La terre se soulève

[pompé sur oclibertaire.lautre.net]

Quand la terre se soulève, il est nécessaire qu’un travail souterrain se soit produit. Prenons l’exemple de la création des montagnes, les plaques tectoniques participent, par leurs frottements et l’interpénétration de l’une sous l’autre, au déplacement de masse très importante de roches créant ce que nous nommons les montagnes. Bon tout cela est bien joli, mais c’est quoi le problème ? Je vais essayer de l’expliquer dans la suite de ce texte.

Le texte qui suit est un billet d’humeur d’un adhérent de stop mines 03, association qui s’oppose au projet de mine de lithium dans le département de l’Allier. Plusieurs articles ont déjà été écrits dans CA, vous pouvez les retrouver dans les numéros 326 janvier 2023, 330 mai 2023, 340 mai 2024.

Un département méconnu l'Allier ?!

A la fin du mois d’octobre 2022, par voie de presse, les habitantes et habitants de l’Allier prennent connaissance qu’une mine, pour extraire le lithium, est en projet sur la commune d’Echassières. La multinationale Imérys, par ailleurs exploitante d’une carrière de kaolin sur cette commune, a un Permis Exclusif de Recherche (PER), premier pas vers la concession et l’exploitation de métaux dits « essentiels ».
Suite à cette annonce, des habitantes et habitants d’Echassières et des communes environnantes se réunissent et réfléchissent, quelles suites donner à cette information ? La décision prise est de prendre contact avec Stop mines 23 qui se bat depuis plusieurs années contre des projets de mines en Creuse, en Limousin, en Guyane et qui a aussi des contacts avec d’autres collectifs.
Une première réunion est organisée pour trouver un consensus sur l’organisation future. L’idée de créer une association collégiale est actée, non sans réticence de certaines et certains « Stop mines 03, Ni Ici, Ni Ailleurs » considéré trop clivant. Mais la majorité approuve le fonctionnement, proche d’un collectif, avec des décisions prisent en assemblée générale et sans bureau, où chaque membre actif est coresponsable.
Nous sommes au mois de décembre 2022, l’association sera déclarée en janvier 2023.

Suite à cette création.

Après décisions prisent en assemblées générales, des réunions publiques sont organisées dans les communes limitrophes pour informer et connaître l’état d’esprits des bourbonnaises et bourbonnais (1) face à cette annonce, une dynamique se met en place pour élargir notre action locale, aidée en cela par une association existante « Préservons la forêt des colettes », apparue lors d’une lutte précédente contre l’implantation d’éoliennes. Des tractages sur les marchés et lors de manifestations, nous sommes en pleine lutte contre la « réforme des retraites », des contacts sont pris avec d’autres collectifs ou associations. Après la manifestation de Sainte Soline, le 25 mars 2023, contre une méga-bassine, où la violence de l’État a montré une facette de ces possibilités répressives, le gouvernement décide par la voix de son ministre de l’intérieur de dissoudre « les soulèvements de la terre (SLT) » un des organisateurs de la manifestation. Dans la foulée les soulèvements de la terre appellent à la création de comités locaux.

Première rencontre avec les soulèvements de la terre.

En avril 2023, une demande nous est faite d’organiser une journée informative, pour permettre une présentation des différentes luttes sur notre territoire, celle-ci provient des soulèvements de la terre 03 (SLT), en création. Lors de notre assemblée générale, nous répondons positivement à cette demande. Une salle est trouvée moyennant la somme de 56 euros.
Un mail d’invitation pour cette journée nous parvient des SLT (futur 03), oh surprise ! Stop mines 03 organisateur, n’apparait pas dans cette invitation. Suite à notre interrogation, la précipitation est invoquée comme excuse. Il nous est indiqué que la bévue a été rectifiée. La journée ne sera pas comme ce qui était convenu, à savoir une présentation des luttes locales. Pour l’occasion des représentants des SLT national sont présents. Toute la matinée, se substituant à ce qui était prévu, verra une communication avec power point, exclusivement dirigée vers et par les SLT. L’heure du repas partagé, nous montrera que le mot partage n’a pas la même signification pour tout le monde.
En début d’après-midi, une présentation des luttes sera autorisée, assez rapide. S’en suivra, un appel à rejoindre le nouveau comité local des SLT 03, une poignée de l’assistance répondrons positivement. Quand une personne des présents posera la question qui fâche, Pouvons-nous savoir comment fonctionne les SLT, décisions, organisation, etc ». En guise de réponse, une personne présente se lève et indique, qu’elle est incapable de prendre des décisions, mais par contre elle est pour l’action et répondra favorablement au groupe décisionnaire et lance à la cantonade, qui est pour l’action ? Là oh surprise ! une quinzaine de personnes se portent volontaire. Dans la foulée, une autre personne se lève et invite à la suivre pour la création du groupe décision et organisation, un peu plus d’une demi-douzaine y répondrons favorablement. Je venais d’assister, à ce que certains appellent un retournement de situation, alors que cela est plus un retournement de cerveaux avec une volonté, non affichée, de manipulation. Suite à cet épisode, je quittais la salle fort de cette hallucinante journée. L’assemblée générale de stop mines 03 suivante, sera l’occasion de revenir sur cette journée mémorable et permettra pour certains de mettre en apparence le déroulé de cette rencontre.

Second round

Les SLT 03 contact stop mines 03 pour participer à « luttes en résistance », avec table de documentations le dimanche, dans une commune du sud du département. L’AG se prononce pour la participation. Et là surprise ! (Encore, oui et ce ne sera pas la dernière). Nous recevons l’invitation et son programme, où est indiqué, que stop mines 03 fera une conférence, le samedi, de trois heures sur la mine de lithium ?!
Après avoir procédé à une mise au point avec les SLT 03, en ce qui concerne les prises de décisions collégiales de notre association et que notre autonomie est primordiale, après acceptation de l’AG, des membres se proposent d’animer cette conférence. Qui par ailleurs sera très appréciée des participants.
Nous sommes au mois d’octobre 2023.

Dans la continuité

Nouvelle sollicitation des SLT 03, cette fois dans le nord du département. Sur le thème « Réunion d’information et de discussion sur la mine de lithium ».
A cette occasion, j’apprendrais l’existence d’une liste télégram, alors que nulle mention n’en a été faite lors de nos assemblées, pourtant décisionnaires ? Où des idées en petit comité sont discutées.
Mais reprenons, le fil de ce long fleuve tranquille. Pour planter le décor, nous sommes en mars, avril 2024, la commission nationale du débat public (CNDP) a fait son apparition sur le territoire. Lors de notre AG, la décision de participer à cette sollicitation est prise, sans que l’existence de la liste télégram ne soit annoncée.
Selon le compte rendu qui nous a été fait et les informations par ailleurs que j’ai glané. Cette réunion ressemblait plus à une mise en pratique des nouveautés managériales, avec petits groupes, pour plus de fluidité, petits papiers de couleurs avec des interrogations, enfin la totale. Et pour ce qui est du non-dit (Liste télégram ?!), les prémisses de l’émergence d’un collectif unificateur pointaient son nez.
Par ailleurs, un communiqué de presse émis par les SLT 03 annonçant cette réunion, nous apprenais que stop mines 03 se questionnait sur le bienfondé de cette mine, alors que depuis plus d’un an, nous nous présentions comme une association locale, contre cette mine, ni ici, ni ailleurs. Et par la suite, après la divulgation par la CNDP de la localisation des deux autres sites, nous nous positionnons contre l’ensemble du projet. Stop mines 03 se questionnant, mais de qui se moquait-on !
A l’AG suivante, une remise en cause du fonctionnement de l’association était posée, la décision collégiale était sur la sellette, cause invoquée, le manque de réactivité, certains sous influences (liste télégram) confondant vitesse et précipitation. La discussion qui s’en suivit, allait conforter la continuation des décisions collégiales et notre autonomie face à l’adversité extérieure. L’AG se poursuivit sur l’organisation de la journée du 25 mai 2024.

La journée du 25 mai

Le 6 mai 2023, nous avions organisé à Echassières, une journée d’informations et de rencontres qui avait accueilli entre 200 et 300 personnes.
Nous avions décidé cette fois, de réunir plusieurs associations dans le but d’un rapprochement des luttes en vue d’une coordination future. Plusieurs avaient répondu positivement. La décision avait aussi été prise de créer une affiche pour annoncer l’évènement. Mais celle-ci prenait du retard. Et fatigue aidant, l’affiche finale, ne faisait pas apparaître stop mines 03 comme organisateur de la journée, mais une multitude de logos laissant penser que tous étaient organisateurs, dont celui des SLT ?
Le jour dit, la présentation de tous les collectifs présents, par manque de préparation, s’est un peu éternisée, quand un membre de stop mines 03 a demandé aux représentants des SLT 03 s’ils pouvaient être bref, ils n’ont pas apprécié. Effectivement leur prestation a été brève, qui avait pour message et un peu résumé, comme nous étions incapables de coordonnées nos luttes, nous invitait le 7 juillet à une rencontre entre différents collectifs associatifs, syndicaux ou politiques à la création d’un collectif des collectifs pour leur permettre de palier à notre incapacité de nous coordonner, en insistant sur l’importance de cette rencontre, quasiment notre survie en dépendait !? Pendant leur intervention, à aucun moment je ne les ai entendu se positionner contre la mine, nous comprendrons pourquoi avec leurs positionnements à venir (Voir encadré).
Alors que depuis plus d’un an et demi, dans nos actes et nos actions nous œuvrons pour cette coordination. Quel mépris !

Le rendez-vous avec la préfète

La CNDP tirant à sa fin, où la préfète a brillé par son absence, mais tenant dans la presse locale un positionnement sans équivoque sur le bienfondé de ce projet, daigne dans sa grande mansuétude et sans doute pour participer à cette fameuse démocratie participative, tant vantée, recevoir une délégation de collectifs associatifs, syndicaux et politiques, en préfecture.
Nous recevons des SLT 03 une proposition de visio, dont l’intérêt serait de nous montrer dans nos meilleurs attraits et si possible avec des revendications communes, face à l’administration. Nous sommes fin juin, cette visio ne pourra se faire, trop tardive.

Le 7 juillet 2024, jour fatidique

Le communiqué de SLT 03 sur la journée du 7 juillet, laisse à penser que l’idée d’un collectif des collectifs serait l’émanation d’une réflexion collective (Revoilà la fameuse liste télégram) et aurait été évoquée le 25 mai à Echassières, que nenni, seule l’évocation fut émise lors de l’intervention des SLT 03 ce même jour. Quand ses désirs rejoignent sa réalité, une confusion regrettable. Mais, voilà la macronite est passée par là. Dissolution de l’assemblée nationale oblige, les SLT 03 remettent à la rentrée la journée de création du collectif des collectifs. L’urgence pour eux est de faire barrage au rassemblement national, ce qui est entendable, mais est-ce le parlementarisme qui nous sortira du rapport entre capitalisme et extrême droite ?

Pour ne pas conclure

Alors oui, nous pouvons soulever des montagnes, mais je ne suis pas adepte du « tous les moyens sont bons, pour atteindre le but ». Je considère que les moyens sont plus importants que le but, qui par ailleurs peut se modifier. Ce concept porte en lui, nos ennuis d’aujourd’hui, mais aussi futurs. En effet, depuis des lustres, nous déléguons à d’autres les décisions sur nos vies. Ainsi, nous privilégions les moyens au but. Alors que notre intérêt est celui adopté par stop mines 03, pour les prises de décisions.
Certes les SLT ont les moyens de leurs ambitions, mais n’oublions pas que tout cela repose sur des luttes locales existantes. Sans luttes préexistantes pas de SLT. Si stop mines 03 est sollicité pour chaque intervention des SLT 03, ce n’est pas par bonté, mais parce que le travail, d’information, de communication, de coordination que nous déployons depuis maintenant presque deux ans, nous rendent visibles et pour le moment indissociable à la contestation contre le projet d’Imérys, mais pour combien de temps ?
Stop mines 03 est composé dans sa majorité, par « des gens de rien » selon le vocable macroniste et pas seulement. Peu sont des militants et peu habitués aux arcanes des jeux politiciens. La dernière proposition des SLT 03 pour la création d’un collectif des collectifs participe de ces jeux de dupes. En effet, quand je découvre la liste des acteurs invités, je ne peux qu’être interloqué. Pour ma part, je n’ai jamais participé à un front anti quelque chose, considérant que cela ne correspond qu’au plus petit dénominateur commun, autrement dit, au réformisme qui gère nos vies depuis des siècles. Alors que l’heure est plutôt à renverser la table et non à s’y accouder.
Mais revenons à la création du collectif et à l’inventaire à la Prévert des invités. Cela va des associations contre le projet à celle contre une partie du projet ou encore pour un aménagement de celui-ci. Des syndicats opposés et d’autres se voulant cogestionnaires, un parti politique qui opte pour la nationalisation du projet, un autre parti que nous n’avons jamais vu lors de nos manifestations. Des associations écologistes « radicales », un collectif qui ne met pas connu, un autre spécialisé sur le rail. Mais que peut bien sortir de tout cela ?
Après l’annonce par décret, édité le 7 juillet 2024 au journal officiel, pour qualifier le « Projet d’intérêt national » voir européen. Le but est effectivement de coordonnées nos actions avec le plus grand nombre, mais pas par n’importe quels moyens. Si coordination, il doit y avoir, ce ne peut être qu’avec le plus grand dénominateur commun où les collectifs resteront autonomes et décisionnaires. La remise en cause doit être globale et non pas parcellaire. L’organisation actuelle de la société est basée sur, une minorité décide et la majorité exécute, ce qui nous est proposé avec le collectif des collectifs rappelle cette organisation. Le prétexte invoqué étant l’efficacité. Ne confondant pas efficacité et honnêteté. Ne reproduisons pas l’organisation de la société qui nous exploite et nous oppresse. Oui, la prise de décision collective est longue et fastidieuse, mais elle inaugure la société que nous voulons, si délégation il doit y avoir, ce ne peut être que sur mandat impératif ou seul le collectif reste décisionnaire.

Dernière minute :

La réunion pour la création d’un collectif des collectifs, où deux dates étaient proposées. Le 28 août ou le 14 septembre, en AG nous avions opté pour le 14 septembre avec lecture d’un texte sur notre positionnement écrit par certains d’entre nous. Cette date nous permettait lors de notre AG du 4 septembre de nous préparer, ainsi que d’approuver le texte, pour cette réunion.
Mais la date choisit, suite au retour majoritaire de mails selon les SLT03, a été le 28 août, mettant à mal notre option. Cette date, sans la remettre en cause quoi que, puisque aucun retour nous a été fait de la diffusion des mails des différentes parties prenantes, autre que le mail des SLT03 nous conviant le 28 août.
Suite aux déboires cités ci-dessus, je suis un peu dubitatif, voir soupçonneux.
Nous avons donc décidé d’envoyer un mail aux SLT03, pour les prévenir de notre non-participation et s’ils pouvaient nous envoyer le compte-rendu de la réunion. Encore une fois, cette façon de faire, à poser problème entre nous, entre efficacité et honnêteté.
Fin août nous recevons le compte rendu de la réunion du 28 août, ce que nous pouvons y lire, me laisse une nouvelle fois bouche bée. Les présents, une association clermontoise, un syndicat, trois partis politiques, quid des associations bourbonnaises contre les différents sites du projet qui représentent depuis le début l’opposition ?
Mais ce n’est pas tout, je vous passe les lieux communs sur la prose de ce compte rendu, nous pouvons y lire en majuscules « PAS DE MINE, NI ICI, NI AILLEURS » serait la base commune inconditionnelle, pour rappel notre revendication est stop mines au pluriel, ni ici, ni ailleurs. Alors que le collectif des collectifs qui nous est proposé est un conglomérat de positions différentes voire contradictoires.
Mais il est écrit, alors que cette réunion était un premier contact, « de faire connaitre l’existence du nouveau collectif dans le milieu militant », quand est-il des locaux ? Notre lutte est ancrée localement et l’explication que nous en donnons passe par une vision globale, qui interroge la société porteuse de ce projet. La remise en cause de cette mine va de paire avec la remise en cause de cette société en recherche de toujours plus de profits au détriment de nos vies.
Les faits sont ténus entre efficacité et honnêteté, je penche pour l’honnêteté pour plus d’efficacité, mais apparemment cela n’est pas partagé par tout le monde. La lutte continue !

Degas septembre 2024

Note :
1. Bourbonnaise et bourbonnais qui peuplent le département de l’Allier.

