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Uranium : Orano signe un accord avec la Mongolie
Photo d’illustrationLe groupe public français a signé avec le pays d’Asie de l’Est un accord pour l’exploitation d’une grande mine d’uranium, importante pour les centrales nucléaires françaises.
JEAN-PAUL PELISSIER
Nouvel accord minier pour le groupe public français Orano (ex-Areva). Il a signé ce vendredi à Oulan-Bator avec la Mongolie pour pouvoir exploiter une vaste mine d’uranium. Un investissement présenté par Paris comme important pour l’approvisionnement des centrales françaises.
L’accord a été signé par le ministre français délégué chargé du Commerce extérieur, Laurent Saint-Martin, et par le directeur général d’Orano, Nicolas Maes, a constaté une journaliste de l’AFP. « C’est un contrat important en matière de souveraineté énergétique et d’autonomie stratégique », ont déclaré les services de Laurent Saint-Martin. Cet accord « concrétise l’ambition française de sécurisation, pour les prochaines décennies, de son approvisionnement en uranium », ont-ils par ailleurs indiqué dans un communiqué.
Des discussions entamées plus de 2 ans auparavant
Ce projet franco-mongol est développé depuis plusieurs années par Badrakh Energy, la co-entreprise entre Orano et l’entreprise publique mongole MonAtom. Et cette signature, qui concrétise la bonne santé des liens bilatéraux, se faisait attendre depuis octobre 2023. A cette époque, le protocole d’accord sur l’exploitation de ce site avait été paraphé en France lors d’une visite d’État du président mongol Ukhnaa Khurelsukh. Les discussions ont, en effet, débuté entre Orano et le gouvernement mongol il y a plus de deux ans.
Les détails de l’accord final ne sont pas connus dans l’immédiat, mais devraient l’être vendredi dans la journée. Selon un communiqué du gouvernement mongol cité par la presse et diffusé en 2024, l’accord prévoyait un investissement total de 1,6 milliard de dollars avec une mise initiale de 500 millions et une première production effective en 2027.
La Mongolie, vaste pays enclavé entre la Chine et la Russie, a misé sur les richesses de son sous-sol pour diversifier et stimuler son économie historiquement basée sur l’agriculture. Outre le cuivre, la Mongolie est un grand exportateur de minerai de fer mais aussi de charbon. De son côté, Orano Mining est présent depuis 25 ans en Mongolie via les activités minières d’Areva que le groupe a repris.
Un gisement «majeur»
D’après Orano, ce gisement d’uranium de Zuuvch-Ovoo, découvert par les géologues de l’entreprise dans le sud-ouest de la Mongolie, est « majeur ». Il possède environ 90.000 tonnes de ressources et devrait être exploité sur trois décennies. Selon les estimations, la production de ce futur site devrait être d’environ 2.500 tonnes par an, soit environ un quart de la consommation annuelle du parc nucléaire français.
Pour la France, assurer la fourniture en uranium des centrales françaises par une entreprise nationale, Orano, détenue à 90% par l’État, est crucial car elle permet de sécuriser les approvisionnements. Point important toutefois : l’uranium extrait ne sera pas uniquement dirigé vers la France, Orano ayant d’autres clients qu’EDF (l’exploitant des centrales françaises).
Et d’après le dernier rapport de l’Agence internationale de l’énergie paru jeudi, l’électricité d’origine nucléaire va atteindre un niveau record en 2025, représentant un peu moins de 10% de la production mondiale. Son centre géographique est notamment en train de basculer vers la Chine au détriment de vieux pays nucléaires comme les États-Unis ou la France. En 2023, plus de 410 réacteurs étaient en activité dans plus de 30 pays.
Par ailleurs, en 2022, Orano a produit 7.500 tonnes d’uranium issu de ses sites au Canada, au Kazakhstan et au Niger. Dans ce dernier pays, aux mains de putschistes depuis fin juillet, sa filiale de la Somaïr a dû cesser sa production de concentré d’uranium.
(Avec AFP)