Suite Manifestation du 24 mai à Foix

[reçu par mail]

Copie des prises de paroles lors de la manifestation du 24 mai à Foix contre le projet de mine à Salau.

Une nouvelle « Montagne d’or », de Salau à Auzat

Prise de parole devant l’ARS à Foix par APRA « le chabot »

C’est ce que veut vendre aujourd’hui le nouveau permis exclusif de recherche minière
déposé par Neometal. Bonnemaison l’affirme : « Un examen des données historiques
d’exploration a démontré que le potentiel aurifère de la région historique de Salau avait été
largement sous-estimé. »
De l’or ET du tungstène ! Du tungstène pour l’armement, de l’or pour les spéculateurs et les
boursicoteurs. L’or n’est pas nécessaire à nos activités d’humains responsables. De l’or il y en
a plein les coffres-forts des banques, de l’or, plein de larmes et de sang, de catastrophes
écologiques et de nature détruite.
Sur toute la planète, il n’y a pas un seul exemple de mine d’or qui n’ait eu sa catastrophe
humaine et environnementale. Pas un seul site sans destructions. Ce n’est pas un avenir
pour nos cours d’eau. Ce n’est pas un avenir pour nos vallées.
Nous connaissons déjà le prix des résidus miniers, ces cadeaux monstrueux que nous laissent
les multinationales de l’extraction. Quelques années ou dizaines d’années d’exploitation,
pour des centaines, des milliers d’années de pollutions diverses. Ces vallées du Couserans,
Salat et Lez, qui sont déjà marquées par les pollutions de plomb, de zinc et d’arsenic, n’ont
pas besoin de remettre ça .
Dans la vallée du Lez, les sols sont contaminés au plomb, au zinc et à l’arsenic jusque dans la
cours des écoles et dans les jardins potagers. Sur le Salat, c’est l’arsenic, associé au minerai
de tungstène chargé d’amiante, qui pollue les terrils bordant les sources du Salat.
Et demain, on nous promet une « montagne d’or » sur les montagnes ariégeoises, de Salau à
Auzat, avec l’inévitable cortège de pollutions et de catastrophes. Quoiqu’en puissent dire les
tenants du concept de la « Mine Responsable », il n’y a pas de moyen sûr et propre d’extraire
et de traiter l’or. Hormis la battée, mais je doute fort que Bonnemaison et Neométal s’en
servent beaucoup, toutes les méthodes sont terriblement dangereuses : Iodure et bromure,
Chlorure, Thiocyanate, Thiourée ou Mercure. Mais de tous, c’est encore le Cyanure qui reste
le plus utilisé pour récupérer l’or d’un gisement primaire * (il permet de récupérer jusqu’à
99% de l’or).
Regardez Salsigne chez nos voisins Audois, 100 ans d’exploitation, de l’arsenic finement
broyé plein les terrils et des catastrophes à chaque crue exceptionnelle, qui sont d’ailleurs de
moins en moins exceptionnelles. En 2021, les pluies torrentielles ont ravagé les terrils et les
zones de rétention de déchets saturés en métaux lourds, en arsenic ou en cyanure. Le Maire
de la commune de Conques a du brûler ou jeter tout le matériel des écoles et garderies,
contaminé, et la vente de légumes cultivés en zones inondables, irrigués ou arrosés par les
eaux de l’Orbiel, est régulièrement interdite.
De l’or, plus que du tungstène, c’est ce que fait maintenant miroiter Néométal pour faire
accepter la re-sucette de son projet.
Pas plus que des mines propres, il n’y a de mine heureuse.
Et ce n’est pas parce que nous ouvrirons des mines dans nos montagnes que nous
rendrons justice aux mineurs indiens, congolais ou andins. Ce sont sociétés droguées au
mercantilisme et à un consumérisme suicidaire, qui exigent l’exploitation éhontée de la
nature et des hommes.
Foix le 24 mai 2025

MANIFESTATION DU 24 MAI À FOIX : PRISE DE PAROLE DEVANT L’ARS A FOI

par Stop Mine Salau et Comité Écologique Ariégeois

Est-ce que l’administration de la santé verra ce nouveau projet minier, comme la fois précédente, sans poser les questions de santé publique concernant les travailleurs et les populations, et cela dès le
stade de la recherche minière ?
Craignant que le déni des réalités sanitaires du gisement ne soit à nouveau la règle, nous ne pouvons que rafraîchir la mémoire des responsables sanitaires en rappelant les faits. Du temps de l’activité de l’ancienne mine, l’excavation, le concassage, le broyage et le transport du minerai, libéraient des fibres d’amiante d’une variété d’amphibole : l’actinolite, « disséminée dans la roche encaissante et
donc non repérable à l’œil » selon les travaux d’Henri Pézerat, maître de recherche au CNRS. Le directeur de la mine, M. Faure, avait admis les conclusions d’une étude intitulée « Étude de l’empoussièrement fibreux à la mine de Salau » effectuée en 1984 par M. JL Boulmié, ingénieur du BRGM, docteur en sciences physiques, qui a étudié les poussières en suspension dans l’air des galeries : 50 % des fibres analysées étaient de l’actinolite, une forme d’amphibole-amiante aux
conséquences potentiellement mortelles. Le degré d’exposition des travailleurs aux fibres asbestosiques dépassait de 5 à 7 fois la Valeur Limite d’Exposition Professionnelle aux fibres d’amiante alors admise selon les pourcentages retenus par le directeur de la mine, et même de 10 à 50 fois selon le compte -rendu d’une réunion du service des mines qui a eu lieu à l’Institut de Médecine du Travail et d’Hygiène Industriel, à l’université Paul Sabatier de Toulouse, le 5 novembre 1985 !
Depuis plus de 40 ans, les scientifiques alertent sur le fait que l’amiante est un toxique sans seuil, ce qui a d’ailleurs conduit à son interdiction en Europe et dans de nombreux autres pays.

