Lithium, batteries et contes de fées. Sous la carrière, la rage !

[pompé sur numéro zéro]

Du lithium extrait en France ? Métal pour le moment indispensable pour fabriquer les batteries rechargeables, le lithium voit sa demande et son prix grimper à tel point que son exploitation dans l’Hexagone peut devenir réalité. C’est en tout cas l’intention de l’entreprise Imerys qui envisage d’en extirper des sous-sols de l’Allier. Dans une carrière de kaolin qu’elle exploite déjà à Échassières (à 38 km de Vichy), elle compte développer une mine au doux nom d’Emili (pour « exploitation de mica lithinifère par Imerys »), devant fournir 34 000 tonnes d’hydroxyde de lithium par an pendant au moins 25 ans.

Autant dire que l’enjeu est de taille. Les gigafactories (usines de batteries pour véhicules électriques), qui ouvrent leurs portes les unes après les autres dans le nord [1], pourraient ainsi se fournir localement. Macron, qui claironne que la France peut devenir exportatrice nette de batteries, applaudit des deux mains. L’un de ses autres objectifs, faire produire aux constructeurs français 2 millions de voitures électriques par an d’ici 2030 [2] serait, lui aussi, plus facile à atteindre. D’autres filières industrielles s’en trouveraient peut-être favorisées, vu que toujours plus de secteurs dépendent de la fée électricité et de ses batteries. Sans elles, il n’y aurait pas de « mobilité » des appareils électroniques, pierre angulaire des smart cities et du projet cybernétique de gouvernement automatique. Les guerres « modernes » se feraient sans les drones, et beaucoup d’autres machines trivialement mortifères ne sauraient fonctionner. Enfin, si le lithium est surnommé « or blanc », c’est parce que l’électrification de tout, et notamment du parc automobile, est l’un des axes centraux de la (mal) dite « transition écologique ». Si cet or blanc était produit ici, la France pourrait faire bonne figure dans les bilans du Green Deal européen [3] – tout en garantissant un avenir radieux au parc nucléaire tricolore, dangereusement vieillissant et cependant en cours de « relance » et d’extension.

Il y a des perspectives qu’Imerys et le gratin bureaucratique et politicien qui lui sert de soutien sont plus enclins à passer sous silence. Ils ne crient pas sur tous les toits que la mine utilisera l’eau en quantités faramineuses à l’heure où son manque devient chronique et de plus en plus inquiétant. Ni qu’elle laissera sur place des millions de tonnes de roche potentiellement toxique, voire radioactive. Ils restent discrets sur les nuisances pour celles et ceux qui vivront près des futures installations : mine, voies de transport, usine de conversion. Ils ne disent pas qu’après être exploité, le site d’Échassières risquera fort de ressembler à d’autres anciens sites miniers ravagés à jamais, ceux dont les habitant.es ont bien compris que leurs vies comptent pour du beurre dans la vaste mascarade de « gestion » de l’après-mine. Pourtant, l’un de ces sites se trouve dans le secteur-même où Imerys mène son projet, au Mazet, à quelques kilomètres d’Échassières. Dans cette zone anciennement exploitée pour du tungstène, Geoderis, le groupement d’intérêt public dont la mission est d’assister l’État dans l’après-mine, a constaté, il y a plus de cinq ans déjà, des pollutions plus qu’alarmantes des eaux et des sols en métaux lourds, parmi lesquels l’arsenic et le plomb. Leur classement par Geoderis (« E », le plus haut niveau de pollution minière du pays, « susceptible de présenter un risque très significatif pour la santé humaine et l’environnement ») n’a pas empêché la prolongation du permis de recherche octroyé par l’État à Imerys, et n’a, jusqu’à maintenant, d’aucune manière freiné son projet. Pire, les résultats de l’expertise n’ont pas été communiqués aux habitant.es de la zone. Ni aux personnes vivant là depuis longtemps, ni à celles arrivées plus récemment, séduites par les bas prix de quelque écrin de verdure … aux concentrations en métaux lourds dans les sols dépassant jusqu’à 7 fois les « seuils de risque » fixés par les normes officielles !

