines de batteries | Commentaires fermés sur Bordeaux : Surcoût, calendrier, environnement… Où en est le projet de méga usine pour batteries EMME ?

Niort : « L’action directe continuera tant que je vivrai… »

[pompé sur Attaque]

Libération / mardi 8 avril 2025

Depuis septembre, un étrange phénomène frappe les rues de la préfecture des Deux-Sèvres : une fois par mois environ, un véhicule sorti des usines d’Elon Musk prend feu. «Libé» a suivi les traces du pyromane, jusqu’à le débusquer [c-à-d : une écrivaillonne de Libé a posté une annonce sur Indy Nantes et les compas ont bien voulu lui répondre ; NdAtt.].

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L’épaisse fumée de la cigarette électronique d’Ivana s’écrase contre la vitre de sa Tesla. «Pour la garer, maintenant, je choisis un lieu où il y a du passage et des caméras», explique la vingtenaire. A Niort (Deux-Sèvres), où cette commerciale travaille, un étrange phénomène court les rues depuis septembre. Au moins une fois par mois, quelque part en ville, une voiture de la célèbre marque américaine prend feu au cœur de la nuit. Sorte de roulette russe du pneu cramé. De jeu des Loups-Garous version bagnole calcinée. Rien que sur le parking où son véhicule électrique fait le plein, les flammes ont sévi en octobre et aucun conducteur ne prend depuis le risque de s’absenter le temps de la recharge. La jeune femme enrage : «C’est honteux, on crame pas des voitures pour des opinions politiques, tout comme on n’achète pas une Tesla pour Elon Musk.»

Forcément, face à ces feux en série, l’hypothèse d’une action anti-Musk est la première envisagée. Manifestations , véhicules rayés, incendies de concessions… Ces derniers temps, les dégradations à l’égard de la marque du milliardaire s’accumulent au fil des frasques de son grand patron. Notamment depuis le salut nazi du bras droit de Trump en janvier. Les soutiens à l’extrême droite et les coupes franches dans les administrations américaines sont d’ailleurs l’une des explications de la chute des ventes de Tesla de 13 % au premier trimestre 2025 par rapport à la même période l’an dernier et l’effondrement de l’action de la marque d’Austin de plus de la moitié depuis le record du 17 décembre 2024. Mais dans le cas de Niort, le doute plane encore : l’homme le plus riche du monde est-il la cible du coupable, toujours recherché ?

Pour commencer, les dates ne coïncident pas : les premiers incendies ont eu lieu bien avant le geste polémique du big boss. Ensuite, outre la dizaine de Tesla cramée, au moins deux véhicules de luxe ont aussi été visés. Une Porsche et une Aston Martin. Dans les rues beiges de la ville, des traces noirâtres se mêlent désormais au décor. Ici sur des branches carbonisées, là sur une palissade autrefois immaculée. Ces traces, Libé les a suivies, et a remonté la piste de l’incendiaire en série de Niort.

La poisse de Stéphan

En ce moment, pas mal de monde charrie Stéphan. Les collègues, déjà. «Ils m’ont demandé si j’avais essayé de faire un barbecue»,raconte ce commercial du BTP, par ailleurs végétarien. Et les pompiers, aussi. «Encore vous ?» lui lancent-ils goguenards, le 10 mars. Les hommes du feu éteignent alors pour la deuxième fois en quelques mois un incendie en bas de chez lui, route d’Aiffres. Des flammes qui, de nouveau, réduisent en cendres une Tesla blanche, son véhicule de fonction.

La première fois, c’était le 15 septembre. «Mes voisins avaient entendu du bruit et des voix, mais j’ai d’abord cru que c’était accidentel», rapporte le quadra à fines lunettes. A la deuxième Tesla HS, le doute se dissipe. Cette nuit-là, les policiers rappliquent, très agacés. Vingt minutes plus tôt, leur patrouille est passée devant l’allée du Niortais sans rien observer d’anormal. «Ça fait un certain tempsqu’on surveille toutes les Tesla », lui expliquent les agents.

A ce moment-là, cela fait aussi un certain temps qu’ils cherchent le coupable. Depuis septembre, une enquête est ouverte au chef de «destruction volontaire par incendie» par le parquet de Niort. Mais pour l’heure, le serial incendiaire ne cesse de s’évaporer. Sans jamais laisser sur les lieux un indice sur ses motivations. Depuis son salon, Stéphan a vue sur la place de parking encore carbonisée. Regard mélancolique devant un buisson lui aussi touché : «Les feuilles cachaient la route l’été… C’est dommage.» A ses pieds, son chien, un shih tzu aux poils emmêlés, soupire de concert.

Le zen de Didier

Bermuda, gambettes bronzées et bracelets perlés façon surfeur, Didier vit à quelques mètres de Stéphan, dans un quartier tranquille du boulevard Charles-Baudelaire. Le quinqua se décrit comme «le sixième de la bande». Comprendre : le sixième à avoir vu sa Tesla finir au bûcher, le 18 novembre. Lorsque les pompiers sont arrivés cette nuit-là, le propriétaire les a médusés. Le feu a pris devant sa palissade, juste à côté d’un autre de ses véhicules : son précieux combi Volkswagen. La portière droite de ce dernier commençait à flamber, mais qu’importe. Didier est monté à bord, l’a démarré et déplacé. Son voisin, Stéphan, en pouffe encore : «Je crois qu’il s’est fait un peu fait gronder.»

Didier n’a jamais envisagé la possibilité d’une action anti-Musk. Le Niortais n’en a d’ailleurs pas grand-chose à faire de ce milliardaire. Au chômage lorsque le feu a pris, il a acheté sa Model 3 à 40 000 euros en 2023 dans l’espoir de la revendre un an plus tard. Idéalement, un peu plus chère. «Le problème, c’est qu’Elon Muska décidé de baisser le prix du neuf », regrette-t-il. L’autre souci, c’est qu’il ne reste aujourd’hui de l’automobile plus que le coffre. Et les 35 000 euros que l’assurance a bien voulu lui reverser.

Pour démasquer le coupable, le quinquagénaire a vérifié la caméra de son jardin. Mais sur les images, personne. Seule «une boule de feu»scintille. Avec le recul, Didier préfère en rire : «J’aimais bien ma Tesla, c’était une voiture de feignant, avec une seule pédale.»On lui demande dans quoi il roule maintenant. Moue déçue d’un enfant : «Une Renault Zoe.»

La galère de Simon

«Votre pneu avant droit est dégonflé.» Simon a reçu cette notification à 2h18, le 15 octobre, alors que sa voiture se consumait entièrement. Lui aussi a perdu sa Tesla à côté de chez lui, avenue de Limoges. Le genre de voie sur laquelle les voitures rasent les maisons toute la journée. «Un policier m’a dit qu’une canette de Schweppes remplie d’essence avait été retrouvée dans un buisson près d’un autre incendie. Mais depuis, je n’ai plus de nouvelle», rapporte l’homme de 24 ans.

Alternant en cybersécurité, Simon faisait le trajet Niort-Nantes pour travailler. 1 h 40 aller, 1 h 40 retour. Après l’incendie, l’étudiant aux bouclettes blondes a dû se débrouiller, entre véhicule de prêt et covoiturage. «J’ai fini par me dire que j’allais être viré», se rappelle-t-il. Finalement, une solution est trouvée : les jours où Simon n’a pas de voiture, il se rend en train au siège de sa boîte… à Paris. Trois fois plus loin que Nantes, mais plus accessible depuis Niort. «J’ai tenté un nombre incalculable de fois de demander un geste à Tesla, on m’a envoyé balader», regrette-t-il avec amertume. Libé, qui a aussi contacté l’entreprise pour des renseignements, n’a pas eu beaucoup plus de chance.

Qui a fait le coup ? Le rapport d’expertise a seulement permis de conclure que le feu était parti du coin avant droit de sa voiture. Pendant un temps, le jeune homme a eu l’espoir de résoudre le mystère grâce au mode Sentinelle, une fonctionnalité filmant les abords de sa Tesla. Mais la clé USB stockant les images a elle aussi été détruite par les flammes. Désormais, Simon ne dispose que d’un seul et maigre indice : une tentative d’ouverture de sa poignée de portière, enregistrée par le véhicule à 2 h 16.

