Yverdon-les-Bains (Suisse) : Les vitres de GEO2X caressées à coup de masse

Renversé / mercredi 22 janvier 2025

Au cours de la nuit passée, nous sommes allées fracker à la porte des collabos du projet de Géothermie profonde : l’entreprise GEO2X, à Yverdon-les-Bains. Personne n’a répondu… Nous leur avons donc laissé quelques mots doux au spray pour les convaincre de lâcher le sale projet expérimental de Géothermie profonde à Glovelier. Et on en a profité pour effectuer, nous aussi, des mesures géophysiques contre toutes les vitres de l’entreprise. Les résultats sont navrants…

Quand tous les moyens légaux arrivent à bout de souffle, et que la confédération suisse et ses technocrates en viennent à imposer par la force leur projet expérimental dangereux, nous considérons que le passage à des actes d’autodéfense est complètement légitime ! Personne ne veut de leurs merdes qui vont créer des tremblements de terres et provoquer des dégâts environnementaux notamment dans l’eau recrachée.

Nous souhaitons juste pourvoir décider par nous-même de nos moyens de production énergétique. Nous, jurassien.nes, nous ne sommes pas des rats de laboratoire !

Par ce geste, nous nous inscrivons dans la lancée des courageu.ses qui ont tout récemment incendié quelques voitures à l’entreprise « Sitadel Sarl » à Delémont.

Geo-Energie Suisse SA, ni dans le Jura, ni ailleurs ! Laissons s’exprimer notre colère contre tout celleux qui participe à ce projet de GPP. Que ça s’intensifie et qu’ils reculent !
Soutenons la résistance !

Afin de mieux comprendre les enjeux et l’historique autour de ce projet nous te conseillons de lire ces articles suivants :

https://renverse.co/analyses/article/ni-ici-ni-ailleurs-de-la-lutte-locale-contre-la-geothermie-profonde-a-la-4555

https://renverse.co/infos-locales/Peut-etre-le-dernier-projet-pilote-de-geothermie-profonde-en-Suisse-1923

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Ukraine : Un village contre les déchets de l’extraction de pétrole et de gaz

Note de Campi selvaggi :

Cette contribution traite des dernières formes d’extraction de pétrole et de gaz dans la région de Kharkiv, mettant en lumière les tentatives des habitants de s’y opposer. Elle est intéressante à la lumière du scénario de dévastation et de pillage qui se dessine pour la future phase de « reconstruction d’après-guerre » sur le sol actuellement contrôlé par l’État ukrainien. Une affaire de plusieurs milliards dans laquelle l’État et les entreprises italiennes auront un rôle de premier plan. Ceci est explicitement confirmé par le communiqué du palais Chigi [siège de Meloni, ndtFr] diffusé en marge de la réunion bilatérale entre Giorgia Meloni et Volodymyr Zelensky au Forum de Cernobbio du 7 septembre : « Enfin, une attention particulière a été accordée au thème de la reconstruction, notamment en vue de la tenue en 2025 en Italie de la prochaine Ukraine Recovery Conference ». Zelensky lui-même a déclaré sur X : « L’un des thèmes clés dont nous avons discuté est la reprise et la reconstruction de l’Ukraine, en mettant l’accent sur la restauration de notre système énergétique ».

Sans aucune idéalisation des activités productives locales historiques, il faut souligner combien le dispositif de la soi-disante « transition écologique » est centrale dans la guerre en cours, où s’entrecroisent les intérêts du capitalisme fossile et du « capitalisme vert ». Il convient de rappeler que l’État ukrainien avait adhéré en 2021 à l’Alliance européenne des batteries et des matières premières, ainsi qu’a signé un partenariat stratégique et lancé un projet commun pour l’extraction du lithium de deux dépôts de Dobra, à Chevtchenko, dans les régions de Kirovohrad et Donetsk. Le sous-sol actuellement contrôlé par l’Etat ukrainien est riche en gisements de lithium (fondamental pour les batteries et la mobilité « green ») et des soi-disantes « terres rares » (essentielles pour les moteurs électriques, les appareils smarts, la filière éolienne, la fibre optique, le diagnostic médical) et y sont présents environ un tiers des réserves minières continentales (fer, manganèse, uranium, titane, zirconium, …), le soi-disant « bouclier ukrainien ». Matières premières essentielles également pour les activités des centrales nucléaires. En outre, l’Ukraine orientale est la deuxième plus grande réserve d’Europe en gaz naturel.

La population de Kolomak s’oppose s’oppose à la transformation du village en décharge à cause du forage des puits dans la région de Kharkiv

Il y a six mois que le groupe « Assemblée » a publié un article sur la dévastation de l’environnement par le secteur pétrolier et gazier dans les régions de Poltava et de Kharkiv, ainsi que sur les tentatives d’opposition de la population locale. Le 25 septembre à Novoivanivka, près de la frontière de ces régions [district autonome de Kolomak, ndtIt], une autre assemblée collective a eu lieu contre la construction d’une entreprise pour le traitement des déchets provenant du forage de pétrole et de gaz sur le territoire de la communauté.

Il y a environ trois ans, les représentant·e·s de « l’Agence pour la sécurité écologique » S.A.R.L. de Kharkiv se sont adressé·e·s aux autorités municipales. Iels ont proposé d’ouvrir une entreprise sur le territoire pour la culture d’arbres à croissance rapide de la variété Paulownia. À cette fin, les entrepreneur·e·s ont demandé à la communauté de mettre à disposition un terrain de 28,5 hectares sur le territoire de l’ancienne sucrerie Novoivanovsky, dans le village de Kolomak. De leur côté, iels ont promis d’améliorer [réaménager, ndtIt] les environs, de fournir des emplois à la population locale et d’installer une activité productive stable.