Ni ici, ni ailleurs
Le cahier d’acteur fait partie, en tant que participation à la Commission Nationale du Débat Public, (CNDP).
Cahier d’acteur des Soulèvement de La Terre (SLT 03)
Conclusion :
Les Soulèvements de la Terre de l’Allier ne peuvent souscrire à ce projet qui ne justifie en rien répondre aux besoins de la transition écologique. Il participe de la politique actuelle, en France et trop souvent ailleurs dans le monde, qui favorise les grands projets et les grands groupes, leur permettant de faire de grands bénéficies en causant de grands dommages. Il ne s’agit donc pas d’un enjeu de souveraineté. Ce qui a été donné à voir, c’est un but financier, sur fond de transition énergétique en faisant appel aux éléments de langage du GIEC, mais n’étant qu’un projet de positionnement géopolitique pour la France et financier pour une multinationale ayant besoin de satisfaire ses actionnaires.
Alors que le cahier d’acteur de stop mines 03, rejeté par ailleurs par la CNDP, prétextant une non-conformité à la littérature attendue.
Nous ne voulons pas sur le département des 3 sites d’Imérys.
Nous ne voulons pas de la mine avec son usine de concassage, son quai de chargement et son usine de raffinage.
Mais pas seulement, nous n’en voulons pas, (Suivi de 4 pages de)
Ni Ici, Ni Ailleurs,
En guise de conclusion :
Nous ne voulons pas de cette mine et du monde qui va avec !

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Tassons les mines d’Imerys ! Retour sur la mobilisation à Glomel

[pompé sur nantes.indymedia.org]

Samedi 23 novembre, près de 400 manifestant-es se sont rassemblées dans le calme à Trégornan, commune de Glomel (Côtes-d’Armor), pour dénoncer le projet d’ouverture par la multinationale minière Imérys d’une quatrième fosse d’extraction d’andalousite, un minerai industriel réfractaire. Les manifestant-es contestent également l’autorisation préfectorale accordée en juin dernier, à l’issue d’une enquête publique bâclée. Cette journée de mobilisation intervient dans le contexte des récentes révélations de pollutions aux métaux lourds publiées par le média d’enquête indépendant Splann !

Les premiers participant:es, arrivées dès 13h00, dont certain:es à vélo, se sont élancé‘es à 14h30 pour une manifestation festive en musique, accompagnée par la fanfare de la Zbeulinette. Le cortège a parcouru environ deux kilomètres jusqu’à une verse de déchets miniers, appelée le SABES : une impressionnante «montagne noire et pulvérulente ». Là, plusieurs prises de parole ont été prononcées, suivies d’un moment musical avec un nouveau tube militant, « Écoutez les mines de rien », en référence au 1006 anniversaire des grèves des sardinières, chanté en chœur par les manifestant-es.

La journée s’est poursuivie avec une balade naturaliste, visant à expliquer les impacts environnementaux de l’exploitation minière, notamment les pollutions toxiques et la perte de biodiversité. Le tout s’est déroulé dans une ambiance conviviale, accompagnépar un goûter offert par la cantine de la dalle.

À 16h00, sous la pluie et dans le vent, le cortège a pris le chemin du retour vers le centre du village, toujours encadré par un dispositif policier disproportionné.

La mobilisation s’est prolongée en soirée avec un fest-noz à Plounévez-Quintin, à une vingtaine de kilomètres. Dès 19h00, le musicien breton Rivinn a ouvert les festivités, suivies par les groupes Berjull, Pourchasse-Ar Gall/Stervinou-Broustal, Yggy Noz, Strak, ainsi que les DJ Angelis Demoniae et DJ Don’t Bother. La fête revendicative, marquée par une ambiance déterminée et joyeuse, s’est poursuivie jusqu’à 3h, du matin, malgré les contrôles systématiques d’alcool et de stupéfiants opérés sur la route du retour – lesquels n’ont donné aucun résultat.

No minaran !

Imerys assure n’avoir « aucun impact sur les eaux ».
Les analyses de Splann! révèlent :
– Des concentrations en nickel jusqu’à 60 fois supérieures à la valeur guide pour un bon état écologique des sédiments d’eau douce
– Des concentrations en cobalt jusqu’à 20 fois supérieures à cette valeur
– La présence de métaux toxiques qu’Imerys n’est pas censé déverser

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Intoxication minière en Bretagne

Un dossier en 3 parties sur splann ! :

https://splann.org/enquete/intoxication-miniere-en-bretagne/#volets

Introduction

Glomel : 1 400 habitants. Imerys : 3,8 milliards d’euros de chiffre d’affaires. Le mastodonte de l’industrie minière pèse lourd dans cette petite commune des Côtes-d’Armor. La multinationale s’agrandit encore : elle vient d’obtenir l’autorisation d’ouvrir une nouvelle fosse, un quatrième immense cratère, à creuser sur 80 mètres de profondeur pour extraire de l’andalousite, un matériau résistant aux hautes températures utilisé, entre autres, dans les fours industriels.

Le feu vert des autorités est intervenu, sans surprise, dans le cadre du renouveau minier souhaité par le gouvernement. Ce dossier, dont les intérêts vont bien au-delà du périmètre breton, est scruté de près : par Imerys et par ses opposants.

La multinationale, quant à elle, cache ses impacts réels sous des formules ambiguës, parlant de bon état biologique, là où la pollution est chimique. Déclarant même n’avoir aucun impact. Splann ! a voulu en avoir le cœur net et a réalisé ses propres analyses qui prouvent le contraire. Dans le lit de la rivière, les concentrations en métaux lourds atteignent jusqu’à 60 fois la valeur guide.

Des habitants tentent de se mobiliser, mais leur marge de manœuvre est serrée. Imerys est inséparable de la commune de Glomel. Employeur incontournable, la multinationale finance les associations sportives, comme environnementales, structure même le territoire.

Imerys déploie ainsi toute une palette d’efforts pour être perçue comme une entreprise familiale, fleuron de l’activité minière made in France. En réalité, il s’agit d’un empire financier détenu par des actionnaires à la tête d’une fortune de plusieurs millions d’euros.

L’opposition s’accroît et devient de plus en plus visible. Une manifestation est prévue à Glomel le 23 novembre, portée par les Soulèvements de la terre et une partie des habitants. Imerys scrute cette mobilisation avec attention. Une mobilisation réussie aura des conséquences sur l’ensemble de la relance minière française, et en particulier sur le projet de méga-mine de lithium dans l’Allier. Un projet porté justement par Imerys.

Les volets de l’enquête

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[pompé sur sansnom.noblogs.org]

Près de Montpellier. Carrière de Brissac :
des tapis roulants métalliques détruits par le feu

Actu.fr, 24 octobre 2024 (extrait)

Alerte au feu ce jeudi 24 octobre 2024 à 6h45, dans la carrière de Brissac, dans le pays Gangeois, au nord de Montpellier : des tapis roulants métalliques appelés convoyeurs servant à transporter les minerais étaient entièrement embrasés, sur le site d’extraction de CMSE (Carrières & Matériaux Sud-Est) exploité par l’entreprise Colas, au lieu-dit Le Devois de la Vernède, sur la route de Notre-Dame-de-Londres.

Une quinzaine de convoyeurs sont détruits et une vingtaine endommagés, peut-être inexploitables désormais. Les bureaux, d’autres bâtiments mitoyens et la flotte du parc de véhicules de la société Colas sont épargnés. La quinzaine d’employés pourraient se retrouver au chômage technique, tandis que le préjudice provisoire est estimé à 6 millions d’euros. Des experts en détection de départ d’incendie, ainsi que les techniciens de la cellule d’identification criminelle du groupement de gendarmerie de l’Hérault sont sur les lieux.

La carrière de Brissac (Hérault) avant sa mise à l’arrêt forcée…

Feu de Brissac : la section de recherches enquête
Midi Libre, 27 octobre 2024

Ce sont les gendarmes de la section de recherches de Montpellier qui ont finalement été saisis de l’enquête concernant l’important incendie de la carrière de Brissac, exploitée par la CMSE, filiale du groupe Colas, survenu ce jeudi 24 octobre vers 7 heures du matin. Ce qui tend à prouver que la thèse criminelle est privilégiée dans cette affaire. Rappelons que, selon nos informations, plusieurs mises à feu ont été découvertes sur place. Une trentaine de convoyeurs ont été détruits pour un préjudice de plusieurs millions d’euros. Sans compter que l’exploitation est depuis à l’arrêt.

CMSE, qui signifie Carrières et Matériaux Sud-Est, est la société de matériaux du groupe Colas sur le quart Sud-Est de la France. Elle fabrique et commercialise des matériaux pour le bâtiment, les travaux publics et le génie civil (construction de logements, de routes et d’infrastructures de toutes natures). Avec ses 40 carrières réparties sur 18 départements, dont celle située sur le site isolé au sud de Brissac, CMSE assure la commercialisation de granulats livrés à une clientèle industrielle, d’entreprise ou sur les chantiers.

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Ouverture d’une carrière de calcaire pour Cigéo

[pompé sur bureburebure.info]

Une carrière de calcaire liée au projet Cigéo prévoit de s’installer à Chassey-Beaupré, sur les terres de Daniel Renaudeau, maire de Gondrecourt

La « Société des Calcaires de Chassey » vient de solliciter l’autorisation d’exploiter une carrière de calcaires de roches massives dans la commune de Chassey-Beaupré, à l’emplacement de la ferme du bois de Saulx, entre Chassey et Dainville. L’exploitation de la carrière est prévue sur une durée de 30ans et porte sur une superficie totale d’environ 75,7ha, dont 42,6ha exploitables, et sur un volume de matériaux de 12,2 millions de tonnes, pour une production annuelle de 500 000 tonnes. Cela représentera environ 150 passages de camions par jour, nécessitera des tirs de mine pour fracturer la roche, produira de la poussière et du bruit par le déplacement des engins et le fonctionnement des machines, détruira des hectares de terres agricoles, et défigurera le paysage à quelques centaines de mêtres du bourg et à la lisière de la forêt communale de Chassey, …

Mais alors qui a intérêt à l’ouverture de cette carrière ? Les sociétés Paul Calin et Chardot TP d’abord, qui, si elles ont pris un nom d’emprunt, sont bien derrière cette nouvelle société « des calcaires de Chassey ». L’Andra ensuite, puisque « le but principal du projet de carrière est de répondre aux besoins importants de granulats pour les aménagements et infrastructures liés au projet Cigéo » comme l’explique le dossier d’enquête publique. Et enfin Daniel Renaudeau, agriculteur et maire de Gondrecourt-le-Château, à qui appartiennent les terres et dont il monnaie l’exploitation.

L’Andra achètera donc des matériaux à Paul Calin et Chardot TP qui en retour rétribueront Mr Renaudeau. Il semble alors difficile que ce dernier puisse rester impartial dans le cadre de son poste de Vice-Président de la Communauté de communes des Portes de Meuse en charge du suivi du projet Cigéo… On peut comprendre qu’il défende ardemment un projet si lucratif pour lui. Mais lorsqu’il répète à qui veut l’entendre qu’ « aucun opposant ne s’installera sur sa commune », lorsqu’il met en effet tout en œuvre pour expulser des éleveurs opposés au projet à Tourailles, lorsqu’il s’oppose aux subventions pour le bar des Trois Vallées sous prétexte qu’il serait un repaire d’anti-bure, on peut se demander s’il défend l’intérêt public et celui de ses administré.es, ou s’il protège simplement son business.

Une autre carrière de l’entreprise Calin

Cela explique peut-être aussi pourquoi le lien avec le projet Cigéo se fait aussi discret que possible dans le dossier d’enquête publique. Dans le « Résumé non-technique de l’étude d’impact », le résumé du projet à destination des habitant.es, un document facilement compréhensible de 20 pages, Cigéo n’est jamais mentionné. Calin et Chardot mentent même ouvertement en écrivant que les matériaux « sont principalement destinés à alimenter le marché du granulat de l’agglomération de Nancy ». Ils espéraient probablement que les habitant.es ne se pencheraient jamais sur l’étude d’impact elle-même, un dossier technique de 400 pages, et où il faut attendre la page 313 pour que l’objectif réel du projet soit dévoilé : « répondre aux besoins importants de granulats pour les aménagements et infrastructures liés au projet Cigéo à Bure, Saudron et Mandres-en-Barrois. »

L’étude choisit également de limiter son analyse à un rayon de 3km, ce qui exclut de fait ces trois dernières communes. Les auteurs se permettent alors de conclure que les nuisances provoquées par la carrière ne s’additionneront pas à celles d’autres projets puisque : « il n’existe pas d’autres projets connus sur le territoire » et donc « aucun effet cumulé n’est à prévoir. » Ils ne font encore une fois pas mention de Cigéo, plus grand projet industriel d’Europe, et futur client de leur entreprise, sous prétexte que celui-ci serait trop loin pour avoir un impact. Bien pratique, car cela les dispense de réaliser une étude sur les nuisances cumulées.

Pourtant, cette carrière s’inscrit bien dans la transformation de notre territoire en désert industriel et nucléaire tel que nous le promet l’Andra. En plus de l’agrandissement déjà prévue de la RD138 et de sa déviation qui doit permettre de contourner Mandres, il faudra construire une nouvelle route pour éviter Luméville. A la poussière, aux bruits et aux 150 camions par jour de la carrière, s’ajouteront les travaux pour ces routes, ceux pour l’Installation Terminale Embranchée (la ligne de train entre Gondrecourt et le laboratoire), ceux pour la nouvelle gendarmerie privée de l’Andra, ceux pour Cigéo lui-même. Bref, on extrait pas 12 millions de tonnes de calcaire pour le plaisir : c’est bien qu’on a prévu de bétonner en masse !

En pleine période d’expropriation, alors que de nombreux agriculteurs et agricultrices risquent de perdre leurs terres, Daniel Renaudeau sacrifie le bien-être des habitants et habitantes qui l’ont élu pour son profit personnel. Peu lui importe que des cafés associatifs animent la vie des villages, peu lui importe que de nouveaux paysans s’installent, peu lui importe que des champs soient volés ou ravagés par l’industrie nucléaire, peu lui importe si nos campagnes deviennent invivables et se vident de leurs habitant.es : en touchant une commission sur chacune des 500 000 tonnes extraites de la carrière chaque année, Mr Renaudeau aura bien de quoi se mettre à l’abri.

Périmètre d’exploitation de la carrière

Quelques données pour mieux comprendre :

Qu’est-ce qu’on va extraire de cette carrière ?

La Société des Calcaires de Chassey (SCC) veut extraire du calcaire pour en faire des granulats, autrement dit des petits morceaux de roches. Ils faut extraire, concasser puis cribler la roche pour en faire des cailloux de différentes tailles dont on connaît le calibre.

Ils peuvent ensuite être mélangés à du sable et du ciment pour faire du béton ou être utilisés en l’état pour du terrassement, des remblais, ou autres. De façon général, ils servent à l’ensemble des constructions et des travaux publics.

Dans l’ensemble, plus on consomme de granulats, plus on construit, remblaie, bétonne, …

Est-ce que c’est une grosse carrière ?

La SCC pourra extraire 600 000 tonnes par an maximum, avec une prévision à 500 000 pour les 20 premières années. Il est difficile de trouver des données récentes, mais en 1993, seule une carrière sur dix produisait autant.1

En comparaison, entre 2010 et 2020, les 28 carrières de calcaire de la Meuse ont produit en moyenne 1,2 million de tonnes de granulats par an.2 A elle-seule, la SCC pourrait donc produire sur un seul site la moitié de ce que produit aujourd’hui le département entier.

Mais à quoi ils vont servir tous ces cailloux ?

On estime que la France consomme en moyenne 6 tonnes de granulats par an et par habitant. Autrement dit, cette carrière pourrait répondre à l’ensemble des besoins de 100 000 personnes, soit plus de la moitié de la Meuse (construction d’hopitaux, d’écoles, de logements, de routes, d’industries …)

On considère par exemple qu’il faut entre 100 et 300 tonnes de granulats pour construire une maison.3 Cette carrière suffirait donc à en bâtir entre 2000 et 6000 par an. En 2023, on a entrepris la construction de 287 logements en Meuse… Bref, les meusien.nes n’ont pas besoin de cette carrière, celles qui existent déjà (comme à Gondrecourt-le-Château) produisent suffisament pour leur consommation.

Et Cigéo dans tout ça ?

Le projet Cigéo nécessitera de grandes quantités de granulats. En 2014, son besoin pour les 5 années avant sa mise en service était estimé à environ 150 000 tonnes par an.5 Mais à cela il faut ajouter l’ensemble des projets annexes en surface : agrandissements ou déviations de routes, construction de gendarmerie, remises en état du réseau ferroviaire, … Et il n’y a pas de prévisions disponibles pour la période de son exploitation.

Les granulats sont un matériau lourd et donc cher à transporter. Ils peuvent éventuellement être exportés vers les départements voisins mais rarement plus loin. A l’inverse, les produire au plus près des besoins est profitable à la fois pour les acheteurs, qui paient moins chers, et pour les vendeurs qui ont une source de revenus assurée.

