Rejoignez-nous le 9 avril à la Commission nationale du débat public (CNDP) sur la mine de lithium à Échassière pour s’opposer au projet de construction de cette mine ! Rendez-vous mardi 9 avril à 18h15 à la Maison des Associations de Solidarité au 10 rue des Terres au curé, 13e arr.
Le mardi 9 avril à Paris aura lieu un débat public sur le «lithium, la transition énergétique et la souveraineté». La mine de lithium à Échassière est un projet de l’entreprise d’extraction minière Imerys annoncée en 2022 pour une mise en activité en 2028. Elle aura de grandes conséquences négatives sur l’environnement et pour les habitant.es : l’extraction de lithium requiert beaucoup d’eau douce et l’utilisation de produits chimiques. L’eau utilisée pour l’extraction est la même que celle consommée par les habitant.es qui va donc diminuer de plus en plus et sera contaminée par les produits chimiques. Le problème du manque d’eau est un enjeu mondial depuis de nombreuses années, tout comme en Argentine, au Chili et en Bolivie où des lacs de sel sont détruits pour extraire du lithium et de nombreuses personnes sont obligées de quitter leur lieu d’habitation par manque d’eau. La mine à Echassière prévoit l’extraction de 34 000 tones de lithium pour produire la batterie de 700 000 SUV par an pendant 25 ans : En a-t-on vraiment besoin?
Début mars 2024, l’État lance une commission nationale du débat public qui aurait pour objectif de demander l’avis des habitant.es sur la construction de la mine. Cette CNDP fait semblant de demander l’avis aux habitant.es, en effet le projet avance bien depuis 2 ans et cela sans l’avis ou l’accord de qui que ce soit. Nous savons que ce débat est hypocrite et que l’avis des habitant.es ne sera pas écouté. En effet, déjà plusieurs collectifs d’habitant.es s’organisent contre cette mine depuis 1 an et ils ne sont pas écoutés. Cette commission est mensongère, une publicité très importante est faite par l’État pour montrer qu’ils sont à l’écoute des habitant.es simplement pour se donner une bonne image. On voit bien que les personnes concernées qui s’opposent au projet sont ignorées. Enfin, la questionne de la souveraineté est abordée à Paris, dans la capitale, cela montre bien le mépris de ce projet qui considère que les habitant.es de sont pas capables de décider ce qui est mieux pour elles.eux et pour leurs terres !
C’est pour ces raisons que nous devons être un maximum présent.es lors de cette commission du mardi 9 avril à Paris pour montrer que de nombreuses personnes s’opposent au projet, que la voix des collectifs et habitant.es en lutte existe et ne va être étouffée, qu’on est fort.e et qu’on ne lâchera pas jusqu’à l’abandon du projet !
Pour discuter, on propose un pré rendez-vous avec les camarades de l’Allier à 18h15 devant pour les personnes qui ont pu s’inscrire, celles qui n’ont pas pu ou qui n’ont pas voulu.
Heure du début de la commission : 19h. Adresse : Maison des Associations de Solidarité, 10 rue des Terres au curé 75013 Paris.
Publié dansAgitation, Enquête publique|Commentaires fermés sur Invitation à s’opposer à la construction de la mine pendant la Commission nationale du débat public à Paris
Il y a un an, le gouvernement a annoncé l’ouverture, dans l’Allier, de la plus grande mine de lithium d’Europe. D’après un rapport inédit révélé par Disclose et Investigate Europe, le secteur, fortement contaminé à l’arsenic et au plomb, présente « un risque significatif pour l’environnement et la santé humaine ». Une véritable bombe à retardement passée sous silence par les autorités.
Roger Konaté est très fier de son système de pompage « fait maison ». D’un geste de la main, il désigne un tuyau qui, dans un imbroglio rafistolé, plonge dans le sol de son atelier pour rejoindre la source voisine. Pratique : de l’eau à volonté pour boire, se laver, arroser, abreuver sa chienne et ses chats. Il y a 10 ans, après la faillite de sa société de sécurité, le Marseillais de 56 ans a racheté « la maison, le ruisseau, le terrain pour 10 000 euros ! » Un bon plan trouvé sur le site de petites annonces, Viva street.
