[pompé sur oclibertaire]
Pour lutter contre la numérisation de nos vies, les pollutions et destructions provoquées par l’extractivisme et les usines de puces, l’utilisations de nouvelles technologies dans les industries de la mort, il est important à la fois de débattre et de manifester.
Nous allons revenir sur des rassemblements et manifestations récentes qui ont eu lieu dans différentes régions. D’ampleur variable, elles se complètent bien et sont l’occasion de convergences de luttes.
Les rencontres
L’association Stop Micro organisait à Grenoble du 28 au 30 mars, avec les Soulèvements de la Terre, un colloque et des rencontres, suivis d’une manifestation. Le colloque a évidemment porté en partie sur les usines de puces électroniques, leur consommation pharamineuse d’eau, leur rejet de polluants, leur voracité territoriale. Il a aussi été question de l’usage de ces puces dans le domaine militaire, et en particulier leur utilisation par Israël contre les populations palestiniennes.
Le vendredi, une place importante a été consacrée à l’extractivisme, avec des intervenants internationaux (Québec, Argentine, Congo, Portugal). Le débat sur l’extractivisme en Amérique a bien montré le rapport entre le colonialisme, le mépris des peuples autochtones et l’exploitation minière. Il a montré les difficultés auxquelles les populations concernées font face pour se défendre. Le débat sur le Congo a permis d’éclairer le rapport entre l’extractivisme et la guerre civile.
Un autre intérêt de ces rencontres a été la richesse et la diversité des échanges lors de la journée du samedi. Le village des associations et des collectifs rassemblait des dizaines de groupes sous des barnums. Cela permettait aux uns et aux autres de transmettre des informations sur ses propres actions, de diffuser brochures et ouvrages. Y étant venus du Limousin pour le Comité 15 juin, nous n’avons pas regretté d’avoir fait le déplacement.
On peut seulement regretter deux points. Le premier, c’est le sous-dimensionnement des locaux qui n’a pas permis à l’ensemble des participant·es d’assister aux débats qu’ils auraient souhaité. Le second, c’est les divergences qui sont apparues au sein de Stop-Micro suite au choix (majoritaire) de coorganiser ces journées avec les Soulèvement de la Terre. Une partie des membres de Stop-Micro se sont senti dépossédé·es de leur lutte ; ils et elles ont pu l’exprimer, en particulier par une banderole spécifique lors de la manifestation du dimanche.
La manifestation
La manifestation été volontairement déclarée comme festive avec déguisements, fanfare et batucada, clowns, chansons, et présence de Bassines Non Merci avec leur loutre… Elle s’est déroulée dans la zone industrielle de Bernin et de Crolles, là ou les usines STmicro et Soitec veulent étendre leur emprise sur des terres agricoles pour produire toujours plus de puces. La négociation avec les autorités avait dû porter ses fruits pour que tout se passe dans le calme : un encadrement policier conséquent, avec fouilles d’une partie des véhicules à l’arrivée, mais pas de recherche de blocage ou d’affrontement.
Il faut préciser que l’enjeu n’était pas de boquer un projet imminent ; il s’agissait de rappeler notre opposition à des projets d’extension de ces deux usines qui sont déjà suspendus. Un moment fort de la fin de la manifestation a été l’érection d’une vigie en bois dans le champ de l’agriculteur menacé par le projet d’extension de Soitec.
La manifestation a rassemblé près de 3000 personnes et a été assez longue du fait des arrêts multiples. Pendant ce week-end, de nombreuses banderoles et collages spectaculaires ont été déployés à Grenoble et dans son agglomération. Evidemment, le maire de Grenoble n’a pas pointé le bout de son nez ; ce prétendu écologiste est favorable aux industries électroniques.
Une action parallèle.
Pendant que la manifestation focalisait l’attention de la police sur Crolles et Bernin, un autre groupe menait une action de désarmement d’une autre usine de puces électronique, Télédyne e2v, à Saint-Egrève, de l’autre côté de la métropole iséroise. Cette usine produit effectivement des puces utilisées par l’armée israélienne. Ce groupe d’intervention, baptisé pour l’occasion CEA (Comité Essentiellement Antipuces), a réussi à pénétrer sur le site, couper des câbles d’alimentation, et redécorer la partie accueil à la peinture rouge.