En outre la présence d’arsénopyrites et de silice renforce la dangerosité de ce gisement, ce que confirment le témoignage d’une infirmière et ceux de quatre médecins.
L’ancienne exploitation a causé de nombreuses pathologiespulmonaires comme l’écrit Mme Annie Thébaud-Mony, directrice de recherche honoraire à l’INSERM, dans son « Rapport concernant les
risques sanitaires de l’ancienne mine de Tungstène à Salau » le 20 sept 2015 : « En mai 1986 nous avions recensé quatorze cas d’atteintes respiratoires » soit neuf cas d’asbestoses, trois cas de
silicoses et deux décès par cancers broncho-pulmonaires sur 150 travailleurs. Mais « aucun suivi n’a été organisé sur les ouvriers qui se sont dispersés au loin à la fermeture ».
Toutefois un recueil de témoignages parmi les familles encore joignables, a fait apparaître depuis cette époque plus de vingt décès dus à ces types d’affections pulmonaires. Même M. Misseri, l’expert
mandaté par l’État pour enquêter sur la présence de l’amiante, dans un rapport resté en préfecture, a reconnu que cette enquêtecitoyenne réalisée en 2015 auprès de 48 anciens salariés a montréque beaucoup présentaient une pathologie associée à l’expositionprofessionnelle à l’amiante ou/et à d’autres toxiques présents dans la mine (notamment la silice et l’arsenic), avec des cas d’asbestoses, de cancers du poumon, de la plèvre : environ 60% de pathologies pulmonaires et 16% de pathologies cardio-vasculaires, celles-ci pouvant également être consécutives à l’exposition professionnelle à
l’amiante et la silice.
Les opposants au projet ont quant à eux refusé avec constance, malgré les injures et les insinuations, d’envoyer quiconque exposer sa santé et sa vie dans une exploitation aux caractéristiques
hautement pathogènes, démontrées par l’expérience de la mine d’Anglade close Il y a plus de 38 ans… Ils ne tombent pas dans le piège grossier du déni, base de la stratégie des porteurs de projet et
de leurs soutiens ariégeois : « Ce mensonge avait déjà commencé à la fermeture de la mine, lorsqu’on nous disait que ce n’était pas l’amiante qui tuait les mineurs », dit Madeleine Audoir, l’ancienne
infirmière de la mine…
Autoriser l’exploration puis l’exploitation d’une mine contaminée par l’amiante et autres toxiques, reviendrait à transgresser l’interdiction de l’amiante en France et en Europe, tout en considérant qu’il serait redevenu possible d’envisager un « usage contrôlé de l’amiante », grâce à de nouvelles technologies entièrement automatisées. Cela fut le cœur de la stratégie des industriels de l’amiante dans les décennies avant l’interdiction, ayant conduit à l’hécatombe que l’on sait : plus de 3000 décès par cancers de l’amiante en France chaque année.
Le traitement du minerai par des acides a laissé des traces hautement toxiques avec des haldes, sur lesquelles, 40 ans plus tard, aucune végétation ne parvient à pousser. Dans les déchets miniers, l’amiante est et sera toujours présent.
Et quelles seront les conséquences sanitaires de l’utilisation probable du cyanure, le seul utilisable à l’échelle d’une mine, car cette fois la recherche de l’or en vue de son exploitation est ouvertement mise en avant ?
Pour terminer, nous rappelons que l’ARS n’a toujours pas pris de posiEon sur la contamination à l’arsenic et aux métaux lourds de l’eau du Salat et du Lez par les anciens dépôts miniers ni à Salau, ni
à Sentein où il a fallu changer la terre de la cour d’école. Et les travailleurs d’Auzat n’ont-ils pas suffisamment donné avec les dommages de l’aluminium des anciennes installations de Péchiney ?

Quel bilan peut-on dresser des seize années d’exploitation (1970-1986) de
la mine de tungstène à Salau ?

par Stop Mine Salau

– Les 14000 tonnes de tungstène extraites, du fait de leur teneur élevée en arsenic, ont été vendues jusqu’en 1983 seulement à la Russie qui s’en servait uniquement pour son industrie militaire, blindage et obus.

