Taranews 8 – La lutte ne fait que commencer… mais nous l’avons bien commencée !

[reçu par mail]

Bonjour à toutes et à tous,

Nous pouvons toutes et tous être fiers, en quelques mois seulement, notre mobilisation a pris une ampleur considérable. Nous étions 1000 manifestants le week-end dernier à Redon, et la presse nationale commence à s’intéresser à nous ! Avec la fin de l’année scolaire, il est temps de se réjouir de nos réalisations et de faire le point sur le travail que nous avons devant nous.

Breizh Ressources a effectué 7 permanences dans les mairies qui l’ont accepté. A chaque fois, nous avons été présents pour rétablir les faits. Nous vous proposons en fin de newsletter, un petit débunk de leurs arguments principaux.

Bonne lecture !

Nos avancées ? Nos perspectives ? On fait le point.

Réjouissons-nous mais ne lâchons rien !

Quel boulot !

C’est un sentiment partagé dans le collectif : nous sommes tous impressionnés de la quantité et de la qualité du travail qui a été fait.

  • Pour commencer, une action de porte à porte titanesque a permis de mailler une grande partie du territoire. L’association Eaux et Rivières de Bretagne a reçu déjà de très nombreux formulaires de refus d’exploration sur les terrains privés. C’est très encourageant car c’est notre principal levier d’action.
  • Des actions de sensibilisations auprès des élus et de la population ont été menées en quantité. De nombreuses réunions d’information ont été organisées. 16 des 20 communes du projet se sont prononcés contre. 4200 signatures ont été recueillies sur la pétition. Mais le plus fort symbole de l’efficacité de nos efforts, c’est peut-être la manifestation du 14 juin à Redon, où nous étions près d’un milliers de manifestants alors même que c’est un mois où chacun est très occupé.
  • Nous avons également réussi à faire parler de nous dans la presse régionale et même nationale : Ouest-France, France 3, M – Le Magazine du Monde, Le canard enchaîné, TF1, Le télégramme, Splann, plum FM, etc. On ne compte plus les articles et reportages sur le sujet.
  • Nous avons participé activement à la consultation publique qui s’est terminée lundi. L’État doit maintenant rédiger sa synthèse. Pendant toutes les permanences de Breizh Ressources dans nos mairies, nous avons proposé un stand pour expliquer aux habitants leur argumentation fallacieuse.
  • Tout cela a nécessité un formidable travail de préparation en amont : réflexion sur les argumentaires, création de visuels, de prospectus, d’affiches, animation du site internet et des réseaux sociaux, réunions avec les différents acteurs et partenaires, etc.
  • Enfin notre plus grande réussite est sans doute d’avoir su créer un collectif transpartisan qui ne joue pas le jeu des étiquettes ni des guerres de partis. Cela tient notamment grâce au souci de chacun de rester sur une argumentation scientifique et rationnelle. Nous pouvons en être fier.

Cinq axes de travail pour les mois à venir

Fort de toutes ces réussites, nous pouvons et devons continuer la lutte, voici les cinq domaines dans lequel vous pouvez venir nous aider.

  • La priorité reste qu’un maximum de formulaires de refus d’exploration sur les propriétés privées soient signés. Il faut le dire et le redire : c’est notre seul véritable levier d’action. Une fois qu’ils auront montré qu’il y a de l’or, l’État restant le propriétaire du sous-sol, ni les habitants, ni les communes, ni même la région ne pourront s’opposer au projet. Pour se donner un ordre d’idée, le projet Variscan avait été arrêté avec 80% de la surface couverte par des refus.
  • Une association va être créée pour pouvoir mener des actions en justice et gérer une trésorerie. Nous ferons l’assemblée constituante le 26 juin prochain. Si vous voulez nous rejoindre et devenir adhérents, n’hésitez pas à nous contacter.
  • Des actions de communication auprès des actionnaires et des acheteurs potentiels du permis d’exploitation vont être réalisées, afin de les informer de l’ampleur de la mobilisation et des risques financiers et juridiques que représente pour eux un tel projet.
  • Nous allons intensifier nos échanges avec la presse régionale et nationale pour alerter le grand public.
  • Enfin nous allons commencer un travail de réflexion pour une société plus sobre en métaux.

Pour sortir de la mine, le plus sûr chemin n’est pas le plus court

Ou pourquoi nous sommes légitimes à combattre des mines alors que nous utilisons des smartphones

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Un argument revient sans cesse : nous serions hypocrites car nous ne voulons pas des inconvénients des mines alors que nous utilisons des métaux. Breizh Ressources va jusqu’à dire que nous avons tous une mine dans notre jardin constituée du métal de nos vélos électriques, de nos ampoules LED, de nos peintures murales ou du revêtement des chaises de jardin.