L’ancien patron fait la visite de son petit paradis avec le ravissement de ceux qui ont tout rénové de leurs mains. Autour de l’homme d’un mètre quatre-vingt-dix, des arbres, le bruit de l’eau et une végétation qui couvre des vestiges de l’ancien site minier du Mazet. Pendant plusieurs décennies, c’est ici, sur la commune d’Échassières, à la frontière de l’Allier et du Puy-de-Dôme, entre Montluçon et Clermont Ferrand, que les mineurs concassaient et nettoyaient le minerais. En 1962, à la faveur d’une baisse des cours, la mine a fermé, rejoignant environ 3 000 autres sites français. Une fois les galeries bouchées, les propriétaires sont partis, laissant les clefs à l’État. Ni l’un ni l’autre n’a pris la peine de dépolluer les lieux.
La fièvre du lithium
Il y a un an, la commune d’Échassières, 400 habitant·es, a fait la Une de la presse. Le 24 octobre 2022, Imerys, le géant français de l’extraction, a annoncé l’ouverture prochaine de la plus grande mine de lithium d’Europe. L’extraction du lithium, prévue pour 2028, devrait permettre de fournir 700 000 batteries aux futures voitures électriques 100 % made in France, et créer 1 000 emplois directs et indirects, selon l’entreprise. Ce projet titanesque est baptisé Emili pour « Exploitation de Mica Lithinifère par Imerys ».
Le jour même, le gouvernement a emboîté le pas. Emili serait le premier jalon de sa politique de transition vers les énergies renouvelables. Soutenu financièrement par l’État, le projet serait « exemplaire sur le plan environnemental et climatique », selon le ministre de l’économie Bruno Le Maire. « Le lithium sera extrait de manière responsable », promettait la ministre de la transition énergétique, Agnès Pannier-Runacher.
Mais jusqu’à aujourd’hui, un élément est resté hors des radars : l’extrême pollution du secteur où se trouve le permis d’exploration attribué à Imerys. À cet endroit, à cause de l’activité minière passée, les sols et les eaux sont contaminés à l’arsenic et au plomb. Jusqu’à plus de dix fois les seuils de risque, comme le révèle un rapport alarmant déterré par Disclose et Investigate Europe (IE).
Une concentration en arsenic sept fois supérieure au seuil
Ce rapport inédit a été rédigé en 2018 par Geoderis, le bureau d’expertise public spécialisé dans l’après-mine. D’après ses conclusions, le secteur où Imerys explore actuellement les sous-sols est classé « E », le plus haut niveau de pollution minière du pays. Emili repose donc sur une bombe toxique « susceptible de présenter un risque très significatif pour la santé humaine et l’environnement », alerte Geoderis. Pourtant, trois ans après la publication du rapport, en 2021, le permis d’exploration d’Imerys a été renouvelé par Agnès Pannier-Runacher, alors ministre déléguée à l’industrie. Contacté, le ministère de la transition énergétique, qu’elle dirige aujourd’hui, n’a pas souhaité répondre à nos questions.
Dans le bourg d’Échassières, les habitant·es que nous avons interrogé·es assurent n’avoir jamais été informé·es des pollutions aux métaux lourds. Ni par la préfecture de l’Allier, ni par le maire, Frédéric Dalaigre, qui a salué l’annonce du projet dans la presse, mais qui a refusé de répondre à nos questions.
« Personne ne m’a jamais dit que mon terrain était pollué, témoigne Roger Konaté. Il y a bien un agent qui est venu faire des prélèvements il y a quelques années, mais je n’ai plus jamais eu de nouvelles ensuite ». Geoderis a pourtant considéré que son terrain était fortement contaminé aux métaux lourds tels que le tungstène, le lithium, le plomb, le zinc, le cuivre et l’arsenic.