Il n’y a que la proximité avec Cigéo, le plus grand projet industriel d’Europe, qui peut expliquer la démesure de cette carrière. A l’inverse, cela permet de nous rendre compte de ce qui attend les communes alentours : des constructions et des travaux titanesques, capables d’engloutir autant de matériaux que la moitié du reste de la Meuse.

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Usine de recyclage de batteries électriques : Eramet suspend son projet

[pompé sur lemonde.fr]

La décision a été prise « dans l’attente d’un modèle économique solide et pérenne en Europe ». Le groupe minier français Eramet a annoncé, jeudi 24 octobre, sa décision de « suspendre » son projet d’usine hydrométallurgique de recyclage de batteries pour véhicules électriques dans le nord de la France, alors que son partenaire Suez maintient son propre projet.

« Faute de montée en puissance en Europe des usines de batteries et de leurs composants, il existe aujourd’hui de fortes incertitudes, à la fois sur l’approvisionnement en matières premières de l’usine et sur les débouchés des sels métalliques issus du recyclage », a expliqué Eramet dans un communiqué.

« Nous restons totalement convaincus de la nécessité de développer une économie circulaire des métaux critiques sur le sol européen, dont le recyclage des batteries en fin de vie sera un élément-clé de la chaîne de valeur future, mais la réalité est que la chaîne de valeur des batteries électriques en Europe connaît un démarrage très difficile », a expliqué la PDG du groupe, Christel Bories, lors d’une conférence téléphonique avec la presse jeudi.

« Compte tenu de la très lente montée en puissance des usines de batteries, nous ne sommes pas en mesure de sécuriser des approvisionnements en matière première pour alimenter notre projet d’usine », a-t-elle ajouté. En attendant d’avoir des batteries en fin de vie, le projet d’usine misait sur une alimentation venue essentiellement des chutes de production des nouvelles usines de batteries en train de sortir de terre dans le nord de la France.

Pas de clients en Europe

Mme Bories a notamment évoqué les « problèmes » de NorthVolt ou d’ACC, et les « nombreux reports de projets sur la chaîne de valeur batteries ». Par ailleurs, « en aval », a-t-elle dit, « il n’y a aucun projet de précurseur de cathode européen qui a été confirmé, donc il n’y a pas de client [en Europe] pour les sels métalliques issus du recyclage ».

« Si aujourd’hui on faisait des sels [de nickel, de cobalt ou de lithium] issus du recyclage, on devrait les vendre en Asie. Cela [n’a] pas de sens de recycler sur le marché européen pour vendre le produit en Asie », a-t-elle affirmé.

Le projet d’Eramet, en lien avec le groupe français Suez – en toute vraisemblance à Dunkerque ou dans les environs –, porte sur la construction de deux usines : l’une de tri et broyage de batteries usagées ou chutes de production pour fabriquer un composant connu sous le nom de « blackmass » contenant des sels minéraux mélangés, et l’autre d’extraction et séparation des minéraux critiques contenus dans la blackmass, destinés à fabriquer des batteries.

De son côté, le groupe français Suez a rapporté jeudi à l’Agence France-Presse (AFP) que la décision d’Eramet « ne remet pas en cause le travail en cours de Suez pour le développement d’une usine [dévolue] au démantèlement et au recyclage des batteries ». « Suez travaille au développement de boucles fermées de recyclage des batteries en Europe », a indiqué ce groupe dans un bref communiqué.

Fin septembre, le groupe automobile Stellantis avait aussi annoncé qu’il renonçait à un projet concurrent de recyclage de batteries dans le cadre d’une coentreprise avec Orano, qui devait aussi s’implanter dans le nord de la France. Spécialiste français de l’uranium, Orano poursuit en revanche ses discussions sur le sujet.

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Des activistes du monde entier se lèvent contre l’extractivisme

[pompé sur mrmondialisation.org]

Le 18 août 2024, en Argentine, au Mexique, au Portugal, en France, en Espagne, en Serbie et en Allemagne, des milliers de personnes se sont mobilisées contre des projets miniers menaçant de détruire les moyens de subsistance de territoires dans le monde entier. Reportage.

C’était le premier événement du réseau Red Global Anti-extractivism. Il coordonne, au niveau international, des actions communes de lutte contre l’extractivisme.

L’extractivisme, késako ? Ce sont toutes les activités qui touchent à l’extraction de substances et minéraux présents à l’état naturel sous forme solide, liquide ou gazeuse, ce qui inclut à la fois les minerais, les hydrocarbures et les gaz. Les mines à ciel ouvert ou les forages de gaz de schiste en sont des illustrations concrètes.

Lorsque des projets d’extractivisme émergent, les États portent systématiquement atteinte aux principes démocratiques et au droit à l’information. Lorsque les populations s’y opposent, les réponses étatiques ne se passent quasiment jamais sans les violences policières et judiciaires, le mépris du peuple et de sa voix. Pour répondre à ces violences, les collectifs et associations se forment et s’organisent.

L’extractivisme, incompatible avec la vie. 

Dans un contexte de crise environnementale et sociale mondiale, les gouvernements brandissent une fausse transition énergétique « verte » pour justifier leur soutien aux politiques extractives. Ces projets sont souvent soutenus par une partie de la population locale, souvent très mal informée sur les conséquences au court et au long terme de ces exploitations. Les industriels leur promettent le développement économique des territoires et la création d’emplois.

La transition énergétique dite verte, considérée comme une solution au changement climatique sur certains territoires, provoque, en réalité, des préjudices pour les peuples autochtones ailleurs : rejets d’effluents toxiques, pollution, eaux chargées en métaux lourds, travail forcé… 

Une fois les minerais extraits, les populations locales sont laissées avec les territoires défigurés, pollués, et sans retour en arrière possible. Alors même que, l’extractivisme prend souvent place là où les terres étaient potentiellement cultivables et nourricières . 

Clin-d’oeil sur les actions internationales 

En Espagne, dans la région de la Sierra de Gata, au nord de la communauté autonome d’Estrémadure, plusieurs mouvements anti-mines ont rejoint le réseau Red Global Anti-extractivism.

Suite à l’appel des collectifs Sierra de Gata et No a la Mina de Cañaveral, c‘est aux piscines naturelles de Villasbuenas de Gata que la mobilisation a eu lieu. Dès midi, différentes activités ont été organisées pour tous les publics : ateliers pour enfants, conférences, concerts, spectacles, lecture et enregistrement du manifeste international et repas commun au bord de la rivière.


Au Mexique, une Asamblea nacional per el agua, la vida y el territorio (Assemblée nationale pour l’eau et la vie et les territoires) a offert un riche programme de discussions, de tables rondes et de groupes de travail, avec la présence de 800 délégués de 269 organisations, groupes territoriales, et peuples autochtones de tous les pays. Étalée sur deux jours, la rencontre s’est terminée par une longue conférence de presse lors de laquelle une déclaration finale a été lue

Le fait d’organiser cette rencontre au Mexique est très symbolique politiquement car le pays fait partie des territoires contenant d’importantes ressources en lithium que visent les industriels miniers.

Aussi, le Mexique fait partie des rares pays qui ont inscrit le droit à l’eau dans leur Constitution. Le déficit hydrique, lié à d’importantes vagues de chaleur qui assèchent le pays depuis la mi-mars 2024, y menace à la fois la santé des populations et les productions agricoles. Pourtant, le gouvernement a proposé une loi faisant la part belle aux utilisations industrielles de cette ressource, ainsi qu’à la privatisation des services d’eau.

En Espagne. Collectifs Sierra de Gata et No a la Mina de Cañaveral. Crédit : Red Global Anti-extractivism.

En Allemagne, à Grünheide, le collectif Sand im Getriebe, ainsi que des activistes ont protesté contre un projet dévastateur : l’agrandissement de l’usine automobile Tesla qui menace de raser une forêt. Le milliardaire américain Elon Musk souhaite agrandir le site de 170 hectares afin d’y doubler la production, pour atteindre un million de véhicules électriques par an. Ce n’est pas la première fois que des destructions sont commises au nom de la transition énergétique.

Cette forêt se trouve en grande partie dans une zone de protection pour l’eau potable qui est régulièrement frappée par la sécheresse. D’après le scrutin consultatif de février dernier, les résidents de la commune de Grünheide, où est située l’usine, ont voté à plus de 60 % contre le projet de Tesla

En parallèle, en Allemagne du nord, quelques activistes ont organisé une manifestation à proximité du parlement local. Elle a été accompagnée de discours d’informations sur les conséquences liés à l’extraction du lithium et des prises de paroles de soutien et de solidarité vis-à-vis des activistes serbes qui ont récemment subi des attaques et de la répression.

En effet, en Serbie, un projet de mine de lithium à été relancé en juillet 2024 par l’entreprise Rio tinto. Pourtant, il y a deux ans, ce projet avait été arrêté sous la pression de manifestant·es. 

Le président nationaliste serbe Aleksandar Vucic a attendu la fin des récentes élections présidentielles pour annoncer cette relance. Depuis 2022, Rio Tinto avait  acquis des terres dans la région de Loznica, où la mine devrait avoir une emprise de près de 400 hectares. Pour les opposant·es, ce projet de plusieurs milliards d’euros est un grave danger pour l’environnement de la région agricole de Jadar. Une importante mobilisation, portée par Extinction Rebellion Serbia et Marš sa Drine, s’est donc relancée dont la journée du 18 août, incluse dans leur mouvement de contestation. 

En Allemagne. Le collectif Sand im Getriebe. Crédit : Red Global Anti-extractivism.

Au Portugal, où l’entreprise britannique  minière Savannah Ressources a l’intention d’ouvrir une mine de lithium de près de 600 hectares, un collectif uni pour la défense de Covas do Barroso (village au nord du pays) a aussi organisé une fête. Celle-ci comprenait une manifestation, des performances théâtrales et musicales rendant hommage aux populations locales. La journée s’est clôturée également par la lecture du manifeste international.

Dans cette région classée depuis 2018 de « patrimoine mondial agricole », pour la beauté de ses paysages et ses pratiques agricoles durables, en harmonie avec la nature, la lutte est aussi complexe qu’injuste. Plusieurs grands journaux nationaux mènent des campagnes de désinformation, en qualifiant la région de « moribonde », dépourvue d’habitants et des capacités de survie. Durant ces 6 derniers mois, les habitant·es ont bloqué les machines qui commençaient à perforer sur des terrains communaux n’appartenant pas à l’entreprise.

L’Agence portugaise pour l’environnement, qui a donné son feu vert à plusieurs mines de lithium, est soupçonnée dans une enquête pour corruption. Un scandale qui a contribué à faire chuter le gouvernement d’Antonio Costa, à l’automne dernier.

Au Portugal. Camp de défense de Barroso. Crédit : Red Global Anti-extractivism.

En France, les mouvements se tissent et les coalitions se fondent

L’Hexagone, loin d’être épargné par l’appétit de l’extractivisme, regroupe déjà plusieurs mouvements et associations qui se sont mobilisées, chacune sur son territoire. Dans l’Allier, à Echassières, où l’une des plus grandes mines de lithium au monde risque de voir le jour prochainement – les représentant·es de 6 collectifs et associations (Stop mines 03, Stop mines 23, Confédération paysanne 03, Bassines non-merci 63, Collectif Bonnet de Rochefort et Préservons la foret des Colettes) étaient présentes lors d’une manifestation aux portes de la société Imerys, porteuse du projet. Les moyens policiers déployés étaient, comme d’habitude, supérieurs à ceux des manifestants.

Dans l’Allier. Stop mine 03 – Préservons la forêt des Colettes – Confédération paysanne 03. Crédit : Red Global Anti-extractivism.

En plein cœur de la Bretagne, à Glomel, une carrière d’andalousite est exploitée depuis 1976 par le même mastodonte qui menace les terres d’Echassières. La coalition Mines de rien a accroché des banderoles : « Pour que la terre suffise aux humaines #stopextractivism » et « 18/08 actions décentralisées internationales » sur un pont de Rostrenen, une commune proche, pour avertir les passant·es de la lutte en cours.

Pour l’occasion, l’artiste, Zoé Chaos, a réalisé des photographies d’art « nu ». Ces dernières, faites à proximité des verses des déchets miniers, ou des « stériles », tracent des parallèles entre les impacts sur les humain·es et sur les écosystèmes et dénoncent également l’exploitation humaine pour le profit.

La sélection photographique s’inscrit dans une série d’une dizaine de photographies. Crédit : Zoé Chaos

Sur ce territoire, c’est le lancement des pourparlers autour de l’ouverture de la 4ème fosse qui a fait naître une contestation locale. Face à celle-ci, Imerys s’organise et la démocratie semble être mise à mal. Le Maire de Glomel de 2020 à septembre 2023, favorable à un débat public sur la question de l’agrandissement du projet, a vu son Conseil municipal démissionner.

Des élections anticipées ont eu lieu avant même que la consultation publique commence, et un maire soutenant ouvertement Imerys a été élu. Le 21 novembre 2023, une des nouvelles conseillères municipales a même déclaré en Conseil Municipal, lors duquel les élu·es ont voté sur la question de la fosse 4 :

« Je donnerais ma vie pour Imerys »

Des habitant·es de la commune font état d’intimidations et stressent pour la pérennité de leurs activités face à l’hégémonie d’Imerys sur le territoire.  En juin dernier, les riverain·es, d’habitude convié·es, ont été refusé·es à l’entrée du comité de suivi annuel d’Imerys. Il en a été de même pour une des associations locales, très investie dans le combat, de manière arbitraire alors qu’une autre association de la commune a pu entrer. Début juillet, la préfecture a autorisé l’ouverture de la fosse 4 mais les associations et les riverain·es ne comptent pas arrêter leur combat contre Imerys et son monde. Une pétition a d’ailleurs été lancée.

Crédit : Coalition Mines de rien.

Selon la coordination internationale, un manifeste a été lu et filmé dans tous les pays du monde impliqués et un court métrage verra le jour très prochainement. Ce film aura pour vocation de montrer aux différents collectifs à travers le monde qu’ils ne sont pas seuls et appeler à rejoindre ce nouveau mouvement international.

Aleksandra Dergacova


Photo de couverture : Zoé Chaos

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Menaces de mort et vandalisme contre le projet de mine de pouzzolane à Dalhousie

[pompé sur radio-canada]

Le poste de contrôle de la pesée situé sur l’ancien site de la carrière a été incendié au mois de juillet.

Depuis plusieurs mois, le projet de mine de pouzzolane à Dalhousie fait face à une forte opposition dans la région. Certains opposants ont franchi une limite en vandalisant du matériel de l’entreprise qui porte le projet et en envoyant des menaces de mort à certains des dirigeants.

EcoRock Dalhousie souhaite transformer une carrière existante près de Dalhousie en une grande mine de pouzzolane, une roche volcanique qui sert à produire du ciment plus vert.

Ce projet fait polémique des deux côtés de la baie des Chaleurs. Des Néo-Brunswickois et des Gaspésiens s’opposent à ce que le projet voie le jour. Ils craignent notamment que leur qualité de vie soit dégradée.

Nombre d’entre eux ont fait entendre leur mécontentement lors de conseils municipaux ou de réunions publiques à Baie-des-Hérons, dont Dalhousie fait partie. Dans les derniers mois, d’autres ont pris des chemins plus radicaux.

Trois courriels de menaces et des incendies

EcoRock Dalhousie a reçu trois courriels de menaces dont Radio-Canada Acadie a obtenu copie, y compris des menaces de mort à destination de cinq personnes associées au projet.

Dans un message rédigé en anglais et reçu en juillet, un internaute anonyme somme EcoRock Dalhousie de ne pas toucher à cette colline. Si vous saviez ce qui est bon pour vous, vous partiriez et ne reviendriez jamais, y est-il aussi écrit.

Ce même mois, un cabanon situé à l’entrée de la carrière a été incendié. Le mois précédent, c’est une pelle mécanique qui avait été brûlée sur le site. C’est en juin que l’entreprise a reçu les premières lettres.

Un internaute menaçait, en français cette fois, de brûler la mine et le matériel et de s’en prendre directement aux porteurs du projet chez eux. Il assure que le sabotage de la mine va être [son] passe-temps.

Selon lui, ils seraient des centaines et plus comme lui. L’auteur anonyme assure que tout sera oublié si l’entreprise décidait d’abandonner son projet.

En août, dans un long courriel en anglais, un internaute explique que cinq personnes porteuses du projet seraient suivies et que ces opposants radicaux sauraient où ils habitent et qu’ils leur feraient une faveur de ne pas les tuer devant leur famille.

Il leur recommande de se tourner vers des compagnies d’assurance vie et de déménager.

Ces messages et le vandalisme ont été signalés à la Gendarmerie royale du Canada (GRC), qui a rencontré deux des personnes visées la semaine dernière.

De son côté, Gail Fearon, opposante de la première heure au projet de mine, condamne ces gestes. Je suis pas d’accord avec ça du tout, ça m’inquiète aussi. Pour moi, des affaires de même, c’est pas acceptable.