Le chef du raïon de Kolomak, Vladimirr Gurtovoy, déclare :

« L’étude de l’activité de la société « Agence de sécurité écologique » S.A.R.L. a montré que leur profil principal est la gestion des déchets de forage, pas l’agriculture. En conséquence, les habitants de Kolomak ont catégoriquement refusé leur offre. »

Plus tard, la société a acheté un bâtiment de seulement 2 mètres carrés sur le territoire du village et, avec l’aide d’un notaire, a enregistré la propriété du terrain qu’iels avaient l’intention d’utiliser. Ils ont demandé à la communauté locale de leur accorder l’accès à 28,5 hectares de terrain, mais les habitants ont refusé, comme le rapporte le directeur du district de Kolomak. Mécontents de la décision de la communauté, les entrepreneurs ont porté plainte devant le tribunal administratif de la région de Kharkiv. Après deux ans de litige, le tribunal a statué en leur faveur, obligeant la communauté à céder le terrain demandé. Malgré le recours des habitants de Kolomak à la Cour suprême, le verdict est resté inchangé (décision du 20.02.2023).

Récemment, la communauté a reçu un avis du Ministère de la protection de l’environnement et des ressources naturelles de l’État ukrainien, dans lequel il était mentionné que l’intention de « l’Agence de sécurité écologique » S.A.R.L. était de mettre en place une usine de traitement des résidus de forage dans le village.

« La communauté de Kolomak est catégoriquement opposée à cette décision, car il y a des bâtiments résidentiels avec des personnes qui vivent à seulement 20 mètres de la future installation. En outre, à 70 mètres de distance, il y a un puits existant qui fournit de l’eau potable à Kolomak. Il s’agit d’une zone où la construction de l’installation dangereuse est prévue et qui se trouve à haute altitude : au printemps, les eaux usées se jettent dans la rivière Kolomak, avec le risque de polluer la Vorskla et le Dniepr », souligne Vladimir Gurtovoy.

Le communiqué de presse de l’assemblée collective qui s’est tenue récemment indique que :

« Lors de la réunion, tous les participants ont protesté contre cette activité possible, car le terrain sur lequel l’entreprise entend transporter les déchets dangereux se trouve à l’intérieur du centre habité de Kolomak, à 20 mètres des bâtiments résidentiels et à 70 mètres d’un puits existant où les gens puisent de l’eau potable et à proximité d’une garderie. Le site où il prévoit de déposer les déchets est situé sur une colline et, lors des inondations printanières, l’eau de cette zone se jette dans la rivière Kolomak ; par conséquent, le dépôt des déchets sur ce site entraînera une pollution supplémentaire. Suite à la rencontre, plus de 200 signatures de citoyens qui ne sont pas d’accord avec cette activité ont été recueillies et envoyées au Conseil des ministres, à la Rada suprême [le Parlement, ndtIt] et à d’autres entités, avec la demande d’empêcher l’élimination de déchets dangereux dans les territoires choisis par l’entreprise. »

Avant-hier, les représentants de l’entreprise ne se sont pas présentés à la réunion pour défendre leurs plans. Selon le maire, il était impossible de contacter l’Agence — ils n’étaient pas disponibles.

« L’administration du raïon de Bohodoukhiv soutient pleinement la position des habitants du village de Kolomak d’empêcher la localisation de l’entreprise pour le traitement des déchets provenant de l’industrie de forage sur le territoire du village. Pour résoudre le problème revendiqué par les habitants locaux, nous avons l’intention de nous adresser au département compétent de l’administration régionale de Kharkov, non seulement de demander le soutien des députés du parlement », a déclaré le maire adjoint de Bohodoukhiv, Alexander Deineko.

Les médias citent également les mots d’un habitant local, selon lequel les gens sont extrêmement indignés par l’insolence de la société et les décisions du tribunal concernant l’occupation future des terres, donc ils sont prêts à une action radicale :

« J’ai vécu toute ma vie à Kolomak et tout donné à la communauté. En ce moment, mon fils et mon neveu défendent notre pays contre les Russes. Je ne peux pas croire que cela puisse arriver pendant la guerre. Nous avons organisé plusieurs fois des rencontres publiques sur ce sujet, mais personne ne nous prête attention. La création d’une telle structure est un attentat à notre vie et à notre santé. Personne ne nous considère. Nous sommes prêts à lutter jusqu’au bout, à faire appel à l’administration militaire régionale de Kharkiv, aux ministères, au Président de l’Ukraine ! Et si nous ne sommes pas écoutés, nous ferons des barrages routiers, des barricades humaines, mais nous ne laisserons pas les voitures qui transportent des déchets mortels venir ici. Nous ne le permettrons pas ! Ce n’est pas la bonne façon de nous traiter. » a déclaré Nadezhda Kruglaya.