Le blues de Christian

Les fleurs de sa boutique respirent la joie de vivre. Mais le regard de Christian se perd dans le vide. Le chef d’entreprise de 47 ans ne se remet pas de la perte de sa voiture, survenue le 22 octobre. Sans cesse, il se repasse le film. L’anniversaire de sa femme dans un bon resto, le choix d’y aller avec son véhicule fétiche et celui enfin de le « faire dormir» une fois, «juste une fois», dans la rue. La fois de trop : son Aston Martin aussi a goûté aux flammes. «Je ne suis pas millionnaire, j’ai acheté cette voiture pour 55 000 euros. C’était le fruit du travail et de sacrifices. J’en rêvais et j’avais la ferme intention de vieillir avec», raconte-t-il, la gorge nouée.

C’est le klaxon devenu fou de son véhicule qui l’a réveillé ce soir-là. En chaussettes, le quadra s’est précipité dans la rue : comme celle de Simon, sa voiture était garée avenue de Limoges. Et comme celle de l’étudiant, les flammes s’étaient déclenchées du côté avant droit de l’engin. L’expertise a confirmé que l’incendie était volontaire. «Cette voiture avait un dessin superbe. Quand j’avais un coup de mou, j’allais faire un tour avec et ça allait mieux. Quand je la voyais, j’avais toujours ce petit coup de cœur, celui de l’amoureux», s’émeut Christian. Dans ses yeux, une lueur brille. Avant de s’éteindre aussitôt : «Qu’est-ce que j’ai fait de mal à ceux qui l’ont brûlée ?»

La colère de l’incendiaire

En octobre et novembre, deux feux de Tesla ont frappé le parking de la gare de Niort. Des restes d’aluminium cramé jonchent encore le sol. Le 28 novembre, un véhicule s’est embrasé avenue Léo-Lagrange. L’un des volets de la maison du propriétaire, noirci et gondolé par les flammes, demeure baissé. Dernièrement, le serial brûleur a élargi sa zone d’action à Chauray, à environ 12 km de Niort. Deux Tesla appartenant à une mutuelle sont entrées en combustion, le 18 mars. Le maire Claude Boisson (sans étiquette) s’étonne : «On est une ville très calme, ici les véhicules ne brûlent pas. Ou s’ils brûlent, c’est pour une histoire de court-circuit.»

Le même jour que ce feu, une publication intrigante est apparue sur Internet. Sur le site militant de Nantes Indymedia [ou ici ; NdAtt.], un article signé par «des anarchistes» relate : «Afin de bousculer le quotidien de petits-bourgeois, ou du moins, d’individus se comportant comme tels, quinze de leurs voitures ont été incendiées dans la région de Niort.» Des feux non accidentels, insistent-ils, sans pour autant les revendiquer.

Libé a tenté de contacter l’auteur. Et a un jour reçu un mail anonyme : «Nos échanges se feront uniquement via chiffrement.» Condition acceptée. «Je suis un des militants à l’origine de ces actions», se présente l’internaute. En guise de preuve, il nous fournit une liste des adresses précises de certains feux. Ainsi que des plaques d’immatriculation concernées. On l’interroge sur ses motivations. D’emblée, il éclaire : «Le salut nazi d’Elon Musk n’a pas été le déclencheur.» Même si le geste a, concède-t-il, «renforcé la cause anticapitaliste et antifasciste, en établissant publiquement un lien évident entre le capitalisme et la montée de l’extrême droite, notamment du nazisme».

D’après notre interlocuteur, les militants ont voulu viser «la bourgeoisie». «Parce qu’il est indécent et provocateur que certaines personnes se permettent d’acheter et de parader dans la rue avec des véhicules de luxe […] alors que d’autres survivent à peine», s’indigne-t-il. Pourquoi avoir surtout visé les Tesla ? Car c’est «un Big Brother sur roues, et dans une société dans laquelle la technologie prend une place croissante au détriment des libertés et de l’environnement, il est plus que nécessaire d’agir». La façon dont ils mènent leur combat, admet-il, a peu de chance d’être «audible par les propriétaires des voitures incendiées» . Toutefois, il continuera. Dans un dernier échange, on lui demande s’il compte ressortir le briquet bientôt : «L’action directe continuera tant que je vivrai, sous différentes formes et à différents endroits.»

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St Yrieix la Perche – Nouvelle manifestation contre les mines d’or

[pompé sur stopmines87]

Samedi 19 avril 2025, plus de 350 personnes se sont rassemblées à St Yrieix La Perche, au sud de la Haute-Vienne pour dire non aux mines d’or, ni ici, ni ailleurs. Pour elles, les mines, c’est de la pollution de l’eau et de l’air, des nuisances sonores. Le profil pour quelque uns et la « merde » pour les riverains, comme l’a très bien exprimé Patrick Blondy, pomiculteur à Coussac-Bonneval.
Ce cortège bigarré, hétéroclite se voulait totalement apolitique. Des agriculteurs et agricultrices de la Confédération paysanne et de la FNSEA, la députée LFI Manon Meunier, le maire de Chateau Chervix Jean-Paul Lachaud (sans étiquette), , des professionnels du tourisme… Des personnes de tout âge, de toute sensibilité… car la question des mines d’or concerne tout le monde.

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Appel à une grande manifestation en Ariège pour dire Stop aux nouveaux projets miniers

[pompé sur stopminesalau]

Après la mise en échec d’un premier permis de recherches minières pour la réouverture de la mine de Salau, une nouvelle demande de permis a été déposée. Toujours aussi toxique, le projet de Néometal concerne cette fois-ci les communes d’Ustou, d’Aulus, d’Auzat et de Couflens-Salau. Il prévoit aussi une usine de traitement du minerai à Saint-Girons. Ce projet mortifère ne doit pas voir le jour !
À Salau et à Eylie 900.000 m3 de résidus miniers empoisonnent déjà les sols et les eaux : amiante, arsenic, cadmium, plomb et autres métaux lourds. Il n’y a aucune illusion possible : la réouverture des
mines, c’est toujours plus de déchets toxiques ingérables et une pollution des eaux systématique.
Cette fois-ci l’extraction de l’or, convoité, va nécessiter un traitement au cyanure, peu recommandé par les agences de santé et très nocif pour l’environnement. Les tenants du projet parlent d’une « mine propre et responsable ». Que de mensonges : la mine propre n’existe pas ! On ne fera pas disparaître par enchantement les déchets miniers et la pollution des cours d’eau. Faut-il aussi citer les norias de camions chargés de minerais, circulant sur les routes de montagne traversant les villages et des sites naturels ?
Dans la mine de Salau, la présence d’amiante et les maladies mortelles des derniers mineurs sont clairement documentées, malgré le déni des tenants du projet. Aucune technique moderne n’évitera ces graves risques pour la santé des ouvriers et des riverains. Du temps de son fonctionnement, la mine de Salau a créé des emplois, d’où la nostalgie de certains pour cette époque. Mais aujourd’hui, que valent quelques emplois temporaires créés au milieu des machines automatiques face à l’empoisonnement irréversible du territoire et des populations ?
La ruée minière d’aujourd’hui se fait au nom de la « transition écologique », de la numérisation totale de la société et du réarmement des États. Contrairement aux arguments avancés, ce n’est pas en creusant ici que l’on empêchera la barbarie minière dans d’autres régions du monde. C’est la folie extractiviste et coloniale du capitalisme que l’on doit combattre.

Ne les laissons pas faire !
Aucun nouveau minerai ne doit sortir de terre, ni en Ariège, ni ailleurs !

Grande Manifestation le 24 mai – 14h30, allées de Villote, Foix

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18 terrains de foot par jour : nos voitures électriques détruisent la forêt

[pompé sur reporterre.net]

Rouler à l’électrique accélère la déforestation. C’est la conclusion inquiétante d’une nouvelle étude, publiée le 7 mai par les ONG Fern et Rainforest Foundation Norway. « La future demande européenne en matière de véhicules électriques pourrait faire payer un lourd tribut aux forêts mondiales et aux peuples autochtones », alertent les ONG, alors que les pays de l’OCDE planchent sur un approvisionnement « responsable » en minerais.

D’après ce rapport, la poursuite de nos usages actuels, qui s’appuient sur des batteries composées principalement de minerais extraits des sols forestiers, entraînerait la destruction de 118 000 hectares de forêts. Soit l’équivalent de 18 terrains de football par jour au cours des vingt-cinq prochaines années, rien que pour satisfaire la demande européenne.