Depuis dix ans, au moins une dizaine de permis de recherche de métaux (cuivre, or, étain, zinc, argent, tungstène, lithium, antimoine et autres) ont été distribués dans l’Hexagone. Emili est le premier de ces projets à être passé, en octobre 2022, en phase de « développement » (qui précède l’exploitation effective). Importante entreprise « française » [4], qui s’autoproclame « responsable », cette spécialiste des minéraux et matériaux industriels a déjà plusieurs scandales sur le dos. Elle a par exemple été poursuivie aux États-Unis pour avoir fourni des produits à base de talc contenant de l’amiante (et donc provoquant des cancers), et au Brésil pour de graves pollutions de cours d’eau amazoniens. Dans l’Allier, dès cette année (2024), elle compte démarrer la construction d’un pilote industriel qu’il est question de mettre en service en 2025 pour produire 400 tonnes d’hydroxyde de lithium par an. Sa « vraie » mine, Imerys la projette pour 2028. Le sauvetage du climat n’attend pas, ses nouveaux marchés non plus !

La funeste transition écologique n’a d’écologique que le nom – ne serait-ce que par le poids de ses technologies en matières premières et en désastres inévitables pour les obtenir. Elle n’est pas non plus une transition : les nouveaux besoins industriels des filières dites vertes ne remplacent pas, mais s’ajoutent à ceux des vieilles filières plus classiques, et la somme de ces besoins industriels ne cesse de croître. Dans le monde, on n’a par exemple jamais extrait autant de charbon qu’aujourd’hui, quand bien même la part des « énergies décarbonées » dans le mix énergétique augmente. Sauver la planète – technologique et capitaliste – en détruisant ce qu’il y reste de vie, étendre jusqu’aux derniers confins l’emprise du contrôle et de la quête du profit, réduire les territoires à l’unique rôle d’être exploités pour les richesses qu’ils recèlent (« matière grise », « or blanc », attraits touristiques, espace vide à remplir…) en assignant dans ce même mouvement aux « administré.es » par un État des rôles standardisés, productifs et facilement gouvernables, – voilà la perspective plus vaste tracée par les projets tels qu’Emili. Et, n’en déplaise aux acceptologues de « la mine locale » [5] (bio et équitable ?), les dégâts qu’un tel projet risque de produire en France n’épargneront d’aucune manière d’autres pays moins « protégés » par des réglementations environnementales et sociales, puisqu’il est dans la logique du capitalisme d’extraire tout ce qui peut être économiquement intéressant, puisque extraire « ici » n’empêche pas de le faire aussi « ailleurs ».

Le projet Emili est encensé par le gouvernement. Il jouit de son entier soutien (entre autres, des subventions de France Relance). L’État a tout intérêt à appuyer le développement d’une filière comme celle de lithium (sécurité de l’approvisionnement des industries en matières critiques), et, de manière plus générale, à mettre en place les conditions optimales de l’exploitation des « richesses » qui lui procurent aussi des citoyen.es gouvernables à souhait. De ces raisons, la transition écologique servie à toutes les sauces n’est que la pointe de l’iceberg. Mais l’écologie a bon dos. Dans la bouche des gouvernants et des médias, l’électricité – dont les infrastructures dévorent l’espace et des montagnes de matières – est une « énergie verte ». Des experts assurent que le nucléaire sauvera le climat. Les industriels et leurs chantres jurent leurs grands dieux que les nuisances seront gérées. Personne n’a encore proféré qu’avaler des couleuvres stimulait la digestion, mais nous pouvons le déduire nous-mêmes. Nous sommes beaucoup à en avoir la nausée. Quant à l’Allier, tout le monde n’y accepte pas de se laisser miner et de fournir du carburant à cette énième mutation du capitalisme. Le 26 janvier prochain, des membres du collectif Stop Mines 03 seront à Saint-Étienne pour nous parler de leur lutte et de ses enjeux, qui nous concernent toutes et tous.

Notes

[1La première de ces usines qui fabriqueront des batteries lithium-ion, opérée par Automotive Cell Company (co-entreprise de Stellantis, TotalEnergies et Mercedes) s’est ouverte en mai 2023 à Billy-Berclau, dans le Pas-de-Calais. Pour 2030, elle devrait fabriquer de quoi équiper en batteries 500.000 véhicules. Trois autres sont en projet, une près de Douai (de l’entreprise sino-japonaise AESC-Envision pour fournir Renault Electricity) et deux à Dunkerque (de la start-up grenobloise Verkor et du groupe taïwanais ProLogium). Le groupe ACC gère aussi un centre de recherche en Charente. Par ailleurs, depuis dix ans, Bolloré fabrique dans le Finistère des batteries à électrolyte solide (lithium-polymère, une technologie concurrente) et Saft développe une ligne de fabrication de batteries prototypes de type « tout-solide » à Bordeaux.

[2A partir de 2035, la vente de véhicules thermiques neufs sera interdite dans l’Union européenne.