La raffinerie de sucre de Novoivanovsky, dont la fermeture a ouvert la voie à ces plans destructeurs, a subi le déploiement de formes sauvages de capitalisme, ou de la non-rentabilité de la cuisson du sucre dans les conditions actuelles de l’État ukrainien. Selon l’Association nationale des producteurs de sucre d’Ukraine « Ukrtsukor », en 2013-2014, la betterave à sucre a été traitée par 5 des 8 usines survivantes dans la région de Kharkiv. Seules deux d’entre elles étaient en service pour la saison 2020-21, dans les villages de Houty et Bely Kolodes. Novoivanovsky a été fondée en 1901 et a récemment employé environ 300 résidents locaux, versant chaque année environ 7,5 millions de hryvnia [monnaie nationale ukrainienne, ndtIt] au budget local. Dans l’année de son 120° anniversaire, elle a cessé d’exister et a été mise à la casse, bien qu’elle ne soit pas techniquement obsolète. En février 2021, « Astarta Holding », qui comprenait la raffinerie de sucre, l’a vendue, ayant auparavant réduit les équipements et démantelé le chemin de fer pour l’usine. La société a expliqué la raison de la vente avec le manque de matières premières et l’absence de producteurs de betteraves à sucre dans la région de Kharkiv.

« À notre grand regret, le propriétaire qui a acheté l’usine reste fermement en place, il n’a pas acheté une usine de sucre, mais les locaux de la sucrerie avec un équipement réduit, et le louera ou le vendra pour toute activité productive non interdite par la loi », a écrit Gurtovoy à l’époque sur la page du conseil du raïon de Kolomak.

Le sucre produit localement a été remplacé par celui importé, car il est possible de cultiver la betterave sur place, mais il n’est pas rentable de la transporter sur de longues distances pour sa transformation. En outre, selon Sergey Khmel, ancien directeur technique de la sucrerie Novoivanovsky, aujourd’hui 20% du marché ukrainien des « bonbons » sont constitués de substituts du sucre importés de Chine : peu coûteux mais nocifs pour la santé. Leur utilisation est interdite dans de nombreux pays européens.

Il est très probable que la situation de Kolomak n’est qu’une préfiguration des processus qui se développeront après la guerre. Dans ce contexte, les activités productives locales seront remplacées par celles qui tuent l’environnement et ne nécessitent pas un grand nombre de travailleurs. La région de Kharkiv reste en tête du classement des ventes de terres agricoles depuis le début de la guerre à grande échelle. Sans parler des soldats avec trouble de stress post-traumatique qui ne sont pas encore revenus… Le cessez-le-feu hypothétique pourrait devenir un prélude à des choses plus intéressantes, quel que soit l’État qui contrôlera le terrain à ce moment. Le résultat dépendra toutefois de la force et de l’activité des communautés locales. Par exemple, avant la guerre, une révolte massive de la population de Zhikhar, près de Kharkiv, a déjoué les plans de l’oligarque Akhmetov d’extraire du gaz naturel à proximité des habitations.

Septembre 2024
Groupe anarchiste « Assemblée », Kharkiv
[assembly.org.ua]

 

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Forages pétroliers en Seine-et-Marne : « Une pollution aux hydrocarbures, c’est quasi définitif pour une nappe phréatique »

[pompé sur France 3]

Alors que l’entreprise Bridge Énergies, qui exploite une concession pétrolière à Nonville, souhaite construire de nouveaux puits, le projet est contesté devant la justice par Eau de Paris. Menace pour l’eau potable, risque de pollution… Des associations ont soutenu la régie publique lors de l’audience au tribunal administratif.

« Puits de pétrole à Nonville, c’est non« , pouvait-on lire sur des banderoles affichées devant le tribunal administratif de Melun ce jeudi matin. Des associations écologistes s’y sont rassemblées à l’occasion de l’audience sur le fond concernant un recours déposé par la régie Eau de Paris contre un arrêté préfectoral autorisant deux nouveaux forages pétroliers à Nonville. Tandis que Bridge Énergies exploite déjà trois puits sur place, ouverts entre 2012 et 2014, l’entreprise a obtenu de l’État d’en ouvrir deux autres d’une profondeur de 1 500 mètres.

Un projet contesté par Eau de Paris, qui pointe du doigt un risque de pollution pour deux de ses captages d’eau, à Villeron et Villemer, qui alimentent 180 000 Parisiens et Seine-et-Marnais en eau potable. « Le pétrole de Nonville qui menace l’eau potable, c’est non !« , dénonce sur X Dan Lert, président d’Eau de Paris et adjoint à la mairie de Paris en charge de la Transition écologique, présent lors de la manifestation.

Six associations, dont France Nature Environnement (FNE) et le Réseau Action Climat, ainsi que plusieurs communes, dont Paris et Nonville, ont déposé des interventions volontaires au soutien du recours.

« Le droit est très clair »

Bridge Énergies, qui est titulaire d’une concession d’exploitation du gisement courant jusqu’en 2034, produit quotidiennement 10 m³ de pétrole brut. Alors que la production de pétrole sur le territoire national représente moins de 1 % de la consommation française, l’entreprise rassemble trois emplois directs et 25 indirects.

Alors que l’entreprise Bridge Énergies, qui exploite une concession pétrolière à Nonville, souhaite construire de nouveaux puits, le projet est contesté devant la justice par Eau de Paris. Menace pour l’eau potable, risque de pollution… Des associations ont soutenu la régie publique lors de l’audience au tribunal administratif.