« La consommation en métaux des Européens génère des massacres »

Les batteries représentent environ 70 % de l’empreinte de déforestation des véhicules électriques. Comme Reporterre le révélait en 2023, même le cobalt dit « responsable » est extrait dans des conditions sociales et écologiques désastreuses. « La consommation en métaux des Européens génère des massacres », dénonçait également sur notre site l’association Génération Lumière.

Pour éviter ce désastre, les chercheurs de l’association négaWatt et de l’université de Vienne — qui ont rédigé l’étude — proposent un scénario alternatif, qui permettrait de réduire la déforestation prévue de 82 %. Celui-ci repose sur le passage à des batteries plus innovantes, qui utilisent du fer et du phosphate plutôt que du nickel et du cobalt, vecteurs de déforestation.

Il se base également sur des politiques de sobriété. « Cela veut dire promouvoir des voitures plus petites, encourager le covoiturage, réduire la demande de déplacements, ou encore diminuer la dépendance à l’égard de la voiture, en particulier grâce à une mobilité plus partagée », précise Adrien Toledano, coauteur de l’étude pour négaWatt, dans un communiqué.

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Le tracé de la RD301 va-t-il être modifié à Saint-Victor? Une consultation publique bientôt lancée

[pompé sur rjfm.net]

Le Conseil départemental de l’Allier va lancer une consultation publique à Saint-Victor le 19 mai,  Elle porte sur un projet de modification du tracé de la Route départementale 301, c’est l’axe qui longe l’usine Dunlop, et qui rejoint Vaux.

Une modification sollicitée par Imerys, dans le cadre de son projet Emili de transformation du lithium, zone de la Loue.Il nécessiterait en fait la création d’un embranchement ferroviaire afin d’acheminer la matière première. Le dévoiement de l’axe routier permettrait ainsi d’éviter le franchissement du faisceau ferroviaire. Et donc de renforcer la sécurité des automobilistes.

Les usagers et habitants pourront s’informer et donner leur avis sur les détails de ce projet à la mairie de Saint-Victor, à la cité administrative de Montluçon, en en ligne sur www.allier.fr. La consultation publique doit durer jusqu’au 13 juin.

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Écologie radicale : 49 grands chantiers « susceptibles de s’embraser » surveillés de près par les renseignements

[pompé sur marianne.net]

Ce vendredi 2 mai, « Le Figaro » a dévoilé une liste de 49 grands projets qui seraient surveillés par la Direction nationale du renseignement territorial. Extraction de minerais, infrastructures de transports, enfouissement des déchets… Selon le quotidien, ces chantiers seraient dans le viseur de « saboteurs » issus de la mouvance écologiste radicale.

Va-t-on vers de nouveaux « Sainte-Soline » – commune des Deux-Sèvres qui avait été le théâtre il y a deux ans de violents affrontements entre militants écologistes et forces de l’ordre autour du projet contesté de mégabassines – partout en France ? Le Figaro révèle ce vendredi 2 mai le dernier état des lieux en date du 18 avril de la Direction nationale du renseignement territorial (DNRT). Le service de renseignement français identifie ainsi 49 sites « susceptibles de s’embraser à travers toute la France ». Extraction de minerais, infrastructures de transports, enfouissement des déchets… De nombreux secteurs seraient concernés.

Courrier de menace

Le quotidien évoque notamment cinq chantiers d’ampleur « susceptibles de donner lieu à une contestation violente » et qui seraient particulièrement surveillés par les renseignements. Sans surprise figure Bure (Meuse), dans le Marais poitevin, où se joue depuis des années une bataille contre le projet « Cigéo » d’enfouissement de déchets radioactifs porté par l’État et contesté par les associations environnementales. Selon les informations du Figaro, « un inquiétant courrier émanant de la mouvance antinucléaire » aurait même été envoyé en février dernier à un responsable du centre Meuse/Haute-Marne de l’Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs (Andra).

« L’enveloppe contenait une munition d’arme de guerre, de type AK-47 », a ainsi rapporté une source au quotidien, ajoutant que « les activistes ont revendiqué cette action dans un long article publié sur les réseaux sociaux ». Et de préciser : « Le texte faisait largement référence à Alfredo Cospito, militant antinucléaire italien, figure de la fédération anarchiste informelle et auteur de deux attentats, dont un visant le directeur d’une entreprise opérant dans le domaine nucléaire et qui a été blessé par balle à la jambe. »

Cette missive, qui dévoile notamment l’adresse personnelle de la victime, avec des photographies de son domicile, est par ailleurs signée par la mention « Groupes autonomes contre le nucléaire » – une référence à la mouvance d’extrême gauche née en mai 1968 qui évolue en dehors de tout parti ou syndicat et prône des formes d’action insurrectionnelle ou illégale.

« Le concept de ZAD n’est plus en vogue »

Toujours selon Le Figaro, les services de renseignements suivent aussi de près le chantier ferroviaire de la Ligne nouvelle du Sud-Ouest (LNSO), qui doit relier Bordeaux à Toulouse et à Dax. Le collectif écologiste radical des Soulèvements de la Terre, fondé en 2021, voudrait « imposer un freinage d’urgence » des travaux. Le préfet de Gironde vient de prendre des mesures, « comme l’interdiction du port et du transport d’objets pouvant constituer une arme dans 30 communes implantées dans le sud du département », relève le journal.

Autre chantier dans le collimateur des écologistes radicaux : la ligne électrique à très haute tension (THT), développé par RTE, reliant la France à l’Espagne via un tunnel en forme de boucle long de 27 kilomètres, avec notamment la présence d’un canyon sous-marin nécessitant de passer les câbles sur terre dans les Landes… Au grand dam des habitants, mais aussi des activistes qui ont occupé la forêt près de Hossegor en début d’année. Un dossier « potentiellement explosif » pour les autorités si la convergence des luttes opère, alors que plusieurs recours en justice ont été lancés pour mettre fin à ce projet.

« Si le concept de ZAD n’est plus en vogue, puisqu’officiellement nous ne comptabilisons que celle des Lentillères à Dijon et que les autres tentatives sont aujourd’hui fréquemment entravées, les militants de l’ultragauche et de l’écologie radicale restent actifs en adaptant les modes opératoires. Désormais, les actes de sabotages des outils, des machines et les tentatives de blocages des chantiers ont pris le dessus, avec un retour plus marqué à des actions clandestines menées à la nuit tombée », analyse dans les colonnes du Figaro le directeur national du renseignement territorial (RT) Bertrand Chamoulaud.

SLT et XR à la manœuvre

Et ce dernier d’ajouter : « La situation se dégrade lorsque les collectifs sont repris en main par des groupes plus structurés, qui versent volontiers dans la violence ». La DNRT observe que les militants des Soulèvements de la Terre ou encore ceux d’Extinction Rebellion (« XR ») sont « souvent à la manœuvre » dans les mobilisations contre ces chantiers rebaptisés « grands projets inutiles et imposés » par leurs opposants. D’après l’organisme, les deux organisations seraient impliquées dans 23 des 49 grands projets contestés, soit près de 50 % du total.

Selon Le Figaro, le renseignement territorial a identifié dix grands projets qui pourraient se « radicaliser » et « amener à une contestation plus virulente ». Parmi ces derniers, on peut noter le chantier de mines de lithium dans l’Allier, qui doit accueillir l’un des plus grands réservoirs en Europe d’« or blanc », ou encore celui du titanesque canal Seine-Nord-Europe, même si la récente découverte d’espèces protégées pourrait retarder ou modifier profondément les travaux.

Les renseignements classent aussi 17 autres sites en « contestations faibles », tels que les parcs photovoltaïques dans les Alpes-de-Haute-Provence et dans les Ardennes, où l’on note la présence des Soulèvements de la Terre. Enfin, ils gardent un œil sur 17 sites à la contestation jugé « en sommeil », comme sur le chantier controversé de l’autoroute A69 entre Toulouse et Castres, en attente d’une décision de justice après l’arrêt des travaux en février dernier à la suite d’une décision du tribunal administratif donnant gain de cause à ses opposants.

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Guerre au Soudan : comment les Émirats convoitent l’or et les terres agricoles

[pompé sur reporterre]

Depuis deux ans, le peuple soudanais subit les conséquences d’une guerre impitoyable entre l’armée régulière et un groupe paramilitaire. Dans l’ombre du conflit, les Émirats arabes unis lorgnent l’or et les terres arables.