Selon elle, ces menaces et incendies, ça aide pas la cause. Ça nous fait une tache noire et puis c’est pas vraiment ça qu’on veut.

Francis Forlini, le directeur général d’ÉcoRock Dalhousie, a décliné notre demande d’entrevue. Il affirme ne pas vouloir ajouter de l’huile sur le feu.

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Lithium, batteries et contes de fées. Sous la carrière, la rage !

[pompé sur numéro zéro]

Du lithium extrait en France ? Métal pour le moment indispensable pour fabriquer les batteries rechargeables, le lithium voit sa demande et son prix grimper à tel point que son exploitation dans l’Hexagone peut devenir réalité. C’est en tout cas l’intention de l’entreprise Imerys qui envisage d’en extirper des sous-sols de l’Allier. Dans une carrière de kaolin qu’elle exploite déjà à Échassières (à 38 km de Vichy), elle compte développer une mine au doux nom d’Emili (pour « exploitation de mica lithinifère par Imerys »), devant fournir 34 000 tonnes d’hydroxyde de lithium par an pendant au moins 25 ans.

Autant dire que l’enjeu est de taille. Les gigafactories (usines de batteries pour véhicules électriques), qui ouvrent leurs portes les unes après les autres dans le nord [1], pourraient ainsi se fournir localement. Macron, qui claironne que la France peut devenir exportatrice nette de batteries, applaudit des deux mains. L’un de ses autres objectifs, faire produire aux constructeurs français 2 millions de voitures électriques par an d’ici 2030 [2] serait, lui aussi, plus facile à atteindre. D’autres filières industrielles s’en trouveraient peut-être favorisées, vu que toujours plus de secteurs dépendent de la fée électricité et de ses batteries. Sans elles, il n’y aurait pas de « mobilité » des appareils électroniques, pierre angulaire des smart cities et du projet cybernétique de gouvernement automatique. Les guerres « modernes » se feraient sans les drones, et beaucoup d’autres machines trivialement mortifères ne sauraient fonctionner. Enfin, si le lithium est surnommé « or blanc », c’est parce que l’électrification de tout, et notamment du parc automobile, est l’un des axes centraux de la (mal) dite « transition écologique ». Si cet or blanc était produit ici, la France pourrait faire bonne figure dans les bilans du Green Deal européen [3] – tout en garantissant un avenir radieux au parc nucléaire tricolore, dangereusement vieillissant et cependant en cours de « relance » et d’extension.

Il y a des perspectives qu’Imerys et le gratin bureaucratique et politicien qui lui sert de soutien sont plus enclins à passer sous silence. Ils ne crient pas sur tous les toits que la mine utilisera l’eau en quantités faramineuses à l’heure où son manque devient chronique et de plus en plus inquiétant. Ni qu’elle laissera sur place des millions de tonnes de roche potentiellement toxique, voire radioactive. Ils restent discrets sur les nuisances pour celles et ceux qui vivront près des futures installations : mine, voies de transport, usine de conversion. Ils ne disent pas qu’après être exploité, le site d’Échassières risquera fort de ressembler à d’autres anciens sites miniers ravagés à jamais, ceux dont les habitant.es ont bien compris que leurs vies comptent pour du beurre dans la vaste mascarade de « gestion » de l’après-mine. Pourtant, l’un de ces sites se trouve dans le secteur-même où Imerys mène son projet, au Mazet, à quelques kilomètres d’Échassières. Dans cette zone anciennement exploitée pour du tungstène, Geoderis, le groupement d’intérêt public dont la mission est d’assister l’État dans l’après-mine, a constaté, il y a plus de cinq ans déjà, des pollutions plus qu’alarmantes des eaux et des sols en métaux lourds, parmi lesquels l’arsenic et le plomb. Leur classement par Geoderis (« E », le plus haut niveau de pollution minière du pays, « susceptible de présenter un risque très significatif pour la santé humaine et l’environnement ») n’a pas empêché la prolongation du permis de recherche octroyé par l’État à Imerys, et n’a, jusqu’à maintenant, d’aucune manière freiné son projet. Pire, les résultats de l’expertise n’ont pas été communiqués aux habitant.es de la zone. Ni aux personnes vivant là depuis longtemps, ni à celles arrivées plus récemment, séduites par les bas prix de quelque écrin de verdure … aux concentrations en métaux lourds dans les sols dépassant jusqu’à 7 fois les « seuils de risque » fixés par les normes officielles !

Depuis dix ans, au moins une dizaine de permis de recherche de métaux (cuivre, or, étain, zinc, argent, tungstène, lithium, antimoine et autres) ont été distribués dans l’Hexagone. Emili est le premier de ces projets à être passé, en octobre 2022, en phase de « développement » (qui précède l’exploitation effective). Importante entreprise « française » [4], qui s’autoproclame « responsable », cette spécialiste des minéraux et matériaux industriels a déjà plusieurs scandales sur le dos. Elle a par exemple été poursuivie aux États-Unis pour avoir fourni des produits à base de talc contenant de l’amiante (et donc provoquant des cancers), et au Brésil pour de graves pollutions de cours d’eau amazoniens. Dans l’Allier, dès cette année (2024), elle compte démarrer la construction d’un pilote industriel qu’il est question de mettre en service en 2025 pour produire 400 tonnes d’hydroxyde de lithium par an. Sa « vraie » mine, Imerys la projette pour 2028. Le sauvetage du climat n’attend pas, ses nouveaux marchés non plus !

La funeste transition écologique n’a d’écologique que le nom – ne serait-ce que par le poids de ses technologies en matières premières et en désastres inévitables pour les obtenir. Elle n’est pas non plus une transition : les nouveaux besoins industriels des filières dites vertes ne remplacent pas, mais s’ajoutent à ceux des vieilles filières plus classiques, et la somme de ces besoins industriels ne cesse de croître. Dans le monde, on n’a par exemple jamais extrait autant de charbon qu’aujourd’hui, quand bien même la part des « énergies décarbonées » dans le mix énergétique augmente. Sauver la planète – technologique et capitaliste – en détruisant ce qu’il y reste de vie, étendre jusqu’aux derniers confins l’emprise du contrôle et de la quête du profit, réduire les territoires à l’unique rôle d’être exploités pour les richesses qu’ils recèlent (« matière grise », « or blanc », attraits touristiques, espace vide à remplir…) en assignant dans ce même mouvement aux « administré.es » par un État des rôles standardisés, productifs et facilement gouvernables, – voilà la perspective plus vaste tracée par les projets tels qu’Emili. Et, n’en déplaise aux acceptologues de « la mine locale » [5] (bio et équitable ?), les dégâts qu’un tel projet risque de produire en France n’épargneront d’aucune manière d’autres pays moins « protégés » par des réglementations environnementales et sociales, puisqu’il est dans la logique du capitalisme d’extraire tout ce qui peut être économiquement intéressant, puisque extraire « ici » n’empêche pas de le faire aussi « ailleurs ».

Le projet Emili est encensé par le gouvernement. Il jouit de son entier soutien (entre autres, des subventions de France Relance). L’État a tout intérêt à appuyer le développement d’une filière comme celle de lithium (sécurité de l’approvisionnement des industries en matières critiques), et, de manière plus générale, à mettre en place les conditions optimales de l’exploitation des « richesses » qui lui procurent aussi des citoyen.es gouvernables à souhait. De ces raisons, la transition écologique servie à toutes les sauces n’est que la pointe de l’iceberg. Mais l’écologie a bon dos. Dans la bouche des gouvernants et des médias, l’électricité – dont les infrastructures dévorent l’espace et des montagnes de matières – est une « énergie verte ». Des experts assurent que le nucléaire sauvera le climat. Les industriels et leurs chantres jurent leurs grands dieux que les nuisances seront gérées. Personne n’a encore proféré qu’avaler des couleuvres stimulait la digestion, mais nous pouvons le déduire nous-mêmes. Nous sommes beaucoup à en avoir la nausée. Quant à l’Allier, tout le monde n’y accepte pas de se laisser miner et de fournir du carburant à cette énième mutation du capitalisme. Le 26 janvier prochain, des membres du collectif Stop Mines 03 seront à Saint-Étienne pour nous parler de leur lutte et de ses enjeux, qui nous concernent toutes et tous.

Notes

[1La première de ces usines qui fabriqueront des batteries lithium-ion, opérée par Automotive Cell Company (co-entreprise de Stellantis, TotalEnergies et Mercedes) s’est ouverte en mai 2023 à Billy-Berclau, dans le Pas-de-Calais. Pour 2030, elle devrait fabriquer de quoi équiper en batteries 500.000 véhicules. Trois autres sont en projet, une près de Douai (de l’entreprise sino-japonaise AESC-Envision pour fournir Renault Electricity) et deux à Dunkerque (de la start-up grenobloise Verkor et du groupe taïwanais ProLogium). Le groupe ACC gère aussi un centre de recherche en Charente. Par ailleurs, depuis dix ans, Bolloré fabrique dans le Finistère des batteries à électrolyte solide (lithium-polymère, une technologie concurrente) et Saft développe une ligne de fabrication de batteries prototypes de type « tout-solide » à Bordeaux.

[2A partir de 2035, la vente de véhicules thermiques neufs sera interdite dans l’Union européenne.

[3Le Green Deal européen est un programme de mesures (taxation carbone, révision des cadres législatifs, etc.) et de fonds visant la « neutralité climatique » de l’UE à l’horizon 2050, qui cible notamment le développement des énergies dites « renouvelables » et du parc de véhicules électriques. Il a été intégré dans le plan européen de relance post-Covid doté d’un fonds de 750 milliards d’euros (reversé aux plans de relance nationaux).

[4Domiciliée à Paris mais aux capitaux majoritairement belges et canadiens, ceux des holdings des familles Frère (groupe Bruxelles Lambert, basé à Bruxelles, actionnaire majoritaire d’Imérys) et Desmarais (Canada).

[5Par exemple, Guillaume Pitron, auteur d’ouvrages détaillés sur ce sujet, qui ne tait pas les ravages générés par les mines mais argumente que les Européen.nes devraient subir eux et elles-mêmes les conséquences néfastes de leur confort, plutôt que de les délocaliser.

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La justice anglaise annule un projet de mine de charbon

[depuis reporterre]

C’est un projet climaticide et anachronique qui ne verra finalement pas le jour. L’autorisation de construction d’une nouvelle mine de charbon à Whitehaven, dans le nord-ouest de l’Angleterre, a été annulée par la Haute cour de justice anglaise, vendredi 13 septembre. « L’hypothèse selon laquelle la mine proposée n’entraînerait pas d’augmentation nette des émissions de gaz à effet de serre […] est juridiquement erronée », a notamment argué le juge dans sa décision.

Ce projet, validé par le gouvernement conservateur britannique en 2022, avait dès le départ fait l’objet de deux plaintes, dont une de l’ONG écologiste Friends of the Earth. Le gouvernement travailliste arrivé au pouvoir en juillet dernier avait, par ailleurs, renoncé à défendre ce projet devant la justice, reconnaissant « une erreur » du gouvernement précédent. La mine aurait été la première à être construite en trente ans au Royaume-Uni, et ambitionnait d’extraire 3 millions de tonnes de minerai par an.

Cette décision constitue « une immense victoire pour l’environnement et pour tous ceux qui se sont battus contre cette mine de charbon nuisible au climat », a salué l’avocat de Friends of the Earth, Niall Toru, dans un communiqué relayé par l’AFP. Le gouvernement britannique doit encore reconsidérer formellement l’autorisation accordée au projet, ce qui devrait aboutir à « rejeter une fois pour toutes cette mine », selon Niall Toru. West Cumbria Mining, l’entreprise en charge du projet, peut encore décider de faire appel de cette décision.

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Revendication du sabotage de lignes TGV quelques heures avant la cérémonie d’ouverture des Jeux Olympiques de Paris 2024

Ils appellent cela une fête ? Nous y voyons une célébration du nationalisme, une gigantesque mise en scène de l’assujettissement des populations par les États.Sous des airs ludiques et conviviaux, les Jeux Olympiques offrent un champ d’expérimentation pour la gestion policière des foules et le contrôle généralisé de nos déplacements.

Comme tout grand évènement sportif, ils sont aussi à chaque fois l’occasion de vouer un culte aux valeurs qui fondent le monde du pouvoir et de l’argent, à la concurrence généralisée, à la performance à tout prix, au sacrifice pour l’intérêt et la gloire nationale.

L’injonction à s’identifier à une communauté imaginaire et à soutenir son supposé camp d’appartenance n’est pas moins néfaste que l’incitation permanente à voir son salut dans la bonne santé de son économie nationale et dans la puissance de son armée nationale.

Il faut aujourd’hui des doses toujours plus grandes de mauvaise foi et de déni pour ne pas voir toute l’horreur que génère la société de consommation et la poursuite du prétendu « bien-être à l’occidental ». La France voudrait faire de cette grande messe la vitrine de son excellence. Elle ne pourra bercer d’illusions sur son rôle vertueux que ceux qui ont décider de se mettre des œillères, et qui s’en accommodent. Nous leur adressons notre mépris le plus profond.

Le rayonnement de la France passe par la production d’armes dont le volume de ventes la place deuxième exportateur mondial. L’État est fier de son complexe militaro-industriel et de son arsenal « made in France ». Répandre les moyens de la terreur, de la mort et de la dévastation à travers le monde pour assurer sa prospérité ? Cocoricooo !

N’en déplaise aux crédules qui croient encore aux fables démocratiques, l’État français emploie aussi sa panoplie répressive pour affronter sa propre population. Pour mater les émeutes après le meurtre de Nahel par la police en juin 2023 ou pour tenter d’arrêter le soulèvement anticoloniale en Kanaky récemment. Tant qu’il existera, l’État ne cessera de la mettre à l’oeuvre pour combattre ceux qui défient son autorité.

Les activités des entreprises françaises à travers le monde rendent toujours plus manifeste les dévastations sociales et environnementales que produit le système capitaliste. Celles nécessaires pour reproduire l’organisation sociale actuelle, et celles inhérentes au progrès scientifique et technologique. Progrès qui ne perçoit l’enchaînement des catastrophes passées, présentes et à venir que comme l’occasion d’un bond en avant.

Total poursuit le pillage et la spoliation de nouvelles contrées en quête de pétrole et de gaz de schiste (Afrique de l’est, Argentine etc). Sous couvert de son nouveau label vert, l’industrie du nucléaire et l’exportation du savoir-faire français en la matière nous assure, à plus ou moins brève échéance, une planète irradiée, donc littéralement inhabitable. Rien de plus qu’une crise de plus à gérer pour les promoteurs de l’atome. Eux qui ne peuvent se passer de leur coopération avec l’État russe à travers son géant Rosatom et de l’appui de son armée pour écraser le soulèvement au Kazakstan en 2022, important pays fournisseur d’uranium. Ce minerai qui fait tourner les 58 réacteurs de l’hexagone.

Alors, quel est le coût humain, social et environnemental pour que quelques privilégiés se déplacent vite et loin en TGV ? Infiniment trop. Le chemin de fer n’est d’ailleurs pas une infrastructure anodine. Il a toujours été un moyen pour la colonisation de nouveaux territoires, un préalable à leur dévastation et une voie toute tracée pour l’extension du capitalisme et du contrôle étatique. Le chantier de la ligne appelée « Tren maya » au Mexique, auquel collabore Alstom et NGE, en est une bonne illustration.

Et les batteries électriques indispensables à la prétendue « transition énergétique » ? Parlez-en, par exemple, aux travailleurs de la mine de Bou-azeer et des habitants des oasis de cette région marocaine qui font les frais de cette ruée vers l’or du XXIème siècle. Renault y extrait les minerais nécessaires pour donner bonne conscience aux écolos des métropoles sur le dos de vies sacrifiées. Parlez-en à ce « peuple de la forêt » de l’ile d’Halmahera au nord-est de l’Indonésie, aux Hongana Manyawa qui désespèrent de voir la forêt où ils vivent être détruite sur l’autel de la la « transition écologique ». L’État français, via la société Eramet, participe au ravage de terres jusque là épargnées. De même, il ne veut pas lâcher le Caillou mélanésien pour continuer à y arracher le précieux nickel.

Nous nous arrêterons ici dans l’impossible inventaire des activités mortifères et prédatrices propre à tout État et à toute économie capitaliste. Cela ne serait d’ailleurs d’aucune aide pour rompre avec une vie fade et déprimante, avec une vie d’exploités, et pour affronter la violence des États et des chefs religieux, des chefs de famille et des patrouilles de police, des patriotes et des milices patronales, autant qu’à celle des actionnaires, des entrepreneurs, des ingénieurs, des planificateurs et des architectes du ravage en cours. Fort heureusement l’arrogance du pouvoir continue de se heurter à la hargne des opprimé-e-s rebelles. D’émeutes en insurrection, lors de manifestations offensives et de soulèvements, à travers des luttes quotidiennes et des résistances souterraines.