« Puits de pétrole à Nonville, c’est non« , pouvait-on lire sur des banderoles affichées devant le tribunal administratif de Melun ce jeudi matin. Des associations écologistes s’y sont rassemblées à l’occasion de l’audience sur le fond concernant un recours déposé par la régie Eau de Paris contre un arrêté préfectoral autorisant deux nouveaux forages pétroliers à Nonville. Tandis que Bridge Énergies exploite déjà trois puits sur place, ouverts entre 2012 et 2014, l’entreprise a obtenu de l’État d’en ouvrir deux autres d’une profondeur de 1 500 mètres.

Un projet contesté par Eau de Paris, qui pointe du doigt un risque de pollution pour deux de ses captages d’eau, à Villeron et Villemer, qui alimentent 180 000 Parisiens et Seine-et-Marnais en eau potable. « Le pétrole de Nonville qui menace l’eau potable, c’est non !« , dénonce sur X Dan Lert, président d’Eau de Paris et adjoint à la mairie de Paris en charge de la Transition écologique, présent lors de la manifestation.

Six associations, dont France Nature Environnement (FNE) et le Réseau Action Climat, ainsi que plusieurs communes, dont Paris et Nonville, ont déposé des interventions volontaires au soutien du recours.

A lire aussi : Nouveaux forages pétroliers en Seine-et-Marne : « Les risques de pollution sont vraiment trop élevés »

« Des risques très concrets »

« Les interventions volontaires, ce sont des textes complémentaires pour soutenir la démarche, avec des interventions des avocats des associations lors de l’audience« , résume Louis-Marie Barnier, administrateur à FNE Seine-et-Marne. Il indique que le tribunal a notamment demandé à Bridge Énergies de « préciser son étude d’impact sur les espèces protégées« .

Contacté, Jean-Claude Belliot, le maire de Nonville, dénonce lui aussi des « risques réels » pour sa commune : « Ce projet n’est pas adapté à une zone urbaine. Lors de travaux de maintenance réalisés en octobre et novembre sur l’exploitation, on a pu constater que les camions et engins ne respectaient pas le Code de la route. Voies inadaptées, feux de chantier… Le cadre de sécurité n’est manifestement pas une priorité pour eux, ça nous inquiète. »

« Le droit est très clair »

Bridge Énergies, qui est titulaire d’une concession d’exploitation du gisement courant jusqu’en 2034, produit quotidiennement 10 m³ de pétrole brut. Alors que la production de pétrole sur le territoire national représente moins de 1 % de la consommation française, l’entreprise rassemble trois emplois directs et 25 indirects.

Philippe Pont, président de Bridge Energies.
Philippe Pont, président de Bridge Energies.© Farid Benbekaï / France 3 Paris IDF

Charlotte Michelet, l’avocate de Bridge Énergies, refuse de s’exprimer sur le fond du dossier, mais réfute l’existence d’une « zone grise« , alors qu’une loi de 2017 prévoit l’interdiction progressive de l’exploitation d’hydrocarbures en France d’ici à 2040. « Le droit est très clair, il dit qu’au 1er janvier on arrête tout. Mais d’ici là, on peut continuer à exploiter dans les conditions qui sont fixées par la réglementation. C’est aussi simple que ça« , indique-t-elle à France 3 Paris Île-de-France.

 

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Sans dessous dessus. Apériodique pour chahuter l’extractivisme / n°1

Extraits de l’édito :

L’apériodique que tu tiens entre tes mains naît de l’envie de mieux comprendre le renouveau de l’extractivisme en Europe pour nourrir des perspectives de lutte. Il est le fruit de rencontres, de longues discussions et de pas mal de recherches sur un sujet qui ne nous était pas familier à tou.tes.

Cette publication, nous l’avons pensée comme un outil donnant des billes d’analyse et des informations pratiques à propos de projets industriels qui peuvent toujours être entravés, voire empêchés.

Nous avons cherché, avec nos propres bagages et moyens, à y voir plus clair dans un domaine complexe. Parce que la complexité arrange bien le pouvoir, empêchant tout un.e chacun.e de se saisir d ece qui pourtant nous concerne tou.tes, nous avons voulu rendre accessible ce que nous en comprenions, au risque parfois de simplifier et même de se tromper.

Nous nous sommes aussi dit que nous voulions éviter de parler par allusions. Alors, quitte à rabâcher des évidences, nous essaierons de préciser ce qui nous met en rogne et d’expliciter les mots avec lesquels nous le faisons.

Sommaire :

  • Sans dessous dessus. Sur l’extractivisme et cet apériodique
  • Lithium de l’Allier et autres comptes de fée. Sur les projets en cours
    et les discours qui vont avec
  • Le projet Emili Pourrie. Schéma explicatif du projet d’Imerys dans l’Allier
  • Sous la carrière, la rage ? Entretien avec des membres du collectif Stop Mines 03
  • C’est quoi le BRGM ? Petite explication d’un acteur de l’exctractivisme
  • Carte des principaux sites du projet Emili à partir des données fournies
    par Imerys
  • Lithium, blablatium… Contre et au-delà du terrain miné du
    débat public
  • Toujours plus ! Capitalisme en transition
  • Testla, tu peux pas test ! Panorama d’attaques
  • Vallée de la batterie. Carte des premières « gigafactories » en France
  • Plan de relent du nucléaire. Infos non exhaustives
  • Contre la guerre toujours, pas de vacances pour ses fabricants ! Communiqué contre le complexe militaro-industriel allemand
  • Dans vos mines. Chanson de lutte
  • Travail dans les mines. De la pioche à la Bagger 293
  • Géotherminable. Sur l’exploration de lithium géothérmal
  • L’insurrection ? C’est nickel ! Comment l’insurrection kanak touche l’industrie minière
  • Au fond du puits… la révolte ! Sur la réouverture des mines et les luttes en cours en Europe