Cela fait exactement deux ans que le Soudan, troisième plus grand pays d’Afrique, est ravagé par une guerre civile. Ce conflit, décrit comme « la crise humanitaire et de déplacement la plus dévastatrice au monde » par les Nations unies, oppose les Forces armées soudanaises (FAS), l’armée régulière commandée par Abdel Fattah al-Bourhane, et le groupe paramilitaire des Forces de soutien rapide (FSR), dirigé par Mohamed Hamdane Daglo, dit « Hemetti », un ancien chef de milice qui a opéré pendant la guerre du Darfour (2003-2020).

Les chiffres sont horrifiants : on compte 12 millions de déplacés et plus de 150 000 morts, d’après une estimation faite en 2024 par l’ancien envoyé spécial étasunien au Soudan Tom Perriello. Près de 25 millions de personnes, soit la moitié de la population, souffrent d’une insécurité alimentaire aiguë, dont 8,5 millions en situation d’urgence ou de famine, selon les Nations unies et le Cadre intégré de classification de la sécurité alimentaire (IPC).

Les mines et les terres au cœur du conflit

En janvier, les Forces de soutien rapide ont été accusées par les États-Unis de génocide contre la communauté Masalit, dans le Darfour, où leurs soldats ont « systématiquement tué des hommes et jeunes garçons et violé des femmes et jeunes femmes du fait de leur origine ethnique ».

Au cœur de cette guerre effroyable, les ressources naturelles du Soudan, en premier lieu son or et ses terres, suscitent l’intérêt d’acteurs puissants. Le pays, qui occupe une position stratégique sur la mer Rouge, est le troisième producteur d’or d’Afrique.

Actuellement, des mines sont exploitées dans les zones sous contrôle des FAS comme dans celles des FSR. Les bénéfices des ventes des deux groupes ennemis, qui avaient créé des sociétés de négoce d’or bien avant la guerre, leur permettent d’acheter des armes.

Ce commerce profite aussi aux acheteurs, et surtout aux Émirats arabes unis (EAU). Ces derniers sont connus pour être l’une des « principales plaques tournantes internationales du commerce » de ce métal précieux, et la première destination de l’or illégal africain, comme l’a montré l’ONG suisse SwissAid.

Les Émirats arabes unis sont obligés d’importer 90 % de leurs denrées alimentaires

Avant le déclenchement de la guerre, la quasi-totalité de la production du Soudan partait vers les EAU, un trajet qui semble toujours d’actualité. Une partie passe aussi en contrebande par d’autres États, dont l’Égypte, avant d’y arriver.

Les vastes terres arables et les produits agricoles du Soudan sont une autre source d’intérêt majeur dans cette guerre. Depuis le début des hostilités, les Forces de soutien rapide mènent de violentes campagnes qui déplacent les populations et s’emparent des terres.

Elles ont détruit de nombreux villages dans l’État de Gezira, la plus grande zone agricole irriguée du pays, pour convertir cette dernière en « gigantesques ranchs militarisés », a rapporté en 2024 dans le Guardian Nicholas Stockton, un ancien fonctionnaire des Nations unies. Le commerce du bétail vers les pays du Golfe est « redevenu la principale industrie d’exportation du Soudan » et « le principal moteur de la guerre », a-t-il dit.

Près d’un million d’hectares de terres sous contrôle

Dans ce secteur, les Émirats arabes unis, qui manquent de terres arables et doivent importer 90 % de leurs denrées alimentaires, sont en première ligne. Comme les autres pays du Golfe, ils sécurisent leurs approvisionnements depuis la crise alimentaire de 2008 en prenant le contrôle de grandes superficies de terres agricoles un peu partout dans le monde. L’organisation Grain a documenté leur « pouvoir croissant » dans « le système alimentaire mondial ».

Le Soudan occupe une place importante au sein de cet « empire logistique » que les Émirats sont en train de bâtir et « qui relie désormais environ un million d’hectares de terres agricoles acquises par les Émirats dans le monde entier à un réseau de ports et de plates-formes logistiques », souligne Grain.

Ainsi, avant la guerre, les EAU avaient conclu avec Khartoum un contrat de six milliards de dollars pour construire un port sur la côte soudanaise et misaient sur des investissements agricoles à grande échelle. Depuis plusieurs années déjà, de grosses entreprises émiraties contrôlent des dizaines de milliers d’hectares dans le pays.

Les chiffres traduisent bien l’importance que les ressources soudanaises représentent pour les EAU : en 2023, les principaux produits exportés par le Soudan vers les Émirats étaient l’or (1,03 milliard de dollars), des graines oléagineuses (15,9 millions de dollars) et des cultures fourragères (14,2 millions de dollars).

Les Émirats arabes unis, acteur incontournable

Pour protéger leurs intérêts, les EAU n’ont pas hésité à prendre parti lorsque la guerre a éclaté : ils ont choisi de soutenir les FSR de Hemetti, avec lesquelles ils étaient déjà en lien d’affaires, selon de nombreux spécialistes de la région et des enquêtes journalistiques. Ils les alimenteraient, entre autres, en armes, en violation d’une résolution du Conseil de sécurité des Nations unies.

De l’avis de plusieurs experts, ce mécénat, que les Émirats nient cependant assurer, a été jusqu’ici décisif : sans lui, les FSR n’auraient pas pu tenir aussi longtemps face aux Forces armées du Soudan, comme l’ont expliqué des experts, dont le politologue Federico Donelli et le Centre d’études stratégiques de l’Afrique, qui dépend du département de la Défense des États-Unis.

« Des acteurs extérieurs ont soit activement encouragé les combats, soit fermé les yeux »

« L’horreur au Soudan montre de façon alarmante jusqu’où les Émirats arabes unis sont prêts à aller pour sécuriser leurs intérêts agricoles à l’étranger », constate Grain. Tout en fournissant des armes et un soutien logistique aux FSR, les Émirats prônent la paix et versent des centaines de millions de dollars pour financer l’aide humanitaire au Soudan. Alors que la guerre a détruit le système de production du pays, ils ont aussi organisé en 2024 un sommet mondial sur la sécurité alimentaire.

Le rôle déterminant des EAU fait dire à des experts que l’une des principales clés du conflit se trouve aujourd’hui du côté d’Abou Dabi. « On peut affirmer sans crainte que quiconque souhaite mettre fin aux combats au Soudan devra composer un numéro commençant par +971 [indicatif téléphonique des EAU], puisque toutes les routes menant à Hemetti passent inévitablement par les Émirats », estime Andreas Krieg, professeur assistant au King’s College à Londres.

Mais on sait aussi que l’Égypte et le Qatar, notamment, soutiennent de leur côté les FAS. Si la guerre et les massacres se prolongent, c’est en partie « parce que des acteurs extérieurs ont soit activement encouragé les combats, soit fermé les yeux », a analysé la chercheuse Leena Badri.

Les pays voisins menacés

L’Union européenne (UE) et les autres acteurs internationaux « n’ont pas su agir de manière significative pour protéger les civils attaqués », a déploré de son côté un collectif d’organisations dans une lettre adressée fin mars à la cheffe de la diplomatie de l’Union européenne et aux ministres des Affaires étrangères des pays membres de l’UE.

Lire aussi : Un groupe minier français détruit un désert unique au Sénégal

Pour l’instant, il n’y a aucune perspective de paix en vue. Fin mars, les troupes d’Abdel Fattah al-Bourhane, considéré par les Nations unies comme le dirigeant de facto du pays, ont repris l’entier contrôle de Karthoum, mais les FSR tiennent toujours une partie du sud du pays et presque tout le Darfour (ouest).

Désormais, les experts redoutent une propagation du conflit aux pays voisins, comme le Soudan du Sud et le Tchad, où la situation est déjà très fragile, voire explosive. Près de deux millions de Soudanais y sont réfugiés.

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PJL simplification : déréguler l’IA, accélérer sa fuite en avant écocide

[pompé sur laquadraturedunet]

Ce soir ou demain seront examinés les amendements à l’article 15 du projet de loi « simplification » de la vie économique. La Quadrature du Net, en lien avec le collectif Le Nuage était sous nos pieds et les membres de la coalition Hiatus, appelle à sa suppression, et avec beaucoup d’autres actrices et acteurs de la société civile ainsi que des représentant·es politiques, à l’instauration d’un moratoire sur les gros data centers. Participez à cette bataille en vous rendant sur notre page de campagne !

Que prévoit l’article 15 ?