D’après les auteurs du rapport, la concentration en arsenic chez Roger Konaté serait de 190mg/kg*. Soit plus de sept fois le seuil de risque prévu par la Haute autorité de santé (HAS). Au-delà des limites fixées, l’institution recommande « aux médecins de prescrire un dépistage ». Outre le cancer de la peau, « l’exposition prolongée » à l’arsenic peut « provoquer des cancers de la vessie et des poumons », selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS).
Pour le plomb, les taux de contamination sur la propriété de Roger Konaté, ont été estimés deux fois supérieurs « aux valeurs d’alertes proposées par le Haut conseil de la santé publique ». Les experts de Geoderis recommandent, là-aussi, un dépistage. De fait, « le plomb a des effets délétères à long terme chez l’adulte, notamment l’augmentation du risque d’hypertension artérielle, de problèmes cardiovasculaires et de lésions rénales », constate l’OMS.
« La préfecture ne nous a jamais demandé d’avertir la population »
Le maire de Nades (Allier)Un peu plus loin, à Nades, un hameau de 150 habitant·es, les experts se sont notamment arrêtés sur la propriété de la famille C., avec jardin, trampoline et balançoire. Deux enfants âgés de 8 et 10 ans vivaient là au moment de l’enquête publique. Selon les recommandations de Geoderis, leurs parents auraient dû être prévenus immédiatement afin qu’ils puissent prendre des mesures, comme le lavage soigné des mains. Pour cause : les enfants représentent la catégorie de la population la plus sensible à l’exposition aux métaux lourds. Contactée par différents moyens, la famille C. n’a pas retourné nos demandes d’entretien. Mais le maire de Nades, Henri-Claude Buvat, joint par téléphone, a été très clair : « Nous avons été prévenus des pollutions, mais la préfecture ne nous a jamais demandé d’avertir la population ». Un défaut d’information qui pourrait donner lieu au dépôt d’une plainte contre X pour mise en danger de la vie d’autrui par d’éventuelles victimes.
« De toute façon, personne ne vit là », expédie le cabinet de la préfète, Pascale Trimbach. Les quelque 2 000 habitants d’Echassières, de Nades et des villages limitrophes apprécieront.
Notre enquête nous a également conduit au musée Wolframines, qui relate « le monde fascinant des minéraux ». Du moins, c’est ce qu’on peut lire au-dessus de la porte d’entrée, franchie chaque année par des centaines d’enfants en sortie scolaire.
Ce 29 septembre, une dizaine d’écoliers trifouillent dans un monticule de roche blanche. Il s’agit du kaolin issue de la carrière voisine, appartenant à Imerys. Après l’atelier pratique, c’est la pause sandwich sur l’aire de pique-nique attenante au musée. Un terrain « impacté » à l’arsenic, au tungstène et au lithium, relève le rapport de Geoderis. Les experts ont recommandé que soit spécifiée la présence d’un ancien site minier sur place, mais rien n’a été fait. Il n’est pas non plus indiqué, comme le préconise le rapport, la nécessité du lavage des mains des enfants. « Ça ne se bouscule pas énormément dans ce musée », ose la préfecture de l’Allier pour justifier cette absence d’information. La nouvelle campagne d’exploration d’Imerys prévoit treize forages à proximité du musée.
Dérogations successives
Que se passera-t-il si Imerys creuse dans une terre déjà polluée ? Quid des nappes phréatiques ? Ces questions, Nora et Coralie (prénoms d’emprunt), militantes de Stop Mine 03 et Préservons la forêt des Colettes, deux associations locales qui se battent contre l’ouverture de la mine de lithium, se la posent depuis un an. Sans en connaître la réponse.