Pour obtenir un exemplaire : sansdessousdessus@distruzione.org

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Hambach (Allemagne) : sabotage de stations de pompage de la mine de lignite

[pompé sur sansnom]

Traduit de l’allemand de de.indymedia, 15 janvier 2024

Plusieurs stations de pompage de la mine de lignite à ciel ouvert de Hambach, qui captent les eaux souterraines et en privent les forêts de Sündi et de Hambach, ont été sabotées. L’exploitant de la mine, RWE, a arrêté aujourd’hui les stations détruites. L’occupation de la forêt de Sündi continue, et n’est pas encore expulsée ! La porte est ouverte pour ceux qui luttent contre l’État, le capital et l’écocide ! Tout continue !


L’appel initial : tous à Sündi  !
(traduit de l’allemand de de.indymedia, 3 janvier 2025

Une fois de plus la machine monstrueuse frappe à notre porte ! Le plus grand trou d’Europe – la mine à ciel ouvert de Hambach – s’agrandit de jour en jour. Une… petite forêt, que nous appelons « Sündi » (qui faisait autrefois partie de la forêt de Hambach) se trouve désormais sur leur route (juste à côté des ruines du village de Manheim, que le géant du charbon RWE a déjà rayé de la carte).

Depuis septembre 2024, le bois de Sündi est occupé ! Là où la mine de charbon dévoreuse du monde est sur le point de s’étendre, une zone autonome a émergé, barrant le chemin à l’expansion de la mine et au système de mort qui l’anime. A présent nous arrivent la nouvelle que l’État souhaite expulser le bois de Sündi, certainement le 6 janvier.

Nous appelons tou-te-s celleux qui lisent cela à venir MAINTENANT au Sündi !!! Ou si vous voulez, venez chez nous dans la forêt de Hambach qui se trouve juste à côté, et qui va peut-être aussi être assiégée par les flics. Partagez les infos avec vos ami-e-s, choppez une tente et rejoignez un de nos endroits ! Ou faites des actions de solidarité où que vous soyez !

Nous envoyons amour et rage à nos ami-e-s à Dieti et Grünheide qui ont été expulsées ! Maintenant l’État tente d’expulser le Sündi – ne permettons pas que trois expulsions aient lieu en si peu de temps ! Transformons la tentative d’expulsion en cauchemar pour l’État et ses sbires !!!
Pas de compromis avec le Pouvoir ! Pas un pas de plus … pour l’expansion industrielle
En solidarité avec tou-te-s celleux qui luttent contre la domination

Quelques créatures vivant dans la forêt de Hambach (Hambi)

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Des milliers manifestent contre une licence d’exploitation d’une mine de tungstène en Inde

[pompé sur newindianexpress]

Plusieurs milliers de personnes ont convergé à Madurai pour s’opposer au projet d’exploitation minière par une filiale de la société Vedanta pour extraire du tungstène sur une surface d’environ 20 km2 à travers 10 villages de Melur taluk.
Les villageois, les militants écologistes et les agriculteurs n’ont cessé d’organiser divers types de protestations, exigeant que le syndicat et le gouvernement de l’État annulent la licence.

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Du pain et des parpaings – No minara 2

Voici l’épisode #22 de l’émission « Du pain et des parpaings » de Radio Pikez à Brest.

Après la dernière émission où nous avons été à Glomel (22) et rencontré deux membres du collectif Mine de rien qui s’oppose à l’extension de la mine d’Imerys, nous poursuivons avec cette 22ème émission sur le sujet de l’extractivisme minier.

En compagnie de Dominique Williams qui suit de près ces dossiers au sein de l’association Eau et Rivières de Bretagne, nous creusons le sujet : quelles logiques sous-tendent l’intensification de l’activité minière dans le monde et son renouveau en France métropolitaine ? Une mine responsable et durable est-elle possible ?

Nous irons en Ariège où Jacques Renoud nous raconte leur combat contre la réouverture de la mine de tungstène à Couflens et la saga judiciaire face à Variscan Mines. Et en Bretagne, Dominique Williams nous parle des nouvelles prospections minières et des actions qu’Eau et Rivières de Bretagne met déjà en place pour les contrer.

Voici le lien pour écouter et télécharger l’émission : https://hearthis.at/radiopikez/set/du-pain-et-des-parpaings/

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Uranium : Orano signe un accord avec la Mongolie

pompé sur La Tribune

Uranium : Orano signe un accord avec la Mongolie

Photo d’illustrationLe groupe public français a signé avec le pays d’Asie de l’Est un accord pour l’exploitation d’une grande mine d’uranium, importante pour les centrales nucléaires françaises.

Orano Mining est présent depuis 25 ans en Mongolie via les activités minières d'Areva que le groupe a repris.

JEAN-PAUL PELISSIER

Nouvel accord minier pour le groupe public français Orano (ex-Areva). Il a signé ce vendredi à Oulan-Bator avec la Mongolie pour pouvoir exploiter une vaste mine d’uranium. Un investissement présenté par Paris comme important pour l’approvisionnement des centrales françaises.

