[pompé sur géo]
Une consultation du public est ouverte jusqu’au 18 juin sur un projet de prospection minière dans dix-huit communes du Maine-et-Loire et de la Loire-Atlantique. L’entreprise Breizh Ressources y recherche or, métaux rares et terres stratégiques, soulevant au passage les craintes des agriculteurs et associations locales.
Les Pays de la Loire cachent-ils des trésors insoupçonnés ? C’est ce que souhaite vérifier l’entreprise Breizh Ressources, basée à Lorient, qui a déposé une demande de permis exclusif de recherches minières sur dix communes du nord du Maine-et-Loire (Candé, Angrie, Val-d’Erdre-Auxence, Challain-la-Potherie, Chazé-sur-Argos, Erdre-en-Anjou, Loiré, Bécon-les-Granits, Saint-Clément-de-la-Place et Longuenée-en-Anjou), et huit communes de la Loire-Atlantique (Moisdon-la-Rivière, Erbray, Saint-Julien-de-Vouvantes, La Chapelle-Glain, Le Pin, Vallons-de-l’Erdre, Petit-Auverné et Grand-Auverné), soit un territoire de près de 441 km².
Le grand public est invité à donner son avis sur cette requête au cours d’une consultation ouverte du 19 mai au 18 juin, explique le journal Ouest-France.
L’objectif de cette start-up basée à Lorient est de prospecter une vaste palette de métaux stratégiques allant de l’antimoine, l’argent, le cobalt, l’étain, le lithium, le titane, le tungstène, les terres rares… à bien sûr, l’or. Selon Breizh Ressources, le potentiel aurifère du périmètre de recherches serait « similaire à celui démontré au Canada dans le permis Queensway de NewFound Gold », avec notamment « la présence d’indices d’étain à proximité du granite » déjà détectés dans le secteur de Bécon.
Une société d’exploration canadienne à la manœuvre
Le permis de recherche, nommé Bélénos, s’inscrit dans une logique de transition énergétique, mais aussi de stratégie industrielle. Breizh Ressources est une filiale de la société canadienne Aurania Resources Limited, active en Amérique du Sud dans l’exploration de métaux critiques. La demande actuelle fait suite à une première consultation publique organisée à l’été 2024, jugée insuffisante. « Cette seconde phase vise à compléter les éléments d’information initialement transmis au public et à garantir la pleine conformité de la procédure avec le Code de l’environnement », précise la préfecture du Maine-et-Loire.
Une volonté affichée de « transparence » et de respect du « droit à la participation du public », dans un contexte où la question des ressources naturelles devient de plus en plus politique. Mais sur le terrain, le projet est loin de faire l’unanimité.
Les associations incitent les habitants à bloquer les prospections
La Confédération paysanne s’élève contre ce qu’elle qualifie de « projets miniers spéculatifs ». Dans un communiqué sans ambiguïté, le syndicat agricole affirme que « le minerai extrait sera exporté et traité à l’étranger, sans retombées économiques sur notre territoire ». Il souligne que « plus de 49% de l’or extrait dans le monde est destiné à la joaillerie, 44% sert à l’investissement bancaire et 7% alimente l’industrie numérique, sans réelle participation à l’autonomie minière de la France ».
Pour ses représentants, le projet ne prend « absolument pas en compte ni les exploitations agricoles, malgré un contexte déjà très difficile pour les agriculteurs, ni les besoins et attentes du territoire et de ses habitants et habitantes ». Le manque d’études d’impact environnemental, notamment sur l’eau, l’air et les écosystèmes locaux, alimente aussi les craintes.
À ces critiques s’ajoute une mobilisation citoyenne. Des associations locales, comme Bien vivre en Anjou, fondée par Anne Danjou, élue segréenne d’opposition, ou Eau et Rivières de Bretagne, incitent les propriétaires à refuser l’accès à leurs terrains. « Le prospecteur ne peut pas accéder aux parcelles sans l’accord des propriétaires », rappelle Dominique Williams, militante écologiste.
Un formulaire est d’ailleurs mis à disposition pour aider les habitants à bloquer légalement toute opération de prospection. « Il s’agit d’exercer un droit légitime face à un projet imposé », martèle Anne Danjou, qui redoute l’impact à long terme de ces activités sur la vie locale.