Nous avons donc soumis la carte des pollutions à Laure Laffont, ingénieure géochimiste de l’université de Toulouse. « Certains points à haute teneur en arsenic et quelques-uns de plomb se situent sur le périmètre d’exploration de la mine de lithium, relève la spécialiste des métaux lourds. Il ne faut pas que ces sols soient en contact avec les eaux souterraines ou qu’ils soient remobilisésdans le cadre de nouvelles entrées de galeries». Comprendre, de nouveaux forages risqueraient de disséminer un peu plus les métaux déjà présents dans les sols. Pour éviter la contamination des eaux, Laure Laffont précise que « les galeries doivent être faites de sorte à ce que l’écoulement des eaux souterraines ne change pas». L’autre risque d’exposition aux métaux toxiques pourrait venir des airs « avec toutes les particules émises lors du forage», selon Clément Evrard, directeur de recherche au CNRS, également consulté par Disclose.
Interrogé, Imerys assure avoir pris en compte « toutes les zones identifiées dans le rapport Geoderis». Selon l’entreprise, « l’exploitation» étant située à « une profondeur d’au moins 50 mètres de la surface et isolée dans un bloc de granit compact (…) la terre ne va pas être remuée ». Elle ajoute que des « études environnementales sont en cours et leurs conclusions seront rendues publiques lors du dépôt du dossier de demande d’autorisation».
Il était temps. Depuis 2021, l’entreprise échappe à toute enquête indépendante. Avant toute campagne de forage, la réglementation impose en effet la réalisation d’une étude pour évaluer l’impact du projet. Mais à trois reprises, en 2021, 2022 et 2023, Imerys en a été dispensée par la préfecture et son service chargé de l’environnement : la DREAL. Certes, l’entreprise a réalisé son propre rapport, mais celui-ci, publié en janvier 2023, n’a pas pris en compte les pollutions pré-existantes. Il laisse même entendre que les forages n’auront aucun impact sur les eaux souterraines : « Aucun périmètre de protection des eaux n’est concerné par le périmètre du [projet d’Imerys]. Actuellement, les eaux sont donc principalement destinées à l’arrosage et servent à abreuver les troupeaux».Des bêtes potentiellement contaminées, elles aussi, tout comme des jardins potagers. Le secteur comprend en effet plusieurs dizaines d’élevages de bovins essentiellement destinés à la vente et l’auto-consommation. Ces animaux doivent absolument éviter certains pâturages contaminés. Des exploitations dont Geoderis recommandait de condamner l’accès il y a six ans déjà.
Cette brochure est née de la volonté de lutter contre l’ouverture d’une mine de lithium à Echassières. Ce projet de mine est porté par la société multinationale IMERYS, dont l’extraction de minerai est la spécialité. Et si nous ne voulons pas de mine ici dans l’Allier, nous n’en voulons pas non plus ailleurs.
Depuis quelques années, le « nouvel or blanc » du capitalisme (le lithium) reçoit un intérêt croissant de la part des exploiteurs, et pour cause : il est indispensable à la production des batteries électriques que l’on retrouve dans les voitures, les vélos, les trottinettes et autres produits phares du « capitalisme vert ». Sous couvert de transition écologique, le passage au tout-électrique entraîne un accroissement de la production mondiale d’électricité, et doit légitimer la construction de tout ce qui permet de la produire, de la transporter ou de la stocker. Ainsi, cette lutte contre l’implantation d’une mine de lithium est intrinsèquement liée aux luttes contre le nucléaire, les centrales photovoltaïques, les éoliennes industrielles ou encore les lignes THT. Pour les auteur-es de cette brochure, combattre un géant de l’industrie minière est un moyen parmi d’autres de s’opposer à ce mythe de la transition écologique, et plus généralement à la société capitaliste dans son ensemble. D’ailleurs, si nous mettons l’accent sur la multinationale IMERYS, c’est bien parce que celle-ci représente à merveille ce que nous voulons détruire : le système capitaliste, colonialiste et productiviste.
Alors à nous de jouer, détruisons IMERYS et son monde !
1 – Le projet de mine de lithium dans l’Allier (p.3) 2 – Imerys, une rapide présentation (p.6) 3 – Actionnariat du groupe Imerys (p.8) 4 – Conseil d’Administration et Comité exécutif du groupe Imerys (p.10) 5 – Sites du groupe Imerys en France (p.14) 6 – Les filiales du groupe Imerys implantées en France (p.15) 7 – Ressources et documentation (p.16)