L’article 15 du projet de loi, relatif aux centres de données, s’inscrit parfaitement dans cette sombre histoire : il autorise le gouvernement à octroyer aux projets de construction de très gros data centers, extrêmement impactants sur le plan environnemental, un statut issu de la loi de 2023 sur l’industrie verte : le label « projet d’intérêt national majeur » (PINM). D’après le gouvernement, ce statut pourra être octroyé aux data centers d’une surface comprise entre 30 et 50 hectares (soit jusqu’à 71 terrains de foot) !

Avec ce statut PINM, les multinationales de la tech et les fonds d’investissements qui les soutiennent se verraient assistés par le gouvernement pour imposer les data centers aux communes : l’État prendrait alors la main sur les compétences des collectivités locales relatives à l’urbanisme et à l’aménagement du territoire, en menant lui-même la réécriture des plans locaux d’urbanisme afin de les adapter aux projets concernés. Les procédures de consultation du public seraient encore allégées. Enfin, l’État pourrait accorder des dérogations aux réglementations environnementales, notamment celles relatives aux espèces protégées. En d’autres termes, l’État pourrait court-circuiter les règles existantes au nom de la « simplification » et « l’innovation » et imposer la construction de data centers polluants à des communes.

Déréguler la tech

La loi « simplification » marque donc une étape fondamentale dans la dérégulation de l’IA, le tout au service de l’industrie de la tech et dans le contexte d’une bulle spéculative autour des data centers et d’une rivalité géopolitique croissante entre les puissances impérialistes de ce monde.

Lors du sommet relatif à l’IA organisé par la France en février dernier, la couleur était clairement affichée. Dans son allocution, Emmanuel Macron affirmait : « Si on régule avant d’innover, on se coupera de l’innovation ». Le vice-président étasunien techno-réactionnaire JD Vance, qui avait fait le déplacement à Paris, n’avait pas caché sa satisfaction : « Je suis content de voir qu’un parfum de dérégulation se fait sentir dans nombre de discussions », avait-il déclaré lors de son allocution.

En réalité, dès 2023, la France avait fait des pieds et des mains au niveau de l’Union européenne pour faire primer la sacro-sainte « innovation » sur les droits humains, dans le cadre des négociations sur le règlement IA. Aiguillée par l’ancien ministre Cédric O devenu lobbyiste en chef de la tech française, et à force de coups de pressions voulus par Emmanuel Macron, Paris était parvenu à convaincre ses partenaires européens de privilégier une approche moins-disante. Ces renoncements se sont particulièrement fait sentir sur le front des IA policières, avec la légalisation de la reconnaissance faciale en temps réel et un certain nombre d’exceptions réservées aux forces de police et autres services de renseignement.

Dans le même temps, toujours au nom de l’IA, on multipliait les dispositifs dérogatoires au droit, par exemple via des mécanismes de « bacs-à-sable réglementaires ». Et c’est désormais le RGPD que certains aimeraient détricoter pour « libérer » les IA censément « entravées » par les règles adoptées pour protéger le droit à la vie privée et les données personnelles. Loin de défendre les « valeurs » associées aux droits humains, sociaux et environnementaux, l’Union européenne s’enfonce dans un suivisme mortifère face à la Chine et les États-Unis, deux puissances engagées dans une course à l’IA.

La technocratie en marche

Au nom de la « simplification », l’article 15 du projet de loi débattu par l’Assemblée nationale poursuit ce mouvement de dérégulation en rognant cette fois sur les législations environnementales et le droit à la participation des citoyens concernant les projets de gros centres de données.

Parmi ces derniers, se trouvent les immenses data centers soutenus par le gouvernement français. Dans la perspective de développer ces infrastructures, ossature du numérique dominant, et d’accélérer l’accaparement des terres, des ressources foncières, minières, hydriques et l’exploitation des travailleur·euses qu’elles impliquent, nous voyons aujourd’hui des entreprises comme RTE, normalement garantes du service public de l’énergie vanter leur collaboration avec les multinationales étasuniennes du secteur, comme Digital Realty. Le bilan prévisionnel de RTE prévoit ainsi un triplement de la consommation d’électricité des data centers d’ici à 2035, soit autour de 4% de la consommation nationale.

Du côté du gouvernement, on voit dans les milliards d’euros d’investissements privés annoncés dans les data centers construits en France la confirmation du bien-fondé de sa politique de relance du nucléaire, quitte à passer sous silence les dangers et les grandes inconnues qui entourent ces programmes. Quitte aussi à engager une relance débridée de l’extractivisme minier et des prédations qui y sont liées, comme y encourage l’article 19 de ce même projet de loi « simplification ». Quitte, enfin, à museler les contestations, à s’asseoir sur le droit à la consultation du public et à rogner encore un peu plus sur les compétences de la Commission nationale du débat public, qui depuis des années demande à être saisie lors de la construction des centres de données.

À la clé, c’est d’abord l’impossibilité d’une politique de sobriété collective pour faire face aux crises sociales, climatiques et écologiques. Avec l’augmentation de la demande liée aux data centers, c’est aussi la perspective d’une explosion des prix de l’électricité, la précarité énergétique qu’elle suppose et des risques décuplés de conflits d’usage. Car, à la mesure de leurs moyens financiers, l’appétit des géants de la tech en électricité est insatiable. Il y a quelques jours, Eric Schmidt, ancien PDG de Google et émissaire de la Silicon Valley à Washington, l’admettait sans détour devant une commission du Congrès étasunien au sujet du développement de l’IA :

« Ce que nous attendons de vous [le gouvernement], c’est que nous [la tech] ayons de l’énergie sous toutes ses formes, qu’elle soit renouvelable, non renouvelable, peu importe. Il faut qu’elle soit là, et qu’elle soit là rapidement. De nombreuses personnes prévoient que la demande pour notre industrie passera de 3 % à 99 % de la production totale [d’électricité au niveau mondial] (…) ».

Aux États-Unis, de nombreux producteurs d’électricité s’apprêtent ainsi à rallumer des centrales à gaz ou au charbon, ou à retarder leur fermeture face à la consommation croissante des data centers. Technofascisme et carbofascisme vont indéniablement de pair.

Contre cette fuite en avant, il faut voter contre l’article 15 du projet de loi, et soutenir un moratoire sur les gros data centers, le temps que les conditions d’une maîtrise collective des infrastructures numériques puissent être posées. La balle est désormais dans le camp des parlementaires. Retrouvez notre pour contacter vos représentant·es à l’Assemblée et peser sur leur vote !

 

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Madagascar : l’ambitieux projet de développement minier Base Toliara face aux réalités du terrain

[pompé sur theconveration]

Le projet minier Base Toliara (ex-Tulear) dans le sud-ouest de Madagascar, ré-autorisé fin novembre 2024 par le gouvernement, après une suspension en 2019, ravive des débats passionnés sur l’exploitation des ressources naturelles à Madagascar.

Ce projet porté par l’entreprise américaine Energy Fuels suscite une forte opposition chez les populations locales en raison de ses impacts environnementaux, notamment la destruction d’écosystèmes et la pollution des eaux. Il exploite du sable minéralisé contenant de l’ilménite et les minéralisations de zircon et de rutile.

Le projet menace les moyens de subsistance des communautés locales. Ces dernières dénoncent également une répartition inéquitable des bénéfices, les profits étant largement captés par des acteurs étrangers (pour Base Toliara détenue par Energy fuels Inc basée aux Etats-Unis) au détriment du développement local. La méfiance est accentuée par des précédents miniers à Madagascar où les promesses économiques n’ont pas été tenues, alimentant des tensions sociales et des manifestations .

Entre promesses de croissance économique et craintes environnementales et sociales, les populations locales se retrouvent une fois de plus au cœur d’un dilemme complexe.

Nous sommes doctorants en économie à l’Université d’Antananarivo. Nos recherches portent sur la négociation collective dans les grandes entreprises à Madagascar et l’impact des dynamiques démographiques et de la qualité institutionnelle sur la croissance économique et la pauvreté.

Dans les lignes qui suivent, nous analysons les impacts économiques, sociaux et environnementaux du projet minier de Base Toliara à Madagascar. Selon nous, une transformation du modèle extractiviste en une véritable stratégie de valorisation locale des ressources est nécessaire, afin de garantir un développement durable et une meilleure répartition des bénéfices.