Qu’en ce jour résonnent alors, à travers le sabotage des lignes TGV reliant Paris aux quatre coins de la France, les cris de « femme, vie, liberté » d’Iran, les luttes des amazoniens, les « nique la france » venant d’Océanie, les désirs de liberté qui nous parviennent du Levant et du Soudan, les combats qui continuent derrière les murs des prisons et l’insoumission des déserteurs du monde entier.
A ceux qui reprochent à ces actes de gâcher le séjour de touristes ou de perturber les départs en vacances, nous répondons que c’est si peu encore. Si peu comparé à cet événement auquel nous souhaitons participer et que nous appelons de tout cœur : la chute d’un monde qui repose sur l’exploitation et la domination. Là oui, nous aurons quelque chose à fêter.

Une délégation inattendue

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En Bretagne, une mine d’Imerys accapare et pollue la ressource en eau

[depuis reporterre]
La multinationale française Imerys souhaite ouvrir une nouvelle fosse d’extraction dans sa mine à ciel ouvert, située à Glomel, en Bretagne. Plusieurs associations dénoncent des conséquences majeures sur l’eau.

« Regardez ce qu’Imerys a fait du périmètre de protection de notre captage d’eau potable », commente Jean-Yves Jégo, conseiller municipal de Glomel et membre de l’association Douar Bev (« Terre vivante »). Il faut dire que la vue est spectaculaire. Au milieu des champs, nous contemplons la « fosse n°3 », un trou large comme 30 terrains de football et profond comme 5 immeubles haussmanniens superposés. On y extrait de l’andalousite, un minéral résistant aux très hautes températures utilisé pour produire des fours, des têtes de missiles ou des blocs moteurs de camions. Imerys prévoit de creuser bientôt une nouvelle fosse, la quatrième, comme celle-ci : « Incompatible avec la préservation de l’eau ! » dénoncent une partie des riverains et les associations.

« Nous sommes ici sur le château d’eau de la région, en tête de deux bassins versants, indique Dominique Williams, de l’association Eau et Rivières, celui de l’Ellé, qui se jette dans l’océan à Quimperlé, et celui du Blavet, qui coule jusqu’à Lorient. » Ces têtes de bassins sont formées de ce que les hydrologues appellent un « chevelu », à l’image des innombrables petits traits qui les représentent sur une carte : les petits ruisseaux qui font les grandes rivières. Ce sont les sites à préserver en priorité pour protéger les nappes phréatiques et les captages d’eau en aval. Cette sensibilité est plus forte encore en Bretagne, qui « dispose de très peu de ressources en eau souterraine et dépend des eaux de surface pour son alimentation », ajoute Dominique Williams.

Exploitée depuis les années 1970, la mine de Glomel, 1 300 habitants, est longtemps passée inaperçue — peut-être parce qu’elle n’est, du point de vue de l’administration, qu’une carrière [1]. Pourtant, son fonctionnement est celui d’une mine : le minerai contenant 15 % d’andalousite est acheminé vers l’usine toute proche où il est concassé, broyé et concentré dans des bains d’acide sulfurique et autres réactifs. Sa transformation produit chaque année plus de 1 million de tonnes de déchets boueux ou solides, ces derniers formant, tout autour de nous, ces collines grises de 300 mètres de haut.

mine glomel

Pour creuser il y a trente ans cette troisième fosse dans la zone de protection d’un captage d’eau, Imerys avait bénéficié d’un miracle : une dérogation de la préfecture. Et ce, malgré un risque de pollution connu, puisque la roche excavée ici contient de la pyrite : au contact de l’eau, elle génère un jus acide qui draine des polluants métalliques. En 2004, la cour d’appel de Nantes saisie par un agriculteur a annulé cette dérogation : le périmètre de protection devait être remis en état. Mais quand ? Contacté par Reporterre, Thomas Louvet, responsable projets miniers chez Imerys Glomel, indique que la réhabilitation est bien prévue, mais « en fin d’exploitation, entre 2040 et 2045 ».

« Force est de constater qu’Imerys ne maîtrise pas les impacts de cette mine, affirme Armelle Renault, ingénieure agronome vivant à moins de 1 kilomètre du site qui participe depuis deux ans à un groupe de veille citoyenne sur la mine. On a découvert par hasard que l’un des piézomètres, appareil qui mesure les niveaux d’eau et leur composition, avait détecté des concentrations de métaux très anormales dans les eaux souterraines. » Sur la plaquette imprimée en couleurs qui justifie l’ouverture de la fosse n°4, Imerys assure n’avoir « aucun impact sur les eaux souterraines et superficielles ».

Pourtant, interrogée par Reporterre, l’entreprise a admis l’existence de ce problème de concentration de métaux. Elle y répondra « par la pose de quatre nouveaux piézomètres », mais « n’en connaît pas la cause ». L’appareil de mesure se trouve au pied d’une montagne de déchets miniers (la « verse Roscoat »), juste à côté du précédent site d’extraction (la fosse n°2) désormais utilisé par Imerys pour déverser ses déchets liquides. Sous ses allures de lac de montagne, il reçoit en continu les boues de traitement de l’usine d’andalousite, contenant des taux très élevés de métaux cancérigènes comme le cadmium et le cobalt. Résultat : la fosse n°2 est un lac d’eau acide et de déchets toxiques qui peuvent s’infiltrer dans les eaux souterraines.

Des volumes d’eau immenses

Derrière le conflit autour de la mine de Glomel, se cache l’eau nécessaire à son activité. La consommation est dissimulée et minimisée par Imerys depuis des décennies. « À cette question, on obtient toujours des réponses partielles et embrouillées, raconte Armelle Renault. En réunion de comité de suivi, le représentant de l’entreprise a expliqué que la mine ne consommait que 6 000 m3 d’eau pris sur le réseau. » En réalité, c’est le volume nécessaire pour les usages sanitaires et le réfectoire pour la centaine d’employés du site. Dans ses études d’impact, Imerys écrit qu’« il n’est pas effectué de prélèvement d’eau dans le milieu naturel pour alimenter les installations du site » et que son usine « fonctionne en circuit fermé ».

Pour y voir plus clair, Reporterre a demandé par écrit à Imerys quelle était la consommation d’eau annuelle du site de Glomel. La réponse fut tout autre, et encore plus mystérieuse : « La consommation du site correspond aux pertes par évaporation estimées à environ 100 000 m3/an. »

Il faut éplucher les 2 900 pages du dossier d’enquête publique pour comprendre les véritables besoins en eau du site. L’usine nécessite à elle seule 1,9 million de m³ par an, ce qui équivaut à la consommation d’une ville de 35 000 habitants. Et comme son « circuit fermé » ne recycle que 57 % de l’eau, il faut y injecter chaque année au moins 800 000 m³. Pour ce faire, Imerys pompe directement dans la nappe phréatique (l’exhaure) et collecte toutes les eaux de ruissellement sur plus de 250 hectares. Chaque année, elle dispose ainsi gratuitement d’une gigantesque réserve de plus de 3 millions de m³, l’équivalent de plusieurs mégabassines prélevées au détriment des zones humides, des tourbières et des nappes souterraines.

« On est en contentieux quasi-permanent avec Imerys depuis quinze ans »

« Le comble, c’est qu’Imerys se vante en disant que c’est grâce à la mine qu’il y a assez d’eau en été dans les rivières, s’insurge Jean-Yves Jégo. C’est le monde à l’envers ! » En effet, le site rejette chaque année plus de 1 million de m³ d’eaux industrielles. De ce fait, l’entreprise se flatte d’avoir un « impact positif puisque les volumes rejetés constituent une bonne partie du débit et de la qualité de ce cours d’eau et un important soutien en période d’étiage ». Selon Jean-Yves Jégo, « si Imerys adapte ses rejets d’eau au niveau des rivières en été, c’est avant tout pour diluer ses propres pollutions et les maintenir sous un seuil acceptable ».

En aval de la mine se trouvent deux stations de pompage d’eau potable gérées par Eau du Morbihan, et Imerys a les plus grandes difficultés à transformer ses eaux industrielles acides et chargées en métaux en eau brute destinée à la consommation humaine. Elles passent dans deux stations de traitement, puis dans une nouvelle usine mise en service en avril dernier par Imerys, « moyennant 6 millions d’euros d’investissement » pour réduire la pollution au manganèse, mais leur teneur en sulfates reste sept fois supérieure aux valeurs seuil.

« On est en contentieux quasi-permanent avec Imerys depuis quinze ans, résume Dominique Williams, de l’association Eau et Rivières de Bretagne. Imerys bénéficie d’une bienveillance effarante de la part des services de l’État, qui lui délivrent des arrêtés préfectoraux manifestement contraires à l’intérêt général. » En 2015, le tribunal administratif de Rennes a annulé un arrêté, jugeant qu’Imerys avait minoré les conséquences de son activité sur les zones humides et Natura 2000 situées à proximité en produisant « une étude d’impact entachée d’une insuffisance qui a nui à l’information tant de l’autorité administrative que du public ». En 2018, Imerys a été condamnée par le tribunal correctionnel de Saint-Brieuc pour un déversement sauvage d’eaux chargées de métaux dans un affluent de l’Ellé, constaté en 2013 par des inspecteurs de l’environnement.

L’Autorité environnementale dira avant l’été si elle autorise l’ouverture d’une quatrième fosse. Le 15 avril dernier, dans la salle des fêtes de Glomel, 150 personnes étaient présentes à l’occasion du lancement de la coalition contre le projet ; elle réunit huit associations. « Année après année, les gens ont vu la mine s’étendre, analyse Camille, la trentaine, membre du collectif Bascule Argoat. Le fait qu’elle passe désormais de l’autre côté de la route a été un choc. On n’imaginait pas les répercussions que ça aurait sur l’environnement. Imerys présente tellement bien ! Ceux qui se font avoir, maintenant, ce sont les habitants de l’Allier, avec le projet de mine de lithium. Notre expérience doit servir d’exemple. »

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Déchets : Extinction Rebellion se cadenasse près de Stocamine

[depuis reporterre]

Le 26 avril, des opposants au projet Stocamine se sont cadenassés par le cou aux grilles d’un entrepôt proche du site de cette ancienne mine de potasse dans laquelle l’État veut confiner définitivement des déchets dangereux, dans le Haut-Rhin. « Nos livreur.euse.s vous ont déposé les clés au ministère de l’Écologie, Christophe Béchu. Vous avez les clés de notre avenir à toustes entre les mains, mais déciderez-vous de le sceller ? », a twitté Extinction Rebellion Strasbourg.

Cette action intervient au lendemain de la saisine de la procureure de la République de Strasbourg par le député Emmanuel Fernandes (La France insoumise). Ce dernier dénonce plusieurs infractions, dont « celle d’écocide prévue aux articles L231-1, L231-2 et L231-3 du Code de l’environnement ». Il alerte sur « la présence prouvée, par deux rapports distincts et des témoignages, de 1 643 tonnes de terres polluées avec une teneur en polychlorobiphényles (PCB) trois fois supérieure à la teneur autorisée ».

« Le Tribunal administratif n’a pas encore statué sur la légalité de l’enfouissement des déchets », indique aussi Emmanuel Fernandez. Il doit en effet encore se prononcer sur le fond. « Je demande au gouvernement de suspendre les travaux criminels au moins jusqu’à ce que le juge administratif se prononce sur leur légalité. »

La Cour européenne des droits de l’Homme également saisie

De leur côté, l’association Alsace Nature et cinq riverains du site et usagers de l’eau ont saisi « en urgence », le 23 avril, la Cour européenne des droits de l’Homme. Ils réclament des mesures provisoires pour faire suspendre l’enfouissement définitif des déchets.

Ces recours interviennent deux mois après un arrêt du Conseil d’État qui a ouvert la voie au début de l’enfouissement. « L’État français et les Mines de Potasse d’Alsace profitent de [cet] arrêt pour se précipiter et couler le plus de béton possible sans attendre le jugement sur le fond qui va intervenir dans les semaines à venir », dénonce l’association.

Les opposants au projet alertent depuis plusieurs années sur le risque de pollution de la plus grande nappe phréatique d’Europe occidentale, située dans cette zone, et qui alimente en eau potable plus de 6 millions de personnes en Alsace et en Allemagne.

https://reporterre.net/Stocamine-les-militants-d-Extinction-Rebellion-expulses-par-les-gendarmes

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les sites d’implantation

Les différents sites du projet EMILI :
sites implantations

Mine et usine de concentration : site de Beauvoire – commune d’Echassières
En bleu le bornage du périmète réalisé par Olivier TRUTTMANN, géomètre-expert.

perimetre site echassieres

perimetre beauvoir

Canalisation :
Le tracé envisagé pour les canalisations qui relieraient l’usine de concentration à la plateforme de chargement suivrait les routes départementales (D987, D118, D183) et voies communales ou chemins ruraux existants en descente (dénivelé approximatif de 470 mètres). Trois canalisations parallèles, enfouies à environ un mètre sous terre seraient mises en place : une première pour le concentré de mica lithinifère, une deuxième pour le concentré de feldspath, la troisième canalisation permettant le transport de l’eau qui retournerait vers l’usine de concentration. [p.16 Synthèse du dossier du maître d’ouvrage]

trace des canalisations

 

Sation de chargement :
La plateforme de chargement assure une double fonction de site de stockage et lieu de
chargement. En effet, le rythme des trains dépendant des sillons attribués par SNCF
Réseau, il est nécessaire de prévoir un espace pour stocker les produits dans l’attente de
leur chargement. Le mica lithinifère pourra enfin être transporté par trains vers l’usine
de conversion, et le feldspath vers les clients. [p.16 Synthèse du dossier du maître d’ouvrage]

La fontchambert – communes de Naves et de Saint-Bonnet de Rochefort
Parcelles hypothétiques d’après les projections d’Imerys :
Sur Nave : parcelle 03194 000 ZE 15 et parcelle 03194 000 ZE 18
Sur Saint-Bonnet de Rochefort : parcelle 03220 000 YO 71

parcelle station de chargementstation de chargement 3D

Usine de conversion :
Parcelles hypothétiques d’après les projections d’Imerys :
Sur Saint-Victor au nord de Montluçon : parcelle : 03262 000 YN 42 et parcelle 03262 000 YN 152

usine de conversion la loue          usine de conversion 3D

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calendrier previsionnel

calendrier imerys

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La première mine de lithium de France classée « d’intérêt public majeur »

[trouvé sur Reporterre]
Sur demande de plusieurs maires et présidents de communautés de communes de l’Allier, et de l’entreprise Imerys qui porte le projet, la mine de lithium baptisée « Émili » a été classée « d’intérêt national majeur » par un décret publié le 7 juillet. Ce statut, créé par la loi Industrie d’octobre 2023, est synonyme d’accélération des procédures et de dérogations administratives.

Cette décision intervient en plein débat public sur les conséquences environnementales et socioéconomiques du projet, qui doit être clôturé le 31 juillet. Contesté par des collectifs locaux, le projet colossal d’extraction de l’or blanc vise à produire, à partir de 2028, le lithium nécessaire à la fabrication des batteries de plus de 700 000 véhicules pendant vingt-cinq ans.

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Surveiller l’eau qui dort

piezo info

piezo

carte piezometre

Propagande d’Imerys au sujet de l’eau ici  [info sur comment fonctionne un piezomètre]

Dossier de demande d’examen au cas-par-cas des installations de piezometres ici [cartographie et photo aérienne]

Dossier de declaration loi sur l’eau pour l’installation de piezometres et essais ici [cartographie et photo aérienne précises]

 

 

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Débat public prolongé

Le nouveau programme de la fin du débat

En raison de la période de réserve qui s’impose durant la campagne des élections législatives, les réunions prévues le 20/6, le 22/6, le 26/6 et le 4/7 ont été annulées. Le débat public a été prolongé jusqu’au 31 juillet pour pouvoir les reprogrammer. Découvrez les nouveaux rendez-vous ci-dessous.

Mardi 9 juillet à Montluçon (Centre Athanor, 18h – 21h)

Réunion publique « Échange avec l’État et le maître d’ouvrage »

1er temps : l’accompagnement du projet par l’État

En présence de Pascale Trimbach, Préfet de l’Allier, et de Benjamin Gallezot, Délégué interministériel aux approvisionnements en minerais et métaux stratégiques

2e temps : les engagements de qualité et l’après-mine

Avec Pierre Petit-De Pasquale, directeur standard IRMA, et les représentants d’Imerys.

Jeudi 11 juillet, en visioconférence (18h – 20h)

“Les impacts sur l’eau : réponse à vos questions”

En raison d’un très grand nombre de questions posées lors de la réunion publique tenue à Vichy le 30 mai dernier, l’équipe du débat a décidé d’organiser une réunion supplémentaire, en visioconférence.

Lors de la première partie de la réunion, des réponses seront apportées aux questions posées à Vichy.