Cet argument a le mérite de reconnaître qu’une mine pollue, et que notre consommation de métaux est problématique. Mais il considère que cette consommation reste un choix individuel et que nous devrions assumer les conséquences d’un tel choix, et laisser faire…

Mais il oublie l’essentiel : nous n’avons pas choisi de naître dans un monde aussi dépendant des métaux. Et si nous voulons que ce monde change, nous n’avons pas d’autres choix que d’utiliser les outils de ce monde. Le plus bel exemple nous a été fourni par la consultation publique : entièrement dématérialisée, il était impossible d’y répondre sans utiliser un ordinateur ou un smartphone.

L’hypocrisie est donc davantage du côté de celui qui en appelle à l’hypocrisie. Il sait bien que, nous qui cherchons à descendre de l’arbre de la surconsommation métallique, nous ne pouvons pas scier directement la branche sur laquelle nous sommes assis. Ou dit autrement, que le plus sûr chemin pour sortir d’une mine n’est pas de creuser à la verticale mais d’emprunter encore un temps ses galeries.

Alors comment sortir peu à peu de la mine ? Il existe des solutions mais elles sont collectives. Recycler, réparer, et surtout lutter pour que les objets soient recyclables et réparables, plus sobres en métaux. Est-ce qu’un lave-linge a besoin d’être tactile ? Est-il normal qu’ayant la technologie pour créer des ampoules éternelles, nous n’en produisons pas ? Pourquoi sommes nous si lents pour standardiser les pièces électroniques ? On peut imaginer un monde avec des smartphones résistants, réparables, recyclables. Et nous souhaitons travailler à sa réalisation.

Réduire collectivement notre consommation en métal est possible, et c’est pourquoi nous continuerons à dire que nous ne voulons ni mines ici, ni mines ailleurs, et ce, avec ou sans nos smartphones !

Une mine responsable ? C’est possible ?

Florilège des petites « omissions » de Breizh Ressources

La mine « souterraine » de Mitterstill (Autriche)

Regardez-bien ces deux images. A gauche, vous avez l’entrée de la mine de Tungstène de Mittersill en Autriche. C’est l’exemple favori des porteurs de projets miniers en Europe (et de Breizh Ressources bien sûr). La mine serait entièrement souterraine. Une fois les minerais retirés, les roches seraient remises dans les galeries pour les combler. Rien d’autre que le tungstène ne sortirait de cette mine. Même le parking des employés est souterrain. C’est une histoire séduisante, c’est certain.

Cependant, les défenseurs des mines oublient généralement de décrire une partie du dispositif industriel. L’image de droite, a été prise à quelques kilomètres au nord de l’entrée de la mine, on y voit de gigantesques bassins de rétention de boues toxiques. Car oui, la réalité n’est pas aussi simple. Ceux qui ont déjà cassé et déblayé un mur le savent bien, lorsque la roche est cassée elle prend beaucoup plus de place que lorsqu’elle est intacte, 2,5 fois plus en moyenne. Alors certes, on peut reboucher les galeries mais il reste encore beaucoup de matière à stocker.

La solution de Breizh Ressources : valoriser les déchets ?

A Breizh Ressources, ils ont pensé à tout, et ils nous tentent de nous rassurer : il y aura moins de déchets car ils valoriseront les déchets. Ils prennent l’exemple du projet de mine de Lithium d’Echassières (Allier), Imerys souhaiterait y valoriser le quartz et le feldspath qui sont aujourd’hui considérés comme des déchets.

Alors passons déjà sur le fait qu’il est bien facile pour eux de s’engager sur l’exploitation minière alors qu’ils seront les premiers à disparaître dès qu’il auront vendu le permis. Mais surtout, faisons un rapide calcul. Les teneurs en métaux sont très faibles dans les gisements exploitables : de 0.1 à 2%. Mettons que la mine du futur soit vraiment très forte et qu’en cumulant toutes ces teneurs, la mine parvienne à exploiter 20% de la roche extraite, ce qui parait déjà impensable. Et bien les déchets continueront d’occuper 2 fois plus de place que la roche intacte. C’est mieux mais on est encore très loin d’avoir résolu le problème !

Rappelons d’ailleurs que ces déchets sont toxiques à cause des métaux lourds tels que le plomb, le mercure, l’arsenic ou encore l’antimoine, mais aussi par les procédés d’extraction qui utilisent quantités de produits chimiques, dont, pour l’or, du cyanure.

Et l’eau dans tout ça ?

Mais ce qu’on oublie surtout de dire, c’est que ce n’est pas parce qu’une mine est invisible qu’elle n’est pas dangereuse. En particulier, lorsqu’on creuse sous une nappe phréatique, on la draine et on la pollue puisqu’elle passe dans des galeries où les métaux lourds ont été rendus disponibles.

Et en ces temps de canicule nous en sommes conscients : nous avons peu de ressources en eau en Bretagne.

La réponse est donc simple : une mine propre ça n’existe pas, et une mine responsable ça ne veut rien dire.

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