La “malédiction des ressources”

L’histoire regorge d’exemples où l’abondance de ressources naturelles a paradoxalement freiné le développement des pays, un phénomène connu sous le nom de “malédiction des ressources”. À Madagascar, les précédents miniers, comme celui de l’ilménite à Fort-Dauphin (Sud de Madagascar) avec l’entreprise QMM – Rio Tinto a généré 900 emplois directs, mais seulement 10 % des bénéfices ont été réinvestis localement entre 2010 et 2020. L’exploitation à QMM a été marquée par de multiples incidents environnementaux, notamment deux ruptures de barrages de résidus en 2022, entraînant une pollution massive de l’eau et la mort de nombreux poissons.

Ces événements, combinés à des problèmes d’indemnisation des populations locales, ont engendré de fortes tensions sociales culminant en de violentes manifestations en octobre 2023, et causant la mort de trois manifestants. Contrairement au Botswana, où les revenus des diamants financent des projets sociaux, les précédents malgaches montrent que les profits miniers bénéficient rarement aux régions productrices. La majeure partie est captée au niveau national.

Les craintes des populations de Toliara sont donc loin d’être infondées. Cela explique les manifestations du 17 février 2025 qui ont réuni plusieurs dizaines d’opposants en particulier de la communauté de pécheurs Zanadriake. Le rejet des dons de la compagnie Base Toliara par les pêcheurs d’Andranogadra (quartier de Toliara) illustre cette méfiance enracinée.

Pour eux, ces gestes perçus comme des tentatives d’achat du consentement ne sauraient compenser les menaces pesant sur leur mode de vie. « Nous ne voulons pas de la Base Toliara ici, et encore moins de ses dons », a clamé un représentant de l’association de pêcheurs Zanadriake. Il a souligné l’attachement des communautés à leur autonomie, à la préservation de leurs ressources marines voire même leurs manières de vivre. Ce refus catégorique traduit chez eux un sentiment d’injustice et une opposition farouche à un projet qu’ils considèrent comme une menace existentielle pour leur avenir.

Le projet Base Toliara, axé sur l’extraction de minéraux lourds, suscite des inquiétudes légitimes concernant la destruction d’écosystèmes fragiles. La pollution des eaux et des sols, ainsi que la perte de biodiversité, sont autant de risques qui pèsent sur la région.

Les communautés locales, dont la subsistance dépend souvent de l’agriculture et de la pêche, craignent de voir leurs moyens de subsistance anéantis. Les agriculteurs s’inquiètent de la contamination de leurs terres et de la raréfaction de l’eau. Les pêcheurs redoutent la destruction des récifs coralliens et la diminution des ressources halieutiques.

Une gouvernance à renforcer

La réussite d’un projet minier dépend en grande partie de la qualité de la gouvernance et de la transparence des processus décisionnels. À Madagascar, les lacunes en matière de gouvernance sont souvent pointées du doigt, avec des risques de corruption et de manque de redevabilité. Les derniers rapports de Transparency International vont dans ce sens.

Les populations locales veulent être impliquées dans les décisions qui les concernent. Elles réclament une gouvernance participative, où leurs voix sont entendues et leurs préoccupations prises en compte.

Dans cette optique, en février 2025, la direction de Base Toliara a cherché à instaurer un dialogue en partenariat avec la Commission justice et paix de Madagascar. Cette initiative vise à assurer que les droits des communautés locales soient respectés et que le projet bénéficie réellement à la population. Ce cas de « médiation » mérite attention.

Cependant, des doutes subsistent quant à l’impact réel de cette démarche. Malgré les déclarations d’intention de transparence et d’équité de l’entreprise, la méfiance demeure. Elle est alimentée par des précédents où les promesses de retombées économiques n’ont pas été tenues comme nous l’avons vu dans le cas de QMM-Rio Tinto.

De plus, les critiques soulignent que ce type de médiation institutionnelle ne remplace pas une véritable consultation démocratique et une prise en compte effective des revendications des communautés. La nouvelle réglementation sur l’évaluation environnementale et sociale vise à aligner les investissements sur les exigences environnementales.

Elle stipule que les autorités traditionnelles doivent collaborer avec le promoteur et les autres parties prenantes pour informer, consulter et concerter les communautés locales à chaque étape des processus d’évaluation et de suivi environnementaux et sociaux du projet.

Publié en janvier 2025, ce décret ne semble pas appliqué dans le cas de Base Toliara. Cette initiative dé médiation pilotée par l’Église catholique peut constituer un pas vers une meilleure gouvernance du projet. Elle devra toutefois se traduire par des actions concrètes et un véritable engagement à respecter les intérêts des populations locales, sous peine de voir la contestation perdurer.

Création de valeur

Le projet Base Toliara illustre les contradictions d’un modèle de développement encore largement fondé sur l’extractivisme, où l’exploitation des ressources naturelles au profit du Nord prime sur la transformation et la valorisation locale dans le Sud. Or, cette approche ne permet pas de garantir une autonomie économique durable.

À l’instar de réflexions portées par un certain nombre d’économistes, Madagascar doit repenser son rapport aux ressources naturelles. Il ne s’agit plus seulement d’extraire, mais de créer de la valeur sur place. Cette approche est d’autant plus cruciale que la transition vers une économie bas carbone nécessite un déploiement massif de technologies vertes, telles que les éoliennes, les panneaux solaires et les véhicules électriques.

Ces technologies, massivement déployées dans le Nord, sont gourmandes en minerais stratégiques (lithium, cobalt, terres rares, etc.), dont les réserves sont souvent concentrées dans quelques pays du Sud.

Une première étape consiste à cartographier stratégiquement les ressources pour identifier les potentiels d’exploitation. Ensuite, il est essentiel de déterminer comment les intégrer dans des chaînes de valeur locales et internationales. L’extraction brute, suivie d’une exportation sans transformation, doit céder la place à une politique industrielle capable d’ancrer les richesses minières dans l’économie nationale.

Cela implique la fin de l’économie extractiviste pure. Plutôt que de se limiter à la vente de matières premières, Madagascar pourrait investir dans le développement d’infrastructures industrielles pour le raffinage et la transformation des minerais. Cela permettrait de capter une plus grande part de la valeur ajoutée et de réduire la dépendance aux fluctuations des prix mondiaux des matières premières.

L’industrialisation du secteur minier doit également s’appuyer sur la formation et le développement de viviers de compétences. Sans ingénieurs, techniciens et ouvriers qualifiés, toute tentative de transformation locale restera limitée. Le développement de filières éducatives spécialisées et la coopération avec des universités et centres de recherche locaux doivent devenir des priorités stratégiques.

Enfin, pour assurer un réel bénéfice national, Madagascar doit encourager l’émergence de champions nationaux capables de structurer l’industrie minière au-delà de la simple extraction.

En soutenant des entreprises locales, en leur donnant accès aux financements et en leur permettant de participer activement aux projets d’envergure, le pays pourrait se positionner comme un acteur économique autonome et non plus comme un simple fournisseur de ressources pour les puissances étrangères.

L’enjeu n’est donc pas seulement d’exploiter les richesses du sous-sol, mais bien de transformer l’extraction minière en levier de développement. Sans cette réflexion stratégique, Madagascar risque de rester prisonnier d’un modèle économique qui, jusqu’ici, n’a pas tenu ses promesses pour la majorité de sa population.

 

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Donald Trump livre les océans à l’exploitation minière

[pompé sur reporterre]

Donald Trump a signé un décret autorisant l’exploitation minière des fonds marins. Une décision à rebours des accords internationaux, qui sera mortifère pour la vie et la biodiversité des océans.

Il aura suffi de 537 mots et d’une signature pour que Donald Trump condamne les abysses et enterre, d’un même jet de plume, dix ans de négociations internationales. Jeudi 24 avril, le locataire de la Maison-Blanche a annoncé, par décret, sa volonté d’ouvrir l’exploitation minière dans les grands fonds marins, y compris dans les eaux internationales. Cette décision brave l’Autorité internationale des fonds marins. Cette organisation, qui regroupe 167 États, est en théorie seule compétente en matière d’exploitation de la haute mer, en vertu d’accords datant des années 1990 que les États-Unis n’ont jamais ratifiés.

L’Autorité internationale des fonds marins s’échine depuis plus d’une décennie à accoucher d’un Code minier, destiné à encadrer les activités minières dans les abysses. Initialement attendu pour 2025, le texte a pris du retard. Quoique l’idée d’un moratoire soit encore loin de faire consensus, 32 États-membres (dont la France) ont officiellement appelé à une mise en pause des projets miniers, au moins jusqu’à ce que la rédaction de ce Code soit finalisée.