[3Le Green Deal européen est un programme de mesures (taxation carbone, révision des cadres législatifs, etc.) et de fonds visant la « neutralité climatique » de l’UE à l’horizon 2050, qui cible notamment le développement des énergies dites « renouvelables » et du parc de véhicules électriques. Il a été intégré dans le plan européen de relance post-Covid doté d’un fonds de 750 milliards d’euros (reversé aux plans de relance nationaux).

[4Domiciliée à Paris mais aux capitaux majoritairement belges et canadiens, ceux des holdings des familles Frère (groupe Bruxelles Lambert, basé à Bruxelles, actionnaire majoritaire d’Imérys) et Desmarais (Canada).

[5Par exemple, Guillaume Pitron, auteur d’ouvrages détaillés sur ce sujet, qui ne tait pas les ravages générés par les mines mais argumente que les Européen.nes devraient subir eux et elles-mêmes les conséquences néfastes de leur confort, plutôt que de les délocaliser.

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La justice anglaise annule un projet de mine de charbon

[depuis reporterre]

C’est un projet climaticide et anachronique qui ne verra finalement pas le jour. L’autorisation de construction d’une nouvelle mine de charbon à Whitehaven, dans le nord-ouest de l’Angleterre, a été annulée par la Haute cour de justice anglaise, vendredi 13 septembre. « L’hypothèse selon laquelle la mine proposée n’entraînerait pas d’augmentation nette des émissions de gaz à effet de serre […] est juridiquement erronée », a notamment argué le juge dans sa décision.

Ce projet, validé par le gouvernement conservateur britannique en 2022, avait dès le départ fait l’objet de deux plaintes, dont une de l’ONG écologiste Friends of the Earth. Le gouvernement travailliste arrivé au pouvoir en juillet dernier avait, par ailleurs, renoncé à défendre ce projet devant la justice, reconnaissant « une erreur » du gouvernement précédent. La mine aurait été la première à être construite en trente ans au Royaume-Uni, et ambitionnait d’extraire 3 millions de tonnes de minerai par an.

Cette décision constitue « une immense victoire pour l’environnement et pour tous ceux qui se sont battus contre cette mine de charbon nuisible au climat », a salué l’avocat de Friends of the Earth, Niall Toru, dans un communiqué relayé par l’AFP. Le gouvernement britannique doit encore reconsidérer formellement l’autorisation accordée au projet, ce qui devrait aboutir à « rejeter une fois pour toutes cette mine », selon Niall Toru. West Cumbria Mining, l’entreprise en charge du projet, peut encore décider de faire appel de cette décision.

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Revendication du sabotage de lignes TGV quelques heures avant la cérémonie d’ouverture des Jeux Olympiques de Paris 2024

Ils appellent cela une fête ? Nous y voyons une célébration du nationalisme, une gigantesque mise en scène de l’assujettissement des populations par les États.Sous des airs ludiques et conviviaux, les Jeux Olympiques offrent un champ d’expérimentation pour la gestion policière des foules et le contrôle généralisé de nos déplacements.

Comme tout grand évènement sportif, ils sont aussi à chaque fois l’occasion de vouer un culte aux valeurs qui fondent le monde du pouvoir et de l’argent, à la concurrence généralisée, à la performance à tout prix, au sacrifice pour l’intérêt et la gloire nationale.

L’injonction à s’identifier à une communauté imaginaire et à soutenir son supposé camp d’appartenance n’est pas moins néfaste que l’incitation permanente à voir son salut dans la bonne santé de son économie nationale et dans la puissance de son armée nationale.

Il faut aujourd’hui des doses toujours plus grandes de mauvaise foi et de déni pour ne pas voir toute l’horreur que génère la société de consommation et la poursuite du prétendu « bien-être à l’occidental ». La France voudrait faire de cette grande messe la vitrine de son excellence. Elle ne pourra bercer d’illusions sur son rôle vertueux que ceux qui ont décider de se mettre des œillères, et qui s’en accommodent. Nous leur adressons notre mépris le plus profond.

Le rayonnement de la France passe par la production d’armes dont le volume de ventes la place deuxième exportateur mondial. L’État est fier de son complexe militaro-industriel et de son arsenal « made in France ». Répandre les moyens de la terreur, de la mort et de la dévastation à travers le monde pour assurer sa prospérité ? Cocoricooo !

N’en déplaise aux crédules qui croient encore aux fables démocratiques, l’État français emploie aussi sa panoplie répressive pour affronter sa propre population. Pour mater les émeutes après le meurtre de Nahel par la police en juin 2023 ou pour tenter d’arrêter le soulèvement anticoloniale en Kanaky récemment. Tant qu’il existera, l’État ne cessera de la mettre à l’oeuvre pour combattre ceux qui défient son autorité.