– Plus d’un million de tonnes de déchets miniers pollués demeurent entreposés à l’air libre soutenus par des digues en piteux état. Ces résidus sont contaminés par de l’arsenic, du cadmium, du bismuth, du titane, de l’antimoine, du molybdène, du fluor, des hydrocarbures…et de l’amiante !

– Dès la fin des années 80, plusieurs mineurs sont décédés des suites de l’exposition à l’amiante : nous en parlerons devant le bâtiment de l’Agence Régionale de Santé lors notre premier arrêt.

Malgré l’état pollué de l’ancien site minier près des sources du Salat, et les graves dommages de santé causés par l’exploitation d’un gisement riche en amiante et arsenic :

– La société Variscan-Mines managée notamment par M.Bonnemaison, a obtenu en 2016 un permis pour la recherche du tungstène et métaux connexes dont l’or.
– Durant 10 ans, la commune de Couflens, des habitants de toute la vallée et au-delà, les associations Couflens-Salau Demain, Henri Pézerat, le CEA, le Chabot, Stop Mine Salau, ont informé sans relâche les populations et l’administration des risques non-dits et des mensonges proclamés. Ils ont contesté dans la rue et devant les tribunaux, le permis accordé, au nom de la protection de  l’environnement, de la santé des travailleurs et des populations.
– La justice administrative a infligé trois annulations du permis de recherches aux sociétés Variscan, Apollo Minerals et au Ministère des finances. D’abord pour cause d’insuffisance de moyens financiers, puis de défaut d’information du public sur ces moyens, et en février 2024, pour ne pas avoir tenu compte de la déclaration du secteur en zone Natura 2000 ! Cependant l’État persiste en contestant, de nouveau sur cette décision, au Conseil d’Etat, défendant un permis devenu caduque
depuis février 2022… Huit ans de procédure et l’affaire n’est pas close !

– Pendant ce temps-là Variscan Mines a occupé les lieux à Salau de 2017 à 2019. Il a effectué quelques travaux à l’extérieur de la mine mais n’a pas pu faire de recherche minière proprement dite car toutes les autorisations de travaux demandées, et accordées par les préfètes successives ont été contestées avec succès devant le TA de Toulouse.

– La société australienne Apollo Minerals, qui a acheté Variscan Mines en 2018, devenue de ce fait titulaire du PERM, n’a pas encore rempli toutes ses obligations légales envers ce PERM aujourd’hui échu. Par contre, cette société n’a pas hésité à demander des dommages et intérêts à l’État dès 2019…

C’est dans ce contexte que M. et Mme Bonnemaison ont récidivé en déposant une nouvelle demande de PERM, en juin 2024, au nom de la société Néométal, concernant le secteur de Salau mais aussi les communes d’Ustou, d’Aulus et d’Auzat (100km2), et ils ont osé appeler leur projet « Montagne Ariègeoise » :

– La société Néométal existe depuis 2015 et fait partie depuis de la nébuleuse « Bonnemaison », elle a son siège à Dun en Ariège ! Michelle Bonnemaison en était la présidente jusqu’en juin 2024, aujourd’hui c’est Emmanuel Henry, un ancien de Trafigura qui occupe ce poste.

– Le projet actuel semble sensiblement le même que celui d’il y a dix ans à ceci près : cette fois la recherche d’Or est totalement assumée.

Depuis 2016, le contexte géopolitique a changé :

– Mise en place en 2024 du Critical Raw Materials Act qui vise à diminuer les dépendances de l’Europe.
– Le réarmement est partout mis en avant, en France on veut développer les centrales nucléaires, de ce fait le tungstène, métal dur et résistant à la chaleur est d’autant plus convoité.
Mais l’État tient un discours contradictoire : d’un côté, on nous dit que Tungstène = métal stratégique et d’un autre côté, il confieraitgratuitement, son extraction et son commerce à une société privée
financée par des capitaux étrangers qui s’empresserait de le vendre au plus offrant ! C’est totalement incohérent !

Nous disons qu’il faut immédiatement arrêter ce nouveau projet de
recherche minière car :
– Il serait extrêmement nocif pour l’eau, l’environnement et engendrerait des pollutions supplémentaires sans que les anciennes n’aient pu être traitées.
– Il serait extrêmement nocif pour la santé des éventuels travailleurs et des populations : un emploi qui tue n’est pas un bon emploi !
– Le tungstène est surtout convoité actuellement par l’industrie de l’armement.
– L’or n’a que très peu d’intérêt industriel et les réserves sont importantes !
– Extraire des métaux demande beaucoup d’énergie et d’eau. C’est un leurre d’en faire un argument pour la transition énergétique.
– Laisser jouer des apprentis sorciers à faire des forages profonds dans les communes d’Aulus les Bains et d’Ustou dont toutes les activités économiques dépendent de l’eau, serait une absurdité.
– Vouloir ajouter à Auzat des pollutions minières aux pollutions industrielles encore présentes est aberrant !

L’Ariège n’est pas minable !
Ne les laissons pas faire !
Aucun nouveau minerai ne doit sortir de terre, ni en Ariège, ni ailleurs.

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