Le quartz à Thiviers
La manifestation « Gardarem Razac », le 29 mars à Thiviers (Dordogne), contre l’extension de la carrière de quartz exploitée par Imerys à Razac, au lieu-dit Pierrefiche, a réuni 250 personnes. Le parcours partait du centre-ville de Thiviers, où était organisée une diffusion de tracts sur le marché avec spectacle, puis marche de 6 km jusqu’à Pierrefiche site de la carrière en cours d’extension. La manifestation s’est terminée par un simulacre de procès d’Imerys.
Des collectifs d’un peu partout en France étaient présents ; ils luttent également contre l’exploitation par Imerys de « minéraux de spécialité » (plutôt pas des métaux) sur leur territoire : stop mines 03, contre la mine de lithium, le collectif contre l’extractivisme 03-63, le collectif Nouvialle (Cantal) luttant contre un projet de carrière de diatomite et pour la défense de la narse de Nouvialle, zone humide menacée , stop mines 87-24 (voir ci-dessous), le collectif de Glomel (Côtes d’Armor) luttant contre l’ouverture de la fosse 4 de la carrière d’andalousite. S’en est suivi un intercollectif pour discuter de la stratégie à tenir dans la lutte contre Imerys.
Le tungstène en Ariège
Une assemblée contre les projets miniers en Ariège et ailleurs se réunit depuis le 15 décembre 2024, à peu près mensuellement, pour lancer la lutte contre la reprise de l’exploitation minière de tungstène en Ariège. S’y réunissent des individus ainsi que les membres de l’association Stop Mines Salau. Le 18 avril, une lettre du préfet de l’Ariège, a informé que la demande de permis exclusif de recherche déposée par la société Néométal était recevable, et donnera lieu à une consultation publique d’ici l’été. La demande concerne des joyeusetés telles le tungstène (utilisé comme durcisseur d’alliages métalliques dans les têtes d’obus, les blindages de véhicules militaires… les pointes de bâtons de marche), mais également l’or, le cuivre, l’étain, le bismuth, le molybdène, le zinc, le plomb, l’argent… le tungstène a déjà été exploité jusqu’en 1983 à Couflens au lieu-dit Salau, et ayant laissé 1 000 000 de m3 de déchets pollués dans la vallée du Salat, causé la mort de plusieurs personnes travaillant dans la mine par contact avec l’amiante présent naturellement dans la roche exploitée.
La surface concernée par ce nouveau permis s’étend sur 4 communes et s’étend sur près de 100 km².
Une grande manifestation contre les projets miniers en Ariège et ailleurs est appelée le 24 mai à 14h30 à Foix par l’assemblée de lutte.
L’or en Haute-Vienne
4 permis d’exploration sont en cours en Haute-Vienne et Dordogne : ceux de la CMA (Compagnie des mines arédiennes) et celui d’Aurélius Ressources. Derrière ces deux compagnies canadiennes (qui veulent se faire passer pour locales), les mêmes personnes. Les permis totalisent une surface de 400 km²… pour l’Or, mais aussi tout le cortège métallique l’accompagnant (argent, antimoine, tungstène, étain, molybdène, lithium, niobium, tantale, cuivre, zinc, plomb, nickel, bismuth, béryllium, cobalt, germanium, indium, platine, terres rares. Les forages géologiques d’exploration ont démarré en mars, et la Société d’industrie minérale est venue faire une réunion d’étude à l’ancienne mine d’or du Bourneix, au Chalard le même mois. Face à cette accélération, une manifestation a eu lieu le 25 mars au Chalard pour informer les participants à la réunion de la SIM que l’exploitation minière n’était pas la bienvenue. Le 19 avril à Saint Yrieix a eu lieu une nouvelle manifestation contre le lancement des forages d’exploration sur le site de Lauriéras. Elle a rassemblé malgré la pluie 350 personnes, habitants locaux, agriculteurs et soutiens venu du reste du département. Le collectif Stop Mines avait fait le choix de faire une manifestation « citoyenne » calme et sans trop de radicalisme pour rassembler largement. La grande majorité des manifestant·es étaient cependant des militant·es, et étant donné le temps, nous n’avons pas croisé beaucoup de « citoyens » de Saint-Yrieix.
ADMC