Les activités des entreprises françaises à travers le monde rendent toujours plus manifeste les dévastations sociales et environnementales que produit le système capitaliste. Celles nécessaires pour reproduire l’organisation sociale actuelle, et celles inhérentes au progrès scientifique et technologique. Progrès qui ne perçoit l’enchaînement des catastrophes passées, présentes et à venir que comme l’occasion d’un bond en avant.

Total poursuit le pillage et la spoliation de nouvelles contrées en quête de pétrole et de gaz de schiste (Afrique de l’est, Argentine etc). Sous couvert de son nouveau label vert, l’industrie du nucléaire et l’exportation du savoir-faire français en la matière nous assure, à plus ou moins brève échéance, une planète irradiée, donc littéralement inhabitable. Rien de plus qu’une crise de plus à gérer pour les promoteurs de l’atome. Eux qui ne peuvent se passer de leur coopération avec l’État russe à travers son géant Rosatom et de l’appui de son armée pour écraser le soulèvement au Kazakstan en 2022, important pays fournisseur d’uranium. Ce minerai qui fait tourner les 58 réacteurs de l’hexagone.

Alors, quel est le coût humain, social et environnemental pour que quelques privilégiés se déplacent vite et loin en TGV ? Infiniment trop. Le chemin de fer n’est d’ailleurs pas une infrastructure anodine. Il a toujours été un moyen pour la colonisation de nouveaux territoires, un préalable à leur dévastation et une voie toute tracée pour l’extension du capitalisme et du contrôle étatique. Le chantier de la ligne appelée « Tren maya » au Mexique, auquel collabore Alstom et NGE, en est une bonne illustration.

Et les batteries électriques indispensables à la prétendue « transition énergétique » ? Parlez-en, par exemple, aux travailleurs de la mine de Bou-azeer et des habitants des oasis de cette région marocaine qui font les frais de cette ruée vers l’or du XXIème siècle. Renault y extrait les minerais nécessaires pour donner bonne conscience aux écolos des métropoles sur le dos de vies sacrifiées. Parlez-en à ce « peuple de la forêt » de l’ile d’Halmahera au nord-est de l’Indonésie, aux Hongana Manyawa qui désespèrent de voir la forêt où ils vivent être détruite sur l’autel de la la « transition écologique ». L’État français, via la société Eramet, participe au ravage de terres jusque là épargnées. De même, il ne veut pas lâcher le Caillou mélanésien pour continuer à y arracher le précieux nickel.

Nous nous arrêterons ici dans l’impossible inventaire des activités mortifères et prédatrices propre à tout État et à toute économie capitaliste. Cela ne serait d’ailleurs d’aucune aide pour rompre avec une vie fade et déprimante, avec une vie d’exploités, et pour affronter la violence des États et des chefs religieux, des chefs de famille et des patrouilles de police, des patriotes et des milices patronales, autant qu’à celle des actionnaires, des entrepreneurs, des ingénieurs, des planificateurs et des architectes du ravage en cours. Fort heureusement l’arrogance du pouvoir continue de se heurter à la hargne des opprimé-e-s rebelles. D’émeutes en insurrection, lors de manifestations offensives et de soulèvements, à travers des luttes quotidiennes et des résistances souterraines.

Qu’en ce jour résonnent alors, à travers le sabotage des lignes TGV reliant Paris aux quatre coins de la France, les cris de « femme, vie, liberté » d’Iran, les luttes des amazoniens, les « nique la france » venant d’Océanie, les désirs de liberté qui nous parviennent du Levant et du Soudan, les combats qui continuent derrière les murs des prisons et l’insoumission des déserteurs du monde entier.
A ceux qui reprochent à ces actes de gâcher le séjour de touristes ou de perturber les départs en vacances, nous répondons que c’est si peu encore. Si peu comparé à cet événement auquel nous souhaitons participer et que nous appelons de tout cœur : la chute d’un monde qui repose sur l’exploitation et la domination. Là oui, nous aurons quelque chose à fêter.

Une délégation inattendue

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En Bretagne, une mine d’Imerys accapare et pollue la ressource en eau

[depuis reporterre]
La multinationale française Imerys souhaite ouvrir une nouvelle fosse d’extraction dans sa mine à ciel ouvert, située à Glomel, en Bretagne. Plusieurs associations dénoncent des conséquences majeures sur l’eau.

