Éolien marin en normandie

[pompé sur trognon.info]

Au large de Courseulles, le projet industriel prend du retard

Le projet d’EDF d’installer 64 éoliennes industrielles au large de Courseulles-sur-mer prend du retard. En cause, des difficultés dans le forage du fond marin et la rareté des bateaux spécialisés dans ce genre d’opérations.

Le nouveau directeur de projet du parc éolien en mer du Calvados au large de Courseulles-sur-Mer (michel benoît) annonce dans un communiqué que la mise en service des 64 éoliennes est reportée à 2026. Le chantier tourne au ralenti, et sur les 64 fondations nécessaires pour ensuite installer les éoliennes de 175 mètres, seules 4 ont pour l’instant été réalisées. On peut lire dans la presse que :

« depuis le 15 janvier 2025, date où les difficultés de forage des fondations des éoliennes avaient été révélées, EDF Renouvelables n’avait pas encore communiqué. EDF confirme enfin les problèmes rencontrés et le retard du chantier qui devait s’achever à l’été 2025. Pour rappel, le navire auto-élévateur Vole au Vent en charge des forages était arrivé sur zone en mai 2024 pour réaliser des tests qui ont nécessité « de corriger des problèmes techniques, le forage de la première fondation a été achevé début décembre 2024. En conséquence, le navire de Saipem S7000 en charge de l’installation des fondations est arrivé sur site en décembre et a installé avec succès la première fondation en janvier. »

« C’est désormais à l’horizon 2026 que la mise en service du parc est évaluée. Car, pendant plusieurs mois, les navires spécialisés pour ce type de construction offshore sont déjà promis à d’autres chantiers en mer. Le navire Vole au Vent a désormais quitté la zone de travaux et les autres navires installateurs partiront également dans les semaines à venir », délivre Michel Benoit qui explique que, « les opérations de forage reprendront au cours de l’été prochain avec un nouveau navire auto-élévateur, le Bold Tern, de l’armement Fred Olsen Windcarrier. »

Un article paru en octobre 2024 sur le site trognon.info donne quelques autres informations sur le projet (et sur la nécessité de lutter contre) :
« Par exemple au large de Courseulles-sur-Mer (Calvados), où 64 éoliennes de 175 mètres de haut doivent bientôt être démarrées. A l’annonce du projet, des habitants et des pêcheurs, pour des raisons diverses, se sont mobilisé-es. Malgré tout, le chantier colossal a commencé. En décembre 2023, RTE a mis à disposition les installations de raccordement au réseau électrique. Des centaines de tonnes de câbles ont été installés sous l’eau pour acheminer l’électricité produite par les éoliennes vers la « chambre d’atterage » de Bernières-sur-Mer, qui assure la connexion avec les 24 kilomètres de câbles souterrains menant au poste électrique de Ranville. Éoliennes offshore du Calvados (un consortium regroupant EDF Renouvelables, WPD offshore et Enbridge) compte mettre en service les éoliennes en 2025. »

Raté puisque le chantier colossal d’EDF est donc en stand-by…jusqu’à l’arrivée du ou des prochains navires nécessaires à la construction du parc offshore. Des sites internets comme myshiptracking.com peuvent permettre de savoir quand l’arrivée salvatrice du mastodonte des mers aura lieu !

[pompé sur trognon.info]

Capitalisme vert : l’éolien industriel a le vent en poupe

Le vendredi 18 octobre 2024, trois ministres se sont déplacés à Fécamp en Seine-Maritime pour annoncer un nouveau projet de parc éolien en mer. L’Etat et les industriels espèrent implanter 200 nouvelles éoliennes, en plus des 71 déjà existantes dans ce parc maritime.

L’éolien industriel en plein essor

En Normandie, d’autres projets éoliens de la sorte sont déjà en cours, et rencontrent des oppositions.
Par exemple au large de Courseulles-sur-Mer (Calvados), où 64 éoliennes de 175 mètres de haut doivent bientôt être démarrées. A l’annonce du projet, des habitants et des pêcheurs, pour des raisons diverses, se sont mobilisé-es. Malgré tout, le chantier colossal a commencé. En décembre 2023, RTE a mis à disposition les installations de raccordement au réseau électrique. Des centaines de tonnes de câbles ont été installés sous l’eau pour acheminer l’électricité produite par les éoliennes vers la « chambre d’atterage » de Bernières-sur-Mer, qui assure la connexion avec les 24 kilomètres de câbles souterrains menant au poste électrique de Ranville. Éoliennes offshore du Calvados (un consortium regroupant EDF Renouvelables, WPD offshore et Enbridge) compte mettre en service les éoliennes en 2025.

A Dieppe, Le Trepport et Barfleur, des projets similaires sont à l’étude. Il y aurait aussi deux projets imaginés au large du Cotentin.

Sur terre aussi, les projets d’éolien industriel se multiplient, car le système capitaliste a besoin de toujours plus d’énergie (et donc d’électricité) pour croître indéfiniment. Sur les communes de Bellengreville et de Moult-Chicheboville, à l’est de Caen dans le Calvados, une enquête publique pour l’implantation de 10 nouvelles éoliennes de la société Vensolair est en cours, et le projet suscite des protestations. Certaines éoliennes menacent directement le marais Chicheboville-Bellengreville et des personnes vivant là craignent des nuisances (sanitaires, sonores et visuelles).