L’accord a été signé par le ministre français délégué chargé du Commerce extérieur, Laurent Saint-Martin, et par le directeur général d’Orano, Nicolas Maes, a constaté une journaliste de l’AFP. « C’est un contrat important en matière de souveraineté énergétique et d’autonomie stratégique », ont déclaré les services de Laurent Saint-Martin. Cet accord « concrétise l’ambition française de sécurisation, pour les prochaines décennies, de son approvisionnement en uranium », ont-ils par ailleurs indiqué dans un communiqué.

Des discussions entamées plus de 2 ans auparavant

Ce projet franco-mongol est développé depuis plusieurs années par Badrakh Energy, la co-entreprise entre Orano et l’entreprise publique mongole MonAtom. Et cette signature, qui concrétise la bonne santé des liens bilatéraux, se faisait attendre depuis octobre 2023. A cette époque, le protocole d’accord sur l’exploitation de ce site avait été paraphé en France lors d’une visite d’État du président mongol Ukhnaa Khurelsukh. Les discussions ont, en effet, débuté entre Orano et le gouvernement mongol il y a plus de deux ans.

Les détails de l’accord final ne sont pas connus dans l’immédiat, mais devraient l’être vendredi dans la journée. Selon un communiqué du gouvernement mongol cité par la presse et diffusé en 2024, l’accord prévoyait un investissement total de 1,6 milliard de dollars avec une mise initiale de 500 millions et une première production effective en 2027.

La Mongolie, vaste pays enclavé entre la Chine et la Russie, a misé sur les richesses de son sous-sol pour diversifier et stimuler son économie historiquement basée sur l’agriculture. Outre le cuivre, la Mongolie est un grand exportateur de minerai de fer mais aussi de charbon. De son côté, Orano Mining est présent depuis 25 ans en Mongolie via les activités minières d’Areva que le groupe a repris.

Un gisement «majeur»

D’après Orano, ce gisement d’uranium de Zuuvch-Ovoo, découvert par les géologues de l’entreprise dans le sud-ouest de la Mongolie, est « majeur ». Il possède environ 90.000 tonnes de ressources et devrait être exploité sur trois décennies. Selon les estimations, la production de ce futur site devrait être d’environ 2.500 tonnes par an, soit environ un quart de la consommation annuelle du parc nucléaire français.

Pour la France, assurer la fourniture en uranium des centrales françaises par une entreprise nationale, Orano, détenue à 90% par l’État, est crucial car elle permet de sécuriser les approvisionnements. Point important toutefois : l’uranium extrait ne sera pas uniquement dirigé vers la France, Orano ayant d’autres clients qu’EDF (l’exploitant des centrales françaises).

Et d’après le dernier rapport de l’Agence internationale de l’énergie paru jeudi, l’électricité d’origine nucléaire va atteindre un niveau record en 2025, représentant un peu moins de 10% de la production mondiale. Son centre géographique est notamment en train de basculer vers la Chine au détriment de vieux pays nucléaires comme les États-Unis ou la France. En 2023, plus de 410 réacteurs étaient en activité dans plus de 30 pays.

Par ailleurs, en 2022, Orano a produit 7.500 tonnes d’uranium issu de ses sites au Canada, au Kazakhstan et au Niger. Dans ce dernier pays, aux mains de putschistes depuis fin juillet, sa filiale de la Somaïr a dû cesser sa production de concentré d’uranium.

(Avec AFP)

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Au Canada, « la mine est un instrument de torture colonial »

pompé sur médiapart

Au Canada, « la mine est un instrument de torture colonial »

Alors que les projets miniers se multiplient au Canada, menaçant les terres autochtones, certains membres des Premières Nations organisent la lutte face aux entreprises extractivistes et aux gouvernements.

Celia Izoard

MontréalMontréal (Canada).– « La meilleure chose à faire pour le climat, c’est de laisser respirer ces terres », a déclaré Rick Cheechoo après un silence. Sur la carte du Canada épinglée au mur, il les indique en posant délicatement la main sur la zone concernée, comme s’il auscultait un poumon. Pour passer quelques jours de novembre dans ce centre communautaire de Montréal, Rick et d’autres membres de la Première Nation crie ont parcouru 1 400 kilomètres depuis les rives de l’Arctique.

Le nord de la province canadienne de l’Ontario, où ils vivent, abrite l’un des deux plus grands complexes de tourbières au monde. Ces « terres respirantes », comme on les appelle en langue crie, sont le territoire ancestral de neuf Premières Nations différentes qui y pratiquent la trappe (c’est-à-dire le piégeage), la pêche et travaillent le bois. Mais depuis la découverte en 2007 de gisements de nickel, de palladium et de cuivre, il a été rebaptisé « Ring of Fire » par les entreprises minières qui y détiennent des dizaines de permis d’exploration.

Comme le nickel peut servir à la fabrication de batteries et le cuivre à toutes sortes d’usages électriques, le projet prétend opportunément extraire des « minéraux critiques pour la transition ». Pourtant, il nécessite de construire une route de 500 kilomètres et menace un gigantesque puits de carbone naturel comparable aux forêts tropicales, dont la destruction relarguerait de grandes quantités de méthane.