« Regardez ce qu’Imerys a fait du périmètre de protection de notre captage d’eau potable », commente Jean-Yves Jégo, conseiller municipal de Glomel et membre de l’association Douar Bev (« Terre vivante »). Il faut dire que la vue est spectaculaire. Au milieu des champs, nous contemplons la « fosse n°3 », un trou large comme 30 terrains de football et profond comme 5 immeubles haussmanniens superposés. On y extrait de l’andalousite, un minéral résistant aux très hautes températures utilisé pour produire des fours, des têtes de missiles ou des blocs moteurs de camions. Imerys prévoit de creuser bientôt une nouvelle fosse, la quatrième, comme celle-ci : « Incompatible avec la préservation de l’eau ! » dénoncent une partie des riverains et les associations.

« Nous sommes ici sur le château d’eau de la région, en tête de deux bassins versants, indique Dominique Williams, de l’association Eau et Rivières, celui de l’Ellé, qui se jette dans l’océan à Quimperlé, et celui du Blavet, qui coule jusqu’à Lorient. » Ces têtes de bassins sont formées de ce que les hydrologues appellent un « chevelu », à l’image des innombrables petits traits qui les représentent sur une carte : les petits ruisseaux qui font les grandes rivières. Ce sont les sites à préserver en priorité pour protéger les nappes phréatiques et les captages d’eau en aval. Cette sensibilité est plus forte encore en Bretagne, qui « dispose de très peu de ressources en eau souterraine et dépend des eaux de surface pour son alimentation », ajoute Dominique Williams.

Exploitée depuis les années 1970, la mine de Glomel, 1 300 habitants, est longtemps passée inaperçue — peut-être parce qu’elle n’est, du point de vue de l’administration, qu’une carrière [1]. Pourtant, son fonctionnement est celui d’une mine : le minerai contenant 15 % d’andalousite est acheminé vers l’usine toute proche où il est concassé, broyé et concentré dans des bains d’acide sulfurique et autres réactifs. Sa transformation produit chaque année plus de 1 million de tonnes de déchets boueux ou solides, ces derniers formant, tout autour de nous, ces collines grises de 300 mètres de haut.

mine glomel

Pour creuser il y a trente ans cette troisième fosse dans la zone de protection d’un captage d’eau, Imerys avait bénéficié d’un miracle : une dérogation de la préfecture. Et ce, malgré un risque de pollution connu, puisque la roche excavée ici contient de la pyrite : au contact de l’eau, elle génère un jus acide qui draine des polluants métalliques. En 2004, la cour d’appel de Nantes saisie par un agriculteur a annulé cette dérogation : le périmètre de protection devait être remis en état. Mais quand ? Contacté par Reporterre, Thomas Louvet, responsable projets miniers chez Imerys Glomel, indique que la réhabilitation est bien prévue, mais « en fin d’exploitation, entre 2040 et 2045 ».

« Force est de constater qu’Imerys ne maîtrise pas les impacts de cette mine, affirme Armelle Renault, ingénieure agronome vivant à moins de 1 kilomètre du site qui participe depuis deux ans à un groupe de veille citoyenne sur la mine. On a découvert par hasard que l’un des piézomètres, appareil qui mesure les niveaux d’eau et leur composition, avait détecté des concentrations de métaux très anormales dans les eaux souterraines. » Sur la plaquette imprimée en couleurs qui justifie l’ouverture de la fosse n°4, Imerys assure n’avoir « aucun impact sur les eaux souterraines et superficielles ».

Pourtant, interrogée par Reporterre, l’entreprise a admis l’existence de ce problème de concentration de métaux. Elle y répondra « par la pose de quatre nouveaux piézomètres », mais « n’en connaît pas la cause ». L’appareil de mesure se trouve au pied d’une montagne de déchets miniers (la « verse Roscoat »), juste à côté du précédent site d’extraction (la fosse n°2) désormais utilisé par Imerys pour déverser ses déchets liquides. Sous ses allures de lac de montagne, il reçoit en continu les boues de traitement de l’usine d’andalousite, contenant des taux très élevés de métaux cancérigènes comme le cadmium et le cobalt. Résultat : la fosse n°2 est un lac d’eau acide et de déchets toxiques qui peuvent s’infiltrer dans les eaux souterraines.

Des volumes d’eau immenses

Derrière le conflit autour de la mine de Glomel, se cache l’eau nécessaire à son activité. La consommation est dissimulée et minimisée par Imerys depuis des décennies. « À cette question, on obtient toujours des réponses partielles et embrouillées, raconte Armelle Renault. En réunion de comité de suivi, le représentant de l’entreprise a expliqué que la mine ne consommait que 6 000 m3 d’eau pris sur le réseau. » En réalité, c’est le volume nécessaire pour les usages sanitaires et le réfectoire pour la centaine d’employés du site. Dans ses études d’impact, Imerys écrit qu’« il n’est pas effectué de prélèvement d’eau dans le milieu naturel pour alimenter les installations du site » et que son usine « fonctionne en circuit fermé ».