Un discours bien rôdé : la transition énergétique

Les industriels et gouvernants, protecteurs des intérêts capitalistes, ont pris acte du phénomène de dérèglement climatique provoqué par les activités humaines, notamment les activités industrielles alimentées aux énergies fossiles. A défaut de remettre en question le système industriel dans son ensemble, et les destructions massives et inévitables qu’il induit, l’accent a plutôt été mis sur le problème de la production de CO2. Cette orientation idéologique a permis l’apparition d’un discours réformiste visant à une modification progressive du système productif, une « transition » vers des énergies dites décarbonées. De la sorte, plus besoin de remettre en question le système économique dans son ensemble (car une réflexion conséquente amènerait à une remise en cause radicale du capitalisme), proposer des alternatives suffit. Ce discours fait alors passer des sources d’électricité autres que le charbon ou le pétrole pour de véritables solutions écologiques. L’éolien et le solaire (voir même le nucléaire !) sont labellisés énergies vertes par excellence. Pourtant, ces énergies nécessitent également pour fonctionner le pillage néocolonial des ressources, l’exploitation de mines, une certaine organisation sociale du travail, la circulation mondialisée de marchandises, la destruction des espaces où les projets industriels sont implantés, l’imposition de modes de vie, le massacre d’êtres vivants, etc. Par ailleurs, ces nouvelles industries énergétiques ne viennent absolument pas remplacer les anciennes, mais elles s’y additionnent. Chaque année, les records de production des industries pétrolières ou gazières sont battus, alors même que les industries énergétiques dites décarbonées sont en plein essor. Le discours sur la transition est un écran de fumée : il permet aux multinationales et aux Etats de poursuivent les rentables ravages qu’ils organisent tout en dégageant de nouveaux marchés, le tout justifié par une proposition politique qui fait croire à la prise en compte du problème écologique. Tout bénef !

Quelle lutte contre les projets éoliens ?

Le travail des lobbystes et autres politicien-nes fait son effet : l’éolien et le photovoltaïque sont souvent associés à des progrès écologiques. De nombreuses organisations « écologistes » défendent même cette théorie absurde et promeuvent l’implantation de projets industriels dévastateurs, parce qu’éoliens ou solaires. Cela a des conséquences directes dans les luttes contre les projets éoliens. La stratégie de promotion de cette « transition écologique » qui n’a d’écologique que le nom porte ses fruits, et crée de la confusion. Quand des réunions publiques ont lieu à Barfleur en 2021 à propos d’un projet d’éoliennes offshores, les porteurs du projet (à savoir l’Etat et des industriels en quête de nouveaux marchés) sont taxés d’écolos-bobos par les pêcheurs du coin. Dans d’autres régions, des collectifs de riverain-es opposé-es à des projets éoliens sont parfois rejoins ou encouragés par l’extrême-droite locale, qui axe son discours sur la défense du terroir et le rejet de l’écologisme (qui serait donc symbolisé par ces projets industriels…). Une brèche dans laquelle s’engouffrent bien volontiers les pro-nucléaires qui présentent alors « leur » énergie « décarbonnée » comme la meilleure alternative.

La porosité (réelle ou supposée) des luttes contre les projets éoliens avec des tendances anti-écologistes rend parfois frileux-ses à rejoindre ces luttes les anti-capitalistes convaincu-es. Il est pourtant décisif de s’y intéresser. D’abord parce qu’il y a un impérarif à contrer le discours dominant de la soi-disant transition écologique et à lutter contre tout projet industriel conduisant à une augmentation de la production d’énergie. Aussi parce que dans un contexte de renforcement des idées et des groupes d’extrême-droite, laisser des espaces de lutte aux fachos et laisser proliférer une écologie fascisante serait une erreur évidente. Ensuite parce que ces projets sont d’un intérêt stratégique majeur pour les grands groupes industriels comme EDF ou Total, qui veulent verdir leur image et agrandir toujours plus leur emprise sur le monde. Et pour tout un tas d’autres raisons.

Il y a un certain nombre de mobilisations et d’actions contre des projets éoliens, sur des bases anti-capitalistes : des mobilisations en forêt de Lanouée, contre le parc éolien de Saint-Brieuc, des sabotages en France, en Allemagne plus récemment, ou encore en Grèce. La répression s’abat parfois, comme en Haute-Vienne. Partout des projets éoliens émergent, et bien souvent, des réactions hostiles les accompagnent. De manière plus générale, ces luttes peuvent s’inscrire dans une critique globale. Celle d’un système capitaliste-industriel dont la stabilité repose en grande partie sur ses infrastructures énergétiques et sa capacité à produire et à distribuer de l’électricité.

Pour aller plus loin sur la question de l’éolien industriel :
- Leur écologie est un désastre, déconnectons-là !, 2021
- Plaidoyer contre les éoliennes industrielles, 2019
- Communiqué du Vent d’Autan depuis l’Amassada en exil, 2019
- Le vent nous porte sur le système… ou comment être anti-nucléaire sans devenir pro-éolien, 2009

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