 © Photo Paul Comeau

Selon un groupe de recherche de l’Université Laurentienne de Sudbury, le drainage des tourbières du nord de l’Ontario libérerait dans l’atmosphère l’équivalent des émissions annuelles de 39 milliards de voitures. « Bien sûr, une mine ne va pas tout détruire d’un coup, nuance Louise Nachet, doctorante à l’Université Laval (Québec) sur les enjeux extractifs. Mais une fois la route construite, les écosystèmes risquent d’être menacés par d’autres projets. »

Demande en métaux exponentielle

À Montréal, dans la grande salle du Centre St-Pierre qui bruisse de cris d’enfants et de bavardages, la carte du continent est couverte de points colorés, un pour chacune des localités représentées cette année aux rencontres du Western Mining Action Network, un réseau nord-américain de « communautés affectées par l’extraction minière oji ». La majorité de ces communautés sont des Premières Nations : Algonquins de l’Ontario, Attikameks de Haute-Mauricie, Ojibwés des Grands Lacs…

Toute la journée, dans ces ateliers, on parle de stratégie, de climat, de la santé des caribous. Et on pleure, parfois, comme cette oratrice qui vient d’apprendre que l’unique point d’eau de sa communauté est pollué aux métaux lourds.

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Si les peuples autochtones du Canada – cinquante Premières Nations, ainsi que les Inuits et les Métis – sont confrontés aux industries extractives depuis l’arrivée des Européens, les projets d’extraction de graphite, de lithium, d’uranium ou d’or se multiplient. La demande en métaux est exponentielle, portée par l’industrialisation des Brics, le secteur du numérique, la mise en production de milliards de batteries automobiles et la militarisation globale. Pour soutenir la guerre commerciale des puissances occidentales face à la Chine, le Canada a réaffirmé sa vocation de superproducteur de ressources. Dans les seules provinces du Québec et de l’Ontario, plus de 700 000 permis de recherche ont été accordés, tous en territoires autochtones.

Des métaux pour les industriels français et européens

En cette fin novembre, au congrès Mines + Energie de Québec, le ministère des ressources naturelles réunissait les entreprises minières autour de l’ambition du Québec de devenir le « chef de file mondial en matière de minéraux critiques et stratégiques ». Pour la deuxième année consécutive, on pouvait y croiser un envoyé de Matignon, Benjamin Gallezot, délégué interministériel à l’approvisionnement en minerais et métaux stratégiques (Diamms). En octobre 2023, la France a signé un accord de coopération bilatéral avec le Canada, puis une « déclaration d’intention » avec le Québec sur « les métaux critiques indispensables à la transition énergétique et numérique ». Au printemps 2024, un accord a été conclu avec la province du Saskatchewan pour l’achat d’uranium destiné aux centrales nucléaires.

Le gisement du projet Strange Lake est hautement radioactif, et toutes les communautés qui ont des droits sur ces terres y sont opposées.

« Plusieurs projets au Canada intéressent beaucoup les industriels français et européens », a déclaré le Diamms à la tribune, par exemple, « des terres rares pour approvisionner l’usine Solvay de La Rochelle ». Le géant européen de la chimie a créé en 2022 une nouvelle unité de production d’aimants permanents de haute technologie destinés à l’électronique, aux véhicules électriques, aux drones et aux éoliennes. Les matières premières dont elle a besoin sont le néodyme, le praséodyme, le terbium – des terres rares dont la production est particulièrement polluante. Au Québec, un projet de production baptisé « Strange Lake » a été lancé par l’entreprise canadienne Torngat Metals à 1 000 kilomètres au nord de Montréal, sur la Côte-Nord.

 Infographie Torngat Metals

C’est justement de là que venaient les délicieux homards frits mangés la veille, au Centre St-Pierre de Montréal : c’est un Innu de Sept-Îles, Roger Michel, qui les a pêchés. Dans les années 2010, avec sa communauté et un groupe de médecins, il s’est battu avec succès contre la création de mines d’uranium au nord du Québec. Aujourd’hui, Torngat Metals compte exploiter un gisement de la même zone, cette fois pour en extraire des terres rares.

« Ce gisement est hautement radioactif, et toutes les communautés qui ont des droits sur ces terres sont opposées au projet Strange Lake – les Innus, les Inuits et les Naskapis », a expliqué Marc Fafard, un ancien ingénieur, qui vit parmi les Innus depuis trente ans et travaille comme consultant juridique auprès des communautés autochtones. Le projet de mine, lui aussi présenté comme « indispensable à la lutte contre le changement climatique », est situé près du lac Brisson où plusieurs communautés chassent le caribou et pêchent une partie de l’année.

Pour le raffinage du minerai, une usine serait construite sur la Côte-Nord, dans la zone industrielle de Sept-Îles, juste à côté de la réserve de Uashat où vivent 1 500 personnes. Ces Innu·es, encore nomades il y a quelques décennies, ont déjà payé un lourd tribut à l’extraction minière. En 1949, ils ont été sédentarisés de force dans cette réserve pour permettre la mise en exploitation d’une mine de fer située à 300 kilomètres de là.

Traumatisme colonial

La raffinerie de Torngat Metals se trouverait à quelques centaines de mètres de la réserve. Elle concentrerait mille tonnes de terres rares par jour au moyen d’acides et de solvants, ce qui générerait des millions de tonnes de résidus radioactifs. Ce bassin toxique d’un kilomètre carré se trouverait aussi « à proximité du lac des Rapides où la ville puise maintenant notre eau potable, puisque toutes les autres nappes phréatiques sont contaminées par l’industrie », détaille Marc Fafard. Malgré l’opposition de la majorité des habitant·es, un fonds de l’État fédéral « pour l’infrastructure des minéraux critiques » vient d’attribuer au projet une subvention de 10 millions de dollars canadiens.