Pour y voir plus clair, Reporterre a demandé par écrit à Imerys quelle était la consommation d’eau annuelle du site de Glomel. La réponse fut tout autre, et encore plus mystérieuse : « La consommation du site correspond aux pertes par évaporation estimées à environ 100 000 m3/an. »

Il faut éplucher les 2 900 pages du dossier d’enquête publique pour comprendre les véritables besoins en eau du site. L’usine nécessite à elle seule 1,9 million de m³ par an, ce qui équivaut à la consommation d’une ville de 35 000 habitants. Et comme son « circuit fermé » ne recycle que 57 % de l’eau, il faut y injecter chaque année au moins 800 000 m³. Pour ce faire, Imerys pompe directement dans la nappe phréatique (l’exhaure) et collecte toutes les eaux de ruissellement sur plus de 250 hectares. Chaque année, elle dispose ainsi gratuitement d’une gigantesque réserve de plus de 3 millions de m³, l’équivalent de plusieurs mégabassines prélevées au détriment des zones humides, des tourbières et des nappes souterraines.

« On est en contentieux quasi-permanent avec Imerys depuis quinze ans »

« Le comble, c’est qu’Imerys se vante en disant que c’est grâce à la mine qu’il y a assez d’eau en été dans les rivières, s’insurge Jean-Yves Jégo. C’est le monde à l’envers ! » En effet, le site rejette chaque année plus de 1 million de m³ d’eaux industrielles. De ce fait, l’entreprise se flatte d’avoir un « impact positif puisque les volumes rejetés constituent une bonne partie du débit et de la qualité de ce cours d’eau et un important soutien en période d’étiage ». Selon Jean-Yves Jégo, « si Imerys adapte ses rejets d’eau au niveau des rivières en été, c’est avant tout pour diluer ses propres pollutions et les maintenir sous un seuil acceptable ».

En aval de la mine se trouvent deux stations de pompage d’eau potable gérées par Eau du Morbihan, et Imerys a les plus grandes difficultés à transformer ses eaux industrielles acides et chargées en métaux en eau brute destinée à la consommation humaine. Elles passent dans deux stations de traitement, puis dans une nouvelle usine mise en service en avril dernier par Imerys, « moyennant 6 millions d’euros d’investissement » pour réduire la pollution au manganèse, mais leur teneur en sulfates reste sept fois supérieure aux valeurs seuil.

« On est en contentieux quasi-permanent avec Imerys depuis quinze ans, résume Dominique Williams, de l’association Eau et Rivières de Bretagne. Imerys bénéficie d’une bienveillance effarante de la part des services de l’État, qui lui délivrent des arrêtés préfectoraux manifestement contraires à l’intérêt général. » En 2015, le tribunal administratif de Rennes a annulé un arrêté, jugeant qu’Imerys avait minoré les conséquences de son activité sur les zones humides et Natura 2000 situées à proximité en produisant « une étude d’impact entachée d’une insuffisance qui a nui à l’information tant de l’autorité administrative que du public ». En 2018, Imerys a été condamnée par le tribunal correctionnel de Saint-Brieuc pour un déversement sauvage d’eaux chargées de métaux dans un affluent de l’Ellé, constaté en 2013 par des inspecteurs de l’environnement.

L’Autorité environnementale dira avant l’été si elle autorise l’ouverture d’une quatrième fosse. Le 15 avril dernier, dans la salle des fêtes de Glomel, 150 personnes étaient présentes à l’occasion du lancement de la coalition contre le projet ; elle réunit huit associations. « Année après année, les gens ont vu la mine s’étendre, analyse Camille, la trentaine, membre du collectif Bascule Argoat. Le fait qu’elle passe désormais de l’autre côté de la route a été un choc. On n’imaginait pas les répercussions que ça aurait sur l’environnement. Imerys présente tellement bien ! Ceux qui se font avoir, maintenant, ce sont les habitants de l’Allier, avec le projet de mine de lithium. Notre expérience doit servir d’exemple. »

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Déchets : Extinction Rebellion se cadenasse près de Stocamine

[depuis reporterre]

Le 26 avril, des opposants au projet Stocamine se sont cadenassés par le cou aux grilles d’un entrepôt proche du site de cette ancienne mine de potasse dans laquelle l’État veut confiner définitivement des déchets dangereux, dans le Haut-Rhin. « Nos livreur.euse.s vous ont déposé les clés au ministère de l’Écologie, Christophe Béchu. Vous avez les clés de notre avenir à toustes entre les mains, mais déciderez-vous de le sceller ? », a twitté Extinction Rebellion Strasbourg.