Puis, un second temps permettra des échanges libres entre les participant-es et les intervenant-es présent-es.

En présence des représentants d’Imerys et d’acteurs territoriaux de l’eau.

Mardi 16 juillet, en visioconférence (18h – 20h)

Webinaire “Approfondissements”

Ce temps d’approfondissement permettra de revenir sur certains sujets ayant été identifiés comme nécessitant des approfondissements.

Trois enjeux seront traités successivement, avec la réponse d’Imerys aux questions posées par la CNDP puis des questions libres des participant-es :

  • Le modèle économique
  • Les résidus et stériles
  • Les impacts environnementaux et risques industriels

Pour participer à cette réunion et recevoir un lien de connexion, veuillez vous inscrire via le lien ci-dessous.

Inscrivez-vous

Jeudi 18 juillet, à Echassières (15h – 17h)

Atelier « Le transport entre Echassières et Montluçon »

Cet atelier vise à travailler les différentes options évoquées durant le débat (canalisations, emplacement de la plateforme ferroviaire, transport par rail et/ou par camions…).

Il se tiendra en présentiel et ne sera ouvert qu’aux personnes inscrites.

Plus d’informations et modalités d’inscription à venir dans les prochains jours.

Jeudi 18 juillet, à Echassières (18h – 21h)

Réunion publique « Et après le débat ? »

Cette dernière réunion du débat public sera un temps résolument participatif !

Un premier temps sera dédié à la gouvernance et la participation du public.

Il sera suivi d’un atelier vous permettant d’exprimer vos attentes en la matière.

Enfin, un moment participatif de conclusion interrogera « projet et vision du territoire ».

La réunion se clôturera par un cocktail.

Si vous souhaitez suivre les échanges à distance, pas besoin de vous inscrire, rendez-vous directement sur la chaîne YouTube de la CNDP pour une retransmission en direct.

Si vous souhaitez assister à la réunion en présentiel, veuillez vous inscrire via le lien ci-dessous. En raison des fortes affluences en réunion publique jusqu’à présent, nous ne pourrons pas garantir votre accueil si vous ne vous inscrivez pas, la capacité d’accueil de la salle étant limitée.

Inscrivez-vous

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Ça sent le prout au « débat » public sur la mine de lithium

[depuis paris-luttes.info] tract cndp paris

Suite à l’invitation à Paris par celleux qui luttent contre la mine de litium à Echassière. Retour sur la « commission nationale du débat public » autour du projet Emili

Au rendez-vous on ne savait trop à q uoi s’atte ndre quant à la forme que prendrait cette mascarade. On est venu·e·s avec la haine du monde industriel et notre solidarité. À quelques-un·e·s on a plus ou moins silencieusement éclaté des boules puantes à deux endroits de la pièce et au pied de la régie vidéo, et jeté de la propagande Imerys à la poubelle pour la remplacer par des brochures informatives contre la multinationale et les raclures qui la font prospérer.

Les vigiles ont mis trop de temps à capter ce qui se passait et avant qu’on parte discrètement, volèrent au milieu de la salle plusieurs exemplaires d’un tract :

La Commission Nationale du Débat Public….

Voilà un bel exemple de comment la domination d’aujourd’hui préfère procéder, une spécialité toute particulièrement appréciée dans la grrrande République française, berceau du « débat public » à tout va.

Cela peut nous rappeler le « débat public » autour de l’introduction des organismes génétiquement modifiés il y a plus de deux décennies. Décriés comme de la « nourriture Frankenstein », les OGM s’étaient heurtés à de nombreux fauchages de champs expérimentaux et aux sabotages de laboratoires. Il n’y avait rien à marchander, rien à négocier : non, c’est non. Heureusement qu’il y avait ce « débat public », permettant à toutes les stars de la contestation de s’exprimer, parfois en face à face, avec les défenseurs des OGM.

C’était beau, c’était « vachement intéressant » et c’était nul : de la poudre aux yeux, de la confusion, du démocratisme appliqué à bonnes doses aux naïfs et aux aspirants gestionnaires. Le « débat public », c’est l’autre versant de la répression des condés, le désamorçage de tout conflit réel et vivant, de l’hostilité irréductible.

On peut s’attendre à ce que certains se prêtent à ce jeu et multiplient les initiatives pour que s’installe un « débat citoyen » pour déterminer quel degré d’exposition aux ondes serait acceptable, comment faire confluer l’agriculture bio avec un téléguidage smart, pour inscrire le droit à la grève digitale dans le Code du travail. Ils seront, consciemment ou inconsciemment, les hérauts de la restructuration technologie en cours. Ils joueront un rôle encore plus néfaste dans le désamorçage de l’hostilité sourde et croissante contre ce monde infesté d’antennes, de portables, de fibres optiques, signe du naufrage physique, mental et sensible de l’humanité telle qu’on croyait la connaître.

Nous n’avons cure d’un quelconque « débat », cela fait des années que nous discutons, approfondissons, partageons, confrontons pour comprendre ce monde. Nous n’avons cure d’aucun « débat public », car cela fait des années que nous fuyons le public, l’arène de la politique, pour nous retrouver à échelle humaine, tête à tête, face à face, bien loin des médiations des partis, syndicats, institutions, médias. Nous n’avons cure d’aucune urgence de « débat », car cela fait des années que nous essayons de choisir nous-mêmes les échéances de nos hostilités, de nos réflexions, de nos attaques, réalisant ainsi une autonomie de pensée et d’action que l’État craint peut-être plus que tout
… C’est de la poudre de perlimpinpin

Solidarité avec celleux qui se bougent contre l’extractivisme, et merci d’avoir fait passer l’info !

À la prochaine !

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La Serbie relance un projet controversé de mine de lithium avec le géant Rio Tinto

[depuis lemonde.fr]

Abandonné en 2022 après un important mouvement de contestation, le projet de mine de lithium de Jadar, dans le sud-ouest de ce pays des Balkans, vient d’être remis sur les rails par le président nationaliste Aleksandar Vucic. Les défenseurs de l’environnement promettent de se remobiliser.

Le gouvernement serbe avait officiellement annoncé en janvier 2022 « la fin » du projet et la révocation de toutes les licences accordées au géant minier anglo-australien Rio Tinto pour ouvrir sur le territoire de ce pays des Balkans l’une des plus grandes mines de lithium d’Europe. Mais, surprise, dimanche 16 juin, le président et homme fort de la Serbie, Aleksandar Vucic, a annoncé dans les colonnes du quotidien financier britannique Financial Times la relance de ce gigantesque projet minier visant à produire 58 000 tonnes de lithium par an.

Un volume suffisant pour « fournir 17 % de la production européenne annuelle de véhicule électrique », vante M. Vucic dans cette interview en justifiant son retournement deux ans et demi après son annonce d’annulation par de « nouvelles garanties » qui auraient été apportées par Rio Tinto pour rassurer l’opinion publique serbe, fortement opposée à la mine. Ce brusque changement de pied devrait soulager l’Union européenne (UE), qui essaie désespérément de sécuriser ses sources d’approvisionnement de ce minerai crucial pour la transition écologique.

Situé dans le sud-ouest de ce pays candidat à l’adhésion à l’UE, le filon de Jadar est en effet considéré depuis longtemps comme un des plus prometteurs du Vieux Continent. Mais, en 2022, M. Vucic, dirigeant nationaliste qui adore jouer avec les intérêts géopolitiques des grandes puissances, avait reculé face aux inquiétudes environnementales exprimées par les dizaines de milliers de Serbes descendus à plusieurs reprises dans la rue contre ce projet de mine.

Avec sa longue histoire d’atteintes environnementales, Rio Tinto n’avait pas réussi à rassurer sur sa capacité à préserver la qualité de l’eau de la rivière Jadar. A quoi il faut ajouter le rejet atavique de tout projet venu de l’Occident de la part du fort courant prorusse dans l’opinion serbe.
Pression des diplomates européens

« Rio Tinto n’a absolument pas fourni suffisamment d’informations aux citoyens ou au gouvernement serbe », avait fustigé la première ministre de l’époque, Ana Brnabic, une alliée de M. Vucic, en regrettant l’opacité de l’entreprise anglo-australienne. Désormais présidente du Parlement, celle-ci soutient pourtant à nouveau le projet et a promis d’organiser un débat entre les députés dans les prochains jours. Selon le Financial Times, M. Vucic compte organiser une rencontre avec tous les acteurs du projet minier « le mois prochain [en juillet] » à Belgrade avec pour objectif un début des activités « en 2028 », soit deux ans de retard sur le calendrier initial.

Si la relance du projet s’annonce aussi facile, c’est qu’en réalité il n’avait pas été totalement enterré, en dépit des annonces. Depuis 2022, Rio Tinto avait notamment continué d’acquérir des terres dans la région de Loznica, où la mine devrait avoir, en tout, une emprise de près de 400 hectares. Les diplomates européens – à commencer par les Allemands très inquiets pour l’approvisionnement de leur puissante industrie automobile – continuaient aussi discrètement à faire pression en coulisses sur la Serbie pour qu’elle revienne sur sa décision en promettant en contrepartie d’installer sur son territoire plusieurs activités liées à la mobilité électrique.

Après avoir largement gagné les élections législatives et locales qu’il a organisées respectivement fin décembre 2023 et début juin face à une opposition très remontée contre le projet de Rio Tinto mais aussi très faible et très divisée, M. Vucic a les mains libres pour faire accepter son changement de position aux 6 millions de Serbes au nom d’un impact économique considérable. Rio Tinto promet d’investir plus de 2,5 milliards d’euros et de créer plus de 1 300 emplois directs en Serbie. Les autorités serbes estiment que la mine va permettre à elle seule une hausse du produit intérieur brut de plus de 10 milliards d’euros par an.

Eau de pluie « collectée et traitée »

Dans ce qui ressemble à un effet d’annonce savamment orchestré, Rio Tinto avait publié, jeudi 13 juin, ses études d’impact environnemental préliminaires, longtemps gardées secrètes. Au fil de centaines de pages, Rio Tinto promet notamment aux populations locales de « respecter tous les standards européens » et d’« empêcher les infiltrations » d’eaux polluées dans le sol tandis que « l’eau de pluie qui aura été en contact avec le déchet sera collectée et traitée ». L’entreprise anglo-australienne a de nouveau vanté dimanche un projet « qui a le potentiel pour devenir un actif de classe mondiale ».

Les opposants au projet ont en revanche fustigé ce retournement. « Vucic peut dire ce qu’il veut, mais si tous les permis dont disposait Rio Tinto ont expiré, sur la base de quel acte juridique présente-t-elle au public son projet d’étude d’impact environnemental ? », s’est exclamé le parti d’opposition Soulèvement écologique qui avait émergé dans la politique serbe en 2021 et 2022 à l’occasion du mouvement anti-lithium.

« Je suis sûr que les citoyens serbes vont arrêter ce projet destructeur pour notre environnement », assure aussi Savo Manojlovic, un autre opposant qui s’était fait connaître en organisant des manifestations à l’époque contre la mine. Candidat aux élections municipales de Belgrade le 2 juin, il a toutefois été largement battu par le candidat du pouvoir.

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Projet de mine de lithium dans l’Allier

[depuis debatpublic.fr]

Dans le département de l’Allier, l’entreprise Imerys projette d’ouvrir une mine et des installations industrielles pour exploiter un important gisement de lithium. Cette première mine de lithium en France permettrait de fournir de quoi produire l’équivalent de 700 000 batteries de voitures électriques chaque année.

Compte tenu de la nouveauté de ce projet et de ses potentiels impacts environnementaux et socio-économiques, la Commission nationale du débat public (CNDP) a décidé d’organiser un grand débat public, du 11 mars au 7 juillet 2024. Informez-vous et donnez votre avis !

Calendrier du débat

  • 20 juin 2024

    Et après le débat ? La vie du projet et l’après-mine – Echassières

  • 22 juin 2024

    Approfondissement des sujets du débat – Montluçon

  • 26 juin 2024

    Les impacts sur l’eau / Vos questions – Visioconférence

  • 4 juillet 2024

    Synthèse des enseignements du débat – Gannat

 

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Panoramine : la carte de l’activité minière en France

Panoramine : la carte de l’activité minière en France

Si la France n’est plus vraiment un pays minier à proprement parler, elle n’est pas exempte de toute activité minière, loin de là : nombreuses exploitations aurifères en Guyane et nickélifères en Nouvelle-Calédonie, exploitations encore en activité en Métropole, récents permis d’exploration attribués… C’est dans ce contexte que SystExt a jugé utile de recenser et de compiler toutes les informations disponibles en lien avec l’activité minière en France sur un nouvel outil : Panoramine.

Les informations qui ont permis de réaliser cet outil proviennent de sources officielles et accessibles au public.

Il est à noter que les supports mis à disposition par les services de l’Etat français sont souvent peu ergonomiques et difficilement exploitables, rendant complexes les travaux de recueil d’informations et de cartographie. C’est donc dans la mesure du possible que SystExt a repris les coordonnées des limites des titres miniers (qu’ils soient en cours d’étude ou octroyés). Nous avons cherché à représenter le plus fidèlement possible leur emprise en surface. En complément des noms des sociétés officiellement en activité, ceux des sociétés-mères associées (pour beaucoup basées à l’étranger) ont été mentionnés lorsque possible.

Par ailleurs, bien qu’autonomes politiquement et souveraines en matière de ressources naturelles, la Nouvelle-Calédonie et la Polynésie Française restent rattachées à l’Outre-Mer français. Ainsi, elles ont logiquement été intégrées à cette carte.

Ce panorama minier interactif se donne pour objectif de permettre à tout citoyen de disposer d’un état des lieux actualisé de la réalité de l’activité minière en France.

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Nouvelle-Calédonie : l’insurrection kanak et l’industrie du nickel

[depuis sansnom.noblogs.org]

13 mai 2024. Le centre commercial « Kenu In » part en fumée dès la première nuit de l’insurrection

Malgré le volontarisme des autorités coloniales françaises, qui annoncent jour après jour à grand renfort de communiqués un retour à la normale, la situation en Nouvelle-Calédonie est loin d’être réglée quatre semaines après le déclenchement de l’insurrection d’une partie de la jeunesse kanak. Et certains signes ne trompent pas, comme le maintien du couvre-feu (18h-6h) au moins jusqu’au 17 juin, la réquisition de stations-service à destination exclusive des flics et militaires qui vient seulement d’être levée le 8 juin, ou encore le fait que l’aéroport international de La Tontouta reste fermé « jusqu’à nouvel ordre ». Seul l’aérodrome de Magenta est de nouveau ouvert aux vols commerciaux depuis le 5 juin, soit aux vols internes à la Nouvelle-Calédonie vers Lifou, Ouvéa et Maré, et près de 500 touristes français sont ainsi toujours bloqués sur l’île depuis trois semaines. Quant au Nord de la Nouvelle-Calédonie, c’est l’armée qui se charge directement de l’approvisionnement (et donc du rationnement et des priorités) des magasins, en gérant les containers qui arrivent par barge jusqu’à Koné.

A l’heure actuelle, malgré la pression des 3500 flics et militaires envoyés sur place, une partie des barrages sont encore remis en place par des insurgés kanak après leur démantèlement, dans les quartiers de Nouméa ou le long de la route de 50 kilomètres qui mène à l’aéroport, sans oublier parfois de les piéger avec des bonbonnes de gaz ou même de préparer quelques surprises-maison pour les bleus : le 4 juin à Dumbéa, un gendarme est par exemple tombé au fond d’une bouche d’égout, en marchant sur des branchages placés dessus afin d’en masquer l’ouverture. « D’une profondeur de 1m20, des fers à béton de 2 mm de diamètre avaient été positionnés au fond à la verticale pour créer des pieux. Le gendarme s’est empalé au niveau d’une jambe et un pieu métallique s’est infiltré entre le gilet pare-balles et le gilet de corps qui a été percé mais sans pénétration, grâce à la plaque en kevlar ».
Au total, sur cet archipel de 270 000 habitants, ce sont 212 policiers et gendarmes qui ont été blessés depuis le 13 mai, mais aussi un nombre important de Kanak que les autorités se refusent officiellement à comptabiliser, mais dont on sait qu’il est important et de façon parfois très grave : plusieurs insurgés ont perdu un œil ou ont les os du visage fracassés suite à des tirs policiers de flash ball, d’autres présentent des blessures par balles et sont dans le coma.


Gendarmes assassins

Deux exemples récents : le 29 mai à Dumbéa vers 20h, lors de l’attaque d’un barrage par les flics, ces derniers essuient de nombreux jets de pierre mais aussi un tir de fusil. Le GIGN réplique et tire six fois « vers » le tireur. Un insurgé est grièvement blessé : « En dépit d’une intervention chirurgicale, son pronostic vital est toujours engagé, les constatations médico-légales faisant état de la présence de deux projectiles, l’un au niveau du thorax et l’autre à l’épaule ».