Passage en force

Avec ce décret, Donald Trump opte pour le passage en force. Jusqu’à présent, seuls des projets d’exploration et d’exploitation à petite échelle ont été menés, en guise de test, dans les abysses. Le texte promet de faire des États-Unis « un leader mondial de l’exploration et de l’exploitation des ressources minérales des fonds marins, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur de la juridiction nationale ». Le président des États-Unis y presse le secrétaire au Commerce « d’accélérer la procédure d’examen et de délivrance des permis de prospection et d’exploitation commerciale » des minéraux.

Il somme également son gouvernement d’identifier des partenaires économiques, d’engager un dialogue avec le secteur privé, de cartographier les zones les plus riches, et de préparer un rapport sur « la faisabilité d’un mécanisme de partage » des bénéfices. L’objectif : extraire un milliard de tonnes de matériaux en dix ans.

Donald Trump espère rétablir ainsi « la domination des États-Unis » sur la scène minière, et « contrer l’influence » de la Chine. Le régime dirigé par Xi Jinping exerce un contrôle de plus en plus important sur les chaînes d’approvisionnement du cobalt, du nickel et du manganèse, des minerais considérés comme cruciaux pour la sécurité du pays et dont regorgent les abysses.

« Un précédent extrêmement inquiétant »

Avec ce décret, les États-Unis ouvrent un boulevard à l’entreprise canadienne The Metals Company, principale promotrice de l’exploitation minière des fonds marins. Après avoir longtemps misé sur le soutien de Nauru, petite île du Pacifique ravagée par l’exploitation du phosphate, l’entreprise avait révélé fin mars négocier avec l’administration Trump pour démarrer ses machines excavatrices au plus vite, au prétexte de la lenteur de l’Autorité internationale des fonds marins.

À peine le décret signé, le patron de The Metals Company s’est réjoui du « retour du leadership américain », avant de préciser que son entreprise se tenait « prête » à lancer le premier projet d’extraction commerciale de minerais dans les abysses au monde.

La décision des États-Unis crée « un précédent extrêmement inquiétant », déplore auprès de Reporterre François Chartier, chargé de campagne Océans et pétrole au sein de la branche française de Greenpeace. « Ça revient à dire que, parce que une entreprise n’est pas contente, qu’elle trouve qu’une organisation internationale n’avance pas assez vite, on peut se permettre de sortir complètement du cadre du multilatéralisme et du droit international. »

Avec ce décret, Donald Trump ouvre une boîte de Pandore juridique. Si les États-Unis ont légalement le droit d’exploiter comme ils l’entendent leur « zone économique exclusive » (qui s’étend jusqu’à 200 milles marins des côtes), selon la logique de la Convention des Nations Unies sur le droit de la mer, seule l’Autorité internationale des fonds marins est souveraine en ce qui concerne l’exploitation minière en haute mer, explique François Chartier : « Il n’est pas possible d’exploiter les fonds marins en dehors de ce cadre, même si on ne l’a pas ratifié. »

Une attaque sur le « patrimoine commun de l’humanité »

« Dans les textes des Nations Unies sur le droit de la mer, les grands fonds marins dans les eaux internationales sont considérés comme patrimoine commun de l’humanité, sur lequel aucun État ne peut clamer sa souveraineté », abonde l’activiste Anne-Sophie Roux, cofondatrice du mouvement citoyen LookDown. Certes, les États-Unis n’ont pas ratifié la convention des Nations Unies sur le droit de la mer, « mais ils ont signé l’accord de 1994 qui se rapporte aux grands fonds marins et sont légalement tenus par ce droit », dit-elle.

Donald Trump brandit, pour justifier sa décision, une obscure loi de 1980, octroyant au gouvernement fédéral étasunien le droit de délivrer des permis d’exploitation dans les eaux internationales. « Mais dans la hiérarchie des normes, le droit international prime », indique François Chartier. Ce décret pourrait éventuellement être attaqué par d’autres pays devant le Tribunal international du droit de la mer, situé à Hambourg. « Mais les délais sont importants », pointe-t-il.

La catastrophe environnementale, elle, est imminente. Les alertes des scientifiques sur les risques associés à cette industrie s’accumulent. La dernière étude en date, publiée fin mars dans la revue Nature, montre que l’extraction minière a des répercussions sur la vie marine pendant des décennies. Les scientifiques ont étudié un site du Pacifique Nord soumis à un test d’exploitation minière en 1979. 44 ans plus tard, il montre encore des niveaux de biodiversité inférieurs à ceux des sites voisins non exploités.

« Des océans sains, vitaux pour les êtres humains, seront détruits »

Un rapport publié quelques jours plus tard par l’International Platform for Ocean Sustainability (IPOS) enfonce le clou. « Nous pouvons affirmer avec une confiance absolue […] que l’exploitation minière en eaux profondes modifiera les fondements biologiques, biochimiques et géochimiques de la vie dans les océans », y écrit Judith Gobin, biologiste marine renommée et professeure à l’université des Indes occidentales. Les risques « sont inévitables et très probablement irréversibles. Des océans sains, vitaux pour les êtres humains, seront détruits. »

En laissant les bulldozers ratisser les tréfonds de l’océan, Donald Trump risque d’anéantir des écosystèmes dont nous ne connaissons encore presque rien, si ce n’est qu’ils foisonnent d’êtres bioluminescents, élastiques et captivants, et produisent un « oxygène noir » qui pourrait, selon certains scientifiques, nous mener à repenser l’origine de la vie sur Terre.

L’urgence d’une réaction internationale

« Il faut que tous les pays attachés au droit international et au multilatéralisme réagissent pour empêcher ça, dit Anne-Sophie Roux. Sinon le risque, concrètement, c’est que le plus vaste écosystème de la planète devienne une zone de non-droit, un Far West. » L’avenir des fonds marins fait partie des sujets qui doivent être discutés lors de la prochaine Conférence des Nations Unies sur l’Océan (Unoc), qui se tiendra en juin à Nice. François Chartier espère « qu’un maximum de pays » s’y opposeront de manière ferme et coordonnée à Trump, et exigeront un moratoire.

Les pays participant à l’Unoc sont censés y acter des avancées pour l’océan, notamment la ratification du premier traité de protection de la haute mer, porteur de beaucoup d’espoir pour les écosystèmes hors des juridictions nationales. « Tous ces objectifs tombent à terre si Trump va miner en haute mer en violant le droit international, pointe Anne-Sophie Roux. D’un point de vue écosystémique, d’abord, parce que cela détruirait la haute mer, mais aussi d’un point de vue diplomatique et multilatéral. Tous les pays qui négocient dans les règles depuis des décennies passeraient pour des idiots. »

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[Radio] Guerres des métaux rares au Congo

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Dans cette émission de Vive la Sociale – FPP 106.3 MhZ – nous vous proposons d’écouter des interventions concernant le développement de l’industrie des micro-processeurs ainsi que le développement de la numérisation et de l’électrification des véhicules qui ont précédés la manifestation du 30 mars contre l’extension de l’usine STMicroelectronics près de Grenoble (« De l’eau, pas des puces »). Bonne écoute !

La manifestation du 30 mars contre l’extension de l’usine STMicroelectronics près de Grenoble (« De l’eau, pas des puces ») a été précédée par des rencontres organisées par le collectif StopMicro (stopmicro38.noblogs.org), où ont été développées toutes les raisons de s’opposer au développement de l’industrie des micro-processeurs, et plus largement au développement de la numérisation et de l’électrification des véhicules. Parmi les interventions faites à cette occasion, nous avons sélectionné celles qui portent sur la dimension extractiviste de cette industrie, avec ses effets terribles au Congo surtout, mais aussi, en plus insidieux, au Canada.

À travers les interventions croisées de Fabien Lebrun, auteur de La Barbarie numérique (éd. L’Echappée), et de David Maenda Kithoko, de l’association Génération lumière, il est successivement question de l’histoire de la colonisation du Congo, de la situation endémique de guerre que subit le pays avec l’intervention de bandes armées et des pays voisins, de l’importance cruciale de plusieurs des métaux contenus dans le sous-sol du Congo pour la fabrication des téléphones portables et les batteries des voitures, et donc du fondement économique de ces guerres qui ravagent le pays, souvent présentées en Occident comme des conflits ethniques.