Cette action intervient au lendemain de la saisine de la procureure de la République de Strasbourg par le député Emmanuel Fernandes (La France insoumise). Ce dernier dénonce plusieurs infractions, dont « celle d’écocide prévue aux articles L231-1, L231-2 et L231-3 du Code de l’environnement ». Il alerte sur « la présence prouvée, par deux rapports distincts et des témoignages, de 1 643 tonnes de terres polluées avec une teneur en polychlorobiphényles (PCB) trois fois supérieure à la teneur autorisée ».

« Le Tribunal administratif n’a pas encore statué sur la légalité de l’enfouissement des déchets », indique aussi Emmanuel Fernandez. Il doit en effet encore se prononcer sur le fond. « Je demande au gouvernement de suspendre les travaux criminels au moins jusqu’à ce que le juge administratif se prononce sur leur légalité. »

La Cour européenne des droits de l’Homme également saisie

De leur côté, l’association Alsace Nature et cinq riverains du site et usagers de l’eau ont saisi « en urgence », le 23 avril, la Cour européenne des droits de l’Homme. Ils réclament des mesures provisoires pour faire suspendre l’enfouissement définitif des déchets.

Ces recours interviennent deux mois après un arrêt du Conseil d’État qui a ouvert la voie au début de l’enfouissement. « L’État français et les Mines de Potasse d’Alsace profitent de [cet] arrêt pour se précipiter et couler le plus de béton possible sans attendre le jugement sur le fond qui va intervenir dans les semaines à venir », dénonce l’association.

Les opposants au projet alertent depuis plusieurs années sur le risque de pollution de la plus grande nappe phréatique d’Europe occidentale, située dans cette zone, et qui alimente en eau potable plus de 6 millions de personnes en Alsace et en Allemagne.

https://reporterre.net/Stocamine-les-militants-d-Extinction-Rebellion-expulses-par-les-gendarmes

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les sites d’implantation

Les différents sites du projet EMILI :
sites implantations

Mine et usine de concentration : site de Beauvoire – commune d’Echassières
En bleu le bornage du périmète réalisé par Olivier TRUTTMANN, géomètre-expert.

perimetre site echassieres

perimetre beauvoir

Canalisation :
Le tracé envisagé pour les canalisations qui relieraient l’usine de concentration à la plateforme de chargement suivrait les routes départementales (D987, D118, D183) et voies communales ou chemins ruraux existants en descente (dénivelé approximatif de 470 mètres). Trois canalisations parallèles, enfouies à environ un mètre sous terre seraient mises en place : une première pour le concentré de mica lithinifère, une deuxième pour le concentré de feldspath, la troisième canalisation permettant le transport de l’eau qui retournerait vers l’usine de concentration. [p.16 Synthèse du dossier du maître d’ouvrage]

trace des canalisations

 

Sation de chargement :
La plateforme de chargement assure une double fonction de site de stockage et lieu de
chargement. En effet, le rythme des trains dépendant des sillons attribués par SNCF
Réseau, il est nécessaire de prévoir un espace pour stocker les produits dans l’attente de
leur chargement. Le mica lithinifère pourra enfin être transporté par trains vers l’usine
de conversion, et le feldspath vers les clients. [p.16 Synthèse du dossier du maître d’ouvrage]

La fontchambert – communes de Naves et de Saint-Bonnet de Rochefort
Parcelles hypothétiques d’après les projections d’Imerys :
Sur Nave : parcelle 03194 000 ZE 15 et parcelle 03194 000 ZE 18
Sur Saint-Bonnet de Rochefort : parcelle 03220 000 YO 71

parcelle station de chargementstation de chargement 3D

Usine de conversion :
Parcelles hypothétiques d’après les projections d’Imerys :
Sur Saint-Victor au nord de Montluçon : parcelle : 03262 000 YN 42 et parcelle 03262 000 YN 152

usine de conversion la loue          usine de conversion 3D

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calendrier previsionnel

calendrier imerys

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La première mine de lithium de France classée « d’intérêt public majeur »

[trouvé sur Reporterre]
Sur demande de plusieurs maires et présidents de communautés de communes de l’Allier, et de l’entreprise Imerys qui porte le projet, la mine de lithium baptisée « Émili » a été classée « d’intérêt national majeur » par un décret publié le 7 juillet. Ce statut, créé par la loi Industrie d’octobre 2023, est synonyme d’accélération des procédures et de dérogations administratives.