Puis le 3 juin vers 16h au col de la Pirogue, au niveau du barrage de la tribu de Saint-Laurent, sur la route stratégique menant à l’aéroport international, les gendarmes ouvrent le feu sur des insurgés kanak (qui d’après les pandores auraient d’abord tiré sur leur véhicule) : l’un se prend une balle dans l’épaule, et un autre dans la tête. On a appris samedi 8 juin que ce dernier, Lionel Païta, était décédé à l’hôpital, portant à huit le nombre de morts sur le territoire (cinq Kanak dont deux originaires de Canala, une de Maré, un de Poindimié, un de Païta / un caldoche à Kaala-Gomen qui avait tiré contre un barrage / deux gendarmes, dont un tué par un collègue).

Inutile de dire que dans une telle situation, de folles rumeurs tournent sur le nombre de « disparus » bien au-delà des 8 morts officiels (voir ici), tandis que les prisons de Nouméa et de Koné se remplissent à ras bord et que des prisonniers Kanak sont déportés en Polynésie et à Fresnes (voir là), le bilan officiel annonce 726 gardes à vue, 115 renvois devant le tribunal et 60 mandats de dépôts depuis le 13 mai.

L’industrie du nickel

Pour le dire rapidement, la Nouvelle-Calédonie possède un quart des réserves mondiales de nickel, exploitées dans des mines à ciel ouvert, pour alimenter trois usines de transformation pyrométallurgiques. Les deux premières produisent du ferronickel, un mélange de qualité moindre qui sert à l’acier inoxydable, et la troisième du nickel de qualité batteries (destiné essentiellement à Tesla depuis 2021).

La première usine (Koniambo Nickel, KNS), celle aux mains des indépendantistes kanak dans le nord, est à l’arrêt depuis février 2024 et le retrait de son actionnaire de référence, le géant suisse du négoce des matières premières Glencore. L’activité est depuis uniquement concentrée sur le maintien de l’intégrité des fours (si le four d’une usine métallurgique s’arrête en n’étant plus alimenté en minerai ou en électricité, non seulement cela peut l’endommager définitivement si l’arrêt est brusque, mais il faut aussi des mois pour le redémarrer).
La seconde usine, celle historique de la SLN fondée en 1880 (Société Le Nickel, propriété à 56% du groupe français Eramet, lui même détenu à 27% par l’État français) située à Doniambo, était déjà en cessation de paiement avant l’insurrection, et maintenue artificiellement en vie grâce un prêt de l’État de 60 millions d’euros en février dernier. De plus, Eramet  souhaite elle aussi se débarrasser de ses activités de métallurgie en Nouvelle-Calédonie, notamment depuis qu’elle exploite la plus grosse mine de nickel au monde de Weda Bay, sur l’île d’Halmahera (Indonésie) au beau milieu de forêts primaires, et qu’elle vient d’obtenir de gigantesques concessions d’extraction de lithium au Chili et en Argentine. En Kanaky, avec l’ensemble des cinq sites miniers qui l’approvisionnaient bloqués depuis quatre semaines, tandis que son stock de minerai a fini par s’épuiser, sans parler des émeutes qui se déroulaient à quelques centaines de mètres de son usine, c’est elle qui est l’objet de plusieurs opérations contre-insurrectionnelles de l’État français.
Quant à la troisième usine, dite du Sud et située à Goro, propriété du consortium Prony Resources, elle est également en cessation de paiement, et ne survit que grâce à un prêt de l’Etat français de 140 millions d’euros accordé en mars. Son actionnaire de référence, le négociant suisse Trafigura, souhaite revendre ses parts depuis des mois, et le fameux « contrat du siècle » signé en 2021 avec Tesla est bien loin déjà. Comme pour la SLN, les activités de Prony Resources sur mine comme à l’usine sont arrêtées depuis le début de l’insurrection, même si son procédé hydro-métallurgique est différent de celui des deux autres usines de l’archipel.

7 juin 2024. La « Mutuelle du nickel » et la BNP n’ont pas échappé aux incendiaires à Dumbéa

Au fond de cette insurrection de la jeunesse kanak, en plus de la colonisation, du racisme, de l’humiliation et de la galère, se trouve donc également l’enjeu du nickel, dont les usines pyrométallurgiques qui fournissent toute la richesse artificielle de l’île (90 % des exportations de l’archipel et 25% des emplois) étaient déjà quasiment en faillite ou en stand by avant le soulèvement. Ce qui concerne d’ailleurs l’ensemble des trois principales forces en présence sur l’archipel, avec l’usine du Nord (kanak), du Sud (loyaliste) ou de l’Etat (SLN). En dix ans, l’Indonésie est en effet passée de 0 à 55 % de la production mondiale de nickel (contre actuellement 5 % pour la Nouvelle-Calédonie) avec des capitaux chinois, ce qui a fait s’effondrer les cours de près de 43% rien qu’en 2023, grâce à une main d’œuvre et un prix de l’électricité aux coûts imbattables.

Face à cela, l’Etat tente depuis des mois de redresser une colonie qu’il ne veut lâcher à aucun prix, en tentant de négocier avec le gouvernement calédonien (composé des partis loyalistes comme indépendantistes, et dirigés par ces derniers) un « Pacte nickel » à 200 millions d’euros de subventions sur le coût de l’énergie, avec pour contrepartie que les usines s’engageraient à fournir en priorité le marché européen des batteries pour véhicules électriques ; que ce gouvernement local augmente fortement les impôts ; qu’il autorise l’exportation de beaucoup plus de minerai brut ; et qu’il  restitue provisoirement la compétence  du code minier à l’État.

En somme, ce « Pacte nickel » qui a connu huit moutures depuis novembre 2023 et n’est toujours pas signé, est un projet visant à intensifier l’extractivisme du nickel à destination de la métropole, qui transformerait la Kanaky en un territoire purement minier, définitivement enchâssé dans un cadre néo-colonial. A l’inverse des fameux accords de Nouméa de 1998, censés acheter la paix sociale, et qui prévoyaient d’utiliser la rente minière pour favoriser le développement de la Nouvelle-Calédonie jusqu’à sa possible indépendance (d’où les trois référendums sur cette dernière de 2019 à 2021, la cession de mines et d’une usine à la bourgeoisie kanak, et la création d’un gouvernement local).
Le « Pacte nickel » vient donc heurter à la fois les politiciens kanak qui misaient sur cette ressource pour fonder leur indépendance économique (en mode “L’Etat veut nous voler notre nickel”), à la fois la jeunesse kanak urbanisée qui dénonçait déjà les politiciens corrompus et qui ne voit jamais la couleur de tout le fric déversé sur l’archipel, ou encore les collectifs de kanak en tribu qui constatent de plus en plus les ravages engendrés par l’intensification de l’extractivisme (sur la pollution des rivières, la santé ou les glissements de terrain), et commencent à prôner une indépendance qui chasserait l’État français mais aussi les mines.

On comprend dès lors pourquoi le vote au Sénat le 2 avril puis à l’Assemblée le 15 mai du dégel du corps électoral néo-calédonien (bloqué depuis 1998), ayant pour conséquence de pérenniser numériquement la colonisation de l’archipel, a pu être l’étincelle d’une insurrection qui a dévasté méthodiquement commerces et industries de la capitale de l’île. Détruisant 570 entreprises et provoquant plus de 1,5 milliard d’euros de dégâts directs, selon le dernier bilan du haut-commissaire (préfet) Louis Le Franc, rendu public le 7 juin.

Les politiciens kanak perdent le contrôle et appellent en vain au calme

Lorsque la situation a explosé le lundi 13 mai à l’occasion du blocage du grand Nouméa, après six mois de mobilisations contre le dégel du corps électoral (dont des manifestations de 3000 personnes fin novembre, 5000 le 25 février, 15 000 le 28 mars et 60 000 personnes le 13 avril), les politiciens kanak ont rapidement perdu tout contrôle, et ont non seulement appelé au calme, mais aussi condamné les actes des insurgé.es.

Face aux groupes de jeunes kanak mobiles, autonomes, pilleurs et destructeurs, c’est au nom de la CCAT (Cellule de coordination des actions de terrain) que Christian Tein a lancé un appel au calme dès le 14 mai sur la radio indépendantiste Radio Djido : « J’en appelle à l’ensemble de nos jeunes de lever le pied. De rester là où ils sont, sur les bords [de route], organisés, structurés. La CCAT n’a jamais appelé à piller les magasins », tout en sollicitant également les parents pour « ne pas laisser [les jeunes] partir dans tous les sens. » Une ligne qui ne variera pas, si bien que le 15 mai dans un communiqué, cette cellule précisera « notre combat pour la Kanaky libre sera long et semé d’embûches, aussi la CCAT appelle tous les citoyens mobilisés sur le terrain à l’apaisement et au respect des consignes », et idem le 31 mai où elle ajoutera encore que « la CCAT n’a jamais appelé à la violence, au saccage ou à nuire aux personnes… [Elle] ne cautionne pas les actes de vandalisme. Ces actes ne doivent pas ternir notre lutte pour le bien de tous les citoyens du Kanaky. »

Mais revenons au 14 mai, puisque ce même jour Daniel Goa, président du principal parti indépendantiste du FLNKS, l’Union calédonienne (UC, par ailleurs à l’origine de la création de la CCAT en novembre 2023), a également publié son communiqué, dans lequel il appelait « notre jeunesse à garder son calme, à faire preuve de patience et à cesser toutes exactions, tous pillages qui ne nous honorent pas. Ce n’est pas cela la dignité et la liberté… Les pillages orchestrés cette nuit sont notre déshonneur et ne servent aucunement notre cause et notre combat, au pire ils le retardent… Ce n’est pas cela le visage d’un Kanak. Nous ne volons pas chez nous, nous sommes dignes. A tous les chefs d’entreprise touchés dans leur chair, leurs biens, leurs projets de faire vivre le Pays, je leur apporte notre entier soutien, toute notre compassion et notre grande désapprobation. Les outils de travail doivent être sanctuarisés. »

Le 14 mai également, Louis Mapou, membre du deuxième principal parti indépendantiste du FLNKS, le Palika (Parti de libération kanak), et président du gouvernement local de la Nouvelle-Calédonie depuis 2021, a lui aussi appelé dans un communiqué « au calme et à la raison », ajoutant que « toutes les raisons des mécontentements, des frustrations et des colères ne sauraient justifier de mettre à mal ou de détruire ce que le pays a pu construire depuis des décennies et d’hypothéquer l’avenir. »

Enfin, rajoutons que même les autorités kanak traditionnelles s’y sont alors mises en vain, comme le Sénat coutumier présidé par Victor Gogny, qui sortait son communiqué solennel, dans lequel il enjoignait qu’ « il est impératif que la jeunesse fasse preuve de retenue et de civisme, et privilégie le dialogue et la concertation pour exprimer ses revendications et ses aspirations légitimes. » Vite rejoint d’ailleurs par le Conseil national des chefs (Inaat ne Kanaky, créé en 2022), toujours le 14 mai au lendemain de la première nuit insurrectionnelle, venu à son tour « appelle[r] la jeunesse au calme, à la sagesse et au respect des consignes données par les responsables ».

Et pour conclure, c’est directement le FLNKS (Front de libération nationale kanak et socialiste) qui a sorti le 15 mai sa propre position sur l’insurrection en cours, qui est pour le moins explicite sur son rôle de co-gestionnaire de la colonie depuis les accords de Matignon (1988) puis de Nouméa (1998) : « Le FLNKS, engagé dans le développement économique et social du Pays déplore les actions perpétrées contre les entreprises et apporte son soutien aux chefs d’entreprises et salariés impactés… Il appelle à la levée des barrages pour permettre le libre accès de la population aux produits, services et besoins de premières nécessités. Cet appel est également adressé à l’ensemble des autorités politiques, coutumières de ce pays afin que chacun là où il est, contribue à ramener la sérénité et le calme auprès de nos populations. »
Une demande entendue par des membres du CCAT qui faute d’avion pour pouvoir rentrer au pays, tenaient ce même 15 mai un meeting au CICP de Paris, lors duquel Romuald Pidjot, secrétaire adjoint de l’Union calédonienne, a précisé que « le rôle de la CCAT sera d’essayer de calmer ces jeunes, mais on aura besoin de l’aide de l’État », tandis que Rock Haocas (responsable du syndicat USTKE et coordinateur général du Parti travailliste, l’autre grande composante du CCAT) ne pouvait que déplorer : « La guerre urbaine, ce n’est pas ce qu’on a voulu, mais les jeunes sont arrivés à un stade qu’on ne contrôle plus. On est dans une phase de rupture, et ce n’est pas faute d’avoir averti ».

2 juin 2024. Incendie volontaire du convoyeur de nickel à Népoui, alors qu’il devait charger d’urgence un minéralier pour l’usine de la SLN de Nouméa

Saboter l’industrie du nickel

Depuis le début de l’insurrection, on pouvait légitimement se demander ce qu’il en était de la situation des mines et usines de nickel en matière de sabotages (ou pas). En dehors de la capitale Nouméa, constellée de barrages, de pillages et d’incendies provoqués par de jeunes insurgé.es kanak, qu’en était-il par exemple « en brousse » et « en tribu », où vit la moitié de la population kanak ? Même si on se doute bien que les informations ont du mal à filtrer, il semble que ce soient principalement les structures minières de la SLN (soit de l’Etat) qui aient été attaquées, mais aussi celle de Prony Resources (soit l’usine du Sud des loyalistes) :

  • à Thio, sur la côte Est, le convoyeur à bandes (sorte de tapis roulant) de la mine de nickel qui permet de charger les minéraliers au bord de mer a été endommagé. Les mines du Plateau et du Camp des Sapins ont également été attaquées, avec des pillages et des destructions.
  • à Kouaoua, toujours sur la côte Est, le convoyeur du minerai jusqu’au quai de chargement de la baie, nommé « la serpentine » et long de 11 kilomètres, avait subi son douzième incendie en dix jours, le 1er juin dernier.
  • à Népoui, un village situé au centre de la côte Ouest, un minéralier est arrivé le 2 juin de toute urgence, afin de charger 19 000 tonnes de nickel à ramener illico vers Nouméa, afin d’approvisionner l’usine SLN de Doniambo qui avait fini ses trois semaines de stocks, et risquait que ses fours soient « irrémédiablement endommagés ». Sauf que patatras, au beau milieu de la nuit une partie du convoyeur a été incendié, touchant une centaine de mètres du tapis-roulant. Résultat, le minéralier chargé est arrivé à bon port avec un jour de retard (le 4 juin), sachant que l’usine de Doniambo a désormais besoin de recevoir un tel bateau tous les trois à quatre jours pour fonctionner. Depuis, la SLN a envoyé un second minéralier, mais cette fois beaucoup plus au nord (du côté de la mine de Tiébaghi, à Koumac), en souhaitant que les jeunes kanak lui soient moins hostiles.
  • à Houaïlou, un village de la côte Est, le Centre de Formation aux Techniques de la Mine et des Carrières (CFTMC) situé sur la mine de Poro, a été réduit à néant : « Tous les outils de formation, engins miniers, salles de cours, simulateurs de conduite ont été saccagés, vandalisés et brûlés. » Il formait les jeunes souhaitant travailler dans le secteur minier.
  • à Nouméa, dès le 9 mai vers 4h du matin, le vigile positionné sur le quai avait été calmé par des inconnus, avant que les amarres du ferry Prony Express dédié au transport des employés de l’usine Prony Resources ne soient sectionnées. La vedette maritime était alors partie à la dérive. Puis à Goro, situé au sud de l’île à 1h30 en voiture de la capitale, le 23 mai c’est directement l’usine de Prony Resources qui a été attaquée et a perdu deux véhicules. Depuis, elle est gardée jour et nuit par 35 vigiles du groupe de sécurité privée Erys, mais le complexe industriel et minier est encore loin de pouvoir redémarrer, et a même déclenché le 7 juin son « Plan particulier d’intervention » (PPI), un programme visant à renforcer sa sécurité face aux menaces extérieures. En l’occurrence, « les perturbations actuelles nous ont contraints à arrêter nos opérations. Nous faisons face à une interruption de l’approvisionnement en eau brute depuis le lac de Yaté mais également, depuis le 4 juin, nous ne sommes plus alimentés en électricité » a détaillé le géant industriel il y a quelques jours, sans oser parler de sabotages…
7 juin 2024. Les engins miniers du « Centre de Formation aux Techniques de la Mine et des Carrières » réduits en cendres à Houaïlou

Pour qu’une insurrection ne meure pas, elle a par exemple besoin d’approfondir et de dépasser ses contradictions internes, mais aussi d’oxygène, de beaucoup d’oxygène. A chacun.e, ici, au sein de la métropole coloniale française qui est en train d’écraser les insurgé.es kanak qui n’ont pas encore baissé les bras (ni les armes), de lui en donner un maximum. Par solidarité, ou tout simplement par haine de son propre Etat…

[Synthèse de la presse locale et pas que, 8 juin 2024]

NB : cet article fait suite à « Nouvelle-Calédonie : l’Etat colonial face aux prisonniers kanak » (1er juin), « En Kanaky, rien n’est fini…  » (25 mai) et « Le chiffre du jour en Kanaky : 400 et 1 » (21 mai)


15 mai 2024. L « ‘Institut de formation des professions sanitaires et sociales » de Nouville (Nouméa), détruit par les flammes
idem
26 mai 2024. L’ « Institut agronomique calédonien » (IAC), qui développe la filière forêt et bois, entièrement pillé et saccagé à Païta
2 juin 2024. L’unique CFA (Centre de formation des apprentis) de l’archipel, pillé, saccagé puis incendié à 90% par les émeutiers.
idem

 

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Invitation à s’opposer à la construction de la mine pendant la Commission nationale du débat public à Paris

[depuis paris-luttes.info]

Rejoignez-nous le 9 avril à la Commission nationale du débat public (CNDP) sur la mine de lithium à Échassière pour s’opposer au projet de construction de cette mine ! Rendez-vous mardi 9 avril à 18h15 à la Maison des Associations de Solidarité au 10 rue des Terres au curé, 13e arr.