La réalité de l’exploitation minière au Congo est particulièrement abjecte, mais le témoignage du militant Marc Fafard (à 1h16’) qui suit nous montre que dans un pays occidental et riche comme le Canada, les conséquences humaines des entreprises minières sont là aussi particulièrement destructrices.

Source : http://vivelasociale.org/images/emission-radio-vive-la-sociale/2025/25-04-03-vls-stop-micro-congo-canada-2.mp3

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En Guyane, le discret cadeau de l’État à l’activité minière

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La loi de Simplification pourrait avoir de lourds impacts en Guyane. Elle prévoit d’écarter l’Office national des forêts du processus d’autorisations de recherche minière. Une « régression environnementale majeure », pour les écologistes.

En Guyane, 96 % du territoire est recouvert par la canopée amazonienne et les mines sont presque toutes situées au milieu de la forêt dense. Si cet ensemble d’écosystèmes est parmi les mieux préservés au monde, les fonctionnaires chargés de le protéger pourraient bien être absents des politiques minières.

Une discrète mesure du projet de loi de Simplification de la vie économique, examiné depuis le 8 avril à l’Assemblée nationale, supprime l’avis contraignant que l’Office national des forêts (ONF) est tenu de délivrer dans le cadre d’un dossier d’autorisation de recherche minière (ARM).

Victoire des miniers

Concrètement, cette autorisation de recherche minière permet à un minier de prospecter un gisement précis, en vue, plus tard, d’obtenir une autorisation d’exploitation minière (AEX). Il s’agit là de deux procédures dérogatoires (l’autorisation de recherche n’existe qu’en Guyane) et allégées (les autorisations d’exploitation de moins de 25 hectares ne nécessitent pas d’enquête publique) conçues pour faciliter l’installation de mines alluvionnaires.

Ces exploitations de petite envergure dites « artisanales », par opposition aux projets industriels de type Montagne d’or, capables de forer dans la roche primaire représentent la grande majorité des sites guyanais, département où se concentrent 82 % des 123 mines légales françaises.

Dès la phase exploratoire, l’ONF a donc pour mission de s’assurer qu’un certain nombre de zones classées pour leur sensibilité — espèces protégées, habitats patrimoniaux reconnus, captages d’eau, etc. — ne seront pas menacées par l’activité minière, synonyme de déforestation et de perturbation des cours d’eau.

Or, si la réforme passe en l’état, ce garde-fou sera retiré et l’octroi d’une autorisation de recherche minière dépendra uniquement de la préfecture.

« Ce serait la plus grande régression environnementale de cette réforme, l’ONF étant jusqu’à présent la seule autorité publique qui refusait ces autorisations pour des motifs environnementaux, réagit l’association Guyane Nature Environnement. La seule fois où les services préfectoraux se sont opposés à un projet minier pour des questions écologiques, c’était sur les concessions minières de la Montagne d’or et cela suivait la décision du ministère. » En 2024, l’ONF a prononcé 13 désaccords sur 80 dossiers d’ARM.

Menace sur la filière bois

Pour la Fédération des opérateurs miniers guyanais (Fedomg), il s’agirait au contraire d’une grande victoire contre une administration que la profession ne se lasse pas de critiquer. En novembre dernier, les miniers étaient allés jusqu’à bloquer les locaux de l’ONF pour dénoncer la réduction des zones ouvertes aux autorisations d’exploitation minière et plus largement ce qu’ils décrivent comme un « excès de normes » et de « zèle administratif », alors que, dans le même temps, des orpailleurs illégaux pillent impunément les ressources guyanaises.

« Concernant l’attribution des ARM, nous appliquerons la loi telle qu’elle sera rédigée, mais nous poursuivrons aussi nos opérations de contrôles hebdomadaires, que ce soit pour la mine illégale ou pour la mine légale où nous faisons notamment un suivi de la réhabilitation des sites et des mesures de pollution », réagit François Korysko, directeur de l’ONF Guyane.

Pour l’établissement public, l’enjeu est aussi de garantir la « durabilité » de sa filière bois, dont le label PEFC — garantissant que le bois est issu de sources responsables — pourrait être menacé par une trop grande activité minière.

Course aux métaux

Le projet de loi de Simplification de la vie économique prévoit aussi de réduire le délai d’instruction des permis exclusifs de recherches (PER) pour atteindre 6 à 9 mois, contre 12 à 18 aujourd’hui. Il facilite aussi la prolongation de ces permis en cas de « circonstances exceptionnelles » et la réutilisation d’ouvrages miniers, notamment à des fins de stockage de carbone.

Cet assouplissement du Code minier s’inscrit dans un contexte où la France et l’Union européenne cherchent à sécuriser leurs approvisionnements en métaux stratégiques pour la transition écologique, les technologies de pointe ou le secteur de l’armement.

C’est à cette aune qu’il faut comprendre le lancement, le 13 février, d’un nouvel inventaire minier sur cinq territoires, dont le nord de la Guyane, et dont la réalisation par le bureau de recherches géologiques et minières (BRGM) devrait prendre cinq ans.

Si le potentiel non aurifère du sous-sol guyanais reste largement méconnu et si l’exploration ne signifie pas automatiquement exploitation, des gisements en tantale et en niobium ont déjà été identifiés et des indices très forts existent pour le lithium. Autant de ressources qui ne cesseront de prendre en valeur, et d’attirer les regards, dans les années à venir.

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Appel à une assemblée de lutte contre la réouverture d’une mine en Ariège

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Alzen 18 avril – Soirée de soutien à la lutte contre un projet minier en Ariège

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Lieu : Salle des fêtes Alzen

Aujourd’hui en Ariège, rien qu’entre l’ancienne mine de Salau et « la laverie » d’Eylie, 900 000 m³ de résidus miniers s’infusent dans les sols et les eaux. On y trouve de l’arsenic, du plomb, de l’antimoine, de l’amiante et tout un tas d’autres substances toxiques. Des déchets, que des industriels nous ont gracieusement laissés pour les prochaines centaines d’années à venir… Et ces chiffres, tirés de plusieurs études d’impacts, ne prennent pas en compte la totalité des résidus miniers restés dans la vallée du Biros.

Mais ce n’est pas tout ! En juin 2024, la société Néométal a déposé un permis de recherches de mines qui s’étendrait sur 100 km2, en espérant que le sous-sol ariégeois fera une fois de plus tourner la planche à billets. Sous les montagnes se trouverait un gisement de tungstène, et il y aurait même de l’or ! Autrement dit, il y aurait de quoi mettre du beurre dans les épinards de certain.e.s tout en empoisonnant ceux des autres…

Comme pour une grande partie des minerais sortis de terre, la Commission européenne considère le tungstène, un métal très résistant, indispensable pour le développement économique, industriel et militaire des États. Un développement qui nous mène droit dans le mur, au profit du capitalisme qui ravage toujours plus le monde.

Bien qu’elle ne se soit jamais arrêtée en dehors de l’Occident, la guerre est actuellement dans la bouche de tous les dirigeants. Dans une sinistre course à la croissance, l’État français est aujourd’hui le 2e exportateur mondial d’armes. Mais Macron souhaite nous pousser vers une économie qui viserait à en produire encore plus, pour désormais défendre l’Europe…

Quelle idée de génie !

Il nous faut donc continuer à empoisonner les territoires et les populations pour pouvoir construire des armes qui serviront à anéantir la chair à canon d’un autre État. De son côté « l’ennemi », construit de toutes pièces, en fera tout autant. La bourgeoisie continuera de s’enrichir sur notre dos et nous enverra au front… Puis quand les ordures qui nous dirigent se décideront enfin à faire la paix, la population qui aura survécu devra tout reconstruire… La boucle sera alors bouclée, et nous pourrions repartir pour un tour de manège dans une paix sociale basée sur l’exploitation et la domination par ceux qui produisent les guerres.

Heureusement, ce scénario abominable peut encore changer !

Où que nous soyons sur la planète, chaque grain de sable dans les rouages de la guerre, et le monde qui la produit, compte.

Si Néometal espère extraire du tungstène en Ariège, s’y opposer avec les moyens que l’on estime nécessaires, semble être la seule issue possible pour mettre un frein à leurs projets de mort.

Contre la guerre, contre leur paix !

Attaquons-nous aux projets miniers, où qu’ils soient !

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Manifestation contre les projets Miniers autour du pays de Saint Yrieix

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