Cette décision intervient en plein débat public sur les conséquences environnementales et socioéconomiques du projet, qui doit être clôturé le 31 juillet. Contesté par des collectifs locaux, le projet colossal d’extraction de l’or blanc vise à produire, à partir de 2028, le lithium nécessaire à la fabrication des batteries de plus de 700 000 véhicules pendant vingt-cinq ans.

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Surveiller l’eau qui dort

piezo info

piezo

carte piezometre

Propagande d’Imerys au sujet de l’eau ici  [info sur comment fonctionne un piezomètre]

Dossier de demande d’examen au cas-par-cas des installations de piezometres ici [cartographie et photo aérienne]

Dossier de declaration loi sur l’eau pour l’installation de piezometres et essais ici [cartographie et photo aérienne précises]

 

 

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Débat public prolongé

Le nouveau programme de la fin du débat

En raison de la période de réserve qui s’impose durant la campagne des élections législatives, les réunions prévues le 20/6, le 22/6, le 26/6 et le 4/7 ont été annulées. Le débat public a été prolongé jusqu’au 31 juillet pour pouvoir les reprogrammer. Découvrez les nouveaux rendez-vous ci-dessous.

Mardi 9 juillet à Montluçon (Centre Athanor, 18h – 21h)

Réunion publique « Échange avec l’État et le maître d’ouvrage »

1er temps : l’accompagnement du projet par l’État

En présence de Pascale Trimbach, Préfet de l’Allier, et de Benjamin Gallezot, Délégué interministériel aux approvisionnements en minerais et métaux stratégiques

2e temps : les engagements de qualité et l’après-mine

Avec Pierre Petit-De Pasquale, directeur standard IRMA, et les représentants d’Imerys.

Jeudi 11 juillet, en visioconférence (18h – 20h)

“Les impacts sur l’eau : réponse à vos questions”

En raison d’un très grand nombre de questions posées lors de la réunion publique tenue à Vichy le 30 mai dernier, l’équipe du débat a décidé d’organiser une réunion supplémentaire, en visioconférence.

Lors de la première partie de la réunion, des réponses seront apportées aux questions posées à Vichy.

Puis, un second temps permettra des échanges libres entre les participant-es et les intervenant-es présent-es.

En présence des représentants d’Imerys et d’acteurs territoriaux de l’eau.

Mardi 16 juillet, en visioconférence (18h – 20h)

Webinaire “Approfondissements”

Ce temps d’approfondissement permettra de revenir sur certains sujets ayant été identifiés comme nécessitant des approfondissements.

Trois enjeux seront traités successivement, avec la réponse d’Imerys aux questions posées par la CNDP puis des questions libres des participant-es :

  • Le modèle économique
  • Les résidus et stériles
  • Les impacts environnementaux et risques industriels

Pour participer à cette réunion et recevoir un lien de connexion, veuillez vous inscrire via le lien ci-dessous.

Inscrivez-vous

Jeudi 18 juillet, à Echassières (15h – 17h)

Atelier « Le transport entre Echassières et Montluçon »

Cet atelier vise à travailler les différentes options évoquées durant le débat (canalisations, emplacement de la plateforme ferroviaire, transport par rail et/ou par camions…).

Il se tiendra en présentiel et ne sera ouvert qu’aux personnes inscrites.

Plus d’informations et modalités d’inscription à venir dans les prochains jours.

Jeudi 18 juillet, à Echassières (18h – 21h)

Réunion publique « Et après le débat ? »

Cette dernière réunion du débat public sera un temps résolument participatif !

Un premier temps sera dédié à la gouvernance et la participation du public.

Il sera suivi d’un atelier vous permettant d’exprimer vos attentes en la matière.

Enfin, un moment participatif de conclusion interrogera « projet et vision du territoire ».

La réunion se clôturera par un cocktail.

Si vous souhaitez suivre les échanges à distance, pas besoin de vous inscrire, rendez-vous directement sur la chaîne YouTube de la CNDP pour une retransmission en direct.

Si vous souhaitez assister à la réunion en présentiel, veuillez vous inscrire via le lien ci-dessous. En raison des fortes affluences en réunion publique jusqu’à présent, nous ne pourrons pas garantir votre accueil si vous ne vous inscrivez pas, la capacité d’accueil de la salle étant limitée.

Inscrivez-vous

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