Le mardi 9 avril à Paris aura lieu un débat public sur le «lithium, la transition énergétique et la souveraineté». La mine de lithium à Échassière est un projet de l’entreprise d’extraction minière Imerys annoncée en 2022 pour une mise en activité en 2028. Elle aura de grandes conséquences négatives sur l’environnement et pour les habitant.es : l’extraction de lithium requiert beaucoup d’eau douce et l’utilisation de produits chimiques. L’eau utilisée pour l’extraction est la même que celle consommée par les habitant.es qui va donc diminuer de plus en plus et sera contaminée par les produits chimiques. Le problème du manque d’eau est un enjeu mondial depuis de nombreuses années, tout comme en Argentine, au Chili et en Bolivie où des lacs de sel sont détruits pour extraire du lithium et de nombreuses personnes sont obligées de quitter leur lieu d’habitation par manque d’eau.
La mine à Echassière prévoit l’extraction de 34 000 tones de lithium pour produire la batterie de 700 000 SUV par an pendant 25 ans : En a-t-on vraiment besoin?

Début mars 2024, l’État lance une commission nationale du débat public qui aurait pour objectif de demander l’avis des habitant.es sur la construction de la mine. Cette CNDP fait semblant de demander l’avis aux habitant.es, en effet le projet avance bien depuis 2 ans et cela sans l’avis ou l’accord de qui que ce soit. Nous savons que ce débat est hypocrite et que l’avis des habitant.es ne sera pas écouté. En effet, déjà plusieurs collectifs d’habitant.es s’organisent contre cette mine depuis 1 an et ils ne sont pas écoutés. Cette commission est mensongère, une publicité très importante est faite par l’État pour montrer qu’ils sont à l’écoute des habitant.es simplement pour se donner une bonne image. On voit bien que les personnes concernées qui s’opposent au projet sont ignorées.
Enfin, la questionne de la souveraineté est abordée à Paris, dans la capitale, cela montre bien le mépris de ce projet qui considère que les habitant.es de sont pas capables de décider ce qui est mieux pour elles.eux et pour leurs terres !

C’est pour ces raisons que nous devons être un maximum présent.es lors de cette commission du mardi 9 avril à Paris pour montrer que de nombreuses personnes s’opposent au projet, que la voix des collectifs et habitant.es en lutte existe et ne va être étouffée, qu’on est fort.e et qu’on ne lâchera pas jusqu’à l’abandon du projet !

  • Pour discuter, on propose un pré rendez-vous avec les camarades de l’Allier à 18h15 devant pour les personnes qui ont pu s’inscrire, celles qui n’ont pas pu ou qui n’ont pas voulu.

Heure du début de la commission : 19h.
Adresse : Maison des Associations de Solidarité, 10 rue des Terres au curé 75013 Paris.

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Tract Stop Mines 03

p1-stopmines

page 1 tract stop mines

Tract de 4 pages en PDF trouvé par ici https://linktr.ee/stopextractivism

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Mine de lithium dans l’Allier : le rapport qui dévoile une bombe toxique

[depuis disclose.ngo]

Il y a un an, le gouvernement a annoncé l’ouverture, dans l’Allier, de la plus grande mine de lithium d’Europe. D’après un rapport inédit révélé par Disclose et Investigate Europe, le secteur, fortement contaminé à l’arsenic et au plomb, présente « un risque significatif pour l’environnement et la santé humaine ». Une véritable bombe à retardement passée sous silence par les autorités.

Roger Konaté est très fier de son système de pompage « fait maison ». D’un geste de la main, il désigne un tuyau qui, dans un imbroglio rafistolé, plonge dans le sol de son atelier pour rejoindre la source voisine. Pratique : de l’eau à volonté pour boire, se laver, arroser, abreuver sa chienne et ses chats. Il y a 10 ans, après la faillite de sa société de sécurité, le Marseillais de 56 ans a racheté « la maison, le ruisseau, le terrain pour 10 000 euros ! » Un bon plan trouvé sur le site de petites annonces, Viva street.

L’ancien patron fait la visite de son petit paradis avec le ravissement de ceux qui ont tout rénové de leurs mains. Autour de l’homme d’un mètre quatre-vingt-dix, des arbres, le bruit de l’eau et une végétation qui couvre des vestiges de l’ancien site minier du Mazet. Pendant plusieurs décennies, c’est ici, sur la commune d’Échassières, à la frontière de l’Allier et du Puy-de-Dôme, entre Montluçon et Clermont Ferrand, que les mineurs concassaient et nettoyaient le minerais. En 1962, à la faveur d’une baisse des cours, la mine a fermé, rejoignant environ 3 000 autres sites français. Une fois les galeries bouchées, les propriétaires sont partis, laissant les clefs à l’État. Ni l’un ni l’autre n’a pris la peine de dépolluer les lieux.

La fièvre du lithium

Il y a un an, la commune d’Échassières, 400 habitant·es, a fait la Une de la presse. Le 24 octobre 2022, Imerys, le géant français de l’extraction, a annoncé l’ouverture prochaine de la plus grande mine de lithium d’Europe. L’extraction du lithium, prévue pour 2028, devrait permettre de fournir 700 000 batteries aux futures voitures électriques 100 % made in France, et créer 1 000 emplois directs et indirects, selon l’entreprise. Ce projet titanesque est baptisé Emili pour « Exploitation de Mica Lithinifère par Imerys ».

Le jour même, le gouvernement a emboîté le pas. Emili serait le premier jalon de sa politique de transition vers les énergies renouvelables. Soutenu financièrement par l’État, le projet serait « exemplaire sur le plan environnemental et climatique », selon le ministre de l’économie Bruno Le Maire. « Le lithium sera extrait de manière responsable », promettait la ministre de la transition énergétique, Agnès Pannier-Runacher.

Mais jusqu’à aujourd’hui, un élément est resté hors des radars : l’extrême pollution du secteur où se trouve le permis d’exploration attribué à Imerys. À cet endroit, à cause de l’activité minière passée, les sols et les eaux sont contaminés à l’arsenic et au plomb. Jusqu’à plus de dix fois les seuils de risque, comme le révèle un rapport alarmant déterré par Disclose et Investigate Europe (IE).

Une concentration en arsenic sept fois supérieure au seuil

Ce rapport inédit a été rédigé en 2018 par Geoderis, le bureau d’expertise public spécialisé dans l’après-mine. D’après ses conclusions, le secteur où Imerys explore actuellement les sous-sols est classé « E », le plus haut niveau de pollution minière du pays. Emili repose donc sur une bombe toxique « susceptible de présenter un risque très significatif pour la santé humaine et l’environnement », alerte Geoderis. Pourtant, trois ans après la publication du rapport, en 2021, le permis d’exploration d’Imerys a été renouvelé par Agnès Pannier-Runacher, alors ministre déléguée à l’industrie. Contacté, le ministère de la transition énergétique, qu’elle dirige aujourd’hui, n’a pas souhaité répondre à nos questions.

Dans le bourg d’Échassières, les habitant·es que nous avons interrogé·es assurent n’avoir jamais été informé·es des pollutions aux métaux lourds. Ni par la préfecture de l’Allier, ni par le maire, Frédéric Dalaigre, qui a salué l’annonce du projet dans la presse, mais qui a refusé de répondre à nos questions.

« Personne ne m’a jamais dit que mon terrain était pollué, témoigne Roger Konaté. Il y a bien un agent qui est venu faire des prélèvements il y a quelques années, mais je n’ai plus jamais eu de nouvelles ensuite ». Geoderis a pourtant considéré que son terrain était fortement contaminé aux métaux lourds tels que le tungstène, le lithium, le plomb, le zinc, le cuivre et l’arsenic.

D’après les auteurs du rapport, la concentration en arsenic chez Roger Konaté serait de 190mg/kg*. Soit plus de sept fois le seuil de risque prévu par la Haute autorité de santé (HAS). Au-delà des limites fixées, l’institution recommande « aux médecins de prescrire un dépistage ». Outre le cancer de la peau, « l’exposition prolongée » à l’arsenic peut « provoquer des cancers de la vessie et des poumons », selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS).

Pour le plomb, les taux de contamination sur la propriété de Roger Konaté, ont été estimés deux fois supérieurs « aux valeurs d’alertes proposées par le Haut conseil de la santé publique ». Les experts de Geoderis recommandent, là-aussi, un dépistage. De fait, « le plomb a des effets délétères à long terme chez l’adulte, notamment l’augmentation du risque d’hypertension artérielle, de problèmes cardiovasculaires et de lésions rénales », constate l’OMS.

 

« La préfecture ne nous a jamais demandé d’avertir la population »

Le maire de Nades (Allier)Un peu plus loin, à Nades, un hameau de 150 habitant·es, les experts se sont notamment arrêtés sur la propriété de la famille C., avec jardin, trampoline et balançoire. Deux enfants âgés de 8 et 10 ans vivaient là au moment de l’enquête publique. Selon les recommandations de Geoderis, leurs parents auraient dû être prévenus immédiatement afin qu’ils puissent prendre des mesures, comme le lavage soigné des mains. Pour cause : les enfants représentent la catégorie de la population la plus sensible à l’exposition aux métaux lourds. Contactée par différents moyens, la famille C. n’a pas retourné nos demandes d’entretien. Mais le maire de Nades, Henri-Claude Buvat, joint par téléphone, a été très clair : « Nous avons été prévenus des pollutions, mais la préfecture ne nous a jamais demandé d’avertir la population ». Un défaut d’information qui pourrait donner lieu au dépôt d’une plainte contre X pour mise en danger de la vie d’autrui par d’éventuelles victimes.

« De toute façon, personne ne vit là », expédie le cabinet de la préfète, Pascale Trimbach. Les quelque 2 000 habitants d’Echassières, de Nades et des villages limitrophes apprécieront.

Notre enquête nous a également conduit au musée Wolframines, qui relate « le monde fascinant des minéraux ». Du moins, c’est ce qu’on peut lire au-dessus de la porte d’entrée, franchie chaque année par des centaines d’enfants en sortie scolaire.

Ce 29 septembre, une dizaine d’écoliers trifouillent dans un monticule de roche blanche. Il s’agit du kaolin issue de la carrière voisine, appartenant à Imerys. Après l’atelier pratique, c’est la pause sandwich sur l’aire de pique-nique attenante au musée. Un terrain « impacté » à l’arsenic, au tungstène et au lithium, relève le rapport de Geoderis. Les experts ont recommandé que soit spécifiée la présence d’un ancien site minier sur place, mais rien n’a été fait. Il n’est pas non plus indiqué, comme le préconise le rapport, la nécessité du lavage des mains des enfants. « Ça ne se bouscule pas énormément dans ce musée », ose la préfecture de l’Allier pour justifier cette absence d’information. La nouvelle campagne d’exploration d’Imerys prévoit treize forages à proximité du musée.

Dérogations successives

Que se passera-t-il si Imerys creuse dans une terre déjà polluée ? Quid des nappes phréatiques ? Ces questions, Nora et Coralie (prénoms d’emprunt), militantes de Stop Mine 03 et Préservons la forêt des Colettes, deux associations locales qui se battent contre l’ouverture de la mine de lithium, se la posent depuis un an. Sans en connaître la réponse.

Nous avons donc soumis la carte des pollutions à Laure Laffont, ingénieure géochimiste de l’université de Toulouse. « Certains points à haute teneur en arsenic et quelques-uns de plomb se situent sur le périmètre d’exploration de la mine de lithium, relève la spécialiste des métaux lourds. Il ne faut pas que ces sols soient en contact avec les eaux souterraines ou qu’ils soient remobilisés dans le cadre de nouvelles entrées de galeries ». Comprendre, de nouveaux forages risqueraient de disséminer un peu plus les métaux déjà présents dans les sols. Pour éviter la contamination des eaux, Laure Laffont précise que « les galeries doivent être faites de sorte à ce que l’écoulement des eaux souterraines ne change pas ». L’autre risque d’exposition aux métaux toxiques pourrait venir des airs « avec toutes les particules émises lors du forage », selon Clément Evrard, directeur de recherche au CNRS, également consulté par Disclose.

Interrogé, Imerys assure avoir pris en compte « toutes les zones identifiées dans le rapport Geoderis ». Selon l’entreprise, « l’exploitation » étant située à « une profondeur d’au moins 50 mètres de la surface et isolée dans un bloc de granit compact (…) la terre ne va pas être remuée ». Elle ajoute que des « études environnementales sont en cours et leurs conclusions seront rendues publiques lors du dépôt du dossier de demande d’autorisation ».

Il était temps. Depuis 2021, l’entreprise échappe à toute enquête indépendante. Avant toute campagne de forage, la réglementation impose en effet la réalisation d’une étude pour évaluer l’impact du projet. Mais à trois reprises, en 2021, 2022 et 2023, Imerys en a été dispensée par la préfecture et son service chargé de l’environnement : la DREAL. Certes, l’entreprise a réalisé son propre rapport, mais celui-ci, publié en janvier 2023, n’a pas pris en compte les pollutions pré-existantes. Il laisse même entendre que les forages n’auront aucun impact sur les eaux souterraines : « Aucun périmètre de protection des eaux n’est concerné par le périmètre du [projet d’Imerys]. Actuellement, les eaux sont donc principalement destinées à l’arrosage et servent à abreuver les troupeaux ».Des bêtes potentiellement contaminées, elles aussi, tout comme des jardins potagers. Le secteur comprend en effet plusieurs dizaines d’élevages de bovins essentiellement destinés à la vente et l’auto-consommation. Ces animaux doivent absolument éviter certains pâturages contaminés. Des exploitations dont Geoderis recommandait de condamner l’accès il y a six ans déjà.

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Une brochure pratique sur le groupe IMERYS

[depuis lenumerozero.info]

Cette brochure est née de la volonté de lutter contre l’ouverture d’une mine de lithium à Echassières. Ce projet de mine est porté par la société multinationale IMERYS, dont l’extraction de minerai est la spécialité. Et si nous ne voulons pas de mine ici dans l’Allier, nous n’en voulons pas non plus ailleurs.

Depuis quelques années, le « nouvel or blanc » du capitalisme (le lithium) reçoit un intérêt croissant de la part des exploiteurs, et pour cause : il est indispensable à la production des batteries électriques que l’on retrouve dans les voitures, les vélos, les trottinettes et autres produits phares du « capitalisme vert ». Sous couvert de transition écologique, le passage au tout-électrique entraîne un accroissement de la production mondiale d’électricité, et doit légitimer la construction de tout ce qui permet de la produire, de la transporter ou de la stocker. Ainsi, cette lutte contre l’implantation d’une mine de lithium est intrinsèquement liée aux luttes contre le nucléaire, les centrales photovoltaïques, les éoliennes industrielles ou encore les lignes THT. Pour les auteur-es de cette brochure, combattre un géant de l’industrie minière est un moyen parmi d’autres de s’opposer à ce mythe de la transition écologique, et plus généralement à la société capitaliste dans son ensemble. D’ailleurs, si nous mettons l’accent sur la multinationale IMERYS, c’est bien parce que celle-ci représente à merveille ce que nous voulons détruire : le système capitaliste, colonialiste et productiviste.

Alors à nous de jouer, détruisons IMERYS et son monde !

SOMMAIRE :imerys-cleaned

1 – Le projet de mine de lithium dans l’Allier (p.3)
2 – Imerys, une rapide présentation (p.6)
3 – Actionnariat du groupe Imerys (p.8)
4 – Conseil d’Administration et Comité exécutif du groupe Imerys (p.10)
5 – Sites du groupe Imerys en France (p.14)
6 – Les filiales du groupe Imerys implantées en France (p.15)
7 – Ressources et documentation (p.16)

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