Les entreprises s’appuient sur le traumatisme des communautés autochtones pour avancer leurs projets.

Le Canada s’est engagé depuis une vingtaine d’années dans une politique nationale de « réconciliation » vis-à-vis des peuples autochtones. En 2008, le pays a présenté des excuses officielles pour le « génocide culturel » qu’a constitué le système des pensionnats, clé de voûte du système colonial. Entre 1894 et le milieu des années 1990, les enfants autochtones ont été systématiquement enlevés à leurs familles dès 6 ou 7 ans et placés dans des pensionnats religieux. Les élèves y étaient punis s’ils parlaient leur langue et ont souvent subi des violences physiques et sexuelles. Des milliers d’entre eux, morts de malnutrition et de mauvais traitements, n’en sont jamais revenus.

© Photo Paul Comeau

« Les addictions, les suicides d’adolescents, les violences… énumère Elysia Petrone, avocate d’origine ojibwée basée à Thunder Bay, au bord du lac Supérieur. Ce que nous vivons dans les réserves résulte en partie de ce traumatisme intergénérationnel. À cause de tous ces problèmes, les communautés renoncent souvent à lutter contre les projets miniers, poursuit cette membre de Mining Watch Canada venue assister à la rencontre au Centre St-Pierre. Les entreprises s’appuient sur le traumatisme des communautés autochtones pour avancer leurs projets. »

Le titre autochtone

La Loi constitutionnelle de 1982 reconnaît l’existence d’un titre autochtone (on parle aussi d’un titre aborigène) sur des terres, lorsque les Autochtones occupent des territoires que leurs ancêtres habitaient lors du contact avec les Européens, qu’un principe de continuité peut être établi entre l’occupation première et actuelle, et que ce titre n’a jamais été cédé de quelque façon que ce soit. Le titre autochtone est un droit territorial collectif et inaliénable, sauf par le gouvernement fédéral. En d’autres termes, il constitue un droit ancestral, mais différent des autres droits ancestraux également reconnus par la Loi constitutionnelle, car il comporte un droit d’utilisation qui ne se limite pas à des usages traditionnels.

En théorie, le Canada respecte la Déclaration des Nations unies sur les droits des peuples autochtones (2007) : un projet minier ne peut être réalisé sans leur « consentement préalable, libre et éclairé ». Mais « le système du free mining, qui date des ruées vers l’or du XIXsiècle, contrevient directement à ce principe », explique Rodrigue Turgeon, avocat et porte-parole du réseau Pour que le Québec ait meilleure mine. En un clic, n’importe quelle entreprise peut obtenir un permis d’exploration sur un territoire sans même en avertir les communautés détentrices de droits. Ce permis lui permet de construire un camp, de réaliser des forages et d’autres activités de prospection. Rodrigue Turgeon qualifie ce régime minier d’« instrument de torture colonial ».

Les Algonquins du lac Barrière font partie des rares Premières Nations à avoir trouvé les moyens de se défendre, avec l’appui du Centre québécois du droit de l’environnement. Le 18 octobre dernier, la Cour suprême leur a donné raison contre le gouvernement du Québec, qui avait attribué des permis d’exploration sans les consulter. Cette jurisprudence pourrait aboutir à invalider rétrospectivement des dizaines de milliers de permis attribués selon la même procédure en un clic. Mais le 4 décembre, le gouvernement a fait appel de cette décision. Une situation emblématique de l’ambivalence de l’État canadien, dont les ambitions extractivistes contredisent le repentir colonial.

Actions autochtones pour le climat

En 2015, dans son rapport sur le système des pensionnats, la Commission de vérité et réconciliation concluait que cette réconciliation nécessitait de « reconnaître les torts qui ont été causés, d’expier les causes et d’agir pour changer les comportements ». Le Canada peut-il « expier les causes » tout en cherchant à devenir un « fournisseur mondial de métaux critiques » ? « Les pensionnats étaient une manière pour les colonisateurs de s’approprier les terres, rappelle Donna Ashamock, membre de Mining Watch Canada, installée dans la communauté crie de Kitchenuhmaykoosib Inninuwug (« le lac de la grosse truite »), au nord de l’Ontario. Déraciner les enfants autochtones servait à faire place nette pour les activités extractives : mines, industrie forestière, barrages. Je ne peux pas me réconcilier avec le colonisateur s’il ne démonte pas sa propre maison. Et l’extraction de ressources est le pilier de sa maison. »

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Donna Ashamock fait partie d’Indigenous Climate Action, un réseau d’entraide « ancré dans les communautés et porté par la jeune génération » qui s’organise avec des peuples premiers du monde entier. Ce réseau valorise les pratiques de subsistance autochtones face à la catastrophe écologique et récuse les ententes « Répercussions et avantages » proposées aux Premières Nations par les entreprises minières. « La mine apporte une vie où l’on ne peut plus boire l’eau des lacs et pêcher, où les animaux sont malades, conclut-elle. Une vie où on doit tout acheter, il n’y a rien de plus fragile. Si nous conservons l’eau, les terres et la biodiversité, il nous restera quelque chose pour résister au changement climatique. »

Celia Izoard

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émission de radio

Une nouvelle émission sur « Du pain et des parpaings »

Cette émission nous parle de la
« carrière » de Glomel, dans le centre-bretagne, à écouter sur :
https://hearthis.at/radiopikez/dpedp21-